Le nageur d’Auschwitz


Le nageur d’Auschwitz de Renaud Leblond
237 pages, éditions l’Archipel, à 18€


Résumé : Jamais Alfred Nakache, enfant juif de Constantine, n’aurait imaginé défendre un jour les couleurs de la France aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936. Ni décrocher le record du monde du 200 mètres brasse papillon en 1941, sous le régime du Marécahl Pétain. À force de volonté, armé d’un invincible sourire, il s’est hissé au sommet des podiums. Mais, lors des championnats de 1943, le voilà interdit de bassin. En décembre de la même année, « le poisson », comme on le surnomme, est arrêté puis déporté à Auschwitz. Il y bravera ses gardiens en allant nager, au péril de sa vie, dans des réserves d’eau à l’autre bout du camp. Sans savoir s’il reverra un jour sa femme et sa fille, dont il a été séparé, sur le quai, à l’arrivée du convoi 66.
Ce héros oublié revit dans ce roman vrai mettant en scène un gamin qui avait peur de l’eau et aura pratiqué son sport jusqu’en enfer.


Extraits : « Je quitte le sport, non parce que je ne l’aime plus, mais parce que je ne veux pas, un jour, risquer de ne plus l’aimer. »

« Il tire la langue et fait des yeux tout ronds. Face aux cons, autant faire le clown. »


Mon avis : Renaud Leblond rend un très bel hommage à un héros oublié de la seconde guerre mondiale : Alfred Nakache. Son nom ne vous dit sans doute rien, tout comme son palmarès, mais Alfred Nakache était un sportif de haut niveau, nageur professionnel et confirmé, plusieurs fois champion de France et recordman du monde. Il a également participé aux jeux olympiques de 1936 à Berlin et 1948 à Londres, sans toutefois remporter de médaille olympique. Sa carrière est immense, son physique imposant et son histoire impressionnante.

Car Alfred Nakache est issu d’une famille juive de Constantine, en Algérie. D’abord apeuré par l’eau, il se découvre une véritable passion pour la natation, qui va l’amener à déménager à Paris, pour poursuivre des entraînements de plus haut niveau. Là-bas, il est rejoint par sa fiancé, Paule, professeure de sport, et vivent une vie paisible, rapidement comblée par l’arrivée de leur premier enfant, la petite Annie. Seulement voilà, en plein début de second guerre mondiale, avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir et la propagande nazie qui se met en place, Alfred et toute sa famille sont victimes d’insultes racistes et antisémites, qui les obligent à déménager à Toulouse. Mais rien n’y fait : il est dénoncé par la presse collaborationniste et antisémite puis interdit de bassin lors des championnats de France en 1942, puis finalement arrêté l’année suivante par la Gestapo.

C’est en 1943 que commence sa descente aux enfers. Déporté avec sa femme et sa fille au camp de Dancry, ils sont ensuite transférés à Auschwitz puis séparés dès leur arrivée. Alfred ne reverra plus jamais sa famille. Au camp, la vie est insupportable : la famine, l’insalubrité, la violence… tous les déportés sont traités comme des animaux. Alfred est même obligé de distraire les gardiens, en réalisant des performances sportives en échange de nourriture. Les conditions de vie sont inhumaines, on a beaucoup de mal à s’imaginer que ce quotidien ait pu exister réellement.

Il faut être totalement insensible pour ne pas être touché par ce récit. Alfred est un homme particulièrement courageux, qui ne se laisse pas abattre par les événements, mais essaie de croire en un avenir meilleur. J’ai été également émue par la générosité de cet homme, qui n’hésite pas à partager ses vivres, à épauler, cacher, soutenir ses camarades dans le besoin.

Je tiens à féliciter particulièrement Renaud Leblond, qui a réalisé un travail de recherche exceptionnel, permettant de mettre à l’honneur ce héros de la seconde guerre mondiale, également héros sportif et homme au grand cœur. Attention toutefois aux personnes trop sensibles qui souhaiteraient s’aventurer dans cette lecture : ayez le cœur bien accroché et prévoyez une boîte de mouchoirs suffisamment fournie. J’avais une boule au ventre durant toute ma lecture et j’ai finalement versé toutes les larmes de mon corps en lisant les dernières pages.


Une histoire bouleversante qui rend hommage à Alfred Nakache, sportif émérite et héros de la seconde guerre mondiale. Une magnifique leçon d’histoire et de vie, qui mérite d’être lue pour comprendre et ne pas oublier.

Ma note : 7,5/10

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ISBN : 978-2-8098-4455-9

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Quatre garçons dans le van


Quatre garçons dans le van de Bob Martin
321 pages, éditions Publiwiz, à 18€


Résumé : Beatles – le roman des origines – 1960-1963
Liverpool 1960. Le ciel est gris comme l’eau du port et la musique qui passe à la radio. Christian, un étudiant français, est amené, à travers un ami, à collaborer avec une petite formation locale. Son job : conduire en Van, les membres et leur matériel, aux concerts à travers le pays. Au fil des km, des bouteilles d’alcool, des boites de pilules, des orgies, des trahisons, des illusions, des échecs et des premiers succès, Christian va assister en témoin privilégié, à la métamorphose d’un groupe de rockers mal dégrossis, les Quarrymen en le plus extraordinaire phénomène musical du Royaume Uni et bientôt du monde entier, les Beatles.
Quatre Garçons dans le Van est une plongée inédite et exclusive dans le quotidien des Beatles à leurs débuts. Ce roman entre sans complexes et sans frapper dans leur vie professionnelle mais également privée et exhibe au public les secrets, les faiblesses, mais aussi le génie, l’amitié et l’amour de quatre simples garçons transformés en légende vivante.


Extraits« John, à sa façon, avait toujours dit et pensé la même chose. Pour lui, se marier, était antinomique avec son image, son statut de rocker. Un rocker, c’était fait pour incarner mais aussi et surtout pour répondre aux fantasmes sexuels des jeunes filles. Ce dont il ne se privait jamais d’ailleurs. »

« Les Beatles sont quatre personnalités différentes et très unies. Quatre types toujours solidaires quelles que soient les circonstances. Quatre frères de sang enfantés par la même mère, la plus grande et la plus belle, la Musique. »


Mon avis : Bob Martin nous dépeint une magnifique biographie romancée du début de carrière des célèbres Beatles, des années 1960 à leur moment de gloire en 1964. Nous suivons avec curiosité l’évolution des quatre garçons, John Lennon, Paul McCartney, George Harrisson et Ringo Starr, que ce soit dans leur musique, leur personnalité, leur façon de penser, de se comporter, en société ou en privé. Ils sont constamment accompagnés par Brian Epstein, leur talentueux manager, sans doute à l’origine de leur succès, de George Martin, leur premier producteur, celui qui leur a fait confiance, mais aussi par des personnes de l’ombre, jamais sur le devant de la scène, mais pourtant essentielles aux Beatles : les chauffeurs, techniciens, leurs compagnes ou leurs familles. C’est d’ailleurs l’un des proches des Beatles, un chauffeur/secrétaire/technicien/homme à tout faire, constamment aux côtés des quatre garçons, qui se présente comme narrateur de cette histoire. Sillonnant le pays à bord de leur Van tintinnabulant, il nous raconte les aventures rocambolesques vécues par les Beatles.

The Beatles, 1963

Avec quelques traits d’humour, Bob Martin nous donne à voir une autre version des Beatles que nous connaissons : des jeunes et insouciants jeunes hommes, qui croquent la vie à pleines dents, profitent de chaque instant, se montrent souvent insolents, irrévérencieux, mais osent dire et faire les choses, s’affirment dans leurs choix et leurs actes. Quant au style d’écriture, il est brut, sec, quelquefois violent, ou grossier… derrière les belles gueules des Beatles, nous les découvrons d’une autre manière, tel de jeunes adultes dans la fleur de l’âge, qui profitent au maximum de leur célébrité grandissante et consomment avec volupté drogue, alcool et sexe.

Le fameux van des Beatles

Néanmoins, bien que le récit soit intéressant, je n’ai pas forcément apprécié la façon dont l’auteur nous le narrait. En effet, j’ai failli à de très (trop) nombreuses reprises abandonner ma lecture, par ennui, par lassitude. Certains chapitres s’étendent en longueurs inutiles, en lourdeur aussi, avec des dialogues ou des précisions futiles, qui n’apportent rien à l’histoire. De même, certains passages, trop grossiers, trop sexistes, m’ont passablement choqués. Je pense notamment à la manière dont les femmes sont traitées par les Beatles, que ce soient leurs fans ou leurs femmes : avec peu de considération, comme de vulgaires objets que l’on prend et jette à sa guise. Qu’ils soient véridiques ou grossis pour la fiction, ces passages m’ont passablement énervés, en venant presque à haïr les quatre garçons pour leur comportement.

Pour finir, je dois reconnaître quand même le travail de recherches et de document assez extraordinaires qu’à dû produire Bob Martin pour écrire ce livre. Si je m’en réfère à la dernière page des remerciements, ce sont près d’une centaine d’ouvrages spécialisés qui ont été nécessaires pour garder authenticité et cohérence dans cette biographie romancée. Je pense qu’il faut être avant tout passionné pour produire un tel ouvrage, alors je vous dis bravo et respect !


Une biographie romancée sur l’origine des Beatles, de leur début de carrière en 1960 jusqu’à leur apogée en 1964. Malgré le fait que je n’ai pas apprécié l’écriture, qui s’étire trop en longueurs, j’ai trouvé ce récit particulièrement bien documenté pour découvrir ces quatre garçons sous un autre jour. Les fans des Beatles devraient être ravis !

Ma note : 3,5/10

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ISBN : 978-2-37824-095-0

Rosa Parks : La femme qui osa dire non !


Rosa Parks : La femme qui osa dire non !
de Sophie de Mullenheim
160 pages, éditions Le Livre de Poche jeunesse, à 5,90€


Résumé : – Maman, demande Rosa. Est-ce que l’eau des Blancs est meilleure que la nôtre ? – Non, ma chérie, bien sûr que non. – Mais alors, pourquoi il y a deux fontaines ? Leona ne répond pas et regarde sa fille intensément. Elle sait très bien que Rosa connaît la réponse à sa question, qu’elle n’ignore pas que les Blancs ne veulent pas risquer de se contaminer au contact des Noirs. Un récit qui retrace la vie de Rosa Parks, figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale ; une biographie à lire comme un roman pour découvrir cette héroïne militante.


Extraits« Le respect ! ricane-t-il. Qui parle de respecter les Noirs ? Tu as bien vu à quoi nous sommes réduits. Nos enfants n’ont pas le droit d’aller dans les mêmes écoles que les Blancs, nous ne pouvons même pas nous asseoir devant dans les bus. Professeur ou charpentier, c’est la même chose pour les Blancs. C’est ça que tu appelles le respect ?« 

« Aux yeux de la loi, Blancs et Noirs sont égaux. Dans la vie réelle, ils vivent séparés et s’évitent. »


Mon avis : Sophie de Mullenheim rend accessible au jeune public l’histoire de Rosa Parks. Dans un récit biographique légèrement romancé, elle racontes les grands épisodes de la vie de cette héroïne noire, qui a marquée l’Histoire. Vous connaissez certainement Rosa Parks, une jeune femme noire née en Alabama, aux États-Unis, qui subit de plein fouet, avec sa famille, les conséquences du racisme. Dans une Amérique divisée, où les Blancs et les Noirs, bien qu’étant égaux aux yeux de la loi, ne le sont pas du tout dans la vie quotidienne. Des fontaines sont réservés aux Blancs, strictement interdites d’accès aux Noirs, tout comme les hôpitaux et bien d’autres lieux publics. La ségrégation est perceptible dans les moindres faits et gestes, les moindres regards, elle est omniprésente, elle pèse sur l’ensemble de la population Noire. C’est avec effroi que l’on se rend compte des nombreuses injustices du monde d’hier, des bêtises de certaines personnes, tellement énormes qu’elles nous paraissent fausses.

L’auteure développe les grands lignes de la vie de Rosa Parks, depuis sa plus tendre enfance, de ses rêves d’institutrice, jusqu’à son engagement pour la lutte contre le racisme. En parallèle, elle incorpore à l’histoire un personnage fictif, celui d’Iris, une jeune fille blanche, née le même jour que Rosa Parks, qui évolue dans un tout autre univers que cette dernière. Iris est la fille d’un homme appartenant au Ku Klux Klan, une société secrète terroriste blanche, qui prône la suprématie de leur race et s’oppose par tous les moyens violents possibles aux afro-américains. Mais Iris, en colère contre les agissements de son père et consciente des inégalités qui sévissent au quotidien, souhaitent dédier sa vie à la lutte contre les injustices. Elle devient l’une des premières femmes avocate, de surcroît spécialisée dans les affaires qui concernant les Noirs. J’ai beaucoup aimé suivre l’évolution de ces deux filles devenues femmes, qui, bien qu’issues de milieux différents, sont finalement dotées de caractères similaires et d’un but commun : combatives et déterminées, elles souhaitent réduire les inégalités du quotidien. Les deux femmes vont se croiser au gré du récit, l’une et l’autre poursuivant leur combat à leur façon.

Je connaissais l’histoire de Rosa Parks lorsqu’elle a refusée de céder sa place dans le bus, or, je ne savais quasiment rien d’autre de sa vie passée. C’est avec bonheur que j’ai découvert une jeune fille ambitieuse, déterminée, courageuse, soutenue par ses proches, en particulier par son grand-père, un homme bon, convaincu de l’injustice de la situation des afro-américains. C’est lui, sans doute, qui a instillé dans l’esprit de Rosa ce sentiment de combativité et qui lui a transmis la force de se battre pour changer les choses.

Enfin, l’ensemble du récit est agrémenté de magnifiques illustrations en noir et blanc, qui viennent dynamiser l’histoire et lui apporter plus de vivacité.


Un bel ouvrage biographique sur Rosa Parks, qui permet aux plus jeunes d’avoir accès facilement à l’histoire de cette grande dame, dont la force et le courage ont à tout jamais marqués monde. 

Ma note : 7,5/10

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ISBN : 978-2-01-713431-2
Illustrations : Johan Papin

Les tragiques


Les tragiques de Christian Montaignac
288 pages, éditions En exergue, à 21,50€


Résumé : Ceux-là n’ont pas profité d’une expression souvent utilisée, « le champion meurt toujours deux fois », une seule a suffi. Leur rêve éveillé s’est brisé, la mort les a emportés au cœur d’une jeunesse dorée. Ils ont incarné le mot d’André Malraux selon lequel la tragédie d’une fin en pleine gloire a « transformé leur vie en destin ». Nos Tragiques, entre connus et méconnus, sont morts dans cet âge d’or où rien n’était fini de leur passion de jeunesse. Sans avoir voulu rejoindre James Dean, le plus fameux d’entre tous, dans sa volonté de « vivre vite et de faire un beau cadavre », ils sont partis comme lui, dernier éclat d’un soleil noir. Il s’agit de leur redonner la lumière. La mort ne suffit pas à tirer la conclusion de leur histoire. Il y a chez eux, en eux, ce romantisme dont le sport est porteur quand il ne se limite pas à une somme de chiffres, à la longueur des statistiques, aux lignes d’un palmarès. Leur gloire, c’est notre mémoire.


Extraits : « La grandeur du sport et son secret éclat se tiennent dans l’invitation à durer le temps de quelques saisons plus ou moins ensoleillées, avant d’entrer dans des automnes refroidis, de goûter aux effets douceâtres de la nostalgie, de recueillir les retombées d’une renommée. Ainsi, les sportifs, destinés à mourir de leur vivant, sont appelés à faire de leur jeunesse l’oeuvre d’une vie, leur chef-d’oeuvre aussi. »

« J’en ai retenu deux avec le souci d’ajouter que, depuis la fin de la guerre, plus de trois cents boxeurs ont été tués par le métier. Quel métier ? Un sport de combat qui oppose deux hommes bien décidés à se porter des coups avec une hargne que réprime le Code pénal hors des rings. »


Mon avis : Christian Montaignac est avant tout un grand reporter, chroniqueur pour L’Équipe pendant près de 37 ans, couvrant tous les grands événements sportifs, des Jeux Olympiques aux Coupes du monde. Avec Les tragiques, il signe une oeuvre littéraire majeure, rendant hommage aux sportifs, plus ou moins connus, décédés tragiquement au sommet de leur gloire.

L’auteur publie une trentaine de portraits d’hommes et de femmes, grands sportifs, plus ou moins anciens, qui ont marqués leur époque ou qui ont traversé le monde sportif sans grande vague. Il essaie d’aborder l’ensemble des sports les plus communément plébiscités : le cyclisme, la boxe, le sport automobile, l’équitation, l’escrime, le football, le rugby…, brossant le portrait de sportifs français aussi bien qu’étrangers, afin que chacun puisse apprécier les talents et le courage des sportifs de tout horizons.

J’ai été attristée de redécouvrir certaines biographies que je ne connais que trop bien – je pense notamment à Jules Bianchi, jeune champion de Formule 1, qui trouva la mort en 2015 dans un accident de Grand Prix, après plus de neuf mois de coma. D’autres sportifs, moins connus, souvent oubliés, sont remis au-devant de la scène le temps de quelques minutes. Fabio Casartelli, Gérard Saint ou José Samyn pour le monde du cyclisme ; Yves du Manoir, figure phare du rugby ; Ayrton Senna, vedette de Formule 1 ; Emiliano Sala, mondialement connus pour ses performances dans le monde du football. De beaux hommages, émouvants, intenses et passionnants !

Je déplore quand même un nombre assez peu élevé de portraits féminins – j’en dénombre quatre seulement, sur une trentaine – Thaïs Meheust, jeune cavalière française de 22 ans qui a trouvée la mort en 2019 sur son cheval ; Régine Cavagnoud, skieuse française qui a percuté un entraîneur allemand en 2001 lors d’une descente d’entraînement sur le glacier du Pitztal, en Autriche ; Lillian Board, athlète britannique, primée aux Jeux Olympiques d’été de 1968, recordwoman du monde, qui décéda d’un cancer à l’estomac à 22 ans à peine ; puis Georgette Gagneux, athlète française, tuée à 23 ans par les excès de la compétition. De jeunes vies fauchées au sommet de leur gloire. Une belle leçon d’humilité, qui rappelle que la vie est éphémère et qu’il faut en profiter à chaque instant.

Les portraits sont sublimés par des dessins en noir et blanc réalisés par Bertrand Vivès, avec leur nom en lettres manuscrites et leurs funestes dates de naissance et de mort. J’ai beaucoup aimé cette jolie attention, qui nous permet de mettre un visage sur ces histoires bien trop tristes.

J’ai beaucoup apprécié cet ouvrage, que je ne peux que vous recommander. Il s’est produit en moi un panel d’émotions assez contradictoires : forcément, j’ai ressenti beaucoup de tristesse en lisant ces destins tragiques, qui auraient pu briller bien au-delà de ce qu’ils ont accomplis. Mais j’ai aussi été admirative, fière de ces hommes et ces femmes, de leurs prouesses, de ce qu’ils ont réalisé en si peu de temps de leur vivant. Leur dévouement sans faille au sport qu’ils pratiquaient est admirable. C’est un sentiment ambivalent mais exceptionnel, qui nous rend tristes, mais émerveillés. Ils ne sont morts qu’une fois, mais grâce à Christian Montaignac, ils vont vivre dans la postérité.


Christian Montaignac brosse le portrait d’une trentaine de destins de sportifs tragiques. Un livre magnifiquement écrit, qui rend un hommage poignant à ces hommes et ces femmes, grands sportifs ou inconnus, qui ont succombé au sommet de la gloire. Je vous le recommande !

Ma note : 9,5/10

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ISBN : 979-10-97469-01-6
Illustrations : Bertrand Vivès

Rester debout


Rester debout de Fabrice Colin

292 pages, éditions Le Livre de Poche jeunesse, à 6,90€


Résumé : 1933 : en Allemagne, Hitler accède au pouvoir. Petit à petit, la menace se précise et des rumeurs circulent, auxquelles aucun Juif ne veut croire. Puis c’est la guerre, les premières rafles – et, à cet instant, il est déjà trop tard. Internée à Auschwitz-Birkenau avec sa mère et sa soeur aînée, Simone doit se battre, pour elle et pour les autres. Bientôt, son courage, sa force, sa volonté serviront d’exemples à travers le monde. À jamais survivante, définitivement libre, elle sera prête, alors, à livrer d’autres combats.
Rester debout, c’est l’histoire de la femme la plus populaire de France qui, à la veille de sa mort, se remémore, à travers les brumes d’une longue rêverie féconde, ses premières années. Mais c’est d’abord la chronique d’années tendres et heureuses, le récit d’une enfance qui, malgré la crise et les préjugés, commence sous le signe de l’harmonie familiale – avant, insidieusement, de basculer vers le drame. À partir de 13 ans.


Extraits : « J’ai commencé ma vie dans l’horreur, a-t-elle déclaré à la presse, je la termine dans le désespoir. »

« Le bonheur, on le sait, est la chose la plus fragile au monde. Figurez-vous un vase de cristal. Figurez-vous ce vase à l’extrémité d’une falaise, un matin de grand vent. Ou un brin d’herbe, au bord d’un chemin, à la merci de n’importe quelle main d’homme – n’importe quelle paluche épaisse et velue. »


Mon avis : Chacun connaît Simone Veil, cette femme courageuse et téméraire, mais peut-être êtes vous moins nombreux à connaître sa véritable histoire, qui a contribué à forger sa personnalité et à faire d’elle la femme qu’elle est devenue alors. En 1944, la Seconde guerre Mondiale fait rage. À peine âgée de 16 ans, Simone Veil, issue d’une famille juive, est déportée à Auschwitz avec sa mère, son frère et ses soeurs. Là-bas, elle fera face aux horreurs les plus viles, la mort omniprésente, la terreur quotidienne, d’être tuée, ou séparée de ses proches, tout en gardant toujours l’espoir, presque insensé, d’en finir avec cette guerre.

Simone Veil se fera très vite repérée par les autres détenus, ainsi que les surveillants, pour sa force de caractère assez incroyable. Elle n’est alors qu’une jeune adolescente, mais déjà sûre d’elle, elle se montre mature, réfléchie, clairvoyante sur les événements qui se jouent sous ses yeux, solidaire avec les autres, tout en restant sensiblement humaine, malgré les horreurs qui l’entourent. C’est une femme qui mérite toutes les éloges, qui à sut, comme le titre Fabrice Colin, rester debout, faire face et combattre les difficultés de la vie, là où beaucoup ont perdus espoir et abandonnés.

Simone Veil, ses soeurs, son frère et sa maman, à Nice

Dans cette biographie romancée, Fabrice Colin colle au plus près de la vie de Simone Veil, tout en y incorporant quelques éléments fictionnels (ajouts de dialogues, de personnages inventés…). Il choisit d’écrire son livre d’une façon simple et accessible au plus grand nombre, pour permettre notamment aux plus jeunes lecteurs de connaître cette grande dame et son histoire.

Je connaissais les grandes lignes biographiques de sa vie, mais j’avoue avoir été intriguée de pénétrer son intimité. Nous voyons Simone petite fille, entourée de sa famille, puis nous suivons lentement son évolution, vers la femme que nous connaissons désormais. J’ai aimé cette rétrospective, pudique, feutrée, de l’enfance de Simone et sa famille à Nice, où l’on entrevoir quelques morceaux de candide bonheur, avant l’indicible noirceur.

Portrait de Simone Veil

Depuis, Simone Veil est devenue une figure emblématique de la vie Française. Après avoir suivi des études de droit, elle devient magistrate, puis entre en politique sous le mandat de Valérie Giscard d’Estaing, comme Ministre de la Santé. Elle deviendra l’icône de la lutte contre la discrimination des femmes en France, faisant notamment adopter la loi Veil, qui dépénalise le recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Elle est également la première femme à accéder à la présidence du Parlement européen, un rôle qu’elle prend très au sérieux, notamment pour ce qui est de rétablir des relations franco-allemandes. Globalement, selon un sondage Ifop réalisé en 2010, Simone Veil est considérée comme la femme préférée des française, qui a su, par son courage, sa ténacité, sa clairvoyance, apporter énormément aux femmes en particulier, mais aussi au peuple français dans son ensemble. Elle a voulue changer le monde… et a réussie son pari avec brio !


Une biographie romancée intimide et touchante sur l’inspirante Simone Veil. Une expérience de vie impressionnante, qui force le respect et l’admiration. J’ai été émue par ce témoignage et suis ravie que les plus jeunes puissent également y avoir accès. 

Ma note : 8/10

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ISBN : 978-2-01-628803-0