La Femme au miroir


La Femme au miroir de Eric-Emmanuel Schmitt

475 pages, éditions Le Livre de Poche, à 7,60€


Résumé : Anne vit à Bruges au temps de la Renaissance, Hanna dans la Vienne impériale du début du siècle, Anny Lee à Los Angeles de nos jours. Trois destins, trois aventures singulières, trois femmes infiniment proches tant elles se ressemblent par leur sentiment de différence et leur volonté d’échapper à l’image d’elles-mêmes que leur tend le miroir de leur époque. Tout les éloigne de ce que la société, leur entourage, les hommes ont décidé à leur place. Anne la Flamande ressent des élans mystiques qui l’entraînent vers le béguinage. Hanna, une des premières patientes d’un disciple de Sigmund Freud, enfreint tous les codes familiaux et moraux de son temps. Anny, dont le talent annonce une fulgurante carrière d’actrice, pourrait se révolter contre le modèle hollywoodien. Egalement insoumises et rebelles, laquelle trouvera, et au prix de quels combats, sa vérité et sa liberté ? Or, de manière inattendue et par une suite de hasards objectifs ménagés par l’auteur avec une habileté extrême, ces femmes vont devenir, par delà le temps, les héroïnes d’un seul et même roman.


Extraits : « La nature l’attirait davantage que son fiancé.

« – Toi et moi, avec nos physiques, nous fabriquerons des enfants magnifiques ! » s’exclama-t-il.
Allons bons, Philippe confirmait ce qu’elle redoutait ! Il tenait un langage d’éleveur, celui du fermier accouplant ses meilleures bêtes afin qu’elles se multiplient. Entre les humains, c’était donc cela, l’amour ? Rien d’autre ? »


Mon avis : Elles sont trois. Trois femmes que tout oppose : l’époque, le pays, le métier, l’état d’esprit. Pourtant, elles sont plus complémentaires qu’il n’y paraît. Anne vit à Bruges au temps de la Renaissance. Elle ressent des sentiments complexes qui la mènent à intégrer un béguinage, une communauté religieuses de femmes. Hanna vit à Vienne au début du siècle. Mariée à un homme qu’elle apprécie mais qu’elle n’aime pas, elle va tenter de remédier à son problème en suivant un psychanalyste, disciple de Sigmund Freud. Quant à Anny, qui vit au XXIème siècle, c’est une actrice Holywoodienne célèbre de part le monde, qui, malgré l’argent et la célébrité, ne se sent pas elle-même, ne ressent pas le bonheur d’être heureuse. Un lien unit ses trois femmes : le recherche du bonheur, de la liberté, de leur propre vérité.

C’est un roman conséquent que nous propose Eric-Emmanuel Schmitt. Le portrait de ces trois femmes sont touchants, très émouvants. Que l’on sente ou non des affinités avec le destin de ces femmes, on ne peut être que touchées, en tant que femmes, par leurs aspirations et leurs combats. J’ai trouvé que c’était un véritable plaidoyer en faveur des femmes, de leur condition de vie, de leur rôle dans la société, de la façon dont elles sont perçues par les hommes et/ou les autres femmes. Elles essaient de s’affranchir de leur condition pour s’affirmer en tant que femme libre et elles y arrivent plutôt bien, malgré les nombreux obstacles qui se dressent sur leur chemin. On peut clairement voir que de la Renaissance à notre époque actuelle, le problème reste le même : la femme est souvent conditionnée, privée de ses droits, de sa liberté, brimée, opprimée. La transgression est l’unique moyen de passer outre le chemin que les autres leur destine, pour se créer elles-mêmes le destin qu’elles méritent. C’est un message fort, qui reste d’actualité, que beaucoup de femmes (et hommes, évidemment !) peuvent prendre à coeur.

J’aime beaucoup Eric-Emmanuel Schmitt, pour la qualité de ses écrits d’une part, mais surtout, pour l’originalité de ses thématiques, pour la diversité des personnages qu’il traite. Là encore, dans La Femme au miroir, il me surprend, en se mettant habilement dans la peau de trois femmes au caractère très différent, vivant dans des époques lointaines, qui revendiquent leurs droits en tant que femme. Peu d’hommes seraient capables d’aborder ce sujet et de le traiter avec tant de subtilité et de rigueur. L’idée est bonne, la façon de l’aborder originale et intrigante, mais le récit a tendance à s’essouffler un peu. Le lien qui existe entre les trois héroïnes se révèle beaucoup trop tardivement et de façon trop bref. J’aurais aimé voir cet aspect de l’histoire plus longuement développé.


Un très beau roman chorale, qui met en lumière le destin de trois femmes très différentes aux aspirations communes : l’amour, la liberté, l’épanouissement de soi. Malgré quelques longueurs, j’ai appréciée l’histoire.

Ma note : 7/10

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ISBN : 978-2-253-17568-1

4 réflexions sur “La Femme au miroir

  1. Miss Obou dit :

    Le résumé du livre me rappelle « La Tresse »…Il n’y a pas aussi dans ce roman une histoire de trois destinées de femmes qui s’entremêlent? En tout cas, ce livre m’intrigue et m’attire!

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