La Breizh Brigade, tome 2 : Ni Français, ni Breton…


La Breizh Brigade, tome 2 : Ni Français, ni Breton… de Mo Malo 328 pages, éditions Les Escales, à 16€


Résumé : La Breizh Brigade reprend du service ! Un puzzle est à reconstituer, avec en son cœur une victime inattendue : le maire de Saint-Malo. L’irrésistible trio Corrigan est de retour : Maggie, Louise et Énora continuent de s’occuper de leur manoir et de leurs hôtes avec soin, restant toutefois à l’affût d’une nouvelle enquête. Elles se retrouvent avec du pain sur la planche le jour où une puissante déflagration secoue la baie, pulvérisant un bateau. Que s’est-il passé ? Les Malouins ne sont pas au bout de leur surprise quand ils découvrent que nul autre que le maire de Saint-Malo est la victime de cette attaque. La Breizh Brigade est sur le coup, bien décidée à élucider cette affaire.


Extraits : « La plaisance avait au moins cette vertu : chasser les soucis par le vent du Nord et regonfler les voiles de sa motivation. »

« Dire qu’on les avait mobilisés pour une banale partie de jambes en l’air ! Certes celle qui s’égosillait de si bon matin n’avait pas vraiment le profil attendu pour de tels débordements impudiques. Mais tout de même… Si on ne pouvait plus baiser sans se faire dénoncer par ses voisins, quel que fût son âge, où allait le monde ? »


Mon avis : Deuxième rencontre littéraire avec Mo Malo que je suis surprise de retrouver dans un genre tout autre que dans Nuuk, qui était un roman policier dont l’intrigue se déroulait au Groenland. La Breizh Brigade est une saga policière jeunesse qui se passe en Bretagne, où l’on suit un trio d’enquêtrices composé de la grand-mère, la mère et la fille, propriétaires et gérantes du manoir familial Corrigan. Elles tentent de percer les mystères qui entourent Saint-Malo et ses alentours. Et pour le coup, elles ont du fil à retordre, puisque le maire de la ville est victime d’une explosion alors qu’il naviguait tranquillement au large des côtes sur son bateau. Heureusement vivant, les enquêteurs sont sur l’affaire, épaulés dans l’ombre par les trois femmes, bien décidées à percer à jour avant eux cette énigme.

Bien que Ni français, ni Breton… soit un tome 2, il peut se lire indépendamment du premier, comme je l’ai fait. L’enquête est différente que celle présente dans le premier tome, seuls les personnages principaux, notamment les trois enquêtrices, restent les mêmes. Certaines références à des anecdotes ou événements qui se sont déroulés dans le premier tome vont vous paraître floues, mais elles ne gênent pas la lecture. Seule information qui peut vous manquer, c’est l’élément déclencheur qui a décidé les trois femmes à mener des enquêtes parallèles à celles des forces de l’ordre : pourquoi ? Dans quel but ? Comment ?

J’ai beaucoup aimé cette plongée en plein cœur de la Bretagne, dans une ville que je trouve atypique, hors du temps et propice à la rêverie et à l’évasion. C’est un bon moyen pour découvrir cette belle région bretonne. J’ai également beaucoup aimé la dynamique du récit, qui se compose d’une alternance entre des chapitres sur l’avancement de l’enquête non-officielle des trois femmes et celle bien officielle des enquêteurs désignés.

L’enquête tourne autour de potentiels conflits d’intérêts politiques, de jalousies et rancunes trop longtemps tues, de débats environnementaux, économiques et touristiques. Autant dire que les hypothèses sont nombreuses et que nul ne pourrait deviner avant le dénouement qui est à l’origine de l’attentat contre le maire de la ville.

Enfin, j’ai apprécié la personnalité des trois femmes, attachantes, originales et hautes en couleurs : Maggie, la grand-mère, est une femme qui fait battre les cœurs ; Louise, la mère, reste en bon termes avec son ex-mari, journaliste et photographe qui leur est d’une aide précieuse pour mener leurs enquêtes ; Énora, la fille, est une originale qui aime les femmes. Autant dire qu’on ne s’ennuie pas avec la famille Corrigan !


Une enquête policière originale, qui nous transporte à travers les beaux paysages bretons, aux côtés de femmes attachantes, singulières et pleines d’humour. J’ai hâte de pouvoir découvrir la suite des aventures de la famille Corrigan !

Ma note : 7,5/10

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ISBN : ‎ 978-2-36569-702-6

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L’île des souvenirs


L’île des souvenirs de Chrystel Duchamp
235 pages, éditions L’Archipel, à 20€


Résumé : Delphine, 22 ans, est étudiante à Lyon. Issue d’une famille bourgeoise, elle tente de s’affranchir de son éducation stricte en écumant bars et boîtes de nuit. Au cours d’une soirée, elle suit une mystérieuse brune jusqu’à sa voiture… Quand Delphine se réveille dans un lieu inconnu, elle est menottée à un radiateur. Bientôt rejointe par une autre prisonnière, qu’elle connaît. L’une des deux ne survivra pas à l’horreur. L’enquête confiée à la Crim n’avance pas assez vite aux yeux de l’opinion. Sous pression, le capitaine Romain Mandier accepte l’aide d’un profiler et d’une psychotraumatologue. Choquée, la rescapée se souvient d’un homme en noir, mais sa mémoire est un champ de ruines. Peut-on seulement se fier à ses souvenirs ? Exhumer d’eux le détail qui mènera au coupable ? Une fois de plus, Chrystel Duchamp surprend par une intrigue des plus originales et un épilogue aussi glaçant que retors !


Extraits : « En résumé, les humains s’enquièrent de vos nouvelles : – par politesse ; – par automatisme ; – par égocentrisme. Fin de la démonstration. »

« Gabriel, loin d’être vexé quand il entendait une réflexion sur son style vestimentaire, dégainait cet argument, selon lui imparable : « La mode, c’est tellement moche que ça change tous les six mois ! »


Mon avis : Nombreux sont ceux qui connaissent mon amour pour les polars de Chrystel Duchamp. Aussitôt sorti son dernier bébé, aussitôt lu… et une nouvelle fois conquise ! Je suis époustouflée par l’imagination sans limite de l’auteure, sa créativité et sa façon de se renouveler constamment pour faire naître des histoires à suspense toutes plus différentes mais haletantes les unes que les autres.

Dans L’île des souvenirs, Delphine, une jeune étudiante d’une vingtaine d’années, est kidnappée par une femme au sortir d’un pub irlandais. Elle se retrouve enfermée dans une chambre, menottée à un radiateur, avec pour seule présence celle d’un homme cagoulé, qui vient lui apporter de quoi boire et manger chaque jour. Plusieurs jours s’écoulent lorsque Maëlys, son ex petite-amie, fait irruption dans la chambre, libre. Elle jure avoir également été kidnappée et tente de défaire Delphine de ses liens. Mais elle échoue et prend la décision de s’enfuir pour aller chercher de l’aide. Maëlys n’aura pas l’occasion de revenir et Delphine sera retrouvée morte et scarifiée quelques jours plus tard. Le capitaine Romain est mandaté pour mener l’enquête. Il n’exclut aucune piste : Maëlys, l’ex petite-amie délaissée en quête de vengeance ; les parents cathos tradi qui exècrent le comportement volage et débridé de leur fille et son attirance sexuelle pour les femmes ? Noyé dans le flot d’informations et en l’absence de pistes concrètes, Romain fait appelle à un profiler et à une psychotraumatologue pour l’aider à résoudre son enquête. 

Comme souvent avec Chrystel Duchamp, il nous est presque impossible de lâcher l’histoire, tant elle est addictive. Les pages puis les chapitres s’enchaînent les uns après les autres, si bien que l’on finit rapidement notre lecture, en ayant envie d’en lire toujours davantage. C’est ce qui s’est une nouvelle fois passé avec L’île des souvenirs. Il faut dire que la construction du polar est atypique : tous les protagonistes qui composent l’histoire (Delphine, Maëlys, l’enquêteur Romain, le profiler Erwann, la psychotraumatologue Jessica) prennent la parole à tour de rôle dans un chapitre qui leur est consacré, pour livrer leur point de vue sur le déroulé de l’histoire. Tant et si bien que le suspense est à son comble, voire grandissant, puisqu’on entre dans l’intimité de chacun, avec l’envie d’en découvrir plus. 

Ce qui vient une nouvelle fois confirmer le talent de l’auteure, outre la qualité narrative de son histoire, c’est le dénouement, particulièrement exceptionnel. Personne, pas même un lecteur assidu de polars, n’aurait pu deviner la fin de cette histoire. On est estomaqués, on tombe des nus, on ne peut que saluer une fois encore la créativité, l’imagination, le talent de Chrystel Duchamp, qui arrive à nous maintenir en haleine jusqu’à l’explosion finale, une chute aussi inattendue que tordue. Soyez assurés que vous refermerez ce livre en ayant le sentiment d’avoir été manipulés… mais que vous allez adorer ça !


Un excellent polar, original, glaçant, qui nous tient en haleine jusqu’à la fin… et bien plus encore ! Une parfaite réussite !

Ma note : 9/10

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ISBN : ‎ 978-2-8098-4697-3

Week-end entre filles


Week-end entre filles de Sarah Alderson
418 pages, éditions les Escales, à 22€


Résumé : Orla et Kate sont meilleures amies depuis toujours. Entre le quotidien difficile de jeune mère d’Orla et le divorce tumultueux de Kate, elles se sont toujours serré les coudes. Quoi qu’il se passe dans leurs vies, elles ne dérogeront jamais à leur tradition annuelle : passer un week-end entre filles, loin de tout.
Cette fois, c’est à Lisbonne qu’elles décident de se rendre. Et si l’instinct maternel d’Orla la retient de se laisser aller, Kate, elle, ne se refuse rien. Déterminée à surmonter son divorce, elle entraîne sa meilleure amie dans une boîte pour danser jusqu’au bout de la nuit.
Quand Orla se réveille le lendemain matin, Kate n’est plus là. Persuadée que son amie a disparu, elle se lance à sa recherche. Mais, n’ayant presque aucun souvenir de la veille et sans aucune preuve, la police refuse de lancer une enquête. Orla ne peut compter que sur elle-même.
Seule et en proie à la panique, Orla tente frénétiquement de retracer les pas de Kate. C’est alors qu’une série de découvertes bouleversantes remet en question toute son existence. Car si Lisbonne détient le secret de ce qui s’est passé dans la nuit, la vérité se trouve peut-être plus près de chez elle.


Extraits : « Même si elle a été assassinée, ce sera sa faute. C’est tout le temps ce qui arrive quand les femmes sont victimes de crimes. On les rend responsables de ce qu’elles ont subi. Qu’il s’agisse d’un viol, de violences domestiques ou d’une agression, la conclusion est toujours que les femmes ont une part de responsabilité dans l’affaire. »

« Je ne m’étais pas trouvée sexy ou belle depuis un bout de temps ; ce n’est pas facile quand du lait s’écoule de vos seins et que vous avez des points de suture au vagin. »

Mon avis : Orla et Kate quittent Londres pour profiter d’un week-end entre filles à Lisbonne. Meilleures amies depuis toujours, Orla et Kate n’en restent pas moins complètement différentes. Orla est mariée et maman d’une petite fille, heureuse et épanouie en ménage, elle aspire à décompresser de sa routine quotidienne et s’entend bien profiter de nuits pleines et reposantes avant le retour à sa vie londonienne. Quant à Kate, elle est plus désinhibée. Elle vient de divorcer et souhaite fêter dignement cette nouvelle vie, en s’amusant à coups d’alcools, de fêtes et de sexe. Deux visions du séjour qui s’opposent, ce qui fait naître rapidement des étincelles au sein du duo.

Pour leur première soirée à Lisbonne, les deux femmes sortent au restaurant, puis au bar… l’alcool coule à flot, mais pas seulement. Une soirée festive qui va dégénérer lorsque Kate invite deux jeunes hommes rencontrés au hasard d’un bar à finir la soirée dans leur location de vacances. Orla, bien qu’opposée à cette invitation, se laisse finalement convaincre à contrecœur. La suite de la soirée est totalement floue, la jeune femme se réveille le lendemain, seule, dans son lit, sans plus aucune trace de son amie. Elle part donc à la recherche de Kate, en espérant qu’elle pourra éclaircir ses souvenirs de la fin de soirée.

J’ai beaucoup aimé découvrir ce polar, qui est construit de manière à faire naître progressivement la tension autour des personnages et des actions qui s’y déroulent. Tout s’enchaîne avec fluidité, le suspense reste entier et s’accroît au fil de la lecture. On en vient à suspecter chacun des protagonistes et à s’inventer un scénario différent en fonction des nouveaux indices qui surgissent dans le récit. L’enquête est intéressante et addictive. Même si Week-end entre filles ne révolutionne pas forcément le genre littéraire, on savoure avec bonheur cette intrigue tortueuse mais réaliste.


Mensonges, manipulations, trahisons… sont au rendez-vous dans ce thriller psychologique à la tension accrue. J’ai beaucoup aimé ma lecture !

Ma note : 8/10

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ISBN : 978-2-36569742-2
Traduction : Clara Gourgon

Le chalet


Le chalet de Catherine Cooper
317 pages, éditions l’Archipel, à 22€


Résumé : 1998. Deux frères, Will et Adam, emmènent leurs petites amies respectives dans une station de ski huppée des Alpes françaises. Un jour, les deux frères partent faire du hors-piste. Mais, au retour, l’un d’eux manque à l’appel…
2020. Deux couples ont loué dans cette même station un chalet de luxe. Quatre personnes liées, d’une façon ou d’une autre, à l’homme disparu une vingtaine d’années plus tôt. Quatre personnes qui toutes cachent des secrets.
Et, dans l’ombre, quelqu’un connaît la vérité sur ce drame du passé. Quelqu’un qui attend son heure pour frapper.
Dans ces montagnes glaciales, l’expression  » cold case  » n’a jamais aussi bien porté son nom…


Extraits : « Je déteste les personnes arrogantes dans leur genre, qui viennent ici une fois par an pour les vacances et se la ramènent avec leurs skis Salomon ou K2 flamant neufs. Ce qu’ils sont pénibles, à se croire incollables sur tout. Alors qu’ils ne savent rien… Absolument rien ! »

« Tu te prends pour un champion parce que tu es parti en classes de neige avec tes écoles pour gosses de riches, et maintenant tu as un boulot grassement payé à la City ou je ne sais où qui rapporte suffisamment pour que tu puisses te payer un ou deux séjours par an à la montagne. Eh bien, je vais te dire un truc : tu as tout faux. C’est pour ça que tu dois payer quelqu’un comme moi, un vrai pro, pour t’accompagner sur un secteur hors-piste. Tu as beau avoir un équipement qui en jette, essayer d’employer le bon jargon, tu ne sais rien de la montagne. Rien. »


Mon avis : J’ai été très agréablement surprise par Le Chalet. C’est un polar addictif qui se déroule en plein hiver, dans un chalet huppé d’une station de ski. En décembre 1998, deux frères partent skier avec leurs compagnes. Alors qu’ils font une session de hors-piste encadrée par un guide de haute montagne, la visibilité est épouvantable et provoque la chute de l’un deux. Le guide s’aperçoit de leur absence trop tardivement et prévient les secours avec un temps de retard considérable. Seul l’un des deux frères est retrouvé, en état critique.

Vingt-deux ans après, en 2020, deux couples aisés louent un luxueux chalet dans cette même station de ski, dans le but de conclure des affaires ensemble durant ces vacances hivernales. Mais au cours de leur séjour, on découvre le corps d’un homme en pleine montagne : il s’agirait du deuxième frère porté disparu des années auparavant. L’aîné est appelé en urgence à la station pour reconnaître définitivement le corps. Un événement qui va créer discorde et mystère au sein des couples du chalet.

L’alternance des temporalités donne une dynamique appréciable au récit. On cherche à comprendre quel est le lien qui unie ces deux histoires et l’ensemble de ses personnages : à part le lieu commun où elles se déroulent, aucun indice ne filtre. Il faudra attendre les dernières pages du livre pour que tout fasse sens.

J’ai aimé suivre cette histoire, bien qu’il est vrai que certaines scènes manquent clairement de réalisme. Retrouver un corps disparu dans la neige seulement vingt-deux ans après, c’est très peu probable. Proposer d’héberger le frère du défunt dans un luxueux chalet où résident déjà deux couples aisés, c’est inimaginable. Malgré tout, j’ai apprécié l’atmosphère générale du livre, j’ai ressenti pleinement la tension narrative qui montait crescendo et j’ai pris plaisir à démêler l’histoire avant le dénouement final (et c’est un échec cuisant).

En revanche, je ne me suis pas du tout attaché aux personnages. Aucun ne m’a véritablement plût, tant ils étaient arrogants, peu respectueux et imbus d’eux-mêmes. Il suffit de détenir de l’argent et un certain pouvoir pour se croire tout permis, à l’image même de Cameron, le propriétaire des chalets de luxe, dont les manières m’ont particulièrement agacées.


Un polar à l’ambiance de huis-clos, suffocant, énigmatique, mais particulièrement addictif. 

Ma note : 7,5/10

Pour lire plus d’avis

 

ISBN : 978-2-8098-4190-9
Traduction : Penny Lewis

Délivre-nous du mal


Délivre-nous du mal de Chrystel Duchamp
297 pages, éditions L’Archipel, à 19€


Résumé : Février 2018. Anaïs sollicite l’aide de son ami Thomas Missot, commandant à la PJ de Lyon. Pour elle, pas de doute, sa sœur Esther a été enlevée. Pourquoi aurait-elle, sinon, laissé derrière elle ses clés de voiture, ses papiers et son téléphone portable ?
Les mois passent et, tandis que l’enquête s’enlise, d’autres jeunes femmes se volatilisent. Jusqu’à ce qu’un corps soit retrouvé pendu dans une usine désaffectée, le crâne rasé, la langue sectionnée. Puis un deuxième…
Thomas sait désormais qu’un tueur en série sévit dans la région. Mais il ignore encore que ces cadavres ne sont que la partie immergée du plan machiavélique d’un individu avide de vengeance…


Extraits : « Non. On ne connaît jamais les gens qui nous entourent. Aussi proches soient-ils. Ils peuvent avoir des réactions surprenantes ou prendre des décisions déconcertantes. »

« La culpabilisation des victimes de viol était une réalité. Ces femmes à qui l’on reproche leurs jupes trop courtes, leurs talons trop hauts, leur poitrine trop généreuse, leurs hanches girondes… Des excuses étaient régulièrement brandies pour excuser un viol et, dans cette démarche de décrédibilisation fumeuse, nombreux étaient les complices : proches suspicieux, flics pourris, système juridique bancal… »


Mon avis : Chrystel Duchamp est une auteure de polars machiavéliques, que j’ai notamment eu la chance de rencontrer en mai dernier, lors d’un prix littéraire organisé à Marseille. Après L’art du meurtre et Le sang des Belasko, qui ont été deux coups de cœur, je me suis lancé les yeux fermés dans Délivre-nous du mal, son dernier roman, paru en début d’année 2022.

Une jeune femme disparaît subitement, sans aucune affaire personnelle, en laissant seulement un mot indiquant qu’elle ne souhaite pas être retrouvée. Rien n’est plus inquiétant pour sa sœur, Anaïs, qui interpelle son ami Thomas, commandant à la PJ de Lyon, pour mener l’enquête. Le temps passe, l’enquête piétine, d’autres femmes disparaissent de la même manière. Jusqu’au jour où un premier corps est retrouvé pendu dans une usine désaffectée, la langue sectionnée… puis un deuxième, quelque temps plus tard. Le compte à rebours est lancé avant que d’autres corps ne soient découverts.

Sans surprise, la tension est à son paroxysme. Ajoutez à cela des chapitres assez courts, qui donnent une rythmique saccadée, qui nous empêche littéralement de lâcher le livre : les fins de chapitres sont écrites de manière à ce que l’on ait envie d’en savoir toujours davantage.

L’enquête est bien ficelée, assez originale, elle mêle intrigue classique de roman policier et thématiques sociétales actuelles. On y parle de divorce, d’anorexie, de féminisme, de violences conjugales, de viol… Autant de sujets dits de « faits divers », qui sont minutieusement intégrés à l’intrigue, sans pour autant enlever les émotions inhérentes à un polar : la peur, l’angoisse, le mystère, la surprise… Le cocktail est détonnant, mais il fonctionne !

Bien que cette lecture fût agréable, ce n’est pas un coup de cœur comme les deux polars précédents de l’auteure. Peut-être avais-je trop d’attentes vis-à-vis de Chrystel Duchamp ? J’ai trouvé ses deux premiers romans plus originaux, avec deux histoires particulières qui restaient dans la mémoire pendant un certain moment après la fin de notre lecture. Ici, l’intrigue est un peu plus classique. Délivre-nous du mal n’en reste pas moins très bien, le talent de l’auteure est sans conteste, vous pouvez le lire les yeux fermés.


Un très bon polar, angoissant, haletant, à l’intrigue complexe mais parfaitement maîtrisée, que je place quand même en-dessous des précédents livres de l’auteure. 

Ma note : 7,5/10

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ISBN : 978-2-8098-4348-4