Muchachas, tome 1


Muchachas, tome 1 de Katherine Pancol
474 pages, éditions Le Livre de Poche, à 7,90€


Résumé : Les filles sont partout dans ce roman.
Elles mènent la danse.
De New York à Paris, de la Bourgogne à Londres ou à Miami.
Des filles qui inventent, s’enflamment, aiment. Des filles qui se battent pour la vie. Et les hommes ? Ils sont là aussi. Mais ce sont les muchachas qui dansent, dansent, dansent. Elles font voler les destins en éclats. Et ça n’en finit pas !


Extraits« L’amour, avait-elle énoncé pendant qu’il se faisait un café, c’est quand deux personnes s’aiment, qu’elles sont capables de vivre chacune de leur côté mais qu’elles décident de vivre ensemble. »

« Donner le change. Ne pas avoir l’air d’hésiter. Ignorer le noeud dans le ventre. Agir. L’action terrasse la peur. »


Mon avis : Katherine Pancol est l’auteure phare de mon adolescence. Il y a bientôt dix ans, j’avais dévoré sa célèbre trilogie Les yeux jaunes des crocodiles, La valse lente des tortues et Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi, qui a également connu un retentissement médiatique considérable. Puis j’avais essayé de lire quelques one-shot de l’auteure, je pense notamment à Encore une danseJ’étais là avant ou Et monter lentement dans un immense amour…, qui ont tous les trois étaient de profondes déceptions. Sans doute la barre de la trilogie était-elle trop haute et les histoires suivantes bien peu de choses face à elle. Mais je ne m’avoue pas vaincue et replonge avec impatience dans la dernière trilogie en date de Katherine Pancol : Muchachas.

Ce premier tome met en avant des femmes, aux histoires divergentes. L’une est une femme battue, totalement soumise à son mari, un homme puissant, qui exerce une véritable omerta sur elle et son entourage ; l’autre a été violée et tire encore des conséquences psychiques de cette agression. Les thématiques abordées sont dures, crues, violentes ; néanmoins, j’ai trouvé que Katherine Pancol les traite avec beaucoup trop de distance et avec quelques maladresses. Les personnages présentés sont de parfaites caricatures, qui manquent cruellement de consistance, dans le sens où ils n’ont pas assez de caractère, de personnalité, d’élément singulier qui pourrait les différencier, les rendre unique et sympathiques auprès des lecteurs. Ce sont des coquilles vides, communes, qui ont même tendance à agacer par leur inaction, leur indolence. Je me suis profondément ennuyée avec cette histoire.

Enfin, bien que Muchachas soit une nouvelle trilogie, de nombreuses références sont faites à la trilogie phare de l’auteure ; bien que cela n’ait pas forcément peiné ma lecture, j’ai été passablement agacée de ne pas comprendre toutes les subtilités des références (ma lecture de sa précédente trilogie remontant à près de dix ans). Un coup commercial et marketing, sans doute, pour créer du liant, donner envie et faire acheter le lecteur.

Seulement deux jours après avoir fermé la dernière page de ce livre, je ne me souviens presque pas de l’histoire. Autant vous dire qu’elle est bien plus que légère ; c’est une lecture futile, dans laquelle il ne se passe pas grand chose, que l’on peut parcourir si l’on n’a rien d’autre à se mettre sous la main. Le style est plat, mou, Katherine Pancol se perd en bavardages qui s’étirent sur la longueur sans rien apporter de concret au récit. Au contraire, cela le dessert : je me suis souvent retrouvée perdue au milieu des introspections proférées par les uns et les autres. Je suis allé au bout de ma lecture tout de même, mais une chose est sûre : je ne lirai pas la suite !


Un roman plat, sans grand intérêt, aux personnages caricaturés et vides. Je n’ai pas accroché : l’aventure Muchachas s’arrêtera là pour moi. 

Ma note : 2/10

Pour lire plus d’avis

 

ISBN : 978-2-253-19464-4

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Danser, encore


Danser, encore de Julie de Lestrange

268 pages, éditions Mazarine


Résumé : Alexandre, Marco et Sophie connaissent une amitié de trente ans et autant d’amour, de blessures, de déceptions et de joies. Désormais adultes, confrontés au poids du quotidien et des responsabilités, à l’existence et ses tourments, sonne l’heure de faire des choix.
Mais qu’advient-il dès lors qu’il n’y a plus de guide ? Que reste-t-il des certitudes lorsque le sort frappe au hasard ? Juste un vertige, profond et déroutant, des liens indéfectibles, et parfois comme la nécessité de respirer, le besoin de danser et celui de s’aimer.
Découvrez la bande de copains drôles et attachants qui a fait le succès de Hier encore, c’était l’été, et plongez dans une magnifique histoire d’amour, un hymne à l’entraide, qui fait la part belle à la vie et à notre humanité.


Extraits :  « Au moins la maladie de son fils lui avait-elle appris l’immédiateté de la vie, son caractère insaisissable, le fait que chaque seconde s’échappait dans le temps, et que rien, finalement, n’était plus concret que le présent. Jamais il ne revivrait cette minute-là, entouré des gens qu’il aimait profondément, qui composaient son bonheur, sa raison d’être et ses tourments. Ce moment était unique et, mentalement, il s’ingéniait à le photographier. »

« A quelques mètres, une vieille dame déverse le contenu d’un arrosoir sur une plate-bande de chrysanthèmes. Une à une, elle ramasse les feuilles mortes venues s’accumuler sur la tombe. Lorsqu’elle a fini, elle caresse le marbre d’un air attendri. Il s’agit probablement de son mari. Même défunt, elle continue de s’occuper de lui. »


Mon avisAprès avoir lu (et beaucoup aimé) Hier encore, c’était l’été, j’ai eu la chance de pouvoir découvrir la suite des aventures de Marco, Sophie, Alexandre, et toute leur bande d’amis. Bien que ce livre s’inscrive dans la continuité des aventures de ces héros, rien ne vous empêche de le lire séparément. Vous ressentirez sans doute moins d’attachement pour les personnages, mais l’intensité du récit sera la même.

Danser, encore, c’est une histoire qui permet de redonner espoir. Malgré les drames qui peuvent arriver dans la vie (maladie, décès…), il faut savoir se relever, aller de l’avant et continuer à avancer. Alexandre et Sophie, parents d’un petit Nathan qui souffre d’une maladie respiratoire, en sont le parfait exemple : malgré la gravité de la maladie de leur fils, ils ne se laissent pas abattre et continuent de vivre. Marco a lui aussi dû faire face à l’âpreté de la vie, puisqu’il a perdu son frère, décédé lors d’un accident. Mais la vie continue, et il doit continuer à se battre pour lui.

Le titre du livre est donc parfaitement choisi pour illustrer le message que souhaite délivrer l’auteur : se relever, encore, et continuer à profiter de cette courte vie. Ne pas se laisser dépérir, mais vivre. Comme on le sait tous si bien : derrière chaque orage, vient le beau temps. Un beau message d’espoir, qui m’a particulièrement touché. Pour vous mettre parfaitement dans l’ambiance, je vous conseille de lire les moments les plus intenses du récit avec le titre de Calogero Danser encore, en fond sonore. C’est la chanson qui a inspiré l’auteure pour écrire son livre. Émotions garanties !

Danser encore, c’est aussi des histoires d’amitié, des histoires d’amour, des histoire sur la vie. Joies, bonheur, tristesse, désespoir… A travers l’évolution de ses personnages, Julie de Lestrange nous dépeint un tableau complet de la vie humaine. C’est bien écrit, c’est beau, c’est touchant. J’ai été une fois encore embarqué dans le cercle intime de ces amis, j’ai vécu intensément ce qu’ils ont vécus, j’ai ressenti tout ce qu’ils ont ressentis. Puis l’histoire s’est finie, plutôt brutalement, et j’ai dû laisser une nouvelle fois ces personnages pour retourner à ma petite vie. Fort heureusement, comme à la fin de son premier roman, l’auteure laisse présager une suite au quotidien de ses héros. J’espère que l’attente ne va pas être trop longue, puisque j’ai déjà hâte de les retrouver !


Un roman de vie, rempli d’émotions, qui se lit facilement et rapidement. N’hésitez plus, et entrez dans la danse !

Ma note : 6,5/10

 

L’île des oubliés


L’île des oubliés de Victoria Hislop

519 pages, éditions Le Livre de Poche, à 7,90€


Résumé : Alexis, une jeune Anglaise, ignore tout de l’histoire de sa famille. Pour en savoir plus, elle part visiter le village natal de sa mère en Crète. Elle y fait une terrible découverte : juste en face se dresse Spinalonga, la colonie où l’on envoyait les lépreux… et où son arrière-grand-mère aurait péri.
Quels mystères effrayants recèle cette île des oubliés ? Pourquoi la mère d’Alexis a-t-elle si violemment rompu avec son passé ? La jeune femme est bien décidée à lever le voile sur la déchirante destinée de ses aïeules et sur leurs sombres secrets…

 


Extraits :  « La solitude ne signifiait pas nécessairement être seul. On pouvait se sentir seul au milieu d’une foule.« 

« La musique était un territoire neutre où la richesse et l’origine sociale n’avaient aucune importance. »


Mon avisEn débutant ma lecture, je pensais découvrir un polar ou thriller qui se serait passé en Crète. Mais je me suis vite rendue compte que L’île des oubliés est en fait une saga familiale, qui raconte le passé extraordinaire des ancêtres d’Alexis.

Alexis est une jeune Anglaise, qui ignore tout de ses racines. Sa mère reste étonnamment fermée face aux nombreuses interrogations de la jeune femme. C’est pour cette raison que Alexis entreprend un voyage en Crète, dans le petit village natal de sa mère, pour tenter de combler son ignorance. Là-bas, elle va faire la rencontre de Fotini, une femme qui a vu naître sa mère et qui connaît parfaitement l’histoire de sa famille. Fotini va entreprendre de lui raconter son histoire, en commençant par le commencement : l’enfermement de son arrière-grand-mère Eleni, atteinte de la lèpre, sur l’île des lépreux.

J’ai beaucoup apprécié l’historicité du récit. L’auteure prend comme point d’appui Spinalonga, une île crétoise qui a été le lieu de réclusion de toutes les personnes atteintes de la lèpre de 1904 à 1975. A partir de ce fait historique, elle va développer son histoire, en présentant Eleni, jeune mère de famille et institutrice, atteinte par la lèpre à cause d’un de ses élèves. Elle va rejoindre l’île pour y vivre et éviter de propager davantage cette maladie. Le lecteur va s’immiscer dans le quotidien des lépreux ; on va partager leurs vies, leurs émotions, les difficultés qu’ils rencontrent.

Même si les thématiques abordées ne sont pas très gaies, elles permettent de s’enrichir et de découvrir quelques pans importants de l’histoire mondiale, malheureusement trop peu connues.

Ces petites virée à Spinalonga, Agios Nikoalos ou Héracklion, m’ont donnés des envies de voyages. Si un jour je m’aventure en Crète, je suis certaine de faire un détour par ces coins-là. L’ambiance familiale de ces villages, la générosité des habitants et les traditions culturelles et religieuses décrites m’ont touchées.

Ci-dessous, une photographie de l’île de Spinalonga, sur laquelle étaient parquées les personnes atteintes de la lèpre. Suite à la découverte d’un traitement contre la lèpre, ce village a été totalement laissé à l’abandon. Aujourd’hui, il constitue un site touristique majeur crétois.

L’histoire est passionnante, et les personnages sont fantastiques et terriblement attachants. Tout est réuni pour nous faire passer un bon moment. On voyage, dans l’espace et le temps, on réfléchit aussi, notamment sur la léproserie et l’horrible réclusion des lépreux sur l’île. Pour ceux qui l’ignorent, la lèpre est une maladie infectieuse qui créée des déformations de la peau, rendant toute personne atteinte méconnaissable. Le fait que ces malades soient défigurés par la lèpre, couplé au fait qu’ils soient obligés de se parquer sur une île, isolé de tout, ont fait d’eux des parias de la société.

Dans l’époque à laquelle on vit, il est difficile de se représenter une telle horreur. Pourtant, cela s’est passé il y a moins d’un siècle. L’atrocité humaine face aux populations opprimées est désopilante. Heureusement, quelques personnes au grand coeur et au courage démesuré (je pense notamment aux deux médecins, Kyritsis et Patrakis, qui se rendaient sur l’île chaque semaine pour venir en aide aux lépreux), ont contribué à mettre un terme à cette politique d’isolement totalement inhumaine. Grâce au remède trouvé pour éviter la transmission de la lèpre, toutes les personnes isolées sur Spinalonga ont pu sortir de l’île et reprendre une vie (presque) normale.


L’île des oubliés, c’est une saga familiale qui mêle expérience historique et humaine. En mettant en avant l’exclusion dont on été victimes les personnages atteintes de la lèpre au XXème siècle, Victoria Hislop nous délivre un beau message de tolérance, d’amour et d’espoir. Une histoire qu’il faut lire absolument.

Ma note : 8/10

 

La ferme du bout du monde


La ferme du bout du monde de Sarah Vaughan

444 pages, éditions Préludes, à 16,90€


Résumé : Cornouailles, une ferme isolée au sommet d’une falaise.
Battus par les vents de la lande et les embruns, ses murs abritent depuis trois générations une famille et ses secrets.
1939. Will et Alice trouvent refuge auprès de Maggie, la fille du fermier. Ils vivent une enfance protégée des ravages de la guerre. Jusqu’à cet été 1943 qui bouleverse leur destin.
Eté 2014. La jeune Lucy, trompée par son mari, rejoint la ferme de sa grand-mère Maggie. Mais rien ne l’a préparée à ce qu’elle y découvrira.
Deux été séparés par un drame inavouable. Peut-on tout réparer soixante-dix ans plus tard ?


Extraits :  « Alors voilà ce que le chagrin vous faisait. Il vous autorisait à dire des choses que l’on garde habituellement pour soi.« 

« Cette maison est comme un aimant, elle ramène à elle ceux qui s’éloignent trop.« 


Mon avis : Quel livre… quelle histoire…! Pour être honnête, en débutant ma lecture, je ne m’attendais pas à autant aimer ce livre. Et puis, les pages passant et défilant à une allure folle, je me suis laissé doucement prendre au jeu des souvenirs, embarqué dans cette atmosphère familiale et conviviale.

Années 1939, en temps de guerre. Les parents de Will et d’Alice décident d’envoyer leurs enfants en Cornouailles, loin de la guerre. Ils trouvent refuge à Skylark, dans la ferme tenue par les parents de Maggie. Mais une idyllique naissante entre Will et Maggie va faire basculer la tranquillité des lieux.

2014. Maggie, maintenant une vieille dame, vit toujours à Skylard, avec sa fille Judith et son petit-fils Tom. Ils sont rapidement rejoint par Lucy, autre petit-fille de Maggie et soeur de Tom, qui fuit sa vie Londonienne pour venir se ressourcer à Skylark. Elle va découvrir que la ferme familiale est au bord de la faillite, et va tout faire pour tenter de changer la donner et redonner le sourire aux siens.

Notre histoire se forme donc avec deux temporalités combinées : d’abord en temps de guerre, alors que notre protagoniste Maggie n’est encore qu’une enfant ; puis dans le présent, lorsqu’elle est devenue une vieille dame. L’alternance des époques offre deux approches différentes de l’histoire, qui arrivent quand même à se compléter à ravir. Grâce à ces deux parties distinctes, notre esprit reforme pièce après pièce le puzzle formé par la vie de Maggie.

Tous les personnages regorgent de sympathie et de bienveillance. Ce sont tous des personnages très courageux, qui se battent pour les valeurs qu’ils incarnent et que leurs prédécesseurs incarnaient, ainsi que pour la sauvegarde de leur patrimoine commun. On s’attache très facilement à leurs personnalités ; Maggie et ses secrets, Lucy et ses doutes, Tom et sa pugnacité… chacun à sa façon arrivent à nous toucher.

Mais il n’y a pas que les personnages qui nous touchent. On est également obligé d’être charmé par le cadre paradisiaque dans lequel l’auteure fait évoluer ses personnages. Le nord de la Cornouailles, une ferme isolée, vers le bord des falaises, avec vue plongeante sur l’Atlantique. Le paysage décrit semble tellement somptueux, calme et reposant que ça m’a donné des envies de voyages.

Au coeur de cette magnifique carte postale, se dresse donc la ferme familiale Skylark, exploitation agricole qui passe de génération en génération. Grâce aux alternances temporelles qui structurent le récit, Sarah Vaughan nous montre sans détour la prospérité du domaine dans les années 1940, qui s’oppose à sa déchéance financière des années actuelles. Une comparaison qui met en lumière les problèmes auxquels doivent faire face les agriculteurs : déficits financiers, fatigues physiques et morales, manque de main d’oeuvre… qui rappelle à chacun la pénibilité et la dureté du travail à la ferme.

En fait, je pense que le fait que cette histoire m’ait autant plût tient sans doute de la délicatesse d’écriture de l’auteure. Car il y a une certaine poésie dans sa façon d’écrire, une certaine retenue aussi. Mais paradoxalement, cette pudeur dans l’écriture fait ressortir des émotions fortes, qui atteignent le lecteur en plein cœur. On est touchés par les problèmes (personnels ou professionnels) rencontrés par les protagonistes, on s’émeut de l’émouvante histoire passée et présente de Maggie, on compatis à sa tristesse, on essaie de comprendre, d’éclaircir certains points obscurs de sa vie. Tout engage le lecteur à se propulser dans l’histoire et à ressentir des émotions. Néanmoins, tout le récit a été d’une telle intensité narrative, que forcément, la révélation finale m’a semblé un brin trop simple ; elle aurait méritée d’être un tout petit peu plus développée. Mais ce jugement tient sans doute de mon chagrin d’être déjà arrivé au dénouement de l’histoire, alors que j’aurais souhaité prolonger davantage ce merveilleux moment…


La ferme du bout du monde est à lire idéalement pendant les vacances, pour passer un moment reposant, tout en s’évadant dans des contrées lointaines. Entre histoires d’amour, secrets inavoués, héritage familiale… cette saga familiale vous fera vivre mille émotions. C’est une merveilleuse lecture que je vous recommande chaudement. 

Ma note : 9/10