La femme à 1000°

La femme à 1000°
d’Hallgrimur Helgason.
640 pages, éditions Presse de la cité, à 23€

 

Résumé : Herbjörg Maria Björnsson. Un nom imprononçable que vous n’êtes pas près d’oublier.

Condamnée à vivre dans un garage avec pour seule compagnie son ordinateur portable, une provision de cigarettes et une grenade datant de la fin de la Seconde Guerre mondiale, une octogénaire islandaise atteinte d’un cancer en phase terminale revient sur sa vie en attendant la mort. Car Herra, comme on l’appelle, a beaucoup de choses à raconter. Petite-fille du premier président d’Islande, fille d’une paysanne et du seul nazi islandais avéré, elle a, au fil de son existence mouvementée, vécu la guerre et l’exil, connu beaucoup d’hommes, parfois célèbres, et vu la mort, de bien trop près. Avant de s’envoyer en l’air pour de bon, elle passe en revue son passé et celui de son pays,
l’occasion pour elle de régler au passage quelques comptes.

Extraits : « Lorsqu’il s’agit d’amour, nous sommes tous plus idiots les uns que les autres. »
« Comme il serait agréable que les hommes puissent voir en nous leurs égaux, leurs frères de sang, une autre forme masculine avec une peau bien plus belle. Ils pourraient se rappeler cet état de fait une fois de temps en temps, et apprécier autre chose que notre paire de hanches. »

Mon avis : La femme à 1000° prônait l’originalité de la plume de l’auteur, et de ce fait, promettait bien des choses. Malheureusement, comme vous allez le voir ci-dessous, malgré un fond d’histoire intéressant, les quelques longueurs sont venues à bout de mon plaisir.

Tout, dans l’aspect visuel de ce roman, encourageait à la lecture. La couverture est noire, ce qui rend le livre mystérieux, la photographie d’une femme âgée est originale, mais en même temps, sa posture est basique. De plus, la phrase écrite en orange vif au dos du livre pousse notre curiosité à bout. Que cache ce (gros) livre ?

J’ai été assez étonné de découvrir que les chapitres de ce livre n’excellent pas plus de 5 pages. Ce concept singulier de mettre des chapitres à courtes fréquences d’intervalles ne m’a pas gêné outre-mesure, bien au contraire. Une pause de lecture se fait plus fréquemment, une nouvelle petite « histoire » débute alors, et nous ne nous lassons pas. Bien au contraire, certaines personnes pourraient être troubler dans le rythme de leur lecture, et ces petits chapitres constitueraient alors une rupture de l’histoire… à chacun son ressenti !

La seconde chose qui a particulièrement attiré mon attention, ça a été les dates et les années, qui se suivent, se chevauchent et s’entrecroisent. Car il faut savoir qu’à la base, ce livre est une sorte d’autobiographie, mais d’un personnage fictif, qui sort tout droit de l’esprit de l’auteur. En quelques minutes, on peut très bien passé de l’année 2009 (qui constitue le présent dans ce récit), jusqu’en temps de guerre en 1940, ou avant, en 1929. Il faut s’accrocher, car ces changements brutaux de dates (et de chapitres), peuvent facilement embrouillé le lecteur.

Autre chose, qui requiert de l’attention de la part des lecteurs, c’est le vaste champ lexical des divers pays tels que l’Islande, le Dannemark ou encore l’Allemand. Hallgrimur Helgason étant d’origine islandais, il n’hésite pas à citer divers villes, qui comportent des noms particuliers (et imprononçables pour nous, pauvres français), ainsi que des mots ou phrase typiquement Allemand (ou islandais, ou danois…). Il faut connaître un minimum de coutume de ces divers pays pour ne pas se noyer dans le flot d’informations. Je salue et applaudis le talentueux traducteur Jean-Christophe Salaün, qui a accomplie un superbe boulot en retranscrivant parfaitement le récit, sans le déstructurer pour autant.

Vous l’aurez sans doute compris, ce roman fait preuve d’une grande originalité, qui ne laisse pas indifférent. Mais outre ces petits aspects extérieur du livre, la protagoniste est elle-même un personnage hors du commun. Déjà, c’est une personne âgée (très rare dans les romans), qui vit dans un garage (encore plus rare), qui se sert d’Internet quotidiennement, et qui est encore plus calée en informatique qu’une jeunette de 30 ans (ça existe ?). Ces quelques indications font de cette femme quelqu’un de singulière, mais alors, avec l’histoire de sa vie qu’elle nous narre, elle devient tout simplement exceptionnelle. Sa vie semble remplie de problèmes et d’obstacles contraignants sa progression. Néanmoins, elle arrive à tous les tourner en avantages, qui lui font aimer la vie, et la découvrir en profondeur. Elle se montre courageuse, ouverte, gentille, sociale et habile.

Surtout que ce livre se situe presque totalement en temps de guerre. Bien évidemment, si vous ne voulez pas être perdu au milieu de ce flot d’informations politiques, essayez de connaître un minimum les grandes idées des deux Guerres mondiales. Dans un décor noir, obscur et cruel, notre héroïne va vivre bien des aventures, qui n’arrivera sans doute plus jamais aux êtres d’aujourd’hui. Un roman fort intéressant, qui relate parfaitement une partie de l’histoire de l’Islande (et bien sûr, de notre héroïne).

J’avoue avoir repéré quelques longueurs qui m’ont bien embêtées. Certains chapitres, par exemple, étaient tellement futiles et inutiles, que je me demandais pourquoi l’auteur les avait ajoutés. En outre, je n’ai pas totalement accroché au style particulier de l’auteur (je ne suis sans doute pas assez habitué aux récits Islandais), et Herra, notre personnage principale, ne m’a pas attiré plus que ça. Bien que cette histoire soit sympathique à lire, je ne pense pas en garder longtemps un souvenir…

Un retour poignant en arrière, dans la mémoire d’une vieille femme unique en son genre, qui raconte sa formidable histoire.

 

Ma note : 6/10
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