L’accompagnateur de Sebastian Fitzek
359 pages, éditions l’Archipel, à 22€
Résumé : À Berlin, peu après 22 heures, Jules est au standard d’un service d’accompagnement dédié aux femmes en danger.
Son premier appel est celui de Klara, terrorisée à l’idée d’être suivie par un psychopathe. Un homme qui a peint en lettres de sang la date de sa mort dans sa propre chambre à coucher. Et ce jour se lèvera dans deux heures !
Oppressant, troublant, angoissant… L’un des romans les plus maîtrisés du numéro 1 allemand du thriller, qui une fois de plus, à l’image de ses personnages pervers, joue avec nos nerfs en virtuose.
Extraits : « Les appelants étaient rarement des hommes. En général, c’était des femmes qui avaient recours au service d’accompagnement téléphonique quand, en rentrant chez elles la nuit, elles devaient traverser des parkings souterrains, des rues désertes, voire une forêt. Peut-être avaient-elles travaillé tard, fuyaient-elles un rendez-vous déprimant, une soirée où leurs amies étaient restées… Soudain seules dans l’obscurité à une heure où l’on n’ose pas tirer sa famille du lit, elles se sentaient peu à peu gagnées par l’anxiété. Terrain vague désert, tunnel sombre ou raccourci mal choisi dans un quartier peu fréquenté leur inspirait le besoin d’être escortées. En cas de besoin, un compagnon téléphonique connaîtrait leur position exacte et pourrait rapidement leur envoyer de l’aide, même si cela n’arrivait que rarement. »
« On peut tomber de très haut quand on est au sommet, pensa Klara. »
Mon avis : En avril dernier, j’ai lu mon premier Sebastian Fitzek, Le cadeau, un thriller psychologique complexe qui m’avait beaucoup emballée. Je renouvelle l’expérience avec L’accompagnateur, une histoire toute aussi glaçante, que j’ai appréciée lire, que j’ai trouvé entraînante, mais dotée d’une intrigue un peu trop tarabiscotée.
Dans L’accompagnateur, Jules se retrouve au standard d’un service d’accompagnement pour les femmes en danger. Son rôle : les rassurer, les guider, leur parler, pour éviter qu’elles ne soient seules, ou dans les cas les plus graves, pour les aider. Un soir, il prend l’appel de Klara, une femme terrorisée par son mari violent, qui souhaite se donner la mort, seule échappatoire qu’elle ait trouvée pour échapper à son emprise. Jules va tenter de comprendre son histoire. Il découvre que Klara est victime de violences conjugales de la part de son mari, qui s’amuse à l’emmener dans des endroits lugubres pour la soumettre à des jeux de rôles pervers. Mais un jour, Klara se retrouve face à un dilemme inimaginable : un tueur en série, surnommé le « tueur au calendrier », lui demande de tuer son mari violent… le cas échéant, ce sera elle qui sera tuée.
C’est un thriller psychologique sombre, particulièrement complexe, où les personnages prennent la parole à tour de rôle pour nous livrer leur point de vue sur l’histoire. L’alternance des chapitres – assez courts, de surcroit ! – est intéressante et apporte une bonne dynamique au récit.
Malheureusement, je déplore l’imagination débordante de Sebastian Fitzek, qui m’a passablement perdue au fil du récit. L’histoire commençait bien, tout concordait, jusqu’à ce qu’on se perde dans les méandres d’une intrigue tirée par les cheveux, bien trop invraisemblable. Je trouve audacieux le fait de sortir des lignes et de proposer une histoire originale, éloignée des thrillers classiques, mais au final, on ressort confus et frustré de cette construction qui manque de concordance.
Néanmoins, il faut souligner la prise de position de l’auteur vis-à-vis de la thématique des violences conjugales. Ici, il met en scènes des femmes prises dans des situations particulièrement choquantes, comme notre protagoniste Klara, vendue à l’heure par son mari à des inconnus, filmé par ce dernier lors de jeux de rôle humiliants et sanglants, avant de mettre la vidéo en ligne sur des plateformes spécialisées. En Allemagne, pays de l’auteur, un service d’assistance téléphonique géré par des bénévoles existe réellement pour les femmes qui se sentent en danger – il n’est pas dédié uniquement aux victimes de violences, comme en France avec le 3919, mais concerne également les femmes qui rentrent seule du travail le soir où celles qui se retrouvent isolée dans un transport en commun et qui ressentent un sentiment de menace… Une initiative qui devrait être étendue à d’autres pays, tant l’idée est bonne et rassurante. Enfin, Sebastian Fitzek essaie d’apporter quelques réponses psychologiques qui ont mené le mari de Klara à de tels horreurs : une haine des femmes héréditaire, une enfance brisée, des traumatismes d’enfance… des éléments intéressants, qui nous poussent à réfléchir sur l’origine de la violence pour y apporter des semblants de solutions.
Un thriller psychologique complexe sur la violence conjugale. Un récit dynamique et bien mené, mais trop tarabiscoté, avec des situations totalement invraisemblables.
Ma note : 5,5/10
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ISBN : 978-2-8098-4336-1
Traduction : Céline Maurice