L’île des souvenirs


L’île des souvenirs de Chrystel Duchamp
235 pages, éditions L’Archipel, à 20€


Résumé : Delphine, 22 ans, est étudiante à Lyon. Issue d’une famille bourgeoise, elle tente de s’affranchir de son éducation stricte en écumant bars et boîtes de nuit. Au cours d’une soirée, elle suit une mystérieuse brune jusqu’à sa voiture… Quand Delphine se réveille dans un lieu inconnu, elle est menottée à un radiateur. Bientôt rejointe par une autre prisonnière, qu’elle connaît. L’une des deux ne survivra pas à l’horreur. L’enquête confiée à la Crim n’avance pas assez vite aux yeux de l’opinion. Sous pression, le capitaine Romain Mandier accepte l’aide d’un profiler et d’une psychotraumatologue. Choquée, la rescapée se souvient d’un homme en noir, mais sa mémoire est un champ de ruines. Peut-on seulement se fier à ses souvenirs ? Exhumer d’eux le détail qui mènera au coupable ? Une fois de plus, Chrystel Duchamp surprend par une intrigue des plus originales et un épilogue aussi glaçant que retors !


Extraits : « En résumé, les humains s’enquièrent de vos nouvelles : – par politesse ; – par automatisme ; – par égocentrisme. Fin de la démonstration. »

« Gabriel, loin d’être vexé quand il entendait une réflexion sur son style vestimentaire, dégainait cet argument, selon lui imparable : « La mode, c’est tellement moche que ça change tous les six mois ! »


Mon avis : Nombreux sont ceux qui connaissent mon amour pour les polars de Chrystel Duchamp. Aussitôt sorti son dernier bébé, aussitôt lu… et une nouvelle fois conquise ! Je suis époustouflée par l’imagination sans limite de l’auteure, sa créativité et sa façon de se renouveler constamment pour faire naître des histoires à suspense toutes plus différentes mais haletantes les unes que les autres.

Dans L’île des souvenirs, Delphine, une jeune étudiante d’une vingtaine d’années, est kidnappée par une femme au sortir d’un pub irlandais. Elle se retrouve enfermée dans une chambre, menottée à un radiateur, avec pour seule présence celle d’un homme cagoulé, qui vient lui apporter de quoi boire et manger chaque jour. Plusieurs jours s’écoulent lorsque Maëlys, son ex petite-amie, fait irruption dans la chambre, libre. Elle jure avoir également été kidnappée et tente de défaire Delphine de ses liens. Mais elle échoue et prend la décision de s’enfuir pour aller chercher de l’aide. Maëlys n’aura pas l’occasion de revenir et Delphine sera retrouvée morte et scarifiée quelques jours plus tard. Le capitaine Romain est mandaté pour mener l’enquête. Il n’exclut aucune piste : Maëlys, l’ex petite-amie délaissée en quête de vengeance ; les parents cathos tradi qui exècrent le comportement volage et débridé de leur fille et son attirance sexuelle pour les femmes ? Noyé dans le flot d’informations et en l’absence de pistes concrètes, Romain fait appelle à un profiler et à une psychotraumatologue pour l’aider à résoudre son enquête. 

Comme souvent avec Chrystel Duchamp, il nous est presque impossible de lâcher l’histoire, tant elle est addictive. Les pages puis les chapitres s’enchaînent les uns après les autres, si bien que l’on finit rapidement notre lecture, en ayant envie d’en lire toujours davantage. C’est ce qui s’est une nouvelle fois passé avec L’île des souvenirs. Il faut dire que la construction du polar est atypique : tous les protagonistes qui composent l’histoire (Delphine, Maëlys, l’enquêteur Romain, le profiler Erwann, la psychotraumatologue Jessica) prennent la parole à tour de rôle dans un chapitre qui leur est consacré, pour livrer leur point de vue sur le déroulé de l’histoire. Tant et si bien que le suspense est à son comble, voire grandissant, puisqu’on entre dans l’intimité de chacun, avec l’envie d’en découvrir plus. 

Ce qui vient une nouvelle fois confirmer le talent de l’auteure, outre la qualité narrative de son histoire, c’est le dénouement, particulièrement exceptionnel. Personne, pas même un lecteur assidu de polars, n’aurait pu deviner la fin de cette histoire. On est estomaqués, on tombe des nus, on ne peut que saluer une fois encore la créativité, l’imagination, le talent de Chrystel Duchamp, qui arrive à nous maintenir en haleine jusqu’à l’explosion finale, une chute aussi inattendue que tordue. Soyez assurés que vous refermerez ce livre en ayant le sentiment d’avoir été manipulés… mais que vous allez adorer ça !


Un excellent polar, original, glaçant, qui nous tient en haleine jusqu’à la fin… et bien plus encore ! Une parfaite réussite !

Ma note : 9/10

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ISBN : ‎ 978-2-8098-4697-3

Mes soeurs, n’aimez pas les marins


Mes soeurs, n’aimez pas les marins de Grégory Nicolas
339 pages, éditions Les Escales, à 21€


Résumé : Grand roman d’amour et d’aventure, Mes sœurs, n’aimez pas les marins rend un hommage bouleversant à ces femmes à qui la mer a tout pris et qui ne renoncent jamais. 1942, sur les côtes de Bretagne. Quatre vies entre petits matins calmes et furie des tempêtes. Celles de Perrine et de son fils Jean, qui, en pleine Seconde Guerre mondiale, décide d’embarquer sur un bateau de pêche à seize ans, contre l’avis de sa mère. Puis c’est la rencontre entre Jean et Paulette, le coup de foudre, la naissance de Pierre. Quand le bonheur semble installé, c’est la mer qui revient pour l’arracher avec violence. Alors un jour, la jeune Paulette décide de briser les chaînes du destin : Pierre, son petit garçon, ne sera jamais marin. Elle l’emmène à l’abri, comme font les louves, aussi loin du rivage que possible. Mais il faut croire que la mer, encore et toujours, a des ruses auxquelles nul ne peut échapper…


Extraits : « « Les malheureux », disaient les gens quand ils apprenaient un nouveau naufrage. « Les malheureuses », pensait Perrine. »

« – Alors ça boume ? Ce sont les premiers mots qu’il m’a dits : « Alors ça boume ? » Il y a des choses toutes simples et bêtes comme ce n’est pas permis mais qui vous marquent sans que l’on sache bien pourquoi. Moi c’étaient ses premiers mots, comme les premiers mots d’un bébé, j’imagine. »


Mon avis : En tant que marinette de métier, amoureuse de la mer, je me devais de lire ce livre, dont le titre m’a particulièrement interpellé. L’histoire se déroule sur les côtes bretonnes, en pleine seconde guerre mondiale. Pendant que des milliers d’hommes sont réquisitionnés pour servir la France contre l’occupant Allemand, Jean, le fils de Perrine, tout juste âgé de 16 ans, décide de suivre les traces de son défunt père en embarquant sur un bateau de pêche pour sa première mission en mer. Depuis ce jour, Jean n’a jamais su s’arrêter, la mer fait partie intégrante de lui. Il enchaîne les missions courtes, rencontre sa femme Paulette, puis prend la décision de parcourir le vaste monde. Puis vint Pierre, leur fils, qui ne connaîtra que brièvement son père, malheureusement victime une nouvelle fois d’une mer déchaînée. Anéantie de tristesse et de désespoir par cette lignée maudite de marins qui ne reviennent pas (le père de Jean avant lui avait également succombé à la mer), Paulette fait le choix de priver Pierre de la mer, en l’emmenant loin d’elle, en pleine montagne suisse. Mais la mer, tel un aimant, arrive toujours à faire revenir les hommes auprès d’elle.  

La mer peut beaucoup donner, de la joie, de la satisfaction, de la vie, de la nourriture, mais elle peut aussi tout reprendre. Elle fait autant rêver qu’elle effraie, elle peut être aussi douce que cruelle, aussi idyllique que perverse. C’est véritablement la mer qui est le personnage principal de ce livre, montrée sous toutes ses facettes, les plus belles comme les plus laides.

L’histoire en elle-même est construite de manière chronologique, en mettant en scène des protagonistes différents (d’abord la mère de Jean, puis Jean lui-même, enfin Paulette), qui exposent ouvertement leur façon de penser, de réfléchir, leurs émotions, mais surtout leurs craintes. On découvre la passion dévorante de Jean pour la mer, qui ne peut vivre loin d’elle, son désir d’évasion, de voyage, de liberté, sa fidélité envers son patron, ses compétences pour la pêche, mais aussi son amour pour Paulette, qui ne vient néanmoins pas détrôner son amour inconditionnel pour les flots. De l’autre côté, sur la terre ferme, on suit avidement Perrine, la mère de Jean, solitaire et isolée, en attente permanente de nouvelles de son fils, puis Paulette, sa femme, agacée par les absences de Jean. Toutes deux attendent néanmoins sagement, souvent avec angoisse, le retour du fils et mari tant aimé. Finalement, Jean n’a pas été mobilisé au front, mais les conséquences de son métier sur les femmes de sa vie sont identiques : l’attente interminable de son retour, la peur du danger et de la mort. Seules quelques lettres, écrites quotidiennement d’abord à sa mère puis à sa femme, viennent égayer le quotidien des femmes, dont la vie semble suspendue le temps du voyage. A travers ses écrits, elles partagent un peut de sa vie à bord et se sentent plus proches de celui qu’elles ne voient que trop rarement à leur goût. 

J’ai éprouvé beaucoup de peine et de compassion pour ces femmes, qui se montrent particulièrement courageuses face à une situation pareille. De notre temps, il faut saluer les femmes de militaires, toutes armes confondues, qui connaissent bien ces sentiments ambivalents, de rester sans nouvelle de l’être aimé pendant de longs jours, d’attendre des semaines, très souvent des mois son retour, de s’inquiéter de ce qu’il traverse, du danger d’un terrain dangereux, des conditions de vie, de sa santé physique et mentale. Je suis admirative de ces femmes, qui traversent ses épreuves difficiles la tête haute, sans jamais se plaindre, en restant fidèle, aimante et d’un soutien indéfectible. Leur force et leur courage équivaut à celles des hommes partis loin d’elles, voire les dépassent parfois. Les mettre en lumière leur rend un hommage singulier, dont elles seront touchées, mais peut-être sans en rien montrer.


Un roman fort sur le courage des femmes de marins qui subissent le métier dangereux de l’être aimé. Un hommage émouvant à celles qui restent à terre, souvent dans l’ombre, mais qui jouent un rôle essentiel dans le quotidien de ceux qui partent en mer. 

Ma note : 8/10

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ISBN : ‎ 2365697321

Parce qu’ils sont là


Parce qu’ils sont là de Laurent Esnault
351 pages, éditions Sixième(s), à 19€


Résumé : Hadrien n’est pas un enfant comme les autres : il est en contact avec des personnes qu’il est le seul à voir. Pourquoi ?
Qu’attendent-elles de lui ?
Comment va-t-il trouver la paix ?
Son père va s’efforcer, mettant de côté son scepticisme et ses doutes, de l’accompagner dans ce monde si particulier de ce que nous appelons les « fantômes ». Au gré de rencontres décisives, ils vont essayer, ensemble, de comprendre et d’accepter ce nouveau monde, mystérieux et parfois effrayant.
Au-delà du sujet sensible du deuil, l’auteur nous parle avec finesse de la vie et d’amour inconditionnel. Un premier roman délicat qui nous touche en plein coeur et tient toutes ses promesses.


Extraits : « Les signes n’avaient pas tardé à se manifester. Je n’en avais pas pris conscience tout de suite. Avec le recul, cela paraît évident, maintenant. Il arrive aussi qu’on voie des signes partout. On ne prête pas attention à quelque chose, on le remarque un jour, et puis ça devient une obsession. »

« Je me disais que c’était un peu comme la « pensée positive ». Si vous vous dites tous les jours que vous allez réussir, si vous vous persuadez que des choses vont arriver, ces choses finiront par arriver. Plus ou moins consciemment, vous mettrez tout en oeuvre pour qu’elles arrivent. Si vous vous interrogez constamment sur l’existence d’une vie après la mort, vous finissez par voir des références à votre obsession partout. »


Mon avis : Hadrien n’a jamais connu sa mère. Et pour cause, Amélie est décédée lorsqu’elle l’a mis au monde. Un traumatisme que son frère et son père portent depuis longtemps et qui hantent également le jeune garçon, maintenant âgé de 7 ans. Il avoue courageusement à son papa voir fréquemment sa mère et communiquer avec elle. D’abord interpellé par cette nouvelle, il étouffe l’affaire, pensant que le jeune garçon est victime d’hallucinations ou de cauchemars. Mais force est de constater que Hadrien est détenteur d’informations qu’il ne lui avait jamais donné. Il se rend donc à l’évidence : Hadrien peut voir et communiquer des fantômes.

Les thématiques de la mort et du deuil sont omniprésentes. Elles apparaissent dès les premières lignes avec le décès d’Amélie, pour se poursuivre durant l’ensemble de la lecture, comme un fil rouge continu, plutôt noir que rouge. Néanmoins, Laurent Esnault ne fait pas dans le pathos et donne à réfléchir sur des sujets tantôt fantastiques, spirituels et religieux, comme la présence d’une vie après la mort ou tantôt plus rationnel et passionné, comme le « carpe diem » qui enjoint à profiter de chaque moment de notre quotidien.

On s’attache immédiatement à Hadrien, on a envie de le protéger, de lui dire que tout ira bien, que la vie continue, malgré les drames traversés et ceux qu’il traversera sans doute encore. Car du haut de ses sept ans, Hadrien a déjà vécu la perte de sa maman, qu’il voit fréquemment, mais ses visions se focalisent également sur l’ensemble des esprits qui l’entourent, qu’ils soient bienveillants ou non. Il lui arrive de visualiser des scènes épouvantables, angoissantes et réellement traumatisantes, qui impactent directement son quotidien et sa manière d’être. Hadrien est considéré comme turbulent à l’école, souvent grondé par ses maîtresses, avec un comportement qui mène parfois jusqu’à l’exclusion.

Sur ce point, le papa se montre très protecteur et particulièrement apaisant vis-à-vis de son fils. Depuis le début, il n’a pas eu une mission aisée, puisqu’il a fallu très vite pallier à l’absence d’une présence maternelle. Il s’est occupé seul du foyer familial, de l’éducation des enfants, tout en continuant d’exercer une activité professionnelle en parallèle. Un super papa, qui fait passer le bien-être et le bonheur de ses enfants avant les siens.   

J’ai beaucoup aimé la relation qui unie Hadrien et son père. Elle est pleine de bienveillance, d’écoute, de partage, d’amour, forcément, mais surtout de confiance et de stabilité. Hadrien est un petit bonhomme hypersensible, qui se sent parfois différent et donc rejeté par ses pairs. Néanmoins, il s’ouvre ouvertement à son père, en qui il trouve un soutien infaillible, malgré l’esprit cartésien et rationnel de ce dernier, qui rejette d’abord en bloc l’idée d’un tel phénomène fantastique. Mais c’est ensemble qu’ils vont finalement chercher de l’aide auprès de spécialistes (voyants, psychologues…) pour tenter de comprendre les visions du jeune garçon et de les maîtriser.  


Une histoire touchante sur la mort et le deuil, qui ne vire pas dans le tragique mais se construit comme un roman initiatique qui prête à la réflexion. Les scènes fantastiques arriveront à embarquer les esprits les plus cartésiens à travers une prose simple, douce et bienveillante.   

Ma note : 8/10

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ISBN : ‎ 978-2-49-240-004-9

Le chameau sauvage


Le chameau sauvage de Philippe Jaenada
381 pages, éditions J’ai Lu, à 8,30€


Résumé : « Un jour, ce n’est rien mais je le raconte tout de même, un jour d’hiver je me suis mis en tête de réparer le radiateur de ma salle de bains (…). Je ne sais pas ce qui m’est passé sous le crâne ce jour-là, je me suis cru l’un de ces magiciens de la vie pour qui tout est facile. Il faut dire que jamais encore je n’avais été confronté à de réels obstacles, (…) alors naturellement, j’étais naïf. »
Halvard Sanz est un gentil garçon. Signe particulier: doué pour les catastrophes en série. Il y a des gens qui n’ont pas de chance, mais qui, genoux à terre, toujours se relèvent. Halvard est de ceux-là. Quête initiatique, roman picaresque, amour allégorique, loufoques aventures servies par une verve intarissable… Mais le chameau sauvage dans tout ça ? Quand vous en connaîtrez le principe, comme Halvard, vous verrez la vie différemment.


Extraits : « Notre vie, c’est un peu comme ce bateau. Ça fait beaucoup de mousse sur le moment, mais lorsqu’on regard derrière nous, il ne reste qu’un mince sillage un peu huileux à la surface de l’eau. Et au loin, rien. « 

« Il n’y a pas d’amour, paraît-il, uniquement des preuves d’amour ; que peut-on alors imaginer de plus abstraitement beau qu’une preuve qui non seulement ne prouve rien, puisqu’il n’y a pas d’amour, mais qui, de plus, n’attire l’attention de personne ? « 


Mon avis : Philippe Jaenada est un écrivain français, adepte de l’humour, il s’inspire de sa vie pour écrire ses premiers romans, dont Le chameau sauvage, sa première parution littéraire. Ce dernier a reçu plusieurs prix littéraires, le prix Alexandre Vialatte en 1997, qui récompense un écrivain de langue française « dont l’élégance d’écriture et la vivacité d’esprit soient source de plaisir pour le lecteur » ; ainsi que le prix de Flore la même année, dont le jury est composé d’un cénacle de littéraire fréquentant le café de Flore dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés à Paris.

Vous pouviez vous en douter en voyant la couverture du livre (un cowboy chevauchant une sardine géante à la poursuite d’un ban de sardines plus petites), Le chameau sauvage est un roman burlesque. Il met en scène Halvard Sanz, un type assez louche, à la vie peu prolifique, qui s’amourache de Pollux Lesiak, une jeune femme croisée seulement un soir, au détour d’un trottoir. Derrière ses airs de loser, Halvard est un personnage loufoque, un homme très naïf, pathétique, seul, qui se noie dans l’alcool, qui est souvent moqué et peu pris au sérieux. Il m’a souvent fait de la peine, bien qu’il soit doté d’une capacité d’autodérision assez impressionnante et d’un détachement tout autant saisissant.

Si l’on veut de l’originalité et de l’extravagance, avec ce roman, on est servis ! Il ne ressemble à rien de tout ce que j’ai pu lire jusqu’à maintenant. Les situations burlesques s’enchaînent les unes après les autres, toutes plus surprenantes, incroyablement délirantes et inédites. Rien n’est normal dans ce récit. Je me suis prise à rire aux éclats à plusieurs reprises, alors qu’il est assez rare que je m’esclaffe en lisant un roman (le contraire est plus probable).

Il est question d’amour et de sentiments, mais Philippe Jaenada nous fait également réfléchir sur des thématiques plus profondes, comme la communication, la différence, la solitude ou le jugement. On a l’impression de percevoir clairement les pensées du héros, puisqu’on a une vision générale de ses états-d’âme, de ses aventures, de ses sentiments et de toutes les émotions qui le traversent.

J’ai passé un moment de lecture assez illuminé, en sautant de situation absurdes en situations hallucinantes, mais peuplé de franches rigolades. Même si je ne retire rien de spécial de ce livre, j’en retiendrai l’énergie et la virtuosité de l’écriture, ainsi que la légèreté du ton et l’unicité de l’histoire. Pour un premier roman, il est bon. Je serai curieuse de découvrir les autres récits de l’auteur.


Un roman burlesque qui met en scène un anti-héro déjanté, un homme pathétique au comportement loufoque, qui vivra des situations totalement hallucinantes. Moments de franches rigolades en perspective.

Ma note : 6,5/10

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ISBN : ‎ 978-2-29-0349533

Les princes charmants ne savent pas voler


Les princes charmants ne savent pas voler de Élodie Godart 173 pages, éditions L’Archipel, à 18€


Résumé : Élodie croit au grand amour. Lorsque cette jeune femme passionnée de parachutisme rencontre Kasper sur une plage de Thaïlande, elle pense que c’est pour la vie. Malgré les embûches de la langue et la distance qui les sépare, Élodie vit l’amour fou, celui que tout le monde espère. Quand son prince charmant meurt brutalement sous ses yeux huit mois plus tard, Élodie disjoncte. Devenue mutique, incapable d’exprimer sa douleur, elle n’a d’autre choix que de lui écrire pour le maintenir en vie. Comment faire face à l’inacceptable ? La rage de vivre d’Élodie peut-elle l’emporter sur son chagrin ? Un premier roman émouvant sur le parcours de reconstruction d’une jeune femme, inspiré de la propre histoire de l’autrice. Préface de Clémentine Célarié


Extraits : « Lorsque nous sommes confrontés à la perte foudroyante de l’être que l’on aime, une partie de nous, ou peut-être tout de nous, meurt aussi. C’est là que peut surgir le miracle. C’est là que, chez celui qui survit à un tel drame, peut renaître l’espoir malgré tout, pour pouvoir continuer sans tomber. La rage de vivre devient indispensable, obligée de se développer pour tenir l’âme et le corps, révélant une force de vie hors du commun. »

« C’est si rare qu’on me choisisse. J’ai toujours l’impression que les autres sont mieux que moi. »


Mon avis : Élodie vit le parfait amour avec Kasper, un Allemand rencontré alors qu’ils étaient tous les deux en vacances en Thaïlande. Depuis, malgré la distance et leurs différences de langue et de culture, les deux amoureux entretiennent une relation forte, passionnelle et fusionnelle. Après près de deux années passées à distance, ils s’apprêtent à emménager ensemble à Paris, pour enfin être réunis au quotidien. Seulement, lors du retour d’une soirée arrosée, Kasper, enivré par l’alcool, saute par la fenêtre, sous les yeux stupéfaits d’Élodie. Le jeune homme décèdera sur le coup. Comment continuer à vivre après un tel drame ? Comment se reconstruire et survivre face à l’absence et à l’incompréhension ?

Le parcours de deuil d’Élodie est jalonné des sept étapes identifiées comme normales pour une personne qui survit à une autre. Elle fait d’abord face au choc brut de l’événement, puis se réfugie dans une phase de déni, elle n’arrive pas à croire à ce qui lui arrive. Vient ensuite la colère envers l’être aimé, qui a décidé de partir sans elle, avant que celle-ci ne fasse place à la dépression et à la tristesse. Les étapes de son deuil se termine par la résignation, l’acceptation, puis la reconstruction. Un chemin long, sinueux, difficile à parcourir, mais essentiel pour retrouver une certaine paix intérieure.

Le sujet est atrocement triste, écrit dans un style larmoyant, qui rend l’atmosphère particulièrement pesante. Il ne faut surtout pas lire ce livre dans un moment de solitude ou de négativité, cela risquerait de vous plomber davantage le moral. Néanmoins, il apparaît intéressant pour normaliser le processus de deuil, parfois très long, aussi pénible pour la personne qui le subit que pour toutes les personnes qui l’entourent. En revanche, la fin est plus aérienne, avec des touches d’espoir et d’optimisme non négligeables. Car c’est bien connu, « derrière le nuage, le soleil brille toujours », Abraham Lincoln.

Malgré tout, en tant que grande lectrice, j’ai trouvé cette histoire un peu commune. J’ai déjà eu l’opportunité de lire de nombreux livres qui traitaient de la thématique du deuil, je pense notamment à Comme des éclats de toi de Marie Joudinaud ou le livre jeunesse Le jour où j’ai adopté un trou noir de Michelle Cuevas, pour n’en citer que deux, qui étaient bien plus complets que Les princes charmants ne savent pas voler. Dans les deux romans cités précédemment, il y avait également toutes les étapes qui décrivaient le deuil et qui menaient les protagonistes vers la reconstruction, mais il y avait également d’autres sujets parallèles, qui rendaient ces histoires uniques. Ici, Élodie Godart aborde uniquement le deuil, ses effets et ses conséquences.


Un roman triste, sur le processus de deuil qui mène du choc jusqu’à la reconstruction. Malgré l’intérêt du sujet, j’en attendais plus de cette lecture.

Ma note : 6/10

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ISBN : ‎ 978-2-8098-4605-8