Rose rage de Illana Cantin
285 pages, éditions Hachette romans, à 15,90€
Résumé : Ameline Brillant. Un nom, une personne, qui pourtant incarne tout ce que les filles du lycée Olympe de Gouges doivent vivre chaque jour. Des remarques sexistes allant jusqu’au harcèlement sexuel, sans jamais qu’un enseignant lève le petit doigt pour le sanctionner. Ameline Brillant, c’est une fille qui a défié le silence. Qui a riposté à des mains sur les fesses et à des commentaires plus dégoûtants les uns que les autres. Mais Ameline Brillant à été renvoyée. Et ses agresseurs ? L’école a pansé leurs petites plaies.
Pour Rachèle, à la tête du journal du lycée, il est impossible de laisser faire une chose pareille. Elle appelle toutes les filles, toutes les femmes de l’établissement à faire grève, jusqu’à ce qu’un réel changement s’opère. Le système du lycée doit changer, du tout au tout. Pour qu’Ameline ne soit pas la seule mais la première à parler !
Extraits : « Aux femmes d’Olympe de Gouges,
Lundi soir, une injustice sans précédent a été commise entre les murs de notre établissement. Lundi soir, les violences de genre, la domination masculine et le harcèlement sexuel ont gagné une nouvelle bataille de la guerre que les femmes du monde entier mènent depuis une éternité. Lundi soir, une élève a été renvoyée, et, alors qu’elle est victime, on lui a imposé le statut de bourreau.
Nous ne pouvons pas tolérer une telle décision. Nous ne pouvons accepter que notre lycée renommé se fasse le représentant d’un monde où il est possible pour des garçons de se frotter à des filles, et où ces garçons s’en sortent avec une tape sur la poitrine. Nous ne pouvons pas les laisser salir le nom et la mémoire de la femme qui est l’emblème de cet établissement. »
« Les garçons ricanaient, les filles, hantées par l’idée de se faire traiter à leur tour de salopes ou, pire, d’hystériques, comme nous, ne s’engageaient pas. On avait appris aux filles à ne pas se prononcer, à rester dans leur coin, on leur avait inculqué dès leur plus jeune âge qu’elles ne devaient pas faire de bruit, ne pas déranger, et j’en avais sous les yeux une démonstration flagrante. »
Mon avis : Ameline Brillant a été victime de discrimination, de sexisme, de harcèlement sexuel par un garçon de son école. Un beau jour, trop énervée de ces remarques et gestes déplacés répétés, Ameline répond à son bourreau par la violence, au sein même de leur établissement scolaire. Une réaction jugée inadmissible par la direction, qui exclut définitivement Ameline du lycée… sans prendre aucune mesure nécessaire pour punir son bourreau, à l’origine de la rixe. Une situation jugée insupportable par Rachèle, qui décide d’aider Ameline à faire entendre sa voix. Aidée par d’autres filles du lycée, elle instaure une grève féminine collective pour changer le fonctionnement du système et faire prendre conscience aux garçons du comportement irrespectueux, dégradant et intolérable que peuvent avoir certains vis-à-vis des filles. Après avoir bloqué leur lycée, elles instaurent un siège dans l’enceinte de l’établissement, qui fera beaucoup de bruits. Une action « coup de poing » pour faire changer les choses !
Dans ce roman jeunesse féministe, Illana Cantin pointe du doigt les agressions sexuelles et les nombreuses injustices que peuvent vivre quotidiennement certaines filles au sein même de leur établissement scolaire. Le nom donné au lycée « Olympe de Gouges » n’est d’ailleurs pas anodin, puisqu’il s’agit de la première grande féministe de l’histoire de France, connue notamment pour avoir rédigé la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
L’auteure se place au coeur de l’actualité, puisque les filles sont souvent pointées du doigt, jugées, critiquées, que ce soit dans le comportement qu’elles adoptent au quotidien, mais aussi dans leur façon de s’habiller. Il y a quelques semaines seulement, le sondage suivant, proposé par l’Ifop, avait fait polémique. Selon une majorité de français questionnés, certaines tenues portées par les lycéennes sont jugées trop provocantes et devraient être purement et simplement interdites.
Ce à quoi de nombreuses jeunes filles avaient rétorquées, en venant habillée d’une manière sexy et véritablement provocante à leur lycée, pour faire prendre conscience aux détracteurs ce qu’était une tenue réellement inappropriée.

Manifestation surprise de jeunes collégiennes contre des injonctions à s’habiller « moins sexy » parce que ça perturbe les garçons. Lieux : Collège Campra
Pour en revenir à Rose Rage, j’ai beaucoup appréciée les différents messages transmis par l’auteure : le sexisme, le harcèlement, les relations parents-enfants, mais aussi l’émancipation de la femme, sa liberté… J’espère sincèrement que les jeunes filles qui seront amenées à lire ce livre en ressortiront transformées, grandies, avec une envie plus forte d’épanouissement personnel et de revendications en tous genres.
De ce roman, je retiendrais en particulier la moralité finale : les jeunes filles ont fait grève, elles se sont investies, elles ont données de la voix, de leur personne, mais elles ne sont malheureusement pas arrivées à faire bouger les choses comme elles l’auraient souhaitées. Au lieu d’être défaitistes, elles voient le verre à moitié plein : oui, leur grève n’a pas changé le monde, mais elle a contribué à changer leur mentalité et leur façon de voir la vie. Et ça, c’est important !
Un roman féministe percutant, une histoire rythmée, qui nous amène à réfléchir sur des sujets d’actualité forts : le féminisme, la relation parents-enfants, l’épanouissement personnel… Il devrait plaire aux adolescentes !
Ma note : 8/10
Pour lire plus d’avis
ISBN : 978-2-01-711435-2
C’est vraiment un livre à lire.
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On est d’accord !
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ça a l’air super intéressant et j’ai envie de dire philosophique, qui pousse à se poser des questions! Peut-on espérer que les garçons qui liront ce livre seront également touchés par ces mots?
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J’espère déjà qu’il sera ouvert par quelques garçons, ce serait un très bon point (même si je pense qu’une très laaaaarge majorité de lecteurs seront des lectrices…). Mais les quelques courageux qui s’y frotteraient seraient forcément touchés par ces mots et changeraient en partie leur état d’esprit et leur vision de la femme, j’en suis certaine !
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