Sous un ciel écarlate


Sous un ciel écarlate de Mark Sullivan
595 pages, éditions Pocket


Résumé : En 1943, Pino Lella est un jeune Italien comme les autres : il aime la musique, les filles, et ne veut pas entendre parler de la guerre ni des nazis. Mais le temps de l’innocence prend fin lorsque l’appartement familial est détruit par un raid des Alliés sur Milan. Pino entre alors dans la clandestinité en rejoignant un réseau qui aide les Juifs à passer en Suisse. Il y rencontre Anna, jolie veuve de six ans son aînée, dont il tombe follement amoureux.Mais les parents de Pino l’obligent bientôt à s’enrôler dans l’armée allemande, pensant le mettre ainsi à l’abri. Blessé, il devient à dix-huit ans le chauffeur du bras droit d’Hitler en Italie puis, rapidement, espion pour les Alliés. Dès lors, Pino ne cesse de se révolter face aux horreurs de la guerre et de courir tous les dangers pour l’amour d’Anna.Basé sur l’histoire véridique d’un héros oublié, ce roman est une ode au courage et à la résilience.


Extraits : « L’existence reste pour moi un étonnement permanent. On ne sait jamais ce qu’il va se passer, ce qu’on va voir, qui va entrer dans notre vie ou qui va en sortir. La vie est un changement perpétuel. Et à moins d’être capable d’en apprécier le comique, le changement est presque toujours un drame, voire une tragédie. Après tout, même quand le ciel devient écarlate et menaçant, je reste convaincu que si on a la chance d’être en vie, il faut être reconnaissant pour le miracle de chaque instant, chaque jour, quels que soient les problèmes.t. »

« Être jeune et amoureux. C’est remarquable qu’une telle chose puisse arriver en pleine guerre. La preuve que la vie vaut la peine d’être vécue, malgré toutes les horreurs que nous avons subies. »


Mon avis : J’ai terminé ce livre le mois dernier, mais j’en garde un très bon souvenir. L’histoire se déroule en Italie durant la seconde guerre Mondiale. Pino Lella, notre héros de dix-sept ans, est un adolescent banal, qui va tomber fou amoureux d’une jeune fille qui l’obsédera durant des années. Malheureusement, la guerre va venir entacher ces beaux jours. Pino va se retrouver passeur d’hommes jusqu’en Suisse puis chauffeur du général Leyers, l’un des bras droit d’Hitler. Cette position centrale aux côtés d’un des décideurs de l’armée allemande va lui permettre de collecter des informations cruciales, qu’il va dispatcher auprès du réseau de clandestins auquel il appartient.

J’ai adoré le personnage de Pino. C’est un jeune homme extrêmement courageux et très humain, qui effectue de nombreuses actions héroïques pour venir en aide aux autres. Il n’hésite pas à se mettre en danger, parfois dans des situations périlleuses, pour nourrir ses convictions et apporter sa pierre à l’édifice. C’est sa manière de combattre. Contre son gré, malgré les regards courroucés de ses proches et la haine qu’il perçoit dans les yeux de ceux qui le regardent, Pino est obligé de porter un brassard avec une croix gammée et il doit faire face à la barbarie des nazis, à la déportation, à l’esclavagisme, aux exécutions injustifiées.

Ce qui le fait tenir ? L’amour qu’il éprouve pour Anna, une jeune fille croisée au hasard d’une rue plusieurs mois plus tôt, qu’il a retrouvé dans la maison du général Leyers, où elle travaille comme gouvernante. Pino et Anna vivent une histoire d’amour pleine de douceur, de tendresse, de pudeur. Comme l’écrit si justement Mark Sullivan : « c’est remarquable qu’une telle chose puisse arriver en pleine guerre. La preuve que la vie vaut la peine d’être vécue, malgré toutes les horreurs que nous avons subies. » Cette touche d’amour et d’espoir d’une vie heureuse dans ce monde ravagé par la guerre.

J’ai été très émue par cette lecture. Toutes les horreurs qui entourent la seconde guerre mondiale sont bien connus, mais revoir tous ces gens sacrifiés pour des causes injustes, toutes ces actions de barbarie envers les juifs, me font beaucoup de peine à chaque fois. Hormis ce contexte, et sans vouloir vous dévoiler des éléments qui pourraient vous ôter toute surprise, je peux seulement vous dire qu’il faut avoir un cœur de pierre pour rester insensible face à certains passages, notamment ceux qui concernent le couple Pino et Anna. J’avais le cœur gros, les larmes au bord des yeux.


Un roman historique fort et émouvant, où l’on vit la seconde guerre Mondiale à travers le prisme des yeux de Pino, un jeune garçon courageux, investi dans la résistance clandestine. 

Ma note : 7,5/10

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ISBN : 978-2-266-31367-4
Traduction : Sylvie Cohen

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L’air était tout en feu


L’air était tout en feu de Camille Pascal
347 pages, éditions Robert Laffont, à 22€


Résumé : 27 avril 1718. Un incendie ravage le Petit-Pont, menaçant Notre-Dame. Alors qu’à Paris l’air est tout en feu, au château de Sceaux, la duchesse du Maine souffle sur un autre brasier bien plus dangereux pour le Régent, celui du complot.
Mariée à l’aîné des bâtards de Louis XIV, haute comme trois pommes mais animée de l’orgueil d’une princesse du sang, cette précieuse règne sur sa petite cour de beaux esprits comme sur son mari. Soutenue en secret par le prince de Cellamare, ambassadeur du roi d’Espagne, et encouragée par les survivants de la vieille cour du Roi-Soleil, elle va intriguer avec passion.
Ainsi, en ce printemps 1718, un vent de fronde se lève sur la France et une véritable course-poursuite pour le pouvoir s’engage entre la duchesse d’un côté et le Régent de l’autre.
À travers les méandres des conspirations politiques, les haines familiales et une galerie de portraits tous plus extravagants les uns que les autres, Camille Pascal fait renaître avec virtuosité le temps enflammé et haletant de la Régence.


Mon avis : Je remercie Babelio, ainsi que les éditions Robert Laffont, de m’avoir sélectionnée pour découvrir ce livre de Camille Pascal, qui sortira lors de la rentrée littéraire de septembre. J’étais volontaire et motivée pour lire cet auteur que je ne connaissais pas, et surtout pour explorer un genre littéraire dont je ne suis pas coutumière : le roman historique.

Malheureusement, sans doute suis-je trop novice, ou peut-être pas assez intéressée par l’histoire des rois de France, mais je suis passé totalement à côté du récit… si bien que j’ai décidé de l’abandonner au bout de la centième page. Il faut dire que les noms se succèdent, tout comme les mésaventures et que je n’ai pas su replacer qui était qui par rapport à qui et qui faisait quoi dans tout ce bourbier de personnages hétéroclites.

C’est un récit complexe, qui demande une certaine culture historique et une concentration plus élevée que pour les romans classiques. Je dois avouer néanmoins que l’écriture est sublime. Camille Pascal est un agrégé d’histoire, également directeur de la communication de France Télévisions, d’où la plume aérienne, presque mélodieuse, avec laquelle il écrit ses pages. C’était un vrai plaisir de lire ses lignes, même si le fond m’était totalement incompréhensible.


Une lecture décevante, puisque trop dense et totalement incompréhensible pour moi. Mais je ne doute pas que les amateurs de romans historiques puissent y trouver leur compte. 

Ma note : 1/10

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ISBN : 978-2-221-26370-9

Brigantessa


Brigantessa de Giuseppe Catozzella
371 pages, éditions Buchet Chastel, à 22,50€


Résumé : Calabre, milieu du XIXe siècle. L’enfance de Maria Olivero est bercée par la misère et la pauvreté, dans une famille où l’amour se tapit et où la liberté ne connaît pas de visage. Sa mère est tisserande, son père journalier, ensemble ils peinent à subvenir aux besoins de leurs quatre enfants. Un événement inattendu va alors bouleverser l’enfance de Maria et l’équilibre de la fratrie. Teresa, l’aînée que l’on avait confié à une riche famille dans l’espoir de lui offrir un avenir meilleur fait son retour à la maison après le décès brutal de ses parents adoptifs.
Méprisante et détestable, l’adolescente promet à Maria de lui gâcher la vie. Victime des caprices de son aînée, celle-ci est très vite envoyée chez sa tante Maddalena qui l’éduquera à la solitude et esquissera pour elle les prémices d’une vie au coeur des montagnes dans la vallée de la Sila. C’est le début d’une rivalité sans fin entre les deux soeurs qui marquera considérablement la vie de Maria.
La jeune femme découvrira l’amour et la passion auprès de son mari Pietro, dont les idéaux le porteront à s’engager en faveur de l’unité italienne aux côtés de Garibaldi, mais également le cri de la violence et de la trahison. Malgré les tentatives assidues de Teresa de la réduire à néant, Maria est forte, elle ne fléchit pas. La vengeance mûrit, en elle tout explose, elle devient alors Ciccilla, l’indomptable brigantessa dont le destin et le nom, bien au-delà de la vallée, seront bientôt connus dans toute l’Italie.


Extraits : « Nous sommes des femmes, Mari, il aurait mieux valu être des hommes. Nous ne pouvons que subir. Fais attention, car il n’y a pas beaucoup d’hommes honnêtes. »

« Si tu veux avoir des droits, si tu veux changer ton destin, il faut que tu lises, il faut que tu fasses des études. »


Mon avis : Brigantessa est un livre assez complexe, qu’il m’a été donné l’opportunité de lire grâce à Babelio. L’histoire se passe au XIXème siècle en Calabre, au sud-ouest de l’Italie, dans un milieu où la pauvreté fait rage. Les promesses données par les dirigeants ne sont pas tenues : l’usage collectif des terres, l’abolition des impôts sur la farine et le sel, ou encore le partage des terres… les puissants gardent à leur main et ne répartissent pas parmi la population, affamée, appauvrie, totalement désespérée. Pour palier à la déchéance familiale, les parents de Maria ont fait le choix d’envoyer leur fille aînée, Teresa, vivre dans une famille aisée de Naples. Maria devait sa soeur quelques temps plus tard, mais le décès subit des parents adoptifs fait revenir les deux jeunes filles au foyer familial. Une dégringolade sociale inacceptable pour Teresa, qui renie les siens et va jusqu’à leur faire vivre un enfer, en particulier à Maria, qu’elle juge comme responsable de sa situation nouvelle. Heureusement, Teresa croise la route d’un jeune homme fort fortuné, qui va lui redonner l’aisance financière et sociale opportune, au désarroi de sa famille, restée dans le besoin.

J’ai été totalement dépaysée en débutant dans cette lecture. Le contexte historique, sociétal et géographique s’y prête totalement, puisque l’histoire se passe dans un lieu que je ne connais pas, à une époque dont je suis peu familière, dans des circonstances sociales bien éloignées de ce que nous pouvons connaître dans notre monde moderne. Autant dire que le choc est brutal, peut-être bien un peu trop, puisqu’un temps d’adaptation est nécessaire pour pleinement prendre plaisir à lire Brigantessa. De surcroît, c’est une histoire assez complexe, qui narre un pan historique intéressant mais très dense sur les bouleversements politiques, les brigandages et toute la soif de liberté qui en découle. Le roman est richement documenté, mais des recherches complémentaires sont nécessaires pour se saisir pleinement du contexte ; d’où l’impression de distance que j’ai ressentis tout au long de ma lecture.

Pour être parfaitement honnête, l’histoire ne m’a pas passionnée. Les personnages sont finalement assez quelconque, il ne s’en dégage aucune énergie spécifique, pas de caractère ou de personnalité intéressant, hormis sans doute Teresa, une figure froide, antipathique, sans émotions, qui sort du lot et dont on se souvient. L’écriture en elle-même est assez plate, les aventures historiques se déroulent uniquement en toile de fond mais ne m’ont pas particulièrement transcendées. Je ressors quand même déçue de cette lecture, que j’ai presque totalement oubliée, dix jours seulement après avoir lu la dernière page.


Un roman historique assez complexe, riche d’informations mais en définitive assez plat, qui ne m’a pas particulièrement passionnée.

Ma note : 4/10

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ISBN : 978-2-283-03566-5
Traduction : Nathalie Bauer

Au nom de ma mère


Au nom de ma mère de Hanni Münzer
473 pages, éditions l’Archipel, collection Archipoche, à 8,95€


Résumé : Étudiante à Seattle, Felicity reçoit un appel : Martha, sa mère, a disparu… Felicity la retrouve à Rome, où Martha s’est enfuie avec des archives familiales.
Martha a en effet découvert une longue lettre écrite par sa propre mère, Deborah, fille d’une diva qui connut son heure de gloire aux débuts du IIIe Reich. Une lettre qui va plonger Felicity dans une quête douloureuse.
Alternant passé et présent, ce roman mêle amour et trahison, colère et culpabilité, péché et expiation, autour d’un secret de famille courant sur quatre générations.


Extraits« On dit que le poids de la vérité est trop lourd à porter même pour Dieu.
La vérité possède ses propres lois physiques. Au moment où on l’attend le moins, elle remonte à la surface comme une bulle pour nous accuser. »

« Nous autres êtres humains formons les maillons d’une longue chaîne qui nous relie les uns aux autres, car chacun de nous porte en soi un fragment de l’existence et des pensées de ceux qui l’ont précédé. Si l’amour est le coeur, le souvenir est l’âme et tous deux sont immortels. »


Mon avis : L’histoire se déroule dans une Allemagne plongée en plein coeur de la seconde Guerre Mondiale. Nous y faisons la connaissance d’Elisabeth, une cantatrice réputée à travers le monde pour son art, de son mari Gustav, un médecin juif reconnue et apprécié et de leurs deux enfants : Deborah et Wolfgang. Lorsqu’il devient évident que l’ensemble de la population juive est menacée par les idées hégémoniques d’Hitler, Gustav et Elisabeth décident de fuir l’Allemagne pour se réfugier en Angleterre. Mais leur fuite ne se déroule pas comme prévue : Gustav disparaît mystérieusement en chemin vers Londres, laissant seuls sa femme et ses deux enfants. Elisabeth doit faire des choix pour protéger coûte que coûte ses enfants de l’ennemi nazi.

L’histoire alterne entre ce récit au passé et quelques bribes de présent, principalement insérés au début et à la fin du livre, comme introduction et conclusion du récit. Dans ces épisodes présents, nous y découvrons Félicity et sa mère Matha, qui partent à Rome, sur les traces de la grande-mère de l’une et mère de l’autre : Deborah, la fille d’Elizabeth. L’histoire qu’elles vont découvrir va les emporter tout droit dans l’horreur de la seconde Guerre Mondiale.

C’est un roman intéressant, mélange savant d’épisodes historiques et d’une histoire familiale émouvante. On ressent l’atmosphère effroyable de la guerre, la tension palpable, le danger omniprésent, la montée du nazisme, les crimes qui se préparent, l’avenir qui s’assombrit. Attention tout de même pour les personnes qui souhaiteraient lire Au nom de ma mère pour le contexte historique : la guerre est insérée en toile de fond du livre et ne permet pas d’approfondir ses connaissances sur cette période. Toutefois, le tout donne un récit bien construit, uni, dynamique, prenant, qui se laisse lire avec fluidité.

Néanmoins, bien que j’ai grandement apprécié lire ce livre, je n’en ai plus qu’un vague souvenir quelques jours seulement après la fin de ma lecture. Ce qui signifie qu’il ne m’a pas forcément marqué, qu’il n’est pas sorti du lot, que le récit n’était pas assez original peut-être, qu’il manquait de consistance et de matière certainement. Il est vrai que cette période de l’histoire a déjà été énormément apporté dans la littérature. Hanni Münzer a tenté d’innover, en liant une juive et un nazi, en parlant de manipulation, de chantage, de secrets, d’espionnage en y ajoutant une dose de mystères et pleins de suspense… mais rien n’y a fait : ce genre de récit a déjà été abordé trop de fois et souvent bien mieux que ne l’a fait l’auteure d’Au nom de ma mère. Enfin, il m’a certainement manqué de la subtilité dans le récit, de l’émotion, des personnages plus caractériels et dessinés. Je suis resté en surface de l’histoire, appréciant découvrir cette romance dramatique, mais sans forcément m’y attacher. 


Au nom de ma mère lie habilement roman historique et saga familiale dans une histoire prenante sur la seconde Guerre Mondiale. J’ai bien aimé le récit, mais j’insiste sur le fait que cet angle a déjà été abordé maintes fois en littérature et qu’il manquait cruellement de consistance : il n’est donc ni novateur ni pérenne dans l’esprit des lecteurs.

Ma note : 6/10

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ISBN : 978-2-37735-407-8
Traduction : Anne-Judith Descombey

Le pacte des diables


Le pacte des diables de Roger Moorhouse

506 pages, éditions Buchet Chastel, à 26€


Résumé : Le 23 août 1939, une délégation allemande, avec à sa tête le ministre des Affaires étrangères Joachim von Ribbentrop, se rend à Moscou. Sur place, un accord est signé avec le pouvoir soviétique. Il entrera dans l’histoire sous le nom de Pacte Ribbentrop-Molotov ou Pacte Germano-Soviétique, et sa signature sera le signal du coup d’envoi de la Seconde Guerre mondiale. Pendant près de deux ans, les deux régimes totalitaires vont cohabiter dans une association sanglante qui leur permettra d’étendre leur pouvoir, par la guerre et la tyrannie, sur la Pologne, les Pays Baltes, la Finlande et la Roumanie. A l’aube du 22 juin 1941, l’idylle prend fin avec l’invasion allemande de l’Union soviétique. Mais le Pacte aura bouleversé l’équilibre européen pour un demi-siècle jusqu’à la chute du Mur de Berlin en 1989.


Extraits : « Le 23 août 1939, Staline but à la santé de Hitler. Même si les dictateurs ne devaient jamais se rencontrer, l’accord forgé ce jour-là allait changer le monde. »

« Le pacte germano-soviétique sortait de l’ombre. Il ne tomberait plus dans l’oubli, ne serait plus tabou. Il constituait une part essentielle de l’histoire. »


Mon avis : Comme beaucoup, je connais les grandes lignes de l’histoire de France et particulièrement des guerres qui ont éclatées le siècle dernier. La Grande Guerre de 1914-1918, guerre totale, tragique et meurtrière, qui a causée la mort de dix millions de civils et militaires, blessant environ vingt millions d’hommes. Elle fût suivi quelques années plus tard par la seconde Guerre Mondiale en 1939-1945, opposant l’Axe (Allemagne nazie, Japon et Italie fasciste) et les Alliés (États-unis, Union soviétique et Royaume-Unis), qui tua environ soixante millions d’hommes de part le monde, devenant le conflit le plus coûteux en pertes humaines de toute l’histoire de l’humanité.

C’est dans ce contexte que se place le pacte des diables. Le 23 août 1939, Molotov, chef du gouvernement de l’URSS et Ribenttrop, ministre des affaires étrangères allemandes, signent le tristement célèbre pacte germano-soviétique, avec l’aval de Staline et Hitler. Il s’agit d’un pacte de non-agression entre l’Union soviétique et l’Allemagne nazie, qui promet un renoncement au conflit entre les deux pays, mais qui, en sus, comportait bien d’autres clauses secrètes. En effet, le pacte prévoyait notamment une délimitation de la sphère d’influence de chacun des pays, avec, par exemple un partage de la Pologne entre les deux puissances. Les deux puissances trouvaient facilement leur intérêt dans cette alliance, avec un agrandissement de leur influence terrestre respective (invasion puis partage de la Pologne, invasion de la Finlande et des pays baltes), des échanges économiques et commerciales importantes, comme l’envoi de matières premières soviétiques en Allemagne en échange d’armement, de machines-outils et d’équipements en tout genre.

Une alliance incongrue, stupéfiante, qui fit couler beaucoup d’encre et laissa circonspect, inquiétant les puissances alentours : français, anglais, américains… tous se questionnent sur les réelles motivations des deux grands. Il faut dire qu’il y a de quoi : deux dictateurs, alors pires ennemis, l’Union soviétique et l’Allemagne nazie qui décident brutalement de se rapprocher, changeant de cap sans préambules. Si leur vision s’oppose, une idée les unie : imposer leur idéologie au reste du monde. Cela passe notamment par l’annexion, l’invasion, l’occupation, la propagande. D’ailleurs, l’auteur en rend fidèlement compte dans son récit : les deux puissances ont conclues un pacte, elles doivent, en théorie, évoluer conjointement, mais Hitler, tout comme Staline, profitent des bénéfices de l’alliance, tout en pensant à sa finalité, aux intérêts indépendants qu’ils pourraient en tirer.

Roger Moorhouse a réalisé un travail de recherche incroyable, qui permet de se rendre compte en détails de l’évolution du pacte. Il dissèque avec parcimonie les échanges entre les deux présidents, s’appuyant allègrement sur des documents et textes historiques qui nous plongent dans ce contexte si particulier et inquiétant. J’ai été impressionnée et suis totalement admirative du travail et du fond documentaire proposé (conversations privées, rencontres méconnues…). Ce livre ne s’adresse pas uniquement aux amoureux de l’Histoire et connaisseurs de l’époque, mais bien à un large public de curieux, qui souhaiteraient en apprendre davantage sur cette part méconnue de l’Histoire. Il faut parfois s’accrocher pour suivre certaines références, mais je vous assure que le style narratif est entraînant et suffisamment accessible pour prendre plaisir à découvrir l’Histoire. Plus que des références, l’auteur enrichit son texte par des photos d’archives extraordinaires, qui viennent rendre compte de la réalité des faits. Sur une quinzaine de pages, nous pouvons admirer Staline, Hitler, leurs représentants, se félicitant du pacte, ou encore des familles contraintes à l’exil, des troupes de soldats, envahissants, tuants, selon les directives des commandants.

Le pacte prit fin le 22 juin 1941 par l’invasion de l’Allemagne nazie en URSS, qui déclenche l’opération tristement célèbre Barbarossa, la plus grande invasion de l’histoire militaire en termes d’effectifs et de pertes.


Découvrez tout ce que vous devriez savoir sur le pacte germano-soviétique de la seconde Guerre Mondiale, un épisode historique méconnu, qui tend à être mis en lumières. Un immense bravo à Roger Moorhouse pour son travail de recherche titanesque, qui a reconstitué au mieux les faits qui se sont déroulés à cette époque peu reculée.

Ma note : 8,5/10

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ISBN : 978-2-283-03307-4
Traduction : Aude de Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat