Le bûcher


Le bûcher de Perumal Murugan

215 pages, éditions Stéphane Marsan, à 18€


Résumé : « Je ne sais pas de quelle caste tu es, mais fais bien attention avec ces gens. Tu ne peux pas compter sur ton mari pour te protéger. Ils attendront qu’il s’absente et, à la première occasion, ils en profiteront pour te chasser. Ils sont capables du pire. Prends garde.»

Après la mort de son père, Kumaresan quitte son village natal et se rend à la ville pour y trouver du travail. À l’usine, il met le soda en bouteille avant d’aller le livrer à vélo aux échoppes qui en font commerce. C’est là qu’il fait la rencontre de Saroja, et tout à coup, c’est l’amour fou. Mais c’est aussi un amour interdit : la jeune fille n’est pas issue de la même caste que lui. Avec la fougue de la jeunesse, ils se marient clandestinement dans un temple peu regardant sur l’origine sociale des mariés, avant de regagner ensemble le village de Kumaresan. Le jeune homme est persuadé qu’il finira par avoir raison des réticences des siens et par faire accepter sa femme. Mais dans ce petit village isolé du Tamil Nadu où les traditions pèsent comme une chape de plomb, le piège se referme sur eux, jour après jour.


Extraits : « Le dire était une chose, le faire, une autre. Mais, parfois, les mots semblaient suffire.« 

« Dans tout échange, un sourire se dessinait sur ses lèvres. Il avait l’art de désamorcer n’importe quelle situation ainsi. »


Mon avis : En ouvrant Le bûcher, je suis totalement sortie de ma zone de confort. En effet, nous plongeons au coeur de l’Inde traditionnelle, dans des villages reculés, où les traditions peuvent parfois être incomprises des occidentaux tels que moi.

Alors qu’il avait quitté son village pour partir parti travailler à la ville, Kumaresan tomba amoureux de Saroja. Un amour d’abord timide, puis passionné, fougueux. Très vite, ils font le choix de se marier, puis Kumaresan propose à Saroja de rejoindre son village, où loge notamment sa mère, une fermière veuve et où Kumaresan pourra faire fructifier son commerce. Mais la désillusion est forte lors de l’arrivée du couple : Saroja est accusée de ne pas faire partie de la même caste que Kumaresan et l’ensemble des villageois. Les villageois, aussi bien que la mère de Kumaresan, ne l’acceptent pas, la méprisent, l’insultent, la regardent comme une bête de foire et ne veulent qu’une chose : son départ. La jeune femme va prendre sur elle et tenter de faire face à toute cette haine. Seul l’amour qu’elle porte à Kumaresan va réussir à lui faire tenir.

Quand on débute ce récit, le dépaysement est grand. Nous sommes dans l’Inde pauvre, sur une terre aride, peuplée de quelques maisonnettes qui ressemblent plus à des cases fonctionnelles qu’à des maisons à proprement parler. Les villageois sont soit des paysans, soit des commerçants ; les plus téméraires, comme Kumaresan, sont envoyés dans des villes plus grandes pour travailler et gagner de l’argent.

Là-bas, le mariage et le respect des différentes castes sont sacrés. Il est impensable pour les villageois qu’un jeune homme tel que Kumaresan épouse une femme qui ne fasse pas partie des cabanes environnantes. C’est une atteinte à l’ordre des choses, une honte pour l’ensemble du village, une ignominie qui prouve que les femmes du village n’étaient pas assez bien pour Kumaresan, parti en ville en chercher une plus cultivée peut-être, plus jolie, plus riche.

La colère de l’ensemble des villageois, et spécifiquement de la mère du héros, est immense. Il est vrai que de mon point de vue, une telle chose ne mérite pas autant de haine et de reproches. Ils sont vraiment blessants envers Saroja, cette jeune femme calme et timide, qui pourtant n’a rien demandé à personne.

En revanche, j’ai beaucoup moins aimé le dénouement, qui m’a laissée totalement sur ma fin. Il n’y a pas vraiment de point final, au contraire, c’est ce que l’on pourrait qualifier de fin ouverte, qui laisse place à l’imagination du lecteur. J’avoue ne pas être une très grande fan de ce genre de pratique, qui me laisse frustrée et en attente d’une possible suite qui n’arrivera jamais.

À la toute fin de ce récit, se trouve un glossaire, qui vient expliquer les mots indiens employés lors de l’histoire. Je trouve cette attention fortement appréciable et très instructive.


Plongez au coeur de l’Inde traditionnelle, dans la tourmente d’une histoire d’amour passionnée et passionnante. Dépaysant et addictif, j’ai beaucoup apprécié lire ce récit.

Ma note : 8/10

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Quand Dimple rencontre Rishi


Quand Dimple rencontre Rishi de Sandhya Menon

435 pages, éditions Hachette romans, à 16,90€


Résumé : La première réaction qu’a eu Dimple quand elle a rencontré Rishi ? Lui jeter son café à a figure et prendre ses jambes à son cou.
En même temps, qui oserait aborder une fille de cette façon :
« Bonjour, future femme. J’ai hâte de commencer le reste de nos vies. » ?

Ce que Dimple ignore, c’est que Rishi va passer l’été dans la même université qu’elle.
Et surtout… qu’il est l’homme auquel ses parents l’ont promise sans l’en informer !
Elle ! Dimple ! Fière de son indépendance, ravie de vivre loin de sa famille, embarquée dans un mariage arrangé ? Hors de question !


Extraits  « Les gens qui avaient confiance en eux faisaient du bien aux autres, ils t’acceptaient comme tu étais, avec tes imperfections. »

« Moi, je trouve ça étouffant. Toutes ces règles. On n’a pas le droit de sortir avec des gens qui ne sont pas indiens, et pas avant d’avoir trente ans, sauf quand nos parents essaient de nous trouver un mari. Les filles n’ont pas le droit de s’intéresser à leur carrière plutôt qu’à leur mariage. Elles sont obligées de se maquiller, de laisser pousser leurs cheveux... »


Mon avis : Mon expérience avec cette lecture a été assez spéciale. D’abord tentée pour le découvrir, il est resté plus d’un an dans ma Pile à Lire, attendant son tour d’être lu. Je l’ai sorti la semaine passée, légèrement mitigé quant au déroulé de ma lecture. Et pourtant, quelle surprise de voir que ce roman m’a autant plu !

C’est l’histoire de Dimple, une jeune américaine d’origine indienne, qui va étudier en campus d’été pendant près d’un mois, pour réaliser son rêve : développer une application web et rencontrer Jenny Lindt, une icône du développement numérique. À peine arrivée à San Francisco, dans son école nommée Insomnia Con, Dimple rencontre Rishi d’une manière totalement insolite : ce dernier se présente comme son futur époux. Et pour cause : les parents de Dimple et ceux de Rishi ont essayé d’arranger un mariage entre leurs deux enfants, pour respecter les traditions indiennes. Mais Dimple, indépendante et moderniste, ne compte pas aller dans le sens de ses parents. Malheureusement, bien souvent, l’amour a ses raisons que la raison ignore.

L’histoire se structure avec deux points de vue différents, celui de Dimple et celui de Rishi, qui alternent afin de donner leur vision spécifique sur leurs sentiments, les situations qu’ils vivent, etc.

J’ai totalement adoré le personnage de Dimple. C’est une jeune femme intelligente, fière de son indépendance, ambitieuse et courageuse, a l’opposé de tous les clichés que l’on pourrait se faire d’une jeune femme d’origine indienne. Elle refuse les vieilles traditions, comme le mariage arrangé, elle préfère vivre dans l’ère du temps et jouir de sa liberté sans impunité.

Rishi est également un très bon personnage. Malgré la richesse et le pouvoir de ses parents, qui gagnent énormément d’argent, il ne se montre pas arrogant et irrespectueux comme peuvent l’être d’autres personnages du livre à la condition économique aisée. C’est un garçon très bon, respectueux à la fois des traditions et de ceux qui l’entourent, sincère dans ses sentiments, et protecteur avec ceux qu’il aime.

On se retrouve donc très rapidement face à une romance, qui va naître entre ces deux personnages, qui vont terriblement bien ensemble. Ils vont passer outre les règles imposées par leurs parents et vont bâtir leurs propres règles autour de leur relation. Cette relation se construit sur des bases solides, ils prennent leur temps, sont sincères l’un envers l’autre et démontrent l’amour qu’ils se portent de bien des manières différentes. Assurément, c’est un couple modèle, que beaucoup doivent envier.

Quand Dimple rencontre Rishi, c’est un roman sur la tolérance, qui prône le vivre-ensemble et le respect d’autrui, qui dénonce le harcèlement dans toutes les formes qu’il peut prendre. C’est une belle histoire avec en prime un beau message, universel, qu’il faut propager au maximum autour de soi.


Quand Dimple rencontre Rishi, ce n’était pas gagné. Mais la vie réserve souvent des surprises, et ces deux-là vont en faire les frais. Une belle histoire d’amour, qui traite aussi de sujets de société forts. J’ai beaucoup aimé.

Ma note : 9/10

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