Le vieux qui lisait des romans d’amour


Le vieux qui lisait des romans d’amour de Luis Sepulveda

120 pages, éditions Points


Résumé : Antonio José Bolivar Proaño est le seul à pouvoir chasser le félin tueur d’hommes. Il connaît la forêt amazonienne, il respecte les animaux qui la peuplent, il a vécu avec les Indiens Shuars et il accepte le duel avec le fauve. Mais Antonio José Bolivar a découvert sur le tard l’antidote au redoutable venin de la vieillesse: il sait lire, et il a une passion pour les romans qui parlent d’amour, le vrai, celui qui fait souffrir.
Partagé entre la chasse et sa passion pour les romans, le vieux nous entraîne dans ce livre plein de charme dont le souvenir ne nous quitte plus.


Extraits :  « Une ocelote folle de douleur est plus dangereuse que vingt assassins réunis.« 

« Quand un passage lui plaisait particulièrement, il le répétait autant de fois qu’il l’estimait nécessaire pour découvrir combien le langage humain pouvait aussi être beau. »


Mon avis : Luis Sepulveda est un auteur chilien que j’ai eu le plaisir d’étudier il y a quelques années, lorsque j’étais au lycée. Nous avions analysé son oeuvre Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler, qui est un livre dédié aux enfants, mais qui peut très bien être lue par les adultes. J’y avais découvert une charmante histoire, avec des animaux qui parlent, qui était en fait une habile métaphore pour pointer du doigt le comportement des hommes en société – leur impact sur l’environnement, notamment, mais aussi la question de l’éducation et de l’identité. Dans Le vieux qui lisait des romans d’amour, on retrouve quasiment les mêmes thématiques, mais abordées d’une manière plus directe et violente.

Les habitants d’Idilio, une petite ville d’Amazonie, découvrent le cadavre d’un homme, échoué sur une pirogue. Alors que l’intégralité des hommes accusent les indiens Shuars de ce meurtre, José Bolivar, grand spécialiste de la nature, reconnaît l’oeuvre d’une féline. Il pense que l’homme a tué  les petits de cette féline, avant que celle-ci ne se venge en le tuant. Ils vont alors tous se lancer à la poursuite de cet animal, pour mettre fin à ses jours, avant qu’il ne mette fin aux leurs.

Luis Sepulveda dédia son oeuvre à son ami Chico Mendes, grand défenseur de la forêt amazonienne, qui fût assassiné par des hommes armés. Sans conteste, ce livre est une oeuvre écologique. C’est une véritable ode à la nature que l’on perçoit dans ce récit. Une ode à la bienséance, au respect, à la cohabitation des êtres vivants.

En mettant en scène l’homme dans un espace totalement naturel, l’auteur pointe du doigt les pratiques qu’ont ces hommes face à la nature. La sauvagerie dont ils font preuve, le manque de civisme et d’intelligence à l’égard des peuples primitifs, ou des animaux. Pour pousser plus loin dans la satire de la société occidentale, Luis Sepulveda va jusqu’à parodier les noms de villes qu’il donne à ses lieux : « El Dorado » et « Idilio », qui montrent bien le mépris de l’auteur face à de tels procédés.

Mais parmi cette jungle de barbares humains, se terre José Bolivar, un vieil homme qui a vécut presque toute sa vie dans la forêt. Il voit avec horreur les hommes s’emparer de ces espaces verts et les détruire allègrement. Alors, pour échapper à l’horreur qui l’entoure, il s’évade dans des romans d’amour. Une douce parenthèse, qui contrebalance avec justesse l’infamie humaine.


L’auteur mélange avec brio nature et littérature, pour nous servir un met gourmand, qui se déguste avec soin. En une centaine de pages, c’est une véritable forêt d’interprétations et d’histoires qu’ouvre Sepulveda. A lire et à relire… dépaysement assuré !

Ma note : 8/10
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Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler

LU EN VO - ESPAGNOLLU EN VO - ESPAGNOL

Historia de una gaviota y del gato que le enseño a volar
de Luis Sepúlveda
138 pages, éditions TusQuets editores, à 12€

 

Résumé : Zorbas le chat grand noir et gros a promis à la mouette qui est venue mourir sur son balcon de couver son dernier œuf, de protéger le poussin et de lui apprendre à voler. Tous les chats du port de Hambourg vont se mobiliser pour l’aider à tenir ces promesses insolites.
A travers les aventures rocambolesques et drôles de Zorbas et Afortunada, on découvre la solidarité, la tendresse, la nature et la poésie.
Extraits : « Iremos todos. Los problemas de un gato del puerto son problemas de todos los gatos del puerto. »
« Le chat grand noir et gros prenait le soleil sur le balcon en ronronnant et en pensant comme c’était bon d’être là à recevoir les rayons du soleil, le ventre en l’air, les quatre pattes repliées et la queue étirée.« 

Mon avis : Avant toute chose, je tiens à préciser que j’ai lu ce petit roman en version originale, c’est-à-dire en espagnol, dans la langue maternelle de l’auteur. Ce n’est pas une fin en soit, car traduit ou non, l’oeuvre n’en demeure pas moins la même ; accompagnée seulement d’un petit plus au niveau du charme de l’écriture quand on lit un livre dans sa version d’origine.

Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler était, à la base, une petite histoire écrite spécialement pour les enfants de Luis Sepúlveda. Leur promettant d’écrire sur le mal que créent les humains autour d’eux, dans la nature, et l’environnement, il réussit à contrebalancer son macabre récit en l’accompagnant d’une plus douce histoire entre l’amitié d’un chat et d’une mouette.

Même si ce livre est plutôt recommandé aux jeunes enfants, tout un chacun peut aisément le lire et l’apprécier, quelque soit l’âge. La simplicité de la plume de l’auteur est essentiellement là pour mettre à porter de tous les multiples messages implicites qu’il dissimule dans son récit.

En tout premier lieu, la différence ethnique – ici présente entre les chats et la mouette – est une jolie métaphore de la différence d’autrui, dans toutes ses formes. Dans le même thème, on y retrouve l’aide apportée à son prochain, à son voisin, avec une grande part d’humanisme – chose quelque peu paradoxal dans une histoire parlant d’animaux. Luis Sepúlveda y incorpore la thématique de l’éducation, de l’identité à soi, du reflet de l’autre sur son propre être, chose qui fait étonnamment référence à la société actuelle. Dans une tout autre optique, il mise sur la dégradation de l’environnement pour permettre à ses lecteurs de se rendre compte de l’énorme incident de la pollution sur tous.

Dans son roman, Luis Sepúlveda met en reflet les critères qu’il estime peu ou trop mal desservis par l’homme. Un roman coup de poing, qui garde néanmoins un côté enfantin et doucereux.

Même si les thèmes déployés peuvent blesser, l’auteur fait en sorte de les étirer dans l’ensemble du livre, et de compenser ses atrocités avec de plus tendres scènes d’amitié. Ainsi, l’Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler renvoie une étonnante fraîcheur au récit, et arrive à faire passer au second plan les messages dénonciateurs que l’auteur arrive à faire passer, tout en gardant une forte tendance de morale.

Une adaptation en dessin animée est sortie quelques années plus tard, avec de légères transformations, qui ne dénature en rien le conte principale. Néanmoins, le dessin animée est beaucoup plus enfantin que le livre lui-même, mais le tendre fond reste identique.
De vrais valeurs sont présentes dans ce livre, pour apprendre à chacun la tolérance, l’entraide, et la part de responsabilité que l’on a dans la pollution de l’environnement. Bien que très fin, il est rapidement prenant, et pourrait même être référé tel un conte philosophique.

Ma note : 9/10