Frère noir, noir de frère


Frère noir, noir de frère de Jewell Parker Rhodes
250 pages, éditions Hachette romans, à 17€


Résumé : Donte, douze ans, aimerait parfois être invisible. Disparaître loin de son école. Loin d’Alan, le « Roi » du club d’escrime, qui le harcèle. Loin des professeurs et du directeur qui l’accusent en permanence, en raison de sa couleur de peau. Et ce, bien qu’il soit innocent. Après une énième accusation, Donte est embarqué par la police. Effrayé et apeuré, le jeune garçon ne sait plus vers qui se tourner. Même son frère Trey, plus clair de peau que lui, ne trouve pas les mots pour l’aider. À la recherche d’un endroit où il aurait enfin sa place, Donte finit par rejoindre un club d’escrime, bien loin de celui de son école privée. Il est bien décidé à montrer à Alan et aux autres que, lui aussi, mérite le respect. « Je ne peux pas faire mes preuves face au monde entier. Mais je peux l’affronter. Faire cesser son manque de respect. Lui montrer qu’il ne m’achèvera pas. Parce qu’il n’est pas meilleur que moi. »


Extraits : « – En sport, c’est toujours moi qu’on siffle pour des fautes que je n’ai pas commises. Mais jamais personne ne se fait siffler quand je suis victime d’une faute.
Mes mains se serrent, se desserrent.
– Tout le monde me harcèle. Les profs. Les élèves. Je suis poursuivi par des murmures, des cris. On dirait toujours que quelqu’un a quelque chose de mal à me dire : « Tu t’habilles comme une racaille. » « Tes dreadlocks sont moches. » Les filles se moquent de moi, me montrent du doigt. « Pourquoi tu ne peux pas être comme ton frère ? » « Il arrive à te trouver dans le noir ? » C’est blessant. »

« La rapidité, l’intelligence, peuvent mener à la victoire, mais la patience est la clé de voûte. Marche ! »


Mon avis : Donte a douze ans, c’est un petit garçon comme les autres, à une exception près : il a la peau noire. Une différence qui est constamment pointée du doigt par ses camarades et qui lui vaut d’être moqué, humilié, harcelé et très souvent injustement accusé de faits qu’il n’a pas commis. Donte est en particulier la cible d’Alan, un garçon blanc, chef de l’équipe d’escrime, qui passe son temps à le brimer et à le traiter de « Frère noir, noir de frère ». Car Donte est issu d’une famille biraciale, c’est-à-dire que sa mère a la peau noire, tandis que son père est blanc. Une différence qu’il subit au quotidien, avec son frère, Trey, qui a hérité de la blancheur de son père. Ce dernier est plutôt populaire à l’école, aimé, admiré, il essaie tant bien que mal de protéger son petit frère et de faire changer les mentalités… en vain. Jusqu’au jour où Donte est une nouvelle fois accusé d’un méfait infime, qui le renvoie dans le bureau du directeur, puis directement traîné par des officiers de police en cellule. Une honte indescriptible, d’autant que Donte est totalement innocent. Le jeune homme va tenter de se venger de la meilleure des manières : en changeant les mentalités.

Pour être tout à fait honnête, j’ai trouvé que Frère noir, noir de frère commençait mal. La scène où Donte, qui n’est encore qu’un enfant, à douze ans seulement, est emmené par la police sur un simple coup de téléphone du directeur d’établissement, est totalement invraisemblable. Je veux bien que les lois soient sans doute plus dures aux Etats-Unis, mais de là à accuser, sans preuve, aussi injustement, un petit bonhomme, sous prétexte de sa couleur de peau… je trouve ça insensé ! De plus, je n’ai pas saisi la subtilité qui résultait du titre du récit, également repris comme insulte à plusieurs reprises dans le corps du texte, « Frère noir, noir de frère ». Dans ma grande naïveté, je ne comprends pas où est le mal et je pense sincèrement que la traduction française a amoindrie la signification de cette expression. Heureusement, la suite du roman est plus crédible.

Jewell Parker Rhodes souhaite ajouter sa pierre à l’édifice pour faire changer les mentalités et la vision du monde sur les personnes de couleur noires. Elle le fait à travers le sport, qui prône de belles valeurs d’entraide, de solidarité, de fair-play, de cohésion, d’internationalisation… On sait que la discrimination est continuellement présente au quotidien, mais je pense qu’on ne peut pas imaginer à quel point elle peut impacter la vie des personnes directement concernées. Les comportements racistes, les jugements hâtifs, les inégalités et les injustices, sont autant d’éléments qui viennent perturber la vie des personnes de couleurs, et en particulier celle de Donte, douze ans seulement, pourtant élève brillant, intégré à une école prestigieuse et coûteuse.

J’ai quand même trouvé que certains passages s’étiraient en longueurs, avec de nombreuses répétitions, je pense notamment aux séances d’entraînement de Donte, Trey et les jumeaux, que je n’ai pas trouvé pertinents et qui m’ont passablement ennuyé. Mettre l’escrime en avant est quand même sympathique, c’est un sport complexe et complet, qui demande force, vigueur, stratégie, concentration et réflexion, et surtout qui change des sports habituellement mis en lumière.


Un roman jeunesse doté de belles valeurs, qui essaie de faire évoluer les mentalités et met en lumière un sport peu souvent évoqué dans les livres : l’escrime. Bien que l’histoire soit intéressante, la construction narrative ne m’a pas convaincue et manquait de crédibilité à mes yeux.

Ma note : 5,5/10

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ISBN : 978-2-01-716018-2
Traduction : Brigitte Hébert

Allie, tome 5 : L’anniversaire


Allie, tome 5 : L’anniversaire de Meg Cabot
204 pages, éditions Hachette romans, à 12,90€


Résumé : Allie est folle de joie. Elle va assister ce week-end à une compétition de Twirling bâton avec ses meilleures amies. Mais quand elle est invitée à se rendre à une fête d’anniversaire en limousine, à dîner au restaurant et à participer à une soirée pyjama dans un grand hôtel, elle hésite. Même si l’invitation vient de sa pire ennemie. Pour Allie, le choix est difficile. Comment prendre la bonne décision ?


Extraits« Mentir, ce n’est rien si le mensonge est tout petit, basé sur la vérité, s’il n’est jamais découvert et, enfin, ne fait de peine à personne. »

« Pour inventer un bon mensonge, il vaut mieux avoir beaucoup d’imagination. »


Mon avis : Cinquième tome de la saga Allie de Meg Cabot, cette jeune fille pleine de joie, qui édicte sa vie via des règles de conduite souvent loufoques et saugrenues. Dans ce tome-ci, Allie se retrouve face à un dilemme : elle doit choisir entre deux invitations à des événements prévus le même jour. D’un côté, il y a le championnat de twirling bâton de Missy, où Allie irait accompagnée de ses meilleures copines de l’école. Un bon moyen d’encourager Missy dans sa danse et de passer un agréable moment entourée de ses amies. De l’autre, il y a l’anniversaire spectaculaire de Brittany Hauser, cette chipie remplie de fric, devenue son ennemie. Même si à première vue, le choix pourrait être vite vu, le programme des festivités de l’anniversaire de Brittany met des étoiles dans les yeux de notre héroïne : transport en limousine, séance de shopping, de déguisements et de photos, restaurant et hôtel de luxe et copieux brunch… autant de choses que la jeune fille ne pourrait pas se permettre de faire avec les moyens de ses parents. Qu’elle choisisse l’un ou l’autre événement, Allie sera triste et devra mentir pour se dédouaner.

J’ai beaucoup aimé ce cinquième tome, qui délivre de vrais messages aux lecteurs (jeunes et moins jeunes). D’abord, il ne faut pas se montrer égoïste et ne penser qu’à soi, comme le fait Allie en choisissant l’événement qui l’a comblera le plus au niveau personnel. Enfin, Meg Cabot montre clairement que le mensonge est un vilain défaut, qui n’apporte qu’ennuis et problèmes divers. Allie, audacieuse, téméraire mais encore très naïve en a fait les frais.

Enfin, comme dans les tomes précédents, l’auteure incrémente son récit d’illustrations colorées, qui dynamisent davantage l’histoire et permet aux plus jeunes de se représenter plus facilement le déroulé. 


Un bon cinquième tome, dans la lignée des premiers, qui permet de passer un agréable moment aux côtés d’une héroïne pleine de vie, tout en délivrant des messages moralistes intéressants, qui peuvent s’appliquer dans nos vies quotidiennes. 

Ma note : 7/10

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ISBN : 978-2-01-628571-8
Traduction : Véronique Minder

Allie, tome 3 : Les vraies amies


Allie, tome 3 : Les vraies amies de Meg Cabot
204 pages, éditions Hachette romans, à 12,90€


Résumé : Une nouvelle élève est arrivée dans la classe. Elle s’appelle Cheyenne. Allie est très contente, mais sa joie ne dure pas… D’abord, parce qu’elle doit s’installer au fond de la classe pour laisser sa place à côté d’Erica, sa meilleure amie.

Ensuite, parce que Cheyenne impose de nouveaux jeux idiots. Et enfin, parce qu’elle dicte sa loi à tout le monde. Et gare à celui qui s’y oppose ! Allie, elle, n’est pas prête à céder, ni à perdre ses amies.


Extraits« Règle n°2 : On a le droit de mentir si c’est pour faire plaisir à quelqu’un.« 

«  »Les filles préfèrent la guerre psychologique », c’est ce que m’a appris Oncle Jay. Par exemple, elles peuvent MENACER de vous frapper mais elles ne disent pas quand elles vont le faire. Du coup, vous avez tout le temps peur.
Les filles ont une autre technique : elles vous annoncent qu’elles ne vous parlent pus. Ou bien elles parlent de vous quand vous avez le dos tourné. Ou encore, elles vous disent des méchancetés en vous regardant droit dans les yeux. Ça, c’est presque pire qu’être frappé. Parce qu’au moins, quand on a reçu un coup, on n’y repense plus après. Mais avec les filles, ça peut durer, durer, durer… »


Mon avis : C’est avec beaucoup de joie que je retrouve Allie et ses meilleures amies, Erica, Sophie et Caroline, dans de nouvelles aventures trépidantes. Dans ce troisième tome, les jeunes filles vont voir débarquer dans leur classe une nouvelle élève, venue tout droit du Canada : Cheyenne. D’apparence intelligente, gentille et serviable, Cheyenne a tout de la parfaite petite peste. Elle va donner du fil à retordre aux jeunes filles : la guerre est déclarée !

Comme dans le premier tome où j’ai fait la connaissance d’Allie, je retrouve une jeune fille pétillante, vive, agréable à vivre, qui semble bien plus mature que son âge le laisse deviner – et que les autres filles, en particulier Cheyenne, peuvent le penser. En effet, malgré les nombreuses piques lancées par la nouvelle, Allie ne flanche pas, elle reste droite, fidèle à ses valeurs, sûre d’elle. Cheyenne lui donne des ordres, Cheyenne la maltraite psychologiquement, elle créait la zizanie dans son groupe de copines, elle l’affronte ostensiblement, l’affuble de surnoms ridicules… pourtant, Allie ne réagit pas avec violence ni vulgarité, mais avec sérieux et maturité.

Malheureusement, dans notre société actuelle, bien trop d’enfants ne réagissent pas comme Allie : nombre d’entre eux se retrouvent harcelés, soumis à l’effet de groupe, obligés d’abdiquer, d’obéir et de faire certaines choses qu’ils n’auraient jamais souhaité faire de leur plein gré. Meg Cabot donne le bon exemple à travers le personnage d’Allie et de ses copines : il ne faut pas hésiter à s’en ouvrir aux adultes, qui seront toujours là pour écouter patiemment sans juger, comprendre, agir et protéger. Une belle leçon pour les jeunes lecteurs, qui devraient s’en référer au comportement d’Allie afin de réagir convenablement face aux menaces et harcèlement scolaire qu’ils pourraient subir.

Enfin, comme dans le premier tome d’Allie, pour donner plus de légèreté à son récit, l’auteure s’est encore une fois munie de ses pinceaux pour réaliser de sublimes dessins en couleurs, qui viennent sublimer et égayer le récit. L’histoire est déjà punchy et dynamique, mais ces dessins viennent renforcer davantage ces sensations : j’adore !


Un troisième tome qui confirme mon engouement pour Allie, une jeune fille intelligente, pétillante, pleine de vie, que je suis déjà impatiente de retrouver dans le prochain tome !

Ma note : 8/10

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ISBN : 978-2-01-628570-1
Traduction : Josette Chicheportiche et Fabienne Duvigneau

Les murmures de la scène


Les murmures de la scène de Marine Chaparro
519 pages, éditions Hachette romans, à 18€


Résumé : Luna a une vie bien chargée, et la seule manière pour elle de se sentir libre, c’est de danser. Alessio, lui, vient de trouver le courage d’avouer à ses parents qu’il souhaite reprendre la danse. Tous les deux sont loin d’imaginer que leur destin est sur le point de basculer. En effet, un concours se prépare avec, à la clé, une opportunité inespérée : les gagnants auront la chance de partir en tournée, danser pendant plusieurs semaines d’affilée. Un duo. Un homme, une femme. Leur professeure est catégorique : Alessio et Luna danseront ensemble. Et si c’était la chance de leur vie ?
Alors que la danse les rapproche de plus en plus, Luna reste interdite. Alessio semble cacher bien trop de secrets. Plus il nie, plus la confiance de Luna s’effrite.
S’ils ne peuvent pas se faire confiance dans la vie, comment peuvent-ils le faire sur scène ?


Extraits« La timidité ne devrait pas être un frein dans la vie. Elle ne devrait pas être un handicap, pourtant, je ne compte plus le nombre de choses que je suis incapable de faire par sa faute. Elle dicte ma vie.« 

« La vie n’est qu’un enchaînement de choix qui nous amène à un moment précis de notre existence. Elle pourrait être tout autre si, une heure, un jour, un an plus tôt, une de nos décisions avait été différente. Hier, on a fait des erreurs. Demain, on fera tout pour s’améliorer. En attendant, on doit assumer. »


Mon avis : Étonnante surprise qu’est ce roman, qui ne parle pas uniquement de la danse, comme on pourrait le penser de primes abords ! Grâce aux éditions Nathan, j’ai pu découvrir toute une série jeunesse de romans sur la danse : la saga 20, allée de la Danse écrite par Elizabeth Barféty, qui raconte les péripéties de petits rats de l’opéra lors de leur formation artistique. Dans Les murmures de la scène, le public est différent : Marine Chaparro vise les jeunes adultes et leur montre la danse comme un sport passionnel, un hobby prenant, où l’émotion, la fusion, la connexion, avec son corps, avec la musique, avec son partenaire, est essentiel.

Nous suivons deux personnages, qui vont rapidement se rencontrer et vivre des aventures ensemble. Il y a d’abord Luna, une jeune lycéenne passionnée par la danse. Il y a aussi Alessio, un garçon qui aime danser, sans pour autant le clamer publiquement sur tous les toits. Les deux jeunes gens vont former un duo artistique explosif, mais aussi un couple détonnant, transbahuté entre secrets, non-dits et tout un panel d’émotions souvent contradictoires. Nous allons suivre l’évolution de leur duo de danse, mais aussi de leurs sentiments respectifs.

Les personnages sont sensibles, touchants, ont ressent aisément qu’ils ont tous les deux des blessures passées, pas encore totalement guéries. Ils ne se dévoilent pas entièrement, que ce soit envers les lecteurs qu’envers leurs partenaires, mais on peut ressentir une certaine aura mystérieuse qui les entoure tous les deux. Ils cachent des secrets qui pourraient mettre en péril leur relation.

La lecture de ce roman est sympathique, intéressante, assez prenante par moments, elle aborde des thématiques profondes, comme la dépression, le mal-être intérieur, incarné par des personnages touchants. Néanmoins, j’ai trouvé que ces thématiques étaient abordées certainement trop superficiellement, compte tenu de la gravité de celles-ci : plus de densité aurait fait son plus bel effet ! De même, malheureusement, presque une semaine après la fin de ma lecture, je ne garde déjà plus un grand souvenir de cette histoire. Il y a deux années en arrière, j’avais fait la même réflexion pour son précédent ouvrage, Destins brisés, que j’avais pris plaisir à lire, tout en sachant pertinemment que j’allais l’oublier rapidement. Finalement, l’essentiel n’est-il pas de se distraire en passant un bon moment de lecture ?


Un roman jeunesse sympathique, fort, réaliste, qui met en scène une romance touchante entre un couple mixte de danseurs. Bien que l’histoire ne soit pas exceptionnelle, j’ai apprécié découvrir ce livre et ce duo. 

Ma note : 6/10

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ISBN : 978-2-01-628611-1

Moi, Themba


Moi, Themba de Sophie Blitman
247 pages, éditions Hachette romans, à 12,90€


Résumé : Themba vit à Soweto, en Afrique du Sud. À douze ans, elle devrait mener la même vie que toutes les jeunes filles de son âge : se concentrer sur l’école, ses amis, sa famille. Mais nous sommes en 1972, le régime de l’Apartheid est de vigueur, et elle est noire.
Elle se sent incomprise et très seule, jusqu’à ce que Waldo, son grand frère, la prenne sous son aile. Contrairement à leurs parents qui font tout pour ne pas se faire remarquer, Waldo pense que les Noirs doivent se révolter.
Themba intègre alors un club de lecture clandestin, qui lui ouvre les yeux et l’introduit à l’activisme. Là-bas, elle peut parler, échanger, débattre librement d’égal à égal. Elle y rencontre des amis, des alliés. Mais surtout, elle se rend compte de l’injustice qu’elle vit au quotidien.
Dès lors, elle va se battre. D’abord discrètement, puis de plus en plus fort, jusqu’à ce que sa voix, mêlée à celle des autres, démolisse l’Apartheid.


Extraits« Je m’appelle Themba Nkomo. J’ai grandi dans le township de Soweto, une banlieue de Johannesburg exclusivement peuplée de Noirs, contrairement à la capitale où n’habitaient que des Blancs. Nous ne vivions pas avec les Blancs, mais à côté d’eux : telle était l’Afrique du Sud dans laquelle j’étais née, la seule que je connaissais. Enfant, cette séparation des races me semblait presque normale. Je dis « presque » car je devais sentir confusément au fond de moi que les choses auraient pu être différentes, mais je ne me posais pas beaucoup de questions.« 

« C’est précieux, les amis. Il faut savoir faire des efforts pour ne pas les perdre. »


Mon avis : Themba est une jeune sud-africaine noire qui vit à Soweto, dans un township proche de Johannesburg, en pleine période d’apartheid. Pendant 20 ans, de 1959 à 1979, l’Afrique du sud subissait une ségrégation raciale conséquente, où la population noire, même si majoritaire, ne disposait pas des mêmes droits que la population blanche. Notre jeune protagoniste, offusquée de cette injustice, accompagne son grand frère Waldo à des réunions-débats clandestins, dont le but est de chercher des solutions pacifiques pour changer les choses. Voir autant de jeunes se réunir pour tenter de rendre leur avenir meilleur, c’est quelque chose de fort, qui prouve que chacun, à son niveau, peut être un engrenage important dans la mécanique essentielle pour faire avancer les choses.

J’ai beaucoup aimé l’héroïne du roman. En effet, Themba est une jeune fille courageuse, avant-gardiste, ambitieuse et téméraire, qui ose agir et faire bouger les choses. Elle ne souhaite pas se cantonner à la vie que mènent ses parents, mais rêve d’un avenir meilleur, où l’ensemble de la population cohabiterait en harmonie. Comme son grand frère Waldo ou son nouvel ami Keagan, elle a l’esprit de contestation, un désir de liberté et d’indépendance. Ensemble, ils vivent à Soweto, dans un township pittoresque à la périphérie de Johannesburg, la plus grande ville d’Afrique du Sud, fréquentée uniquement par une population blanche. On s’aperçoit que l’atmosphère générale de Soweto diffère totalement de sa voisine : des rues poussiéreuses, beaucoup trop de promiscuité, un manque d’hygiène criant… Encore des injustices révoltantes, qui viennent mettre un plus grand fossé entre les deux populations.

Cette histoire, mélange entre fiction et réalité, est une très bonne première approche du terrible Apartheid qui a eu lieu en Afrique du Sud. Les jeunes vont pouvoir se rendre compte avec clairvoyance de l’injustice subie par la population noire – interdiction de certains lieux publics, obligation de détenir un laisser-passer, couvre-feu imposé, emplois réservés aux populations noires, mariages mixtes interdits, intimidation, contrôles fréquents… À plusieurs reprises au cours de l’histoire, il est cité Nelson Mandela, le premier dirigeant historique de la lutte contre l’Apartheid, emprisonné durant près de trente ans, avant de devenir président de l’Afrique du Sud en 1994. Rappelons que ce livre s’adresse à un public jeune, peu familier de cet période historique ; il aurait été sans doute judicieux de rappeler les actions menées contre l’injustice raciale par celui que tout le monde surnomme Mandiba.

De même, une suite à Moi, Themba serait sans doute la bienvenue, pour permettre de se faire une idée globale de la cessation de l’Apartheid, des moyens employés, des populations engagés et du changement de mentalité progressive qui s’est faite les années suivantes. Cela nous permettrait en même temps de retrouver Themba et son mari et de constater l’évolution dans leur manière de vivre, de se déplacer, mais aussi dans l’éducation qu’ils insufflent à leurs enfants.


Un roman jeunesse intéressant, qui mêle fiction et réalité pour expliquer avec justesse au jeune public la ségrégation raciale qui sévissait en Afrique du Sud durant une grande partie du siècle dernier.

Ma note : 7,5/10

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ISBN : 978-2-01-628566-4