Vietnamiens


Vietnamiens de Benoît de Tréglodé
154 pages, éditions Ateliers Henry Dougier, à 14€


Résumé : Le Viêtnam : un pays des dualités.
Le Viêt Nam change ! L’avenir de ce pays de bientôt 100 millions d’habitants ne se réduit plus aux tumultes de l’histoire du siècle dernier, ni aux seules logiques de contrôle étatique. Bien sûr le passé, si proche de notre histoire, est encore présent mais se dessine un avenir résolument dynamique et orienté vers l’Asie du XXIe siècle.
Benoît de Tréglodé donne la parole à des hommes et des femmes de tout âge, de toutes conditions, citadins, ruraux, jeunes ou vieux, riches ou pauvres, des personnes proches du pouvoir ou opposants de longue date. Ils nous livrent leur Viêt Nam, tel qu’ils le vivent aujourd’hui.


Extraits« Dans l’esprit de beaucoup de Vietnamiens, le terme « Viêt Nam » exprime une volonté de dépassement, l’idée de s’affranchir, d’aller au-delà. »

« En 2008, l’Assemblée nationale a voté l’expansion de Hanoi. La capitale vietnamienne est devenue la 17e plus grande capitale du globe, avec une superficie de plus de 3 300 kilomètres carrés (une taille 3,6 fois supérieure à celle de l’ancienne ville), et sa population a augmenté de 80%, passant de 3,4 à 6,2 millions d’habitants. Pham Tuong Van regarde cette nouvelle ville se transformer. Les nouveaux giga-projets de transport (routes surélevées, périphériques), les futures lignes de métro et l’élargissement de nombreuses rues saignent la ville pour relier le vieux centre de plus en plus réduit à la portion congrue, le vieil Hanoi, aux nouveaux espaces conquis sur les rizières des zones périphériques. Des rangées d’arbres plusieurs fois centenaires bordant les rues ne résistent pas à cette vague de spéculation foncière. Des dizaines de lacs et d’étangs sont recouverts ; le lac de l’Ouest, poumon vert de Hanoi, a perdu près de 80 hectares de superficie. Hanoi se transforme lentement en un bloc de béton nu et sans vie. »


Mon avis : J’envisage de partir quelques semaines cet été au Vietnam, ce pays aux paysages tant convoités par les touristes ces dernières années, qui me donnent des étoiles dans les yeux et des papillons dans le ventre. Grâce à Babelio, j’ai eu la chance de recevoir un essai sur ce pays, dans lequel Benoît de Tréglodé a recueilli de nombreux témoignages de vietnamiens et vietnamiennes, qui présentent leur pays sous différents angles. On y retrouve des artistes peintres, une chanteuse, des professeurs, scientifiques, journalistes, écrivains… chacun ont un lien particulier avec le Vietnam et décident de livrer leur vision de ce pays qui les a vu naître.

J’ai beaucoup aimé la diversité des thématiques abordées, dont la majeure partie sont des stéréotypes que nous, européens, nous faisons de ce pays. On y parle de son histoire culturelle, politique et géographique, avec les différentes guerres qui s’y sont succédées ces dernières années, les querelles avec la France, les États-Unis, la Chine, l’influence de ces pays sur l’ensemble du peuple vietnamien. Mais on y découvre également la réalité de la vie, qu’elle soit urbaine ou rurale, l’évolution des coutumes et traditions, l’ouverture économique, touristique et professionnel du Vietnam sur le monde occidental, mais aussi le changement de mentalité qui s’y opère. Bien que la censure y demeure encore présente, des questions comme l’homosexualité commence à devenir moins taboue dans la sphère familiale des vietnamiens.

Ce récit représente une belle introduction à la découverte de ce beau pays. J’ai trouvé l’ensemble des témoignages très intéressants et instructifs. Le travail de recoupement opéré par Benoît de Tréglodé a dû demander du temps et beaucoup d’investissement ; mais le résultat est très bon ! J’aurais néanmoins apprécié découvrir quelques photos, que ce soit les portraits des personnes qui témoignent ou des photos des paysages et de la vie Vietnamiens ; cela aurait rendu le récit encore plus vivant et réaliste.


Un essai concluant, qui nous en apprend plus sur la culture, l’histoire et les traditions du Vietnam. Un livre plein d’humanité, recherché et assez enrichissant. Néanmoins, quelques photos ou portraits auraient été appréciés !

Ma note : 6,5/10

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ISBN : 979-10-312-0242-6

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Ne dites pas à mes filles que je suis devenu écolo, elles me croient publicitaire !


Ne dites pas à mes filles que je suis devenu écolo, elles me croient publicitaire ! de Jacques Séguéla

219 pages, éditions Coup de coeur, à 19€


Résumé : Les Terriens, pour une fois unis, se sont mobilisés face à l’impitoyable crise sanitaire et économique qui aurait pu les terrasser. Reste à nous occuper de notre mère, la Terre. Qu’adviendra-t-il d’elle et de nous en 2050 si nous ne changeons rien à nos modes de consommation, de vie, d’être. Le Covid-19 nous y a d’ailleurs déjà contraints. Climat en furie, biodiversité en disparition, eau en pénurie, démographie en rut, intelligence artificielle en liberté, conquête spatiale en folie et capitalisme en question ; notre avenir sera ce que nous en ferons. Le pire est évitable. Au long de ces pages, j’ai rassemblé chiffres, études, données, propos, idées, autant de raisons d’espérer.

« Les optimistes ont inventé l’avion, les pessimistes, le parachute. Restons dans l’avion ! » Jacques Séguéla


Extraits : « Le pire a toujours une part de meilleur, le drame morbide que nous avons vécu a eu ses lueurs d’espoir. »

« Il n’est jamais trop tôt pour savoir qu’il n’est pas trop tard. »


Mon avis : Je m’intéresse depuis plusieurs années aux évolutions climatiques de notre planète, aux solutions qui sont mises en place par les différents états, tant au niveau individuel que collectif. C’est pourquoi, en juillet dernier, je me suis plongé dans l’essai de Jean Jouzel et Baptiste Denis, Climat – Parlons vrai, un scientifique et un journaliste français qui vulgarisaient les problématiques climatiques pour nous permettre de comprendre les enjeux critiques environnementaux de notre planète. J’avais pris énormément de plaisir à parcourir cet ouvrage, très instructif, accessible à tout public et prenant : on se sent concerné, on comprend les problématiques et on a envie d’agir !

Malheureusement, je n’ai pas été tant enthousiasmée par le livre de Jacques Séguéla. Pour celles et ceux qui ne le connaissent pas, c’est un publicitaire de renom, qui n’a plus rien à prouver. Avec plus de 1500 campagnes publicitaires à son actif, dont 22 présidentielles, il s’est fait une place de roi, dans l’ombre de la vie des français. Il a prouvé son talent de publicitaire et tente de mettre sa notoriété au service d’une cause juste, qui l’intéresse : l’écologie. La cause est noble, mais la manière de la traiter l’est moins.

L’auteur parcourt rapidement les nombreuses thématiques qui font couler l’encre des écologistes : le réchauffement climatique, la fonte des glaces, la colonisation de la Lune, les innovations urbaines, les pesticides… bref, il balaie largement tous ces sujets si connus, qui tendent à se médiatiser davantage d’année en année… mais il ne s’attarde aucunement sur l’un en particulier. Au final, on n’apprend pas grand chose dans ce livre, on se rappelle seulement des conséquences de nos actions sur la planète.

J’aurais pensé que l’auteur, venu tout droit du monde publicitaire, aurait eu l’originalité d’apporter sa patte de créateur à ces thématiques. Ainsi, je m’étais imaginé découvrir des slogans coups de poing, des idées de communications singulières qui auraient pu servir l’écologie, faisant grand bruit dans les médias afin de réveiller les consciences. Hélas, point de chose de genre, pour mon plus grand désespoir : il cite quelques exemples de publicités – bien trop rares -, qui ont réveillées des consciences (la ménagère qui rince sa vaisselle avant de la mettre au lave-vaisselle, par exemple, va changer de comportement après avoir visionnée un reportage sur la pénurie d’eau), puis il invite les publicitaires, par quelques phrases jetées à la volée ici et là, à utiliser plus largement la publicité à bon escient. Malgré tout, je salue l’optimisme de l’auteur face à ces drames écologiques. Bien que peu contagieux – il n’avance aucun chiffre, ne cherche pas à convaincre son auditoire, seulement à montrer les faits -, il est tout de même agréable de lire du positif, surtout dans le contexte sombre actuel.


Un essai qui sert une cause juste – l’environnement -, qui introduit auprès des lecteurs les défis écologiques de demain, tout en incitant les publicitaires à communiquer autrement. Le message est bon, mais survolé, écrit avec trop de légèreté, de superficialité, il en devient beaucoup moins fort. 

Ma note : 4/10

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ISBN : 979-10-7002-002-9

Pour en savoir plus sur le livre de Jacques Séguéla, ses convictions écologiques et son envie de refondre un monde publicitaire au service de l’environnement, je vous invite à découvrir son interview donnée lundi 26 octobre 2020 à Sud Radio :

La fabrique du crétin digital


La fabrique du crétin digital de Michel Desmurget

558 pages, éditions Points, à 8,90€


Résumé : La consommation du numérique sous toutes ses formes – smartphones, tablettes, télévision, etc. – par les nouvelles générations est astronomique. Dès 2 ans, les enfants des pays occidentaux cumulent chaque jour presque 3 heures d’écran. Entre 8 et 12 ans, ils passent à près de 4 h 45. Entre 13 et 18 ans, ils frôlent les 6 h 45. En cumuls annuels, ces usages représentent autour de 1 000 heures pour un élève de maternelle (soit davantage que le volume horaire d’une année scolaire), 1 700 heures pour un écolier de cours moyen (2 années scolaires) et 2 400 heures pour un lycéen du secondaire (2,5 années scolaires).
Contrairement à certaines idées reçues, cette profusion d’écrans est loin d’améliorer les aptitudes de nos enfants. Bien au contraire, elle a de lourdes conséquences : sur la santé (obésité, développement cardio-vasculaire, espérance de vie réduite…), sur le comportement (agressivité, dépression, conduites à risques…) et sur les capacités intellectuelles (langage, concentration, mémorisation…). Autant d’atteintes qui affectent fortement la réussite scolaire des jeunes.
 » Ce que nous faisons subir à nos enfants est inexcusable. Jamais sans doute, dans l’histoire de l’humanité, une telle expérience de décérébration n’avait été conduite à aussi grande échelle « , estime Michel Desmurget.
Ce livre, première synthèse des études scientifiques internationales sur les effets réels des écrans, est celui d’un homme en colère. La conclusion est sans appel : attention écrans, poisons lents !


Extraits : « La consommation récréative du numérique – sous toutes ses formes (smartphones, tablettes, télévision, etc.) – par les nouvelles générations est absolument astronomique. Dès 2 ans, les enfants des pays occidentaux cumulent chaque jour presque 3 heures d’écran en moyenne. Entre 8 et 12 ans, ils passent à près de 4h45. Entre 13 et 18 ans, ils effleurent les 6h45. Exprimé en cumul annuel, cela représente autour de 1 000 heures pour un élève de maternelle (soit davantage que le volume horaire d’une année scolaire), 1 700 heures pour un écolier de cours moyen (2 années scolaires) et 2 400 heures pour un lycéen du secondaire (2,5 années scolaires). Exprimé en fraction du temps quotidien de veille, cela donne respectivement un quart, un tiers et 40%. »

« Penser dans le vide, ce n’est pas penser, c’est divaguer. »


Mon avis : Nous passons de plus en plus de temps derrière nos écrans. Télévision, téléphone portable, tablette… ils sont partout, monopolisent notre temps, notre concentration, perturbent notre sommeil, interfèrent sur nos pratiques langagières, sans que nous arrivions à les en empêcher. La fabrique du crétin digital est un essai condensé, hyper documenté, sur tous les aspects du numérique et de son influence sur les nouvelles générations en particulier. À travers des exemples concrets, des graphiques, statistiques et expériences scientifiques, comportementales, physiques et psychiques, Michel Desmurget, docteur en neurosciences cognitives, directeur de recherche de l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médical), nous dresse  un état des lieux global de la situation actuelle.

Sous forme de pamphlet contestataire, il alerte sur les dangers du numérique pour nos jeunes générations. En effet, à travers des tableaux statistiques et comparatifs, on se rend compte avec effarement de la consommation excessive des écrans pour les loisirs chez les enfants en priorité, mais aussi très clairement chez les adultes. Mais c’est chez les jeunes que cela est le plus dangereux, puisque les écrans contribuent à freiner leur épanouissement intellectuel, émotionnel et sanitaire.

Attention, cet ouvrage n’est pas moralisateur, il tend avant tout à informer et alarmer les parents, futurs parents et/ou adolescents, pour permettre une prise de conscience, et pourquoi pas, un changement de comportement vis-à-vis des écrans. Pour appuyer ses bonnes intentions, l’auteur va même jusqu’à regrouper plusieurs solutions aux nombreux problèmes cités : pas d’écrans avant 6 ans, un temps limité au-delà, un accès surveillé, des créneaux-horaires aménagés (pas le matin ni le soir)… autant d’éléments qui peuvent permettre d’améliorer les situations de chacun.

C’est un ouvrage instructif, que ce soit pour moduler nos consommations des écrans, pour les adapter à nos proches, à nos enfants, ou seulement pour enrichir notre culture générale sur les pratiques marketing modernes, sur leur influence néfaste et les dangers qu’ils peuvent produire sur l’être humain. C’est une thématique large, pas facile à aborder, qui demande de la réflexion et une bonne part de disponibilité. La plupart d’entre nous sommes conscients de la part nocive des écrans sur notre quotidien, mais cet ouvrage apporte maintes preuves troublantes sur les conséquences que peuvent avoir l’usage abusive des écrans. Bien que conscients, le plus dur reste de se désintoxiquer soi-même, ou du moins de réduire en partie notre temps passé devant les écrans récréatifs, avant de pouvoir faire une quelconque morale à nos jeunes.

Bien évidemment, cet essai ne se lit pas forcément comme un roman, libre à vous de choisir les chapitres qui vous intéressent en particulier, d’en sauter certains, de revenir sur d’autres. Il peut se lire de façon désordonné, sans toutefois que l’on se perde dans les paroles de l’auteur et c’est bien là tout l’intérêt du format.

Néanmoins, j’ai eu du mal à accrocher au ton de Michel Desmurget. Attention, je ne reproche absolument rien à son style narratif, que j’ai trouvé extrêmement bien travaillé, ciselé avec précision, mais à son ton de voix. Je l’ai trouvé accusateur, sarcastique, froid, pessimiste et très alarmant. Il ne consacre qu’un seul chapitre – un des plus courts, au demeurant -, aux solutions possibles pour contrer ces nombreux problèmes. À mon sens, il est bon d’être alarmiste et de pointer du doigt ce qui ne fonctionne pas, mais il est tout aussi important d’apporter des solutions à mettre en pratique immédiatement pour contrer ces dangers. J’ai parfois été agacée par l’auteur, je l’avoue, par son verbiage vitupérant, qui attaque frontalement et peut démoraliser les esprits les plus faibles. Ajoutons à cela les quelques passages rébarbatifs qui s’étirent tristement en longueurs… heureusement que le saut de pages était permis et que le fond du sujet était quand même intéressant !


Un essai instructif mais alarmant sur la nocivité des écrans. Bien documenté, doté de réflexions approfondies et facilement intelligibles, ce livre, provocateur, accusateur, est à mettre entre toutes les mains !

Ma note : 6,5/10

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ISBN : 978-2-7578-8683-0

Climat – Parlons vrai


Climat – Parlons vrai de Jean Jouzel et Baptiste Denis

206 pages, éditions François Bourin, à 16€


Résumé : Est-il trop tard pour sauver le climat ? Une justice climatique est-elle possible ? Que penser du « capitalisme vert » ? La collapsologie est-elle aussi paralysante que le climato- scepticisme ? Autant de questions, et bien d’autres, abordées ici par Jean Jouzel, l’un des plus grands climatologues français, et Baptiste Denis, jeune citoyen engagé. Entre mises au point scientifiques et réflexion sur nos responsabilités, Climat. Parlons vrai propose une analyse lucide de la situation et confronte deux générations dans un dialogue juste et sans langue de bois.


Extraits : « Alors qu’elles ont tant à apprendre l’une de l’autre, les générations ne s’écoutent pas. Elles ne s’entendent plus. La nouvelle reproche à la précédente son laxisme, voire son inconscience. La précédente estime qu’elle ne savait pas et ne pouvait rien faire. Qui croire ? La vraie question est bien plus profonde. Nous n’avons pas le temps de réfléchir aux coupables qui nous ont menés à cet ultimatum écologique. Nous n’avons le temps que de trouver les réponses et de les mettre en place. Une fois cette transition mise en oeuvre, nous saurons qui juger. »

« Ce qui est intéressant, c’est que les Gilets jaunes militent pour la fin du mois et les jeunes contre la fin du monde. »


Mon avis : Quelle surprise que ce livre ! L’environnement est un sujet clé de notre époque, une thématique incontournable qui nous concerne tous. Curieuse d’en apprendre davantage sur ces problématiques et sur les solutions qui sont à notre portée, je me suis laissé guidée par Jean Jouzel et Baptiste Denis, dans un dialogue constructif et bienveillant entre scientifique et journaliste. Le choix du format est original et m’a beaucoup plût : à mi-chemin entre une interview classique et un documentaire, les deux hommes discutent sans filtre des grands enjeux de l’impact environnemental pour les années à venir.

La thématique est complexe, mais les deux auteurs la rendent accessible et compréhensible à tous, érudits ou novices en la matière. J’ai trouvé ça vraiment gratifiant le fait de pouvoir aborder des thématiques scientifiques aussi complexes d’une manière aussi simple. Les deux auteurs se mettent à la portée de tous et c’est ce qui rend cet essai si intelligent. Je ne vais pas vous mentir, ce livre est un condensé d’informations très enrichissantes, sur l’ensemble de la question environnementale. Ainsi, j’apprends avec bonheur l’existence du GIEC (Groupement d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat), organisation créée en 1988 à l’instar des Nations-Unies, qui regroupe actuellement plus de 195 pays, qui expertisent, synthétisent et évaluent les risques sur le climat, à travers des récits scientifiques, nommés « rapport d’évaluation ». Jean Jouzel, co-auteur de cet ouvrage, sera nommé vice-président du GIEC durant près de quinze ans. Une mission d’envergure, qu’il a su relever haut la main !

À travers ce livre, Jean Jouzel et Baptiste Denis alertent sur le réchauffement climatique actuel et plus précisément sur l’élévation des températures des années à venir, qui devraient augmenter de 1,1 à 6,4 degrés si aucune mesure n’est mise en place. Un scénario catastrophe et pourtant bien concret, qui devrait avoir des répercussions sur l’ensemble de la planète : fonte des glaces, élévation du niveau des mers, impacts sur la faune, la flore et la biodiversité, avec la disparitions d’espèces menacées ou la migration forcée d’animaux vers des régions non adaptées. Les conséquences humaines seraient également désastreuses : les habitants d’îles ou de zones côtières seraient menacés par l’avancement du niveau de la mer, nous verrions de nombreuses  migrations forcées de la population, pourquoi pas des guerres civiles. Au niveau sanitaire, nous verrions une dégradation des sols qui conduirait à une perte de la qualité nutritionnelle des aliments, des maladies infectieuses, des allergies et des maladies cardiovasculaires qui seraient monnaie courante. On peut également citer  les cyclones, la sécheresse ou les incendies qui s’accentueraient. Autant de dégâts inévitables si aucune solution n’est trouvée pour s’adapter au changement climatique.

Jean Jouzel et Baptiste Denis abordent également des sujets polémiques de ces dernières années : la taxe carbone, les manifestations des Gilets Jaunes, la neutralité carbone… autant de thématiques qui font encore débat aujourd’hui et qui devraient certainement revenir sur le devant de la scène dans les prochaines années…

Bien évidemment, des solutions ont été recherchées pour contrer ces catastrophes climatiques. Les deux auteurs nous expliquent qu’en 1992, le Protocole de Kyoto est signée lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro. Celui-ci vise à stabiliser la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère : l’ensemble des pays signataires – plus de 150 – s’y engagent. Mais les États-Unis et l’Australie ne sont pas signataires de l’accord. Rappelons tout de même que les États-Unis est le 2ème plus gros émetteur mondial de gaz à effet de serre, ce qui est un terrible drame pour la planète. Globalement, Jean Jouzel fustige les décisions des présidents successifs de ce grand état, qui délaissent volontairement les questions environnementales au profit des gains économiques.

Sommet de la Terre, à Rio de Janeiro, juin 1992

Dans la lignée des solutions mises en place, j’apprends également avec bonheur la création d’une Convention citoyenne pour le climat. Instituée en octobre 2019, elle regroupe 150 citoyens français tirés au sort, qui viennent d’horizons différents, pour formuler des propositions de lutte contre le réchauffement climatique, avec comme objectif final : réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Curieuse de découvrir leurs propositions, j’ai constaté avec bonheur qu’elles étaient raisonnées, parfaitement adaptées à notre vie en société, applicable sans tarder, seulement si le gouvernement prend la peine de les accepter. – Si vous souhaitez en savoir plus sur ces propositions, je vous recommande le site internet www.conventioncitoyennepourleclimat.fr, richement documenté, très ergonomique, qui détaille avec précisions l’ensemble des mesures proposées par cette assemblée citoyenne. – Comme quoi, parmi la noirceur des informations détaillées dans ce livre, quelques touches d’optimisme viennent redonner espoir pour la survie de notre planète. Un seul mot d’ordre : solidarité ! C’est ensemble seulement que nous arriverons à atteindre les objectifs fixés pour lutter contre le réchauffement climatique. Un livre propice à la réflexion et à l’introspection, à mettre entre le plus de mains possible. 


Un très bon essai sous forme de dialogue entre un scientifique renommé et un jeune journaliste raisonné, qui se questionnent sur l’avenir du réchauffement climatique. Un livre accessible, enrichissant, qui renseigne et alerte sur l’avenir de notre planète. Il m’a passionné : je vous le recommande chaudement !

Ma note : 9/10

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ISBN : 979-10-252-0482-5

Femmes d’exception


Femmes d’exception de Michel Klen

258 pages, éditions Favre


Résumé : Ce livre est un hommage consacré à des femmes, célèbres ou anonymes, qui ont fait preuve de bravoure dans des situations exceptionnelles et souvent dramatiques. Dans cette saga émouvante il y a d’abord les résistantes, les agents de renseignement, les infirmières, les ambulancières et bien d’autres qui se sont engagées au péril de leur vie pour servir leur patrie pendant les deux guerres mondiales et les conflits postérieurs. Beaucoup sont restées des oubliées, telles les prostituées à Dien Bien Phu, transformées en soignantes dans l’enfer surréaliste de la cuvette indochinoise pour s’occuper des blessés graves ou accompagner dans la mort des soldats à l’agonie. Il y a aussi celles qui ont pris les armes pour sauver leur communauté menacée (combattantes kurdes, chrétiennes du Liban, …).
Cette thématique saisissante s’intéresse également aux femmes qui ont mis toute leur énergie pour agir au nom d’une oeuvre philanthropique ou pour la liberté : l’actrice Angélina Jolie qui a destiné la plus grande partie de sa fortune à des projets humanitaires, en particulier en faveur des enfants et de la prévention du cancer du sein, la jeune Pakistanaise Malala (prix Nobel de la paix) qui a mené, malgré son jeune âge, un combat à hauts risques contre l’obscurantisme des Talibans, l’infirmière Yolande Mukagasana qui s’est surpassée pour sauver des vies lors des massacres au Rwanda, …
Il y a enfin les femmes de défi, à l’image de ces Saint-Cyriennes qui ont gravi le plus haut sommet de l’Afrique avec une jeune militaire convalescente, grièvement blessée en Afghanistan, et de ces reporters de guerre qui ont su trouver un sursaut de force physique et mentale pour rapporter des informations déchirantes dans un environnement pathétique de massacres inter-ethniques. Beaucoup d’autres parcours de femmes qui se sont transcendées à une période de leur vie sont présentés dans cet essai très documenté. Toutes ces aventures vécues se lisent comme un roman bouleversant. Elles nous donnent une véritable leçon de vie. Cet ouvrage historique se termine par une annexe chronologique sur « les grandes premières » réalisées par les femmes.


Extraits : « À l’instar de Germaine Tillion, les grandes résistantes qui ont réussi à survivre à l’enfer des camps de la mort ont voulu apporter leur témoignage. Témoigner pour ne pas que l’Histoire oublie. »

« Non, la femme n’est pas un objet de défoulement sexuel pour l’homme. Elle n’est pas un bien de consommation dont le mâle conquérant peut user et abuser au gré de ses pulsions.« 


Mon avis : Je ne pensais pas aimer autant ce genre de lecture. Femmes d’exception, c’est un essai qui rend hommage à des femmes, qu’elles soient célèbres ou anonymes, qui ont fait preuve de bravoure dans des situations exceptionnelles.

Classés par grandes thématiques – le Patriotisme au féminin dans la Grande Guerre, les oubliées de la Deuxième Guerre Mondiale, les combattantes d’Indochine, Femmes et reporters de guerre, etc. – on y découvre les portraits de femmes, brillantes, courageuses, vertueuses, qui se sont illustrées à différentes époques et dans différentes situations. Certaines ont marquées l’Histoire, d’autres sont restées dans l’ombre, mais leurs actes sont tout autant salutaires.

Je connaissais une majorité des portraits de femmes dressés, je pense notamment à Malala Yousafzai, Prix Noel de la paix à 17 ans, Rosa Parks, figure du mouvement afro-américain, Greta Thunberg, militante pour l’environnement… mais j’ai pris plaisir à redécouvrir leurs histoires, parfois agrémentées de quelques petites anecdotes, et à me rappeler de la grandeur de leurs gestes, qui souvent, ont été bénéfiques pour l’humanité toute entière.

J’ai découvert bien d’autres portraits de femmes, qui mériteraient d’être mises davantage en avant dans les livres d’histoire scolaires, par exemple.

De part mon métier, je dois quand même vous avouer que j’ai eu un faible pour le chapitre consacré aux femmes reporters de guerre – cela n’enlève rien à l’admiration que je ressens pour l’ensemble des femmes dont le nom est cité dans ce livre. Les femmes reporters de guerre sont envoyées au front, souvent en première ligne, tout comme les soldats, mais pour couvrir une actualité. Leur sang froid, leur pugnacité, leur dévouement pour leur métier m’a impressionnée. Elles sont confrontées en permanence à la menace, aux armes, aux morts, certaines y ont laissées leur peau, d’autres ont failli y passer. Je pense notamment à Amanda Lindhout, dont le témoignage m’a profondément touchée : alors qu’elle réalisait un reportage en Somalie, cette  jeune femme sera prise en otage par des islamistes en 2008. Violée, battue, affamée, elle donna naissance à un enfant dont le prénom sera imposé par son ravisseur, avant d’être libérée en 2009, après 15 mois de captivité. J’ai été bouleversée par son histoire, et par le courage de cette femme, qui, une fois revenue en Amérique, décidera de venir en aide aux femmes  victimes de sévices dans les pays en guerre.

Portrait d’Amanda Lindhout


Un magnifique recueil de portraits et témoignages de femmes courageuses, tous plus poignants et bouleversants les uns que les autres. C’est une véritable leçon de vie que nous livrent l’ensemble de ces figures féminines d’exception.

Ma note : 8/10

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