Chatterton

Chatterton d’Alfred de Vigny
186 pages, éditions Folio, collection Théâtre

 

Résumé : On ne joue plus Chatterton depuis longtemps. C’est donc le moment de le lire. Car s’il y a une pièce qui montre le drame de l’artiste méconnu, condamné à la misère et à la mort, c’est bien celle-là. « C’est l’histoire d’un jeune homme, nous dit l’auteur, qui a écrit une lettre le matin, et qui attend la réponse jusqu’au soir ; elle arrive et le tue. » Vigny prend le parti de la poésie contre la société, ce qui est une nouveauté dans l’histoire de la littérature. À partir de là, on aura deux publics : les happy few et les autres. Il faut aussi souligner le rôle de la femme dans cette pièce. Le jeune poète est, en effet, aimé par une créature angélique. C’est elle qui permet à Chatterton de devenir un vrai poète. La société l’emporte, et empêche le couple de s’unir. Il s’agit donc d’une pièce à la fois sentimentale et très intellectuelle : Vigny prêche pour un « drame de la pensée ». Loin des foules du théâtre romantique ou shakespearien, il écrit une tragédie épurée, celle du désespoir moderne. C’est lui qui a inventé le poète maudit.

Extrait : « Kitty Belle – Et si je vous aime, moi !
Chatterton – Je l’ai vu, et c’est pour cela que j’ai bien fait de mourir ; c’est pour cela que Dieu peut me pardonner.
 »

Mon avis : En première année de licence de lettres, j’ai été dans l’obligation de lire cette pièce de théâtre dans le cadre de mon cours de littérature française du XIXème siècle. Lors de ma première lecture, sorte de tour de paysage de l’oeuvre à étudier, j’ai découvert une jolie histoire, bien construite, très intéressante, à l’aspect moraliste. Mais c’est seulement lorsque nous avons commencé l’analyse du livre que j’ai découvert bien d’autres thèmes méconnus, des sujets que je n’ai pas relevé lors de ma première lecture.

Alfred de Vigny a publié son livre en 1835, tandis que l’histoire racontée se situe dans les années 1770, à Londres, ville grandissante, caractérisée par son or et son capitalisme montant. La figure de John Bell, père et mari, se fait, dans l’ouvrage, le chef de fil des matérialistes. Cet avare autoritaire, qui effraie autant sa femme que ses enfants, loue une chambre dans sa maison à un poète de passage, poète éponyme du roman, du nom de Chatterton.

Dès le début du récit, une certaine tension se fait ressentir à travers John Bell. Tension qui s’accroît avec l’apparition de Chatterton. On peut d’ors et déjà découvrir une contrariété entre l’avarice matérialiste de l’industriel et l’aspect spirituel du poète. Alfred de Vigny va jouer sur cette distinction pour mettre en avant les valeurs de l’esprit, qu’il estime égales voire supérieures à tout argent.

Chatterton, c’est aussi un roman d’amour, singulier, particulièrement touchant et attendrissant. En effet Kitty Bell, la femme de l’industriel, va peu à peu tomber amoureuse de Chatterton, sans se l’avouer. Se dégageant de ses fonctions de femme et de mère, elle se tourne vers ce poète, n’hésitant pas à désobéir à son mari – comme lorsqu’elle fait crédit au poète, sans l’accord de John Bell. Mais cet amour se sait sans être révélé. Le lecteur le devine à travers une série de regards et de gestes qui ne trompent pas. Les deux tourtereau eux-mêmes arrivent à se comprendre sans se parler, signe de la coalition de leurs esprits, qui se regroupent en un sublime ensemble.

Malheureusement, sans vouloir briser le charme de ses sentiments purs, je dois vous prévenir que Chatterton récèle un héros à la destinée tragique. Ce poète déjà meurtri par les événements de la vie, continue d’écrire pour exister. Les matérialistes briseront ses derniers espoirs, l’empêchant de se découvrir pleinement et de réaliser ses projets.

Je ne parlerai pas du dénouement, volontairement pour ne pas révèler aux personnes à qui j’aurais donner l’envie de découvrir cette pièce de théâtre, l’amère déception de le connaître avant de l’avoir lu. Mais sachez tout de même que c’est une fin spectaculaire que nous offre Alfred de Vigny, dignement jouée sur scène par Marie Dorval.

Jetez-vous sur cet ouvrage. Facile de compréhension, il recèle néanmoins de nombreux thèmes inédits et modernes, nous fait ressentir divers sentiments, nous horrifie autant qu’il nous fascine. J’ai adoré le lire, le relire et le re-relire. Un plaisir d’étudier ce genre d’oeuvre.

Ma note : 8,5/10
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Bérénice

Bérénice de Racine
184 pages, éditions GF Flammarion, à 3,50€

Résumé : Bérénice appartient à l’histoire romaine et orientale. Son action est sans violence, son dénouement n’est pas dicté par la passion. Ce n’en est pas moins une tragédie : un personnel de princes et de rois fait son malheur en une série de discours réglés.C’est le personnage le plus dépendant, le moins libre, qui donne son nom à la pièce ; Titus, qui congédie la femme qu’il aime, fait sans cesse un effort douloureux sur lui-même, jusqu’au transport d’héroïsme final. Le sujet de la pièce est le renvoi de Bérénice, qui ne fait aucun doute : il est dicté par la tradition romaine. L’action se réduit à retracer les souffrances que cette nécessité entraîne : tout l’art de Racine, ici, est dans le suspens, dans le retard, dans l’attente de l’aveu et de l’adieu.

Extraits :  « Je l’aime, je le fuis ; Titus m’aime, il me quitte. »
« Je sens bien que sans vous je ne saurais plus vivre,
Que mon coeur de moi-même est prêt à s’éloigner ;
Mais il ne s’agit plus de vivre, il faut régner.
« 

Mon avis :  Bérénice est une tragédie écrite par Racine en 1670. Eternel grand rival de Corneille, ce dernier publiera son propre ouvrage, Tite et Bérénice, à seulement une semaine d’intervalle du Bérénice de Racine.

C’est une histoire tragique facilement à comprendre. En effet, Bérénice aime l’empereur de Rome, Titus, mais Titus ne peut pas continuer à aimer Bérénice, à cause des lois romaines qui lui sont imposées. Les personnages sont en prise avec leurs passions, ils s’aiment, mais ne peuvent pas s’aimer pleinement. Car Bérénice est une reine étrangère. Après la mort du père de Titus, celui-ci se retrouve à la tête de l’état et renvoie Bérénice avec la formule latine « invitus invitam » qui signifie « malgré lui, malgré elle. Le dilemme amour et honneur qui gouverne le récit m’a très clairement rappelé une pièce de son rival, Corneille. En effet, dans Le Cid Chimène est tiraillée entre son honneur, bafoué par Rodrigue, mais son intense amour pour ce dernier. Une décision dure à prendre, tout comme l’est celle de Titus.

Dans ce recueil, les passions sont questionnées. On assiste à un triangle des passions, avec comme personnages principaux : Titus, Bérénice et Antiochus, serviteur de Titus et amoureux de Bérénice. Chacun d’eux est tiraillé par une contradiction interne qui les empêche de se réaliser pleinement : Titus est à la fois amant et empereur, Bérénice femme et reine, Antiochus ami et amant.

Ne vous attendez pas à une énorme quantité d’action. Dans Bérénice, il ne se passe rien, tout naît de la parole. Une parole lyrique où transparaitra l’expression des sentiments intérieurs des personnages, qui se livrent sans retenue aux lecteurs. Une parole amoureuse, qui sera rapidement critiquée et rapprochée de la poésie pastorale. Ce manque d’action sera une spécificité qui lui sera longuement reproché ; il ne se passe tellement rien que la pièce sera très peu jouée.

La vision tragique est mise en avant : nous avons deux personnages qui se retrouvent anéantis par la fatalité de leur destin. Ils sont tous les deux amoureux l’un de l’autre, mais ils ne peuvent pas s’aimer. Les trois personnages souffrent en se laissant aller à l’élégie. Dans leur grand désespoir, ils vont tous aller jusqu’à évoquer la mort par suicide, tant ils sont minés par ce destin tragique qui s’abat sur eux. La pièce se clôturera d’ailleurs par un bref mot prononcé par Antiochus, « hélas », touche forte en faveur de la déploration.

J’ai pris beaucoup de plaisir à étudier cette oeuvre. L’étude psychologique des sentiments est très intéressante, tout comme l’acceptation (ou non) du dilemme – ils s’aiment mais doivent se quitter. Bérénice est vraiment une femme que j’aime beaucoup et que j’admire énormément : elle aime un homme qui ne peut pas l’aimer parce qu’elle est étrangère. Elle va donc renoncer et accepter les aléas du destin. Malgré l’expansion de ses sentiments intimes et l’humiliation du renoncement de Titus, on ressent une force de caractère phénoménale qui fait d’elle une vraie reine, digne des plus grands honneurs. Ravie de cette lecture !

Ma note : 9/10

Lorenzaccio

Lorenzaccio d’Alfred de Musset.
249 pages, éditions Larousse, collection Petits classiques

 

Résumé :Lorenzino, Lorenzetta, Renzo, Renzino : Musset module à l’infini les surnoms et les masques pour désigner Lorenzo de Médicis, androgyne à l’aspect maladif qui nourrit en secret un projet terrible. Lorenzaccio, cousin et favori du duc Alexandre, est un modèle de débauche qui a pourtant ses entrées chez ceux qui la déplorent. Il sait que son acte, désespéré mais nécessaire sur le plan privé, sera récupéré par le flux, transformé en geste public dérisoire sur le plan universel. De tirades cyniques en monologues poignants, Musset trace les contours d’une silhouette fantasmagorique qui se détache d’une Florence en pleine déchéance. Pris au piège de son jeu bien plus qu’Hamlet, Lorenzaccio cultive son drame. Non pas comme d’autres romantiques cultivent leur mélancolie, mais parce que c’est le seul lien qui lui reste avec la réalité. Musset, après l’échec cuisant de La Nuit vénitienne, décide de composer ses pièces sans les faire jouer. Son oeuvre sera donc un théâtre de spectres et de visions fugitives où l’individu fait place à des types humains participant à l’histoire, modelée à souhait par un enfant, non pas du siècle mais de tous les temps. –Sana Tang-Léopold Wauters

Extraits :  « Réaliser des rêves, voilà la vie du peintre. Les plus grands ont représenté les leurs dans toute leur force, et sans rien y changer. »
« La religion n’est pas un oiseau de proie ; c’est une colombe compatissante qui plane doucement sur tous les rêves et sur tous les amours. »

Mon avis : Lorenzaccio est un livre qui est au programme en terminale littéraire cette année. Je dois le lire pendant les vacances, de façon à m’avancer pour la rentrée prochaine. Vu la complexité et les nombreux messages cachés de ce livre, je doute que mon avis soit très élaboré et descriptif. Une fois que je l’aurais étudié en cours, je modifierais avec plaisir ma chronique pour y ajouter des éléments manquants importants, si tant soit peu qu’il y en ait.

Les premières pages de cette pièce de théâtre d’Alfred de Musset sont dur à déchiffrer. Il faut un minimum de temps d’adaptation pour enfin rentrer dans l’histoire et comprendre l’intrigue mise en place. Mais ne vous inquiétez pas, une fois à l’intérieur, tout devient très clair. On se laisse prendre au jeu, et l’auteur nous embarque très facilement dans sa Florence du XVIème siècle.

Ce livre est surtout accès sur la politique (chose où je n’y comprends pas grand-chose), et plus particulièrement sur la politique de Florence, en Italie. Entre le duc, le cardinal, le marquis, Henri VII… les novices en politiques tels que moi, se perdent très facilement dans ce dédales de personnages.

Le protagoniste, qui est aussi le personne éponyme du roman m’a fasciné et envoûté. Il a un côté mystérieux qui le rend attirant, il semble courageux et va bien le démontrer. De plus, sous ces airs de gentilhomme dévoué à ses supérieurs, se cache un esprit intellect avec une vraie force mentale. Il paraît solitaire, mis à l’écart par tous et pas pris au sérieux. Cet isolement va accroître davantage l’empathie et la pitié du lecteur pour ce personnage si seul. De plus, lors de ces longs monologues dédiés aux spectateurs/lecteurs, Lorenzaccio se dévoile et se peint « tout entier et tout nu » comme le dit si bien Montaigne. Durant ces instants d’intimité, le lecteur se sent flatté que le protagoniste se livre à lui, et de ce fait, il ressent toutes les émotions qui traverse l’esprit de Lorenzaccio.

J’attends avec impatience de pouvoir approfondir ma lecture en l’étudiant en profondeur pour découvrir les messages cachés de l’auteur.

 

Ma note : 6,5/10

George Dandin

George Dandin de Molière
143 pages, éditions Larousse, collection Petits Classiques

 

Résumé : George Dandin a voulu s’élever dans la société en épousant une jeune fille noble : un beau mariage ? En fait, il n’en retire que mépris, trahisons et mensonges. Bien pire, chaque fois qu’il tente de prouver l’infidélité d’Angélique, le sort s’obstine à retourner les évidences contre lui et, d’accusateur, il devient accusé. Comédie amère sans doute, mais comédie, puisque tout peut se réparer par une grande fête à la cour du roi et finir par des chansons…

Extraits :  « Je voudrais savoir, Monsieur, vous qui êtes savant, pourquoi il ne fait point jour la nuit. »
« C’est une chose merveilleuse que cette tyrannie de messieurs les maris, et je les trouve bons de vouloir qu’on soit morte à tous les divertissemnts, et qu’on ne vive que pour eux »

Mon avis :  George Dandin, c’est une comédie assez peu connu du grand Molière. Représentée la première fois en 1668, cette pièce répond à une commande royale du palais de Versailles, pour participer au grand divertissement de cour. Le trait spécifique de cette pièce, c’est que Molière a collaboré avec le compositeur Lully : George Dandin est donc un spectacle pastoral, avec le texte de Molière ponctué de moments chantés et dansés.

Mais cette pièce de théâtre est avant tout une comédie farcesque. On y voit George Dandin, un homme de basse condition sociale mais avec beaucoup d’argent, qui s’est marié à Angélique, par le biais de ses parents, les Sotenville. Mais Angélique n’aime pas Dandin et le lui fait ressentir en le trompant sous son nez avec Clitandre. Dandin essaie tant bien que mal de faire voir la vérité aux Sotenville… sans y parvenir : tout tourne toujours à son désavantage.

Comme souvent dans les pièces de Molière, les rapports sociaux entre les personnages sont au coeur de l’intrigue. Ici, on y voit Dandin, qui est rabaissé et humilié par Angélique, peu écouté par les Sotenville, parce qu’il est de basse condition.

On y voit aussi une réflexion sur l’identité de la femme, avec Angélique, qui se veut femme autoritaire, autonome et indépendante, qui prend sa vie en main. Elle n’obéit pas à ses parents qui lui ont trouvé un mari, mais fait preuve d’infidélité et de badinage outranciers. C’est une femme à fort caractère, avec un esprit vif, qui a beaucoup de répartie, notamment lorsqu’elle se retrouve dans des situations délicates. Une réflexion sur l’identité de la femme qui se retrouve dans sa pièce L’école des femmes, où l’on se questionne également sur le mariage arrangé et ses conséquences. Dans George Dandin, Claudine, la servante d’Angélique, montre une figure féministe sans faille. Elle vient au secours de sa maîtresse et la défend corps et âme contre les hommes.

Mais la farce est le point central du livre. Comme toujours, Molière fait preuve d’un humour renversant. Le personnage le plus drôle est sans hésiter Lubin, le serviteur. Dans la mise en scène de Catherine Hiegel en 1999, les caractéristiques du personnages sont renforcées. Du coup, nous y voyons un paysan rustre, souvent dans le quiproquo, qui n’a pas de recul sur ses agissements, un peu bêbête et mal dégrossi. Il va dans le sens de la farce en dévoilant au mari (sans savoir que c’est la mari) qu’Angélique voit Clitandre en secret.

Dans cet univers farcesque, seul Dandin ajoute une pointe de tragique à la scène. C’est un personnage humilié et trahi, qui souffre d’une grande jalousie envers cet homme qui lui vole sa femme. C’est un être en souffrance, saisit d’un douloureux sentiment de rejet. Il est rabaissé par les Sotenville, qui manifestent un grand mépris envers ce personnage. Dans la mise en scène de Catherine Hiegel à la Comédie Française, la dimension tragique du personnage de George Dandin est accentué ; notamment quand il est sous la pluie, ou à la fin de la pièce, quand il se retrouve le visage face contre terre.

Sans être la meilleure des pièces de Molière que j’ai lu, il n’en reste pas moins que je l’ai beaucoup appréciée. On y retrouve des thèmes majeurs du théâtre de Molière : la farce et l’humour, les rapports sociaux, le mariage arrangé et l’identité des femmes. Ravie d’avoir pu lire cette courte pièce !

 

Ma note : 7/10

Le Tartuffe

Le Tartuffe de Molière
271 pages, éditions Classiques Bordas, à 4,55€

 

Résumé : En laissant Tartuffe entrer dans sa maison, Orgon ne pouvait pas imaginer qu’il allait mettre en péril sa fortune, son honneur, son bonheur et l’unité de sa famille. Et pourtant, c’est bien à quoi travaille « l’imposteur », mais toujours à l’insu du maître de maison : si Tartuffe courtise la femme d’Orgon, c’est sous prétexte de l’entretenir de religion; s’il spolie ses enfants, c’est sous couvert de les remettre dans le droit chemin; s’il s’approprie les cordons de la bourse, c’est pour mieux organiser la dévotion familiale. Comment, dans ces conditions, Orgon aurait-il pu s’apercevoir de son aveuglement et donner au faux dévot la correction qu’il mérite? Avec Tartuffe, Molière livre une satire grinçante de toutes les hypocrisies, satire qui fait mouche et qui, 300 ans plus tard, reste toujours de mise : en témoignent les mises en scène modernes, qui se succèdent, collant à l’actualité, et le nom de Tartuffe qui est définitivement passé dans la langue comme synonyme d’hypocrite. –Karla Manuele

Extraits : « Ceux de qui la conduite offre le plus à rire sont toujours sur autrui les premiers à médire ; ils ne manquent jamais de saisir promptement l’apparente lueur du moindre attachement, d’en semer la nouvelle avec beaucoup de joie, et d’y donner le tour qu’ils veulent qu’on y croie. »
« Couvrez ce sein que je ne saurais voir : Par de pareils objets les âmes sont blessées, et cela fait venir de coupables pensées. »

Mon avis : J’ai eu le plaisir de pouvoir étudier cette superbe pièce de théâtre de Molière lors de mon second semestre de lettres. Je ne vais, certes, pas retranscrire ici l’intégralité de mes cours, mais plutôt faire une synthèse des éléments principaux qui se trouvent dans le livre et expliciter le contexte général, dans un avis purement subjectif.

Ce livre a été écrit en temps de fronde, qui correspond à une période de crise grave qui toucha le royaume Français au XVIIème siècle, lors du règne de Louis XIV. Lors de cette crise, le parti des dévots, petit parti politique farouchement opposé au roi, crée la pagaille. Molière, grand ami de Louis XIV, qui lui fait entièrement confiance, écrira donc Le Tartuffe pour dénoncer ce parti d’hypocrites. Dans la pièce, c’est le personnage éponyme Tartuffe qui est l’emblème des dévots. En effet, ce personnage joue sur les apparences, et se fait passer pour un être qu’il n’est pas, tout en attirant à lui les bienséances de son hôte, Orgon. Ce personnage du Tartuffe se verra le directeur de conscience d’Orgon, le manipulant à sa guise, pour en tirer tout son suc. La fronde constitue un ban du passé de tous les personnages ; en effet, nous pouvons constater qu’Orgon n’a pas participé à la fronde, mais qu’il garde précieusement une cassette compromettante que lui a confié son ami Argas.

Orgon ayant recueilli Tartuffe par piété, il le ramène chez lui pour l’héberger, sans prendre en compte l’avis des autres habitants des lieux. On peut voir aisément les conséquences qu’induit l’incrustation du dévot Tartuffe dans la demeure d’Orgon. Celui-ci se dévoue corps et âme à Tartuffe, il ne jure que par lui, et en vient à le faire passer affectivement devant sa femme, sa fille ou son fils. En effet, lors d’une scène particulièrement choquante, quand la servante Dorine rapporte l’état de fièvre intense de la femme d’Orgon, Elmire, celui-ci s’inquiète davantage pour Tartuffe que pour sa bien-aimé. Il ne prend plus en considération sa famille, allant même jusqu’à vouloir marier de force sa jeune fille Marianne à Tartuffe.

Mais cet aveuglement d’Orgon va lui retomber lourdement dessus. Sans vouloir vous révéler l’exactitude des événements finaux, je vous dirais simplement qu’Orgon se voit ruiné, dépossédé de ses biens, sans demeure fixe, s’ayant fait volé sa femme et son héritage par Tartuffe. De plus, celui-ci voulant se débarasser définitivement de lui pour devenir le seul maître de maison, il va aller jusqu’à révéler la cassette qu’Orgon cache farouchement, pour que celui-ci se fasse accuser comme traître lors des activités de la fronde. Un retournement de situation inattendue, qui prouve le manque de respect et la triste moralité de l’hôte invité, qui abuse ouvertement de l’hospitalité initiale offerte.

Sans l’éclairage historique et contextuelle que nous avons vu en cours, j’avoue que je n’aurais pas aimé autant cette oeuvre. La pièce est aisée à lire et à comprendre, mais les infimes détails peuvent cacher d’importants thèmes, peu perceptibles lors d’une première lecture.

Molière nous offre une nouvelle fois une pièce de théâtre accusative de grande qualité, écrite à la perfection, où se mêle rire et burlesque. Un sujet qui peut se transcrire au quotidien d’aujourd’hui, où le jeu des apparences se confond souvent avec la réalité.

Ma note : 9/10