The Remnant Chronicles, livre 1 : The kiss of deception


The Remnant Chronicles, livre 1 : The kiss of deception de Mary E. Pearson
475 pages, éditions La Martinière fiction, à 20€


Résumé : Lia est princesse de Morrighan, un royaume englué dans ses traditions. En tant que première née de sa famille, elle doit épouser un prince dont elle ne sait presque rien et qu’elle n’a jamais rencontré… Mais leur union est capitale pour la bonne entente de leurs deux royaumes. Pour fuir ce destin tracé pour elle et la vie étriquée qui l’attend, Lia s’enfuit le matin de ses noces pour commencer une nouvelle vie dans l’anonymat le plus complet. Mais on n’humilie pas deux royaumes impunément… Les émissaires de son père se lancent sur sa piste. Le prince éconduit est bien décidé à la retrouver. Et un mystérieux assassin envoyé par un royaume tierce se lance à sa recherche. Lia ne sait pas qu’elle est traquée. Et quand deux hommes font irruption dans sa nouvelle vie, elle ignore que l’un deux est le prince, et l’autre l’assassin. Lia court un grave danger. Mais elle pourrait bien aussi tomber éperdument amoureuse et percer à jour les secrets et les complots qui gangrènent les royaumes.


Extraits« Tromper délibérément quelqu’un, ce n’est pas une erreur. C’est une décision froide et calculatrice. Surtout lorsque la victime est une personne que l’on prétend aimer. »

« Il y a deux façons d’affronter l’inévitable : y aller à reculons ou passer à l’offensive. »


Mon avis : En ce moment, je sors de ma zone de confort littéraire pour découvrir des titres assez éloignés de mon genre de prédilection. Ici, avec ce roman Young Adult tourné vers le fantastique, c’est pour moi un saut dans l’inconnu le plus total… mais un saut réussi ! En effet, j’ai vraiment adoré cette lecture. Sorte de conte de fée revisité, nous suivons Lia, une jeune princesse engluée dans les traditions de son royaume, qui n’aspire qu’à la liberté et à l’indépendance. Alors qu’elle est promise par son père au fils du roi d’à côté, Lia décide de s’enfuir, laissant derrière elle ses proches, son devoir et son identité de princesse. Elle chevauche durant des jours aux côtés de sa fidèle servante Pauline, avant d’atterrir dans un charmant village, où les deux jeunes femmes reconstruiront leurs vies et leurs identités, en travaillant notamment dans une auberge comme serveuses. Mais on ne peut pas disparaître aussi facilement dans la nature… deux hommes se lancent à la poursuite de la princesse : son prince, celui pour lequel elle était promise, désireux d’en apprendre plus sur cette jeune femme au tempérament bien trompé ; puis un mystérieux assassin, envoyé par un autre royaume pour assassiner Lia. Ils la retrouvent, se cachent, la jaugent, s’engouffrent dans son quotidien pour mener à bien leurs missions respectives.

Le roman se découpe en plusieurs chapitres qui donnent la parole à nos trois protagonistes : Lia a la part de parole la plus conséquente, avec de longs chapitres consacrés à son point de vue ; puis Rafe et Kaden, le prince et le meurtrier, héritent eux aussi de chapitres, mais bien moins étoffés que ceux de Lia. Petite particularité pour ces deux hommes : Mary E. Pearson, désireuse de laisser planer le doute sur l’identité du prince et du meurtrier, ne révèle pas qui de Rafe ou de Kaden est quel personnage. Par ce mystère supplémentaire, une certaine tension vient accroître les pages du livre, car notre jeune Lia se rapproche dangereusement de l’un des hommes… qui pourrait être son meurtrier !

J’ai beaucoup aimé la dynamique du récit, de part l’alternance des chapitres d’une part, mais aussi par la rythmique des actions, assez nombreuses, qui s’enchaînent avec aisance et fluidité. Pour être tout à fait claire : on ne s’ennuie pas une seule seconde avec cette histoire ! Certains diront que c’est un conte de fée revisité déjà vu et lu plusieurs fois ; même si le récit n’est pas totalement novateur, j’ai été totalement happée dans l’histoire, j’ai appréciée découvrir Lia et suivre ses nombreuses aventures.

Enfin, l’auteure a réussie à me plonger dans un univers reculé, sans doute moyenâgeux, un monde dangereux, en guerre, où s’affronte plusieurs clans redoutables. Nous intégrons un petit village typique d’antan, avec des tours d’ivoire, des chevaux de trait et des traditions singulières. Elle mêle à cette atmosphère d’antan une pincée de magie, que l’on retrouve dans des mystérieux livres anciens qu’essaie péniblement de déchiffrer Lia, dans des dons et pouvoirs surnaturels rapidement évoqués, des créatures mythiques du fantastique (je pense notamment au dragon, qui n’apparaît pas clairement dans l’histoire, mais qui est évoqué à plusieurs reprises). Ainsi, Mary E. Pearson met timidement en place une atmosphère particulière, que j’espère voir encore plus approfondi dans le deuxième tome de cette saga.


Un premier tome réussi, dynamique, addictif, qui mêle habilement romance, fantastique et guerre de pouvoir. J’attends la suite avec beaucoup d’impatience.

Ma note : 8/10

Pour lire plus d’avis

 

ISBN : 978-2-7324-9904-8
Traduction : Alison Jacquet-Robert

L’été de tous les possibles


L’été de tous les possibles de Jennifer Niven
448 pages, éditions Gallimard jeunesse


Résumé : Le divorce de ses parents à digérer, une amitié trahie à encaisser et les vacances de ses rêves annulées… L’été s’annonçait plutôt mal pour Claudine, condamnée à traîner son mal-être sur une île perdue sans aucun réseau. Sa rencontre avec Jeremiah va tout changer.


Extraits« Tu as été mon premier. Pas seulement pour le sexe, même si c’est un tout, mais le premier à voir clair en moi, au-delà des apparences.« 

« Parce que, après un deuil, on est comme un fantôme dans son propre corps. On se voit dire et faire des choses en spectateur. On a besoin de quelque chose pour revenir sur terre, se prouve qu’on est toujours en vie. Pour ressentir une émotion. Quelle qu’elle soit. »


Mon avis : Claudine se souviendra de cet été à tout jamais. En effet, c’est l’un des plus durs qu’elle aura a supporter de sa vie : ses parents divorcent, c’est tout son monde qui s’écroule. Pour pallier à cette nouvelle, sa mère l’emmène avec elle en vacances durant un mois sur une île isolée, sur la trace de leurs ancêtres. Là-bas, totalement coupée du monde extérieur, Claudine va se recentrer sur elle-même et tenter de se reconstruire tant bien que mal. Fort heureusement, elle pourra compter sur l’aide de ses nouveaux amis, travailleurs saisonniers sur l’île, et en particulier sur Jeremiah, un jeune homme particulièrement séduisant, avec qui elle va vivre une douce romance.

J’ai beaucoup aimé suivre l’évolution de l’histoire d’amour qui se noue sous nos yeux. Tout en pudeur, douceur et poésie, Claudine et Jeremiah vont se rapprocher, apprendre à se connaître, se chercher, se séduire. Leur jolie histoire n’est pas sans rappeler les amourettes d’été que chacun d’entre nous a déjà dû connaître un jour ou l’autre. On ressent avec clarté toutes les émotions qui traversent Claudine face à ce premier amour : l’expérience nouvelle, la peur de la séparation, l’espoir des sentiments réciproques, la joie de partager des choses à deux.  Fatalement, comme toutes les bonnes choses ont une fin, le nuage noir de la fin des vacances pèse constamment au-dessus de leur tête. Un compte-à-rebours qui les pousse à profiter au maximum du temps qui leur est accordé d’être ensemble.

En parallèle de ces premiers émois d’adolescents, c’est une véritable crise familiale que Claudine et sa mère traversent. Le pilier de la famille a décidé de se séparer d’elles ; une situation difficile à comprendre, à expliquer, à accepter, mais pourtant bien inévitable. Elles vont devoir faire face à deux, continuer à vivre, essayer de pardonner et se reconstruire malgré tout. Fort heureusement, Claudine trouve dans ses nouveaux amis, un soutien indispensable face à cette situation exceptionnelle.

Le récit prend place dans un cadre particulièrement paradisiaque : au coeur d’une petite île sauvage, reculée, peu touristique, où le réseau Internet a du mal à passer, où l’authenticité des lieux et des habitants permettent de se déconnecter des tracas habituels pour se reconnecter à l’essentiel. Les lieux sont propices à la rêverie, à l’évasion, mais ils sont aussi source de mystères. En effet, nos deux protagonistes ont des ancêtres qui ont naguère vécues sur cette île : elles cherchent à en découvrir plus sur leurs histoires respectives.


Une romance émouvante, pleine d’émotions, sur les premiers émois des amours de vacances, le déchirement d’une famille, la reconstruction, la quête de soi. J’ai beaucoup aimé le cadre paradisiaque de l’histoire, l’ambiance légère et poétique des lieux, qui fait de ce récit un livre parfait pour l’été !

Ma note : 8/10

Pour lire plus d’avis

 

ISBN : 978-2-07-515263-1
Traduction : Vanessa Rubio-Barreau

Ranee, Tara, Sonia, Chantal, Anna


Ranee, Tara, Sonia, Chantal, Anna de Mitali Perkins
344 pages, éditions Bayard, à 14,90€


Résumé : Des années 1960 aux années 2000, cinq femmes cherchent leur propre voie, entre leur culture indienne et le rêve américain auquel elles aspirent. Ranee migre avec sa famille du Bengale à New York pour une vie meilleure. Tara, sa première fille, est admirée par tous, mais se sent obligée de jouer un rôle pour continuer à être aimée. Sonia, sa cadette, rebelle et engagée, provoque un véritable séisme au sein de la famille lorsqu’elle tombe amoureuse. Chantal, la fille de Sonia, talentueuse danseuse et athlète, est prise dans une lutte entre ses deux grands-mères et ses origines. Anna, enfin, reproche à sa mère, Tara, de l’avoir forcée à quitter l’Inde pour les États-Unis et doit trouver sa place à New York.

Le fragile équilibre que les femmes de la famille Das peinent à trouver est chaque jour menacé par des blessures qui mettront des générations à cicatriser…


Extraits« De toute façon, je n’ai besoin que de deux choses pour me sentir chez moi n’importe où. La première, ce sont les livres – et j’en ai trois kilos qui me cognent la hanche à chaque pas. La seconde est cachée dans le tiroir du bas de la commode et n’attend que mon stylo pour noircir ses pages.« 

« J’adore les bibliothèques. Pour moi, une bibliothèque c’est une mine d’histoires, un havre de paix. L’odeur poussiéreuse des livres me chavire autant que le parfum de ma grand-mère quand j’étais petite. »


Mon avis : Ranee, Tara, Sonia, Chantal et Anna, ce sont cinq femmes de la même famille, séparées en trois générations distinctes. Ranee, c’est la mère indienne, le pilier de la famille, qui s’est exilée aux États-Unis avec son mari pour chercher une vie meilleure. Ensemble, ils ont eu deux filles : Tara, l’aînée, belle et admirée et Sonia, la cadette rebelle et provocatrice. Enfin, les deux soeurs ont également eu des filles : Sonia a eu Chantal et Tara, Anna.

Il est facile de se perdre parmi ce trop-plein de prénoms féminins et surtout de s’y retrouver dans l’arbre généalogique de cette grande famille. Il aurait sans doute été judicieux d’axer le récit autour d’une seule femme, pourquoi pas Sonia, que j’ai beaucoup aimé, qui est une jeune femme courageuse, engagée en faveur de combats sociaux importants (l’égalité des sexes, le racisme, entre autres thématiques…). Malheureusement, ici, l’auteure brosse un portrait global de chacune des femmes, sans s’attarder sur aucune en particulier : ainsi, je n’ai pas réussie à m’attacher à l’une ou l’autre.

Mitali Perkins, notre auteure, est née à Calcutta, la capitale d’un état de l’Inde, appelée Bengale, avant d’émigrer vers les États-Unis. Dans l’histoire familiale et sociale qu’elle dépeint de Ranee, Tara, Sonia, Chantal, Anna, il y a donc un peu de son histoire personnelle. Elle raconte notamment les difficultés d’intégration dans un pays nouveau, à la culture différente, les préjugés et stéréotypes des américains, le racisme face à leurs origines indiennes, leurs traditions qui persistent, malgré les milliers de kilomètres qui les sépare de leur pays natal. Ainsi, Mitali Perkins nous en apprend plus sur sa culture d’origine, avec notamment la mention de termes typiquement indiens, comme les coutumes bengali, les saris et salwars que portent certains personnages et bien d’autres encore. C’était très enrichissant d’un point de vue personnel, raison pour laquelle je pense que ça aurait mérité d’être encore plus accentué.

En effet, l’ensemble du récit est agréable à parcourir, les thématiques principales sont intéressantes, mais elles sont traitées bien trop superficiellement. Près d’une semaine après la fin de ma lecture, il ne me reste plus qu’un vague souvenir des personnages et de la trame principale de l’histoire. C’est dire si ceux-ci m’ont marqué.


Une histoire intéressante, reflet d’une partie importante de la vie de l’auteure : elle met en scène une famille de femmes indiennes, émigrée aux États-Unis. J’ai passé globalement un bon moment, même si j’aurais bien aimé que l’histoire soit plus creusée. 

Ma note : 5/10

Pour lire plus d’avis

 

ISBN : 978-2-7470-9894-6
Traduction : Pascale Jusforgues

La rue qui nous sépare


La rue qui nous sépare de Célia Samba
394 pages, éditions Hachette romans, à 18€


Résumé : Noémia a dix-neuf ans, Tristan vingt et un. Ils se croisent tous les jours, ils se plaisent, c’est évident. Mais Noémia est étudiante et Tristan est sans-abri. Entre eux, il y a le froid, la société; entre eux, il y a la rue… qui pourrait se révéler difficile à traverser.


Extraits : « Ne laisse pas leur manque d’humanité te faire perdre la tienne. »

« Les avis des gens, c’est comme la position d’une balançoire : toujours différentes, souvent contradictoires. »


Mon avis : Après avoir tant entendu parler de ce roman, j’ai enfin pu l’avoir entre mes mains et le lire assidûment ! L’histoire est simple : une étudiante, nommée Noémia, vivant à Paris en colocation avec son cousin et sa cousine, fait la rencontre d’un jeune sans abri, Tristan, dont elle s’éprend bien malgré elle. Faisant fi de leurs différences socio-culturelles ainsi que de leurs situations respectives, les deux jeunes gens vont se lier d’amitié et entretenir une relation qui défie les préjugés.

Un roman puissant sur les différences. On plonge dans la vie de ce jeune sans-abri, dont la survie est quotidienne. Tristan n’a plus de famille, pas de logement ni d’argent, il ne travaille pas et est obligé de mendier pour pouvoir manger. Chaque jour, il est confronté aux regards de pitié, d’incompréhension, de haine parfois, ou à l’indifférence, cruelle, froide. Quand Noémia lui insuffle un semblant de réconfort en lui apportant une crêpe au sucre, Tristan sent instantanément que cette jeune fille est différente des autres. Elle se moque des différences qui peuvent exister entre eux. Mais bien vite, elle se retrouve rattrapée par ses préjugés. Quand on parle d’un sans-abri, on pense forcément à une personne alcoolique, violente, déshumanisée. La jeune fille ne peut s’empêcher de nourrir des craintes à l’encontre de Tristan, ce jeune homme de prime abord bienveillant, qui n’en reste pas moins un inconnu qui vit dans la rue. Noémia et Tristan développent une relation pudique, atypique, qui sort des sentiers battus et des règles de bienséance. Un duo improbable certes, surprenant, mais touchant, qui peut émouvoir aux larmes. 

De nombreuses thématiques liées à la précarité sont abordées : l’alcoolisme, le proxénétisme, la drogue, la violence, le froid, la faim, la peur… Des sujets sombres, mis en parallèle du message d’humanisme pur qui se dégage des personnages et de leurs actions, des nombreuses lueurs d’espoir qui viennent espérer une échappatoire à la précarité de Tristan. Noémia, comme un phare dans l’obscurité, vient éclairer l’existence de Tristan et lui apporter toute la gentillesse et la générosité dont il a besoin pour retrouver goût à la vie. On ne peut s’empêcher de s’associer à Noémia : qu’aurions-nous fait à sa place ? On s’interroge, on se remet en question, on voit la vie différemment.

À travers cette histoire émouvante, l’auteure sensibilise son jeune lectorat aux problèmes des personnes en situation d’extrême précarité. En France, ce sont près de 300 000 personnes qui vivent dans la rue ; un chiffre en constante évolution depuis de nombreuses années. Chacun, à son échelle, peut contribuer à apporter un peu de chaleur, de sourire et de soutien à ces personnes, souvent isolées, seules, désespérées. Cette histoire peut permettre de changer notre regard, ainsi que nos actions quotidiennes, aussi infimes soient-elles, pour apporter un peu de réconfort aux sans abris. Sachez qu’en achetant La rue qui nous sépare, 1€ est reversé à l’association La Cloche, qui lutte contre l’exclusion des personnes sans abri. Une manière simple et solidaire de commencer à s’impliquer auprès des personnes dans le besoin.

Enfin, sans vouloir aborder trop nettement le dénouement, sachez que Célia Samba a imaginé deux finalités disjointes à son histoire. L’une est réaliste, brute, froide ; tandis que l’autre est une fin alternative plus romancée. Même si je n’adhère pas forcément aux doubles fins, je comprends l’intérêt de l’auteure de ne pas trop brutaliser son public cible – des jeunes adolescents, à partir de 13 ans – avec la première fin crue et pourtant bien trop concrète. Elle m’a d’ailleurs tiré les larmes, ce qui est très rare !


Un roman young adult touchant sur les sentiments qui peuvent naître au-delà des différences. Un sujet délicat, traité avec tendresse et réalisme, qui pourra, je l’espère, apporter une autre vision des sans-abris.

Ma note : 8/10

Pour lire plus d’avis

 

ISBN : 978-2-01-714021-4

Signé poète X


Signé poète X de Elizabeth Acevedo

381 pages, éditions Nathan


Résumé : Harlem.
Xiomara a 15 ans et un corps qui prend plus de place que sa voix : bonnet D et hanches chaloupées. Contre la rumeur, les insultes ou les gestes déplacés, elle laisse parler ses poings. Étouffée par les préceptes de sa mère (pas de petit ami, pas de sorties, pas de vagues), elle se révolte en silence. Personne n’est là pour entendre sa colère et ses désirs. La seule chose qui l’apaise, c’est écrire, écrire et encore écrire. Tout ce qu’elle aimerait dire. Transformer en poèmes-lames toutes ses pensées coupantes.
Jusqu’au jour où un club de slam se crée dans son lycée. L’occasion pour Xiomara, enfin, de trouver sa voix.


Extraits « Les profs rabâchent
que chaque rentrée
est un nouveau départ,
mais cette année
je sais que j’ai
déjà beaucoup changé. »
« Ce qui
m’apaise
c’est mon carnet,
écrire écrire écrire,
tout ce que j’aurais voulu dire,
transformer en larmes de poèmes
toutes mes pensées coupantes,
les imaginer trancher net
mon corps pour
que j’en
sorte. »

Mon avis : Quelle surprise que ce roman ! En le débutant, je ne pensais pas l’aimer autant, et pourtant, je me suis laissé guider dans l’univers si particulier d’Elizabeth Acevedo.

Xiomara est une jeune adolescente noire qui vit à Harlem, un quartier bien connu pour accueillir une population afro-américaine nombreuse. Elle y vit avec ses parents et son frère jumeau, ou plutôt tente d’y survivre. Car Xiomara souffre de son physique avantageux, des réflexions  provocantes quotidiennes des garçons, des préceptes religieux envahissants de sa mère, de sa main-mise sur sa vie, la contraignant à ne pas sortir le soir, à ne pas voir de garçon, à l’accompagner à l’église… Xiomara va se rebeller de la plus belle des manières qui soit : en silence, à travers de magnifiques poèmes, haïkus et slams, qui racontent son quotidien et toutes les difficultés dont elle doit faire face.

Ce qui frappe dès que l’on ouvre ce livre, c’est l’originalité de la mise en forme. Loin des romans traditionnels, Signé poète X est écrit comme un poème, sorte de vers jetés ça et là sur la page. Il faut un petit temps d’adaptation avant de s’y faire, mais rassurez-vous, on se laisse facilement embarquer par la plume de l’auteure et ses magnifiques écrits.

Xiomara se fait la voix de milliers de femmes, qui sont quotidiennement embrigadées, jalousées, critiquées, obligées de se cacher ou d’obéir à des voix et lois incohérents. Elle raconte le harcèlement, le sexisme, la misogynie, la servitude… des thématiques fortes qui tranchent avec la douceur des mots utilisés. J’ai été à plusieurs reprises touchée par cette protagoniste, qui se montre docile au quotidien, mais qui couche sa détresse par écrit. Sa relation avec sa mère m’a particulièrement touché : dévouée corps et âme à la religion, cette dernière ne conçoit pas qu’il n’en soit pas de même pour sa fille, alors que Xiomara ne perçoit pas la vie de la même manière que sa mère. On y retrouve des scènes assez violentes, des paroles échangées fortes, qui frappent et ne laissent pas indifférent. Mais toujours, les poèmes de Xiomara les retranscrivent avec douceur.

J’ai beaucoup aimé la protagoniste, qui, même fragilisée par la vie, reste forte, la tête haute, et mène ses combats avec ses propres armes : les mots. Un personnage engagé, qui sait ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas, qui n’hésite pas à se mouiller et à suivre son propre chemin.


Un roman original rédigé entièrement en vers. Une histoire engagée et poignante, qui ne laisse pas indifférent. Je le recommande ! 

Ma note : 9,5/10

Pour lire plus d’avis