Hôtel Iris


Hôtel Iris de Yôko Ogawa

158 pages, éditions J’ai Lu


Résumé : Mari est réceptionniste dans un hôtel appartenant à sa mère. Un soir, le calme des lieux est troublé par des éclats de voix: une femme sort de sa chambre en insultant le vieillard élégant et distingué qui l’accompagne, l’accusant des pires déviances. Fascinée par le personnage, Mari le retrouve quelques jours plus tard, le suit et lui offre bientôt son innocente et dangereuse beauté.
Cette étonnante histoire d’amour, de désir et de mort entraîne le lecteur dans les tréfonds du malaise dont Yôko Ogawa est sans conteste l’une des adeptes les plus douées.


Extraits : « C’était sa voix qui me donnait du plaisir en même temps que la douleur. »

« – Le russe est une langue amusante à regarder même si on ne la comprend pas.
– Pourquoi ?
– On dirait un langage crypté destiné à des secrets romantiques. »


Mon avis : L’Hôtel Iris est tenu par la mère de Mari, elle-même réceptionniste. Leur hôtel, en apparence calme, est troublé un soir par les cris d’une femme, qui sort d’une chambre en insultant un vieil homme. Cet homme, Mari va le retrouver quelques jours plus tard, et va littéralement tomber sous son charme. Entre eux, va naître une histoire spéciale, indescriptible, mais secrète, qu’elle taira durant de longs mois à sa mère.

Je ne suis pas habituée à lire des romans japonais – pour tout vous avouer, le dernier roman japonais que j’ai lu n’était autre que Kafka sur le rivage de Haruki Murakami, un récit très étrange, mais qui m’avait envoûté. Avec L’Hôtel Iris, je retrouve cette même ambiance, avec des sensations et émotions assez bizarres qui s’emparent de moi… comme si cela était propre à la littérature japonaise !

En revanche, contrairement à Kafka sur le rivage, roman qui m’avait désarçonné mais bien plût, j’ai eu plus de mal à entrer dans l’univers de Yôko Ogawa. Durant toute ma lecture, j’ai ressenti une forme de malaise, envers les personnages d’abord. Un vieil homme et une très jeune fille qui se cherchent, se trouvent, vivent une histoire que je ne peux pas vraiment qualifier d’amour, mais plutôt une histoire physique, remplie de désirs et sévices sexuels.

J’ai décelé une forme de cruauté et de perversité dans le comportement de cet homme envers Mari. Certaines scènes du livre peuvent choquer, je pense notamment aux nombreuses scènes de sexe, qui se révèlent triviales et humiliantes pour Mari, même si cette dernière semble y prendre beaucoup de plaisir. Comme un animal domestique, elle obéit aveuglément aux ordres de l’homme, prête à faire tout ce qu’il demande, même les choses les plus dégradantes. Je n’ai pas compris ses agissements, je n’ai pas compris la relation qui s’était créée entre ces deux personnes, elle m’a mise mal à l’aise, m’a terriblement dérangée.

Je n’ai pas trouvé d’utilité particulière à cette histoire, je n’ai vraiment pas compris où l’auteure voulait nous mener. C’est certain, Yôko Ogawa chamboule les convenances et la morale populaire, en mettant en avant une relation proscrite, incomprise, basée sur la domination et la violence. C’était sans doute le but de l’auteure : écrire une ode à la liberté, la liberté d’agir, de se comporter comme bon nous semble, de faire ce que nous voulons avec notre corps, notre temps… L’intention était bonne, mais la mise en scène ratée ! 


Un roman violent et cruel qui met en scène une relation étrange, toxique, dérangeante et perverse… Je n’ai pas du tout appréciée cette histoire, que je juge sans intérêt.

Ma note : 3/10

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Kafka sur le rivage


Kafka sur le rivage de Haruki Murakami

637 pages, éditions 10 18


Résumé : Un adolescent, Kafka Tamura, quitte la maison familiale de Tokyo pour échapper à une malédiction œdipienne proférée par son père. De l’autre côté de l’archipel, Nakata, un vieil homme amnésique, décide lui aussi de prendre la route. Leurs deux destinées s’entremêlent pour devenir le miroir l’une de l’autre, tandis que, sur leur chemin, la réalité bruisse d’un murmure envoûtant.


Extraits « Parce que celui qui aime cherche la partie manquante de lui-même. Aussi, quand on pense à l’être dont on est amoureux, on est toujours triste. »
« Quand l’imagination s’emballe, l’illusion enfle, finit par prendre une forme concrète, cessant d’être une simple illusion. »

Mon avis : Un grand merci aux membres du Club de lectures de Babelio d’avoir élu ce livre comme lecture du mois de juin et de m’avoir permis de le sortir de ma Pile À Lire, où il prenait la poussière depuis de nombreuses années.

Quelle étrange histoire… Nous avons d’un côté Kafka Tamura, un jeune adolescent qui fugue de chez lui pour échapper à une mystérieuse malédiction oedipienne énoncée par son père, qui le destine à le tuer et à épouser sa mère. Il trouve refuge dans une petite ville, plus précisément dans une bibliothèque, où le personnel sur place, se limitant à deux personnes – la directrice Mademoiselle Saeki et Oshiman – vont lui donner travail et gîte. En parallèle, nous suivons les aventures d’un vieillard nommé Nakata, qui a la particularité d’avoir été touché par la foudre dans sa jeunesse et d’avoir perdu une grande partie de ses capacités intellectuelles. Nakata va lui aussi prendre la route, direction une mystérieuse quête que même lui que comprend pas.

Je pense qu’au-delà de la compréhension du texte et de l’intronisation raisonnée de l’histoire, c’est vraiment l’essence même des sensations et des émotions qu’il nous procure qui est à regarder. Kafka sur le rivage, c’est une lecture qui se vit et se passe de tout commentaire. C’est un ovni littéraire qui échappe à tout contrôle, à tout classement, à toute logique.

J’ai été dépaysée et un peu chamboulée par cette lecture – j’ai d’ailleurs beaucoup de mal à écrire cette chronique, en raison du mystère qui plane autour de ce livre, de l’ensemble des protagonistes, de l’univers onirique de Haruki Murakami. Chacun est libre d’interpréter cette histoire comme il l’entend : pour ma part, j’y vois une réflexion autour des différents chemins que peuvent prendre notre vie, des rencontres qui l’égrènent, des situations qui la chamboule.


Un roman étrange mais envoûtant, qui se vit plus qu’il ne se lit. Un ovni littéraire que je recommande aux plus curieux et téméraires.

Ma note : 7,5/10

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