Celui qui voulait tout réparer


Celui qui voulait tout réparer
de Barbara Kosmowska & Emilia Dziubak
110 pages, éditions Père Fouettard, à 14€


Résumé : Dans la Haute-Forêt, le monde se divise en deux catégories : les Bariolés, toujours à la pointe de la mode, et les autres qui n’ont que leurs poils sur le dos. Mais Gari, un jeune lièvre brun commun qui n’a rien de commun, ne l’entend pas de cette oreille ! Ingénieur en herbe, il va mettre au point des machines toutes plus géniales les unes que les autres et secouer l’ordre établi !


Extraits : « J’ai lu ce livre à un très gentil garçon. Il m’a écoutée avec attention, souvent le sourire aux lèvres. Parfois même, il a éclaté de rire !… Ce qu’il préférait, c’était quand le héros trouvait une nouvelle idée pour rendre le monde plus heureux. »

« Les prénoms mal choisis, ça me révolte. J’ai déjà pensé que, quand je serai grand, je pourrai travailler au bureau de l’Attribution des Noms Propres. La forêt serait alors pleine de lièvres heureux. On y verrait galoper des Feu-Follet, des Oeil-de-Cobalt, des Éclat-du-Matin. Fini, les prénoms comme Grand-Saut, Crottin, Gibier ou Garenne, je les supprimerai de la liste nationale pour qu’ils ne fassent plus de mal à aucun lièvre. »


Mon avis : J’ai été ravie de recevoir ce livre dans le cadre d’une masse critique graphique organisée par Babelio. Cela me permet de sortir de ma zone de confort, en découvrant des ouvrages que je n’aurais peut-être jamais ouvert seule. 

Celui qui voulait tout réparer est un album jeunesse polonais qui met en scène des lapins dans un monde nommé la Haute-Forêt. Nous suivons Gari, un jeune lièvre téméraire, courageux et débrouillard, qui vit avec sa mère, sa soeur, Hirondelette et son frère, Galopin. Ils sont des lapins ordinaires, pas franchement riches, qui se complaisent néanmoins dans leur quotidien. 

Car dans la Haute-Forêt, tout comme dans notre quotidien, les discriminations sont bien présentes et les auteures ne manquent pas de nous pointer du doigt. Les lapins ordinaires s’opposent aux Bariolés, des lapins toujours bien habillés, qui appartiennent à la classe sociale supérieure. Les différences se font distinctement ressentir à l’école, lors de la pause déjeuner, mais aussi dans la rue, avec leurs moyens de déplacement, leurs habits… Aussi, Gari se fait le défenseur des lapins ordinaires et va user de sa créativité et de son talent d’inventeur pour pallier aux manques de ses semblables. Il va inventer des machines révolutionnaires qui vont changer le quotidien des lapins ordinaires.

Cette belle histoire est entrecoupée de magnifiques planches de dessins, où l’on voit des lapins mis en scène, qui évoluent sous nos yeux et nous font pénétrer plus intensément dans ce monde féerique de la Haute-Forêt. 

J’ai bien aimé la globalité du récit, néanmoins, j’ai trouvé que les messages que souhaitaient faire passer les auteures étaient peut-être un peu trop bruts. On comprend aisément qu’elles pointent du doigt l’injustice sociale, les discriminations envers les personnes différentes, le courage des femmes via des actions féministes fortes. Néanmoins, j’ai trouvé la distinction entre les bons et les méchants trop marquée et pas assez suggérée. On est bien loin des Fables de La Fontaine avec ses animaux qui se faisaient les défenseurs des morales d’antan avec finesse, panache et ingéniosité.


Un très bel album jeunesse qui dénonce certains vices de notre époque à travers un monde imaginaire de la Haute-Forêt : inégalités, discriminations, droit des femmes… Une belle lecture, qui aurait mérité plus de finesse dans son texte.  

Ma note : 6,5/10

Pour lire plus d’avis :
    

ISBN : ‎ 978-2-37165-109-8
Traduction : Nathalie Le Marchand