Le pays qui descend


Le pays qui descend de David Camus
519 pages, éditions Robert Laffont, collection R, à 20€


Résumé : Le premier volet d’un diptyque d’aventure follement inventif. Li, quinze ans, vit dans le village de Cent-Maisons (Et-Pas-Une-De-Plus) sur Vertical, une gigantesque montagne dont nul ne connaît la base ni le sommet. Comme chacun de ses habitants, elle rêve d’atteindre un jour « Tout En Bas Tout En Bas », là où même l’eau se repose ; mais, enfant trouvée, elle se sait condamnée à l’avenir morne de ceux qui ne descendent de personne. Quand un drame la pousse à partir avec cinq autres adolescents, son existence bascule. Débute alors un voyage jalonné de rencontres étonnantes dans des mondes inconnus qui la mèneront à la découverte d’elle-même et des nombreux secrets du Pays qui descend.


Extraits : « – Quand tu étais petite, tu te précipitais à la fenêtre au moindre rayon de soleil pour regarder le ciel. Ton père et moi avions le plus grand mal à t’en détourner. Ba prétendait que c’était la preuve que tu étais un cadeau tombé du ciel, conclut-elle en s’épongeant le front.« 

« Les mensonges que l’on se fait à soi-même sont ceux auxquels on s’accroche le plus. »


Mon avis : Moi qui ne suis d’ordinaire pas une grande adepte des romans de science-fiction, j’ai littéralement dévoré celui-ci ! David Camus nous embarque dans un univers bien particulier, sur une immense montagne, qui fait rêver par sa grandeur et par la féerie de ses paysages, mais qui fait aussi très peur par son immensité. Depuis des années, de multiples générations se succèdent pour tenter d’atteindre la base de la montagne… sans grand succès. Plusieurs légendes racontent que Tout en Bas Tout en Bas ressemble à un paradis terrestre, où il fait bon vivre. Mais encore faut-il pouvoir l’atteindre. Depuis Cent Maisons (et pas une de plus) qui se situe presque au sommet, la jeune Li et ses compagnons d’infortune, s’élancent au hasard des chemins pour descendre le plus bas possible. Un cheminement qui va leur réserver bien des surprises… et pas des meilleures !

Pour être honnête (et j’en suis la première surprise) : j’y étais. J’étais aux côtés de Li, de Fintân, de Tyr, de Luchna, de Goïbnu et de Ardat. Je descendais la montagne avec eux. J’avais peur, je combattais, j’avais faim, j’avais froid, je ressentais tantôt de la fatigue, de la rage ou de l’amour. Pour faire simple : j’ai été transportée. Alors oui, c’est vrai, il y a parfois des incohérences, des scènes peu réalistes, ou même totalement invraisemblables, mais je m’en fichais. J’y étais. 

J’ai été charmée par l’écriture envoûtante de David Camus, comblée par les multiples rebondissements et les péripéties continues, mais surtout admirative de sa créativité débridée. Il invite plusieurs mondes, bâtis sur des codes, des modes de vie, des cultures, totalement imaginaires et changeants. Chaque fois que le groupe de jeunes change de villages, c’est de toutes nouvelles normes sociales qu’il faut réapprendre. Plus le groupe se rapproche de Tout en Bas Tout en Bas, plus on a l’impression de fouler de nouvelles terres, de pénétrer dans des espaces jusque là jamais traversées par l’homme. On ressent comme une excitation bienvenue à cette idée d’être les pionniers d’une ère nouvelle. C’est sûr, il faut avoir le goût de l’aventure et de la découverte pour apprécier pleinement ce roman !

En tout cas, Li, notre protagoniste, l’a. J’ai aimé l’ensemble des jeunes aventuriers, tous très différents dans leurs personnalités, leurs caractères, leurs apparences physiques, leurs milieux sociaux, mais dont les émotions sont décrites avec profondeurs. On s’attache facilement à eux. Tyr la pétante, Fintân le beau gosse, Luchna la petite fille fragile, Goïbnu le gros nounours, Ardat le copain sympa. Ses cinq personnes se distinguent de Li par une chose : leur lignée. Ils sont issus de familles aisées, qui leur a permis de financer une formation auprès de Maître Babackas, pour se préparer à la descente. Li, abandonnée à la naissance puis recueillie par un couple de Cent maisons (et pas une de plus), n’a pas eu cette chance. Mais sur le chemin de Tout en Bas Tout en Bas, elle va à la rencontre de ses origines. Une histoire de quête familiale, de quête amoureuse, de quête initiatique. Une histoire d’amitié, de solidarité, de croyances.  

Le pays qui descend est le premier tome d’un dipytique, dont le deuxième, La terre qui monte, sortira normalement cette année. J’ai déjà hâte de pouvoir me replonger dans cet univers si particulier et espère sincèrement que cette série pourra trouver son public, et pourquoi, être adapté à la télévision.


Embarquez pour un voyage initiatique aux côtés de jeunes adolescents en quête de Tout en Bas Tout en Bas, le paradis promis au pied de la montagne. Mais existe-t-il vraiment ? Un premier tome envoûtant, qui m’a convaincue !

Ma note : 9/10

Pour lire plus d’avis :
    

ISBN : ‎ 978-2-221-27261-9

Celui qui voulait tout réparer


Celui qui voulait tout réparer
de Barbara Kosmowska & Emilia Dziubak
110 pages, éditions Père Fouettard, à 14€


Résumé : Dans la Haute-Forêt, le monde se divise en deux catégories : les Bariolés, toujours à la pointe de la mode, et les autres qui n’ont que leurs poils sur le dos. Mais Gari, un jeune lièvre brun commun qui n’a rien de commun, ne l’entend pas de cette oreille ! Ingénieur en herbe, il va mettre au point des machines toutes plus géniales les unes que les autres et secouer l’ordre établi !


Extraits : « J’ai lu ce livre à un très gentil garçon. Il m’a écoutée avec attention, souvent le sourire aux lèvres. Parfois même, il a éclaté de rire !… Ce qu’il préférait, c’était quand le héros trouvait une nouvelle idée pour rendre le monde plus heureux. »

« Les prénoms mal choisis, ça me révolte. J’ai déjà pensé que, quand je serai grand, je pourrai travailler au bureau de l’Attribution des Noms Propres. La forêt serait alors pleine de lièvres heureux. On y verrait galoper des Feu-Follet, des Oeil-de-Cobalt, des Éclat-du-Matin. Fini, les prénoms comme Grand-Saut, Crottin, Gibier ou Garenne, je les supprimerai de la liste nationale pour qu’ils ne fassent plus de mal à aucun lièvre. »


Mon avis : J’ai été ravie de recevoir ce livre dans le cadre d’une masse critique graphique organisée par Babelio. Cela me permet de sortir de ma zone de confort, en découvrant des ouvrages que je n’aurais peut-être jamais ouvert seule. 

Celui qui voulait tout réparer est un album jeunesse polonais qui met en scène des lapins dans un monde nommé la Haute-Forêt. Nous suivons Gari, un jeune lièvre téméraire, courageux et débrouillard, qui vit avec sa mère, sa soeur, Hirondelette et son frère, Galopin. Ils sont des lapins ordinaires, pas franchement riches, qui se complaisent néanmoins dans leur quotidien. 

Car dans la Haute-Forêt, tout comme dans notre quotidien, les discriminations sont bien présentes et les auteures ne manquent pas de nous pointer du doigt. Les lapins ordinaires s’opposent aux Bariolés, des lapins toujours bien habillés, qui appartiennent à la classe sociale supérieure. Les différences se font distinctement ressentir à l’école, lors de la pause déjeuner, mais aussi dans la rue, avec leurs moyens de déplacement, leurs habits… Aussi, Gari se fait le défenseur des lapins ordinaires et va user de sa créativité et de son talent d’inventeur pour pallier aux manques de ses semblables. Il va inventer des machines révolutionnaires qui vont changer le quotidien des lapins ordinaires.

Cette belle histoire est entrecoupée de magnifiques planches de dessins, où l’on voit des lapins mis en scène, qui évoluent sous nos yeux et nous font pénétrer plus intensément dans ce monde féerique de la Haute-Forêt. 

J’ai bien aimé la globalité du récit, néanmoins, j’ai trouvé que les messages que souhaitaient faire passer les auteures étaient peut-être un peu trop bruts. On comprend aisément qu’elles pointent du doigt l’injustice sociale, les discriminations envers les personnes différentes, le courage des femmes via des actions féministes fortes. Néanmoins, j’ai trouvé la distinction entre les bons et les méchants trop marquée et pas assez suggérée. On est bien loin des Fables de La Fontaine avec ses animaux qui se faisaient les défenseurs des morales d’antan avec finesse, panache et ingéniosité.


Un très bel album jeunesse qui dénonce certains vices de notre époque à travers un monde imaginaire de la Haute-Forêt : inégalités, discriminations, droit des femmes… Une belle lecture, qui aurait mérité plus de finesse dans son texte.  

Ma note : 6,5/10

Pour lire plus d’avis :
    

ISBN : ‎ 978-2-37165-109-8
Traduction : Nathalie Le Marchand

La maison Chapelier, livre 2


La maison Chapelier, livre 2 de Tamzin Merchant
425 pages, éditions Gallimard jeunesse, à 18€


Résumé : ARTISANS, SOYEZ FRÈRES, QUE LA MAGIE OPÈRE !
Toutes les nuits, Cordelia parcourt les rues de Londres en quête d’indices pour retrouver la trace de son père. Elle découvre alors la ville en proie à la plus terrible des menaces : la magie est en train de disparaître ! Pour la préserver, Cordelia doit relever un défi impossible : créer une alliance entre toutes les familles d’artisans, qui depuis des générations se détestent copieusement.
Une héroïne intrépide, une carte mystérieuse, des secrets de famille et des tempêtes magiques : la suite des aventures enchantées et merveilleusement loufoques de Cordelia Chapelier.


Extraits : « Apprendre à lire, c’est comme apprendre à allumer un feu : la lecture éclaire le chemin dans la vie. »

« Tu sais, si on n’a pas peur, on ne peut pas être courageux. »


Mon avis : J’ai eu la chance de pouvoir lire la suite de La maison Chapelier, une saga jeunesse fantastique dont j’avais adoré le premier tome en mars 2022. Je retrouve avec grand plaisir la petite Cordelia Chapelier, descendante d’une famille de magiciens, qui confectionne des chapeaux sur-mesure aux pouvoirs extraordinaires. Toujours à la recherche de son père disparu en mer, Cordelia doit également combattre un être maléfique, prêt à tout pour détruire tout substitut de magie présent dans ce monde onirique.

Mon avis global sur ce deuxième tome reste identique au premier, c’est-à-dire que j’ai grandement apprécié le livre-objet avec sa couverture colorée et scintillante, ainsi que les illustrations en noir et blanc qui ponctuent le récit, en revanche, j’aurais été d’autant plus contente si elles avaient été réalisées en couleurs… sans doute une question de coût !

Tout comme dans le tome 1, j’ai beaucoup aimé le personnage de Cordelia. C’est une jeune fille dynamique, mature, censée et réfléchie, qui ne se met pas forcément en avant, mais qui dispose de qualités de meneuse indéniables. Je salue surtout sa fidélité et sa confiance envers ses amis, Lulu et Sam, ainsi que son courage et son ouverture d’esprit, notamment dans le rapprochement qu’elle souhaite voir s’opérer entre les différentes familles d’artisans. Cordelia est sans conteste une jeune fille bonne, généreuse et gentille.

Concernant l’intrigue en elle-même, elle est dans la continuité du premier tome, avec un enchaînement dynamique des scènes, des rebondissements inattendus, qui rendent le rythme légèrement plus soutenu que dans le tome 1. La magie est présente, elle alimente ponctuellement l’histoire sans pour autant prendre une place prépondérante dans celle-ci, elle est proprement dosée. La magie noire est surtout représentée, avec des scènes de destruction qui frisent l’apocalypse et l’apparition d’un monstre mythologique redoutable, la harpie, constituée d’un corps de vautour et d’une tête de femme. Mandatée par le méchant pour stopper la progression de Cordelia et de ses amis dans leurs recherches, elle fait régner la terreur dans la ville. La seule manière de les contrer, serait d’unir l’ensemble des forces magiques des artisans pour détruire toute la magie noire. Un projet ambitieux pour Cordelia, puisque les familles des artisans se font la guerre depuis de nombreuses années. Mais rien n’est trop dure pour notre téméraire protagoniste !


Un deuxième tome à la hauteur du premier, qui mêle habilement magie, mystère et action. J’ai hâte de pouvoir lire la suite de cette superbe saga jeunesse.

Ma note : 8/10

Pour lire plus d’avis

 

ISBN : 978-2-07-515739-1
Traduction : Marie Leymarie

Frère noir, noir de frère


Frère noir, noir de frère de Jewell Parker Rhodes
250 pages, éditions Hachette romans, à 17€


Résumé : Donte, douze ans, aimerait parfois être invisible. Disparaître loin de son école. Loin d’Alan, le « Roi » du club d’escrime, qui le harcèle. Loin des professeurs et du directeur qui l’accusent en permanence, en raison de sa couleur de peau. Et ce, bien qu’il soit innocent. Après une énième accusation, Donte est embarqué par la police. Effrayé et apeuré, le jeune garçon ne sait plus vers qui se tourner. Même son frère Trey, plus clair de peau que lui, ne trouve pas les mots pour l’aider. À la recherche d’un endroit où il aurait enfin sa place, Donte finit par rejoindre un club d’escrime, bien loin de celui de son école privée. Il est bien décidé à montrer à Alan et aux autres que, lui aussi, mérite le respect. « Je ne peux pas faire mes preuves face au monde entier. Mais je peux l’affronter. Faire cesser son manque de respect. Lui montrer qu’il ne m’achèvera pas. Parce qu’il n’est pas meilleur que moi. »


Extraits : « – En sport, c’est toujours moi qu’on siffle pour des fautes que je n’ai pas commises. Mais jamais personne ne se fait siffler quand je suis victime d’une faute.
Mes mains se serrent, se desserrent.
– Tout le monde me harcèle. Les profs. Les élèves. Je suis poursuivi par des murmures, des cris. On dirait toujours que quelqu’un a quelque chose de mal à me dire : « Tu t’habilles comme une racaille. » « Tes dreadlocks sont moches. » Les filles se moquent de moi, me montrent du doigt. « Pourquoi tu ne peux pas être comme ton frère ? » « Il arrive à te trouver dans le noir ? » C’est blessant. »

« La rapidité, l’intelligence, peuvent mener à la victoire, mais la patience est la clé de voûte. Marche ! »


Mon avis : Donte a douze ans, c’est un petit garçon comme les autres, à une exception près : il a la peau noire. Une différence qui est constamment pointée du doigt par ses camarades et qui lui vaut d’être moqué, humilié, harcelé et très souvent injustement accusé de faits qu’il n’a pas commis. Donte est en particulier la cible d’Alan, un garçon blanc, chef de l’équipe d’escrime, qui passe son temps à le brimer et à le traiter de « Frère noir, noir de frère ». Car Donte est issu d’une famille biraciale, c’est-à-dire que sa mère a la peau noire, tandis que son père est blanc. Une différence qu’il subit au quotidien, avec son frère, Trey, qui a hérité de la blancheur de son père. Ce dernier est plutôt populaire à l’école, aimé, admiré, il essaie tant bien que mal de protéger son petit frère et de faire changer les mentalités… en vain. Jusqu’au jour où Donte est une nouvelle fois accusé d’un méfait infime, qui le renvoie dans le bureau du directeur, puis directement traîné par des officiers de police en cellule. Une honte indescriptible, d’autant que Donte est totalement innocent. Le jeune homme va tenter de se venger de la meilleure des manières : en changeant les mentalités.

Pour être tout à fait honnête, j’ai trouvé que Frère noir, noir de frère commençait mal. La scène où Donte, qui n’est encore qu’un enfant, à douze ans seulement, est emmené par la police sur un simple coup de téléphone du directeur d’établissement, est totalement invraisemblable. Je veux bien que les lois soient sans doute plus dures aux Etats-Unis, mais de là à accuser, sans preuve, aussi injustement, un petit bonhomme, sous prétexte de sa couleur de peau… je trouve ça insensé ! De plus, je n’ai pas saisi la subtilité qui résultait du titre du récit, également repris comme insulte à plusieurs reprises dans le corps du texte, « Frère noir, noir de frère ». Dans ma grande naïveté, je ne comprends pas où est le mal et je pense sincèrement que la traduction française a amoindrie la signification de cette expression. Heureusement, la suite du roman est plus crédible.

Jewell Parker Rhodes souhaite ajouter sa pierre à l’édifice pour faire changer les mentalités et la vision du monde sur les personnes de couleur noires. Elle le fait à travers le sport, qui prône de belles valeurs d’entraide, de solidarité, de fair-play, de cohésion, d’internationalisation… On sait que la discrimination est continuellement présente au quotidien, mais je pense qu’on ne peut pas imaginer à quel point elle peut impacter la vie des personnes directement concernées. Les comportements racistes, les jugements hâtifs, les inégalités et les injustices, sont autant d’éléments qui viennent perturber la vie des personnes de couleurs, et en particulier celle de Donte, douze ans seulement, pourtant élève brillant, intégré à une école prestigieuse et coûteuse.

J’ai quand même trouvé que certains passages s’étiraient en longueurs, avec de nombreuses répétitions, je pense notamment aux séances d’entraînement de Donte, Trey et les jumeaux, que je n’ai pas trouvé pertinents et qui m’ont passablement ennuyé. Mettre l’escrime en avant est quand même sympathique, c’est un sport complexe et complet, qui demande force, vigueur, stratégie, concentration et réflexion, et surtout qui change des sports habituellement mis en lumière.


Un roman jeunesse doté de belles valeurs, qui essaie de faire évoluer les mentalités et met en lumière un sport peu souvent évoqué dans les livres : l’escrime. Bien que l’histoire soit intéressante, la construction narrative ne m’a pas convaincue et manquait de crédibilité à mes yeux.

Ma note : 5,5/10

Pour lire plus d’avis

 

ISBN : 978-2-01-716018-2
Traduction : Brigitte Hébert

Blackout à New York


Blackout à New York de Dhonielle Clayton, Tiffany D. Jackson, Nic Stone, Angie Thomas, Ashley Woodfolk et Nicola Yoon
318 pages, éditions Nathan


Résumé : Quand la lumière s’éteint, les cœurs s’allument…
Un été caniculaire à New York – et voilà qu’une gigantesque panne d’électricité plonge toute la ville dans le noir. Mais tandis que la confusion règne, c’est un autre genre d’étincelles qui vient illuminer l’obscurité…
Des inconnus que le hasard réunit. Des amis de longue date. Des ex forcés de cohabiter. Dans le noir, plus la peine de tricher, chacun peut révéler sa vérité, ses sentiments. L’amour s’expose, l’amitié se transforme.
Tammi, JJ, Nella, Lana, Kayla, Seymour… De Manhattan à Brooklyn, les pas de ces adolescents noirs se croisent, s’éloignent et se rejoignent dans la ville bloquée, brillant comme autant de flammes.


Extraits : « Mais d’un coup, je décide qu’on ne peut pas être courageux si on n’a pas un peu peur. »

« Si je suis pas capable de m’aimer et de m’accepter tel que je suis, comment je pourrais m’attendre à obtenir ça des autres ? »


Mon avis : Six auteures américaines se sont regroupées pour écrire des nouvelles autour d’une base commune : une panne d’électricité survient en plein été à New York. C’est la débandade. Dans tout ce chaos, plusieurs jeunes noirs vont se rencontrer, se rapprocher et passer une des plus belles soirées de leur vie. À travers le noir crépusculaire apporté par la panne, de belles lumières vont s’allumer dans les coeurs de nos protagonistes. Un fil rouge qui va donner lieu à six interprétations différentes de l’histoire. Parmi ces six auteures, certaines ne vous sont certainement pas inconnues. Je pense notamment à Angie Thomas et Dhonielle Clayton, qui sont particulièrement connues pour leurs romans jeunesses qui mettent en scène de jeunes protagonistes noirs et prônent le vivre-ensemble, l’intégration et la diversité.

Blackout à New York met en scène exclusivement des personnages noirs. D’ailleurs, la note de début le précise, ce livre est dédié « à tous les jeunes Noirs du monde : vos joies, vos histoires, votre amour et vos vies comptent. Vous êtes une lueur d’espoir dans l’obscurité. » Pour être tout à fait franche, je me suis sentie instantanément exclue en lisant ce préambule, puisque je pensais que ce livre pouvait être une propagande pro-noir et anti-blanc. Mais que nenni ! On y retrouve donc des personnages noirs, chose assez rare dans les romans, qui vont vivre une nuit exceptionnelle, remplie d’émotions et de beaucoup d’amour. Le but de ce récit n’est pas de pointer du doigt le racisme, la violence et toutes les formes de ségrégations qui peuvent exister envers les personnes noires, mais bien de montrer qu’elles sont exactement comme les autres et qu’elles aussi vivent des histoires d’amour similaires aux personnes blanches. De surcroît, les auteures ne se contentent pas de mettre en scène des couples hétérosexuels, mais elles écrivent aussi autour de couples homosexuels et même bisexuels : j’espère que la diversité des attirances sexuelles, couplée à des personnes de couleurs, va ouvrir la conscience et l’esprit de certains lecteurs.

Sur le moment, j’ai été conquise par les différentes histoires qui naissent sous nos yeux. On ne peut qu’être touchés par les sourires et les gestes tendres, la pudeur de nos jeunes protagonistes, les premiers émois, les doutes qui les assaillent… mais les nouvelles étant ce qu’elles sont, c’est-à-dire très courtes, cela ne nous laisse absolument pas le temps de nous attacher aux personnages. Aussi, on voit certains couples se former, sans pour autant savoir qui ils sont, ce qu’ils ont traversé et ce qu’ils vont devenir. C’est bien dommage, car certains auraient mérités d’être développés.


Un roman choral à 12 mains, qui met en scène des personnages exclusivement noirs, qui vont vivre de jolies histoires d’amour. Des nouvelles lumineuses, qui prônent la tolérance et le vivre-ensemble. Elles auraient méritées d’être développées individuellement.

Ma note : 6,5/10

Pour lire plus d’avis

 

ISBN : 313-309-223695-2
Traduction : Nathalie Bru et Lucie Calmanovic-Plescoff