La casquette


La casquette de Peter Hansaberg
263 pages, à 14,50€


Résumé : Auguste, un passionné de peinture, fête ses 90 ans. Il a réuni autour de lui ses proches et ses amis de toujours. Mais tout dérape très vite lorsque l’une des convives va explorer l’atelier d’Auguste et en revient avec une casquette nazie qu’elle a trouvée sous une armoire. Ce repas, qui devait être une fête, va alors prendre une tournure bien singulière. La casquette n’est que l’arbre qui cache la forêt : plusieurs énigmes et tout autant de tragédies sont imbriquées les unes dans les autres et font que la vie d’Auguste et ses amis est faite de non-dits enveloppés dans d’épais mystères.


Extraits : « Et tu sais, ce genre de chose a été fait pour diviser. Instiller le doute, pour que tout le monde se méfie de tout le monde. Donner à l’un mais pas à l’autre. Et quand les gens se jalousent, quand ils sont divisés, ils ne pensent pas à s’unir pour résister. C’est simple, mais d’une redoutable efficacité. »

« Fêter ses quatre-vingt-dix ans, c’est un peu commencer une nouvelle vie, tu ne crois pas ? »


Mon avis : La casquette est un roman que j’ai remporté via un concours organisé sur Instagram. J’étais particulièrement curieuse de découvrir cette histoire, vers laquelle je ne serai certainement jamais allé de mon propre chef. Eh bien, figurez-vous que j’ai été agréablement surprise.

L’histoire se passe en huis-clos, autour d’une grande tablée organisée à l’occasion des 90 ans d’Auguste, le patriarche. Pour son anniversaire, Auguste a convié ses deux fils, sa belle-fille, ses voisins et amis. Mais ce moment, qui se devait heureux, vire rapidement au règlement de compte, lorsque la petite-fille d’un des voisins découvre, enfoui sous une armoire, une casquette nazie. Les deux fils d’Auguste cherchent alors à découvrir comment cette casquette s’est retrouvée chez eux… et ils ne sont pas au bout de leurs surprises !

Les scènes alternent entre la tablée en huit-clos et des retours dans le passé, aux côtés d’Auguste, sa femme, ses parents et ses amis, en pleine Seconde Guerre mondiale. La guerre fait rage, les nazis ont envahis la France, les habitants vivent au jour le jour, dans la peur, l’appréhension, parfois la pauvreté. Puis un jour, las d’assister en simples spectateurs à l’histoire qui se joue sous leurs yeux, Auguste et sa femme, accompagnés de leurs fidèles amis, décident de rejoindre les rangs de la Résistance. Une décision dangereuse, mais nécessaire selon eux, qui va leur faire vivre de multiples aventures.

J’ai beaucoup aimé ce récit, extrêmement bien rythmé, avec des rebondissements inattendus qui dynamise bien l’histoire. En revanche, j’ai eu plus de mal à accrocher à certains personnages, je pense notamment aux deux fils d’Auguste, que j’ai trouvé particulièrement hautains, égoïstes, irrespectueux envers leur père. Ils ne m’ont pas fait bonne impression et m’ont passablement énervés à chaque fois qu’ils prenaient la parole. 

Sinon, l’intrigue est bien menée et nous plonge dans le milieu résistant de la Seconde Guerre mondiale. Entourés d’Allemands, les résistants devaient faire preuve de courage, de patience, d’abnégation pour mener à bien les missions confiées. Auguste et sa femme en sont l’exemple même. 


Un huis-clos familial passionnant et bien rythmé, qui nous plonge dans le milieu résistant de la Seconde Guerre mondiale. Je vois parfaitement bien cette histoire adaptée en pièce de théâtre.

Ma note : 7,5/10

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ISBN : ‎ 979-8-861-19851-6

Le médaillon aux trois vies


Le médaillon aux trois vies de Daphné Lavainne
315 pages, éditions Sharon Kena, à 18,50€


Résumé : Et si ? Et si votre grand-mère vous léguait un médaillon qui vous permet de sauver trois vies dans l’histoire ? Trois inconnus, trois destins tragiques, trois morts qui auraient pu être évitées. Et si elle vous fait promettre d’en sauver une, car elle-même a échoué ? Et si cette promesse vous amène à voyager dans le temps ? Et si vous vous retrouviez en pleine Seconde Guerre mondiale ? Et si vous tombiez amoureuse de celui à qui vous devez sauver la vie ? Que feriez-vous ? “Et si”, cette question, je me la suis posée un million de fois depuis le décès de ma grand-mère. Je m’appelle Adélaïde et voici mon histoire…


Extraits : « Le fameux débarquement, celui que j’ai lu à travers les livres, vu à travers des films. Ce n’est rien, comparé aux personnes qui me font face. Je vois toute la détresse, la vie qui a quitté le visage de la plupart. Ils sont déjà morts et ils le savent. L’espoir d’un retour au pays reste encore dans l’esprit de certains. Je sais que beaucoup pensent qu’ils rentreront pour Noël, célébrer la fin de la guerre, mais il n’en est rien. »

« Personne ne peut se préparer à une guerre. Je ne me rends pas encore compte de ce que ça implique. Mon cerveau refuse d’enregistrer qu’il y a de faibles chances que Bobby et moi sortions vivants de ce pays. Je devrais me convaincre immédiatement du fait que je suis déjà mort, mais comment avancer avec de telles idées ? »


Mon avis : N’étant pas une grande fan de fantastique, j’ai été agréablement surprise par cette  histoire, qui m’a beaucoup plût. Nous rencontrons Adélaïde, une jeune étudiante infirmière du XXIème siècle, qui mène une vie banale aux côtés de ses proches. Lorsqu’elle se rend sur le lit de mort de sa grand-mère, cette dernière lui transmet un médaillon hautement symbolique, puisqu’il permet de sauver trois vies du passé. D’abord incrédule et totalement sidérée par les propos de sa grand-mère, Adélaïde l’écoute sans toutefois y croire. Avant de rendre son dernier souffle, cette dernière lui fait promettre de revenir dans le passé, en pleine Seconde Guerre mondiale, pour sauver un soldat qu’elle n’a pas pu sauver elle-même, Nate. Quelques jours plus tard, Adélaïde décide de suivre les indications données par sa grand-mère et se rend sur la tombe de ce soldat, dans l’espoir d’être propulsé dans le passé pour lui sauver la vie… et ça marche !

La jeune fille se retrouve en plein coeur de la Seconde Guerre mondiale, sur le champ de bataille, aux côtés des soldats français qui se battent inlassablement contre les Allemands. La mort est omniprésente, les blessés se comptent par milliers, les obus pleuvent par centaines, tout espoir a déserté les soldats, qui se battent jusqu’à leur dernier souffle. Parmi ce chaos indescriptible, Adélaïde fait la rencontre Nate et de son meilleur ami Bobby, avec qui elle se lie immédiatement. Pour remplir la promesse faite à sa grand-mère, Adélaïde va se mettre constamment en danger, n’hésitant pas à les suivre sur le champ de bataille, à sauver des blessés au plus près des conflits.

Les scènes de guerre sont parfaitement bien décrites, à tel point qu’on s’y croirait vraiment. On ressent la peur, la violence, la transpiration, on entend les bruits des obus qui s’écrasent, les coups de pistolets qui mitraillent. Tout n’est que désolation, poussière et sang. Tous les soldats, Nate en tête, savent qu’ils y laisseront leur peau. Ils ne se font plus aucune illusion sur un retour possible chez eux : ils ont vu leurs camarades périr et savent que leur tour viendra aussi. Leur pessimisme est désolant, mais leur courage est admirable : ils se battent pour leur pays ; peu seraient à même de faire ça à notre siècle.

Les soldats sont sur le devant de la scène, leur courage n’est plus à prouver, mais d’autres se sont illustrés, parfois dans l’ombre, mais avec tout autant de bravoure : les médecins, infirmiers et soignants. Adélaïde en faisait partie. Ils doivent agir dans l’urgence, parfois sur des cas extrêmement graves, dans des circonstances peu favorable aux soins, avec des moyens très limités. Les scènes sont réalistes, crédibles et bien écrites, on s’y croirait vraiment !

J’ai été touchée par cette histoire, par le contexte dramatique, par les personnages très humains, par leur jeune âge et leur mentalité.J’ai été particulièrement émue par l’histoire d’amour pudique qui s’installe tout en douceur entre Adélaïde et Nate. C’est de l’amour sain, sincère, de l’amour vrai, comme on n’en trouve plus que rarement à notre époque. L’un comme l’autre est prêt à se sacrifier par amour, pour le bonheur et le bien-être de l’autre. C’est magnifique à lire.

Petit bémol concernant le pouvoir du médaillon : même si on comprend aisément sa signification, on a un peu plus de mal à comprendre entièrement son fonctionnement. Cela reste assez flou, mais qu’importe au final, on est quand même transportés dans l’histoire qu’on nous raconte ! Et pour les plus sceptiques d’entre vous : le fantastique transparaît uniquement à travers cette histoire de médaillon et se fond naturellement dans l’histoire, sans être dérangeant pour la lecture. Vous pouvez donc y aller les yeux fermés !


Une romance historique qui nous propulse sur le champ de bataille durant la Seconde Guerre mondiale. Un récit bien écrit, des personnages touchants, une scénario original qui m’a beaucoup plût : je vous recommande cette lecture !

Ma note : 9/10

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ISBN : ‎ 978-2-8191-0957-0

La Voleuse de livres


La Voleuse de livres de Markus Zusak
632 pages, éditions Pocket, à 9,2€


Résumé : Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, parmi eux, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité. Liesel Meminger y est parvenu. Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s’est arrêtée. Est-ce son destin d’orpheline dans l’Allemagne nazie qui lui a valu cet intérêt inhabituel ? Ou bien sa force extraordinaire face aux événements ? A moins que ce ne soit son secret… Celui qui l’a aidée à survivre. Celui qui a même inspiré à la Mort ce si joli surnom : la voleuse de livres.


Extraits : « C’était le 5 janvier 1943, une journée glaciale comme une autre sur le front russe. Partout dans la ville, des Russes et des Allemands gisaient dans la neige, morts. Les survivants tiraient sur les pages blanches qui leur faisaient face. Trois langues s’entremêlaient. Le russe, les balles, l’allemand. »

« « Regarde les couleurs », dit Papa. Comment ne pas aimer un homme qui non seulement remarque les couleurs, mais en parle ? »


Mon avis : La Voleuse de livres n’est plus à présenter. Fort d’un succès planétaire, ce roman historique revisite avec brio une part noire de l’histoire : les désastres de la Seconde Guerre mondiale. Liesel Meminger est une petite fille orpheline, confiée par sa mère à l’adoption d’une famille heureuse. Sur le chemin vers cette nouvelle vie, Liesel perd son petit frère, qui quitte le monde sous ses yeux d’enfant. Un drame qui la hantera toute sa vie, lui procurant des cauchemars violents et récurrents. Elle va tenter de se construire, d’aimer les personnes qui l’entourent, d’aimer sa nouvelle vie, de s’aimer elle-même. Mais le chemin n’est pas aisé, d’autant que la guerre fait rage.  

Les Hubermann, ses parents nourriciers, comme elle les appelle, Hans et Rosa, sauront l’apprivoiser à leur manière et l’élever dans l’amour, la lecture et les livres. C’est aux côtés de Hans que la jeune fille va se découvrir une passion pour les mots. Chaque nuit, lors de ses épisodes cauchemardesques, Hans saura la réconforter comme elle l’attendait. Mais un jour, leur quotidien est bouleversé avec l’arrivée de Max Venderburg, un jeune juif, qui fuit les nazis. Hans doit une dette à ses parents et décide de le cacher dans leur sous-sol. C’est là, dans le froid, la faim, sans lumière, sans aucun contact avec le monde extérieur, que Max va vivre pendant plusieurs années. Son seul rayon de soleil : la petite Liesel et ses livres.

Il est aisé d’entrer dans l’histoire et de s’attacher à Liesel. C’est une petite fille craintive, sauvage, mais énormément courageuse. Malgré les terribles épreuves traversées, elle garde le cap, sourire aux lèvres. J’ai également beaucoup apprécié Hans, son père nourricier, sa sensibilité, sa douceur, l’intensité de son humanité. On dit souvent que les contraires s’attirent, Hans et sa femme Rosa en sont le parfait exemple : ils ne pouvaient pas être plus aux antipodes l’un de l’autre. Rosa se montre brutale, violente, parfois méchante. Tous deux ont deux façons différentes de montrer leur amour à Liesel. 

Je ne vous ai pas parlé de la particularité de La Voleuse de livres. En effet, Markus Zusak fait le choix d’une narratrice omnisciente peu commune : la Mort. De prime abord, il est plutôt étrange, voire carrément flippant de la présenter comme narratrice. Mais elle se fond facilement dans le récit, débute chaque chapitre, glisse quelques commentaires par-ci par-là, mais surtout, elle nous fait prendre conscience du nombre exponentiel de décès durant cette partie de l’histoire. Le travail de la narratrice est colossal, puisque les historiens estiment qu’il y a eu entre 40 et 60 millions de morts pendant la Seconde Guerre mondiale, soit 4 à 5 fois plus que la Première. Des chiffres qui donnent le tournis !

J’ai beaucoup aimé la façon dont l’auteur à traiter le récit : il n’a pas mis la noirceur de la guerre en premier plan, mais a plutôt suggéré les choses. Ce qui fait que les écrits, bien que traitant d’un sujet douloureux, ressortent avec pudeur, presque avec poésie. Si bien que la fin du livre est bouleversante. On s’imagine aisément les événements qui surviennent et on ne peut qu’être ému par les scènes qui se jouent sous nos yeux. Les plus sensibles lâcheront quelques larmes, c’est certain. 


Un roman historique émouvant, pleins d’humanité et d’amour qui se déroule durant la Seconde Guerre mondiale. Raconté avec pudeur, il n’en reste pas moins extrêmement puissant et  bouleversant. J’ai hâte de visionner l’adaptation cinématographique !

Ma note : 8,5/10

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ISBN : ‎ 978-2-266-17596-8
Traduction : Marie-France Girod

HHhH


HHhH de Laurent Binet
442 pages, éditions Le Livre de Poche, à 7,50€


Résumé : Prague, 1942, opération « Anthropoïde » : deux parachutistes tchèques sont chargés par Londres d’assassiner Reinhard Heydrich, le chef de la Gestapo et des services secrets nazis, le planificateur de la Solution finale, le « bourreau de Prague ». Heydrich, le bras droit d’Himmler. Chez les SS, on dit de lui : « HHhH ». Himmlers Hirn heisst Heydrich le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich. Dans ce livre, les faits relatés comme les personnages sont authentiques. Pourtant, une autre guerre se fait jour, celle que livre la fiction romanesque à la vérité historique. L’auteur doit résister à la tentation de romancer. Il faut bien, cependant, mener l’histoire à son terme…


Extraits : « Le début d’une guerre ressemble toujours à l’ouverture d’une porte dans une pièce plongée dans l’obscurité. On ne sait jamais ce qui s’y cache. »

« Ceux qui sont morts sont morts, et il leur est bien égal qu’on leur rende hommage. Mais c’est pour nous, les vivants, que cela signifie quelque chose. La mémoire n’est d’aucune utilité à ceux qu’elle honore, mais elle sert à celui qui s’en sert. Avec elle je me construits, et avec elle je me console. »


Mon avis : Ce roman historique de la seconde guerre Mondiale au titre énigmatique a sans doute été le révélateur du talent d’écriture de Laurent Binet. Primé en 2010 par le prix du Goncourt premier roman, il sera suivi d’autres ouvrages, eux aussi primés par de nombreuses autres institutions littéraires. Placé dans ma pile à lire depuis de nombreuses années, j’avais peur de découvrir un livre difficile à lire, trop sombre et  cruel. Car l’auteur s’est basé sur des faits réels pour écrire HHhH.

L’histoire débute en 1942, en pleine seconde guerre Mondiale, à Prague, en République Tchèque. L’opération Anthropoïde est lancée. Elle consiste à éliminer vaille que vaille Reinhard Heydrich, chef de la Gestapo et des services secrets nazis, planificateur de la solution finale. Ce sont deux jeunes parachutistes tchèque et slovaque, membres de la résistance, qui sont chargés de cette mission, au péril de leur vie. Ils débutent une folle traque à travers l’Allemagne nazie, pour tenter d’approcher au plus près du prédateur, de connaître ses habitudes et d’élaborer un plan d’extermination, sans pour autant éveiller les suspicions des gardes nazis. Une mission suicide pour les deux jeunes résistants, qui sont prêts à donner leur vie pour se débarrasser d’Heydrich.

Laurent Binet aborde la seconde guerre Mondiale sous un angle totalement novateur. Il choisit de mettre sur le devant de la scène un personnage dont on a souvent lu le nom, sans pour autant bien connaître ses missions : Reinhard Heydrich. Bras droit d’Hitler, il le conseille et l’assiste et détient notamment un rôle majeur dans la mise en place de la Shoah pour l’extermination des juifs. Il est à l’origine de milliers de morts ; son nom mérite autant que celui d’Hitler d’être répugné. Avec ce type d’écrit, incisif et piquant, Laurent Binet nous permet de mettre en lumière des personnages crapuleux peu connus du grand public et les glorieux exploits de héros totalement méconnus.

Les deux résistants slovaque et tchèque qui se lancent aux trousses de Heydrich sont quasiment condamnés et le savent pertinemment. Seuls contre des milliers, voire des millions de nazis, ils ne peuvent que périr. C’est avec un immense courage qu’ils partent combattre pour sauver leurs pays et leurs peuples respectifs. Le slovaque s’appelaient Jozef Gabcik, décédé à 30 ans et le tchèque Jan Kubis, mort à 28 ans. Leur bravoure force l’admiration et le respect. Ils sont des héros de la seconde guerre Mondiale, que nous apprenons à connaître à travers des écrits comme celui-ci et à qui ont rend un brillant hommage. 

Le récit est factuel dans son ensemble, il relate avec précision les données historiques, avec quelques chapitres, très succincts, où Laurent Binet intervient en son nom propre, ce qui rend le récit plus intimiste. Il commente ses écrits, glisse une pensée plus légère, une idée d’amélioration, une hésitation, une expérience vécue, un avis parfois. J’avoue qu’il y a quelques digressions qui rajoutent de la longueur au récit et ne sont pas forcément pertinentes. La première partie du roman est d’ailleurs assez pénibles à lire ; il faut persévérer, se plonger dedans, combattre les questionnements, pour enfin pénétrer dans l’histoire et comprendre le fil des choses. Après son énorme succès, HHhH a été adapté au cinéma en 2017, pour rendre hommage plus largement à ces héros méconnus de la seconde guerre Mondiale.


Un roman historique sombre mais enrichissant, qui rend hommage aux deux jeunes valeureux résistants slovaque et tchèque, qui ont sacrifié leur vie pour éliminer Reynard Heydrich, une vermine instigateur de la Shoah. Un récit instructif et réflexif, parfaitement documenté !

Ma note : 7/10

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ISBN : ‎ 978-2-253-15734-2

Les enfants de Haretz


Les enfants de Haretz de Rosa Ventrella
265 pages, éditions Les Escales, à 22€


Résumé : 1939. Margit et János coulent des jours heureux dans leur paisible ville tchécoslovaque. Mais le jour où les nazis envahissent Prague, tout bascule. Âgés d’à peine onze et sept ans, leur enfance prend subitement fin. Les premières parades nazies sont très vite suivies par des rafles. Avant qu’ils ne soient déportés, les parents de Margit et János parviennent à les cacher chez leurs voisins. Très vite, leur générosité se tarit et les enfants doivent fuir. Alors qu’ils errent dans les forêts et les champs de Bohême, Margit et János découvrent qu’ils ne sont pas seuls : d’autres enfants traversent l’Europe pour rejoindre l’Italie. Le charismatique Frantz, du haut de ses quinze ans, mène le voyage qui durera plusieurs années pendant lesquelles les six jeunes enfants apprendront à survivre et à se protéger mutuellement, comme une vraie famille. En Italie les attend un groupe des militants qui accueillent des centaines d’enfants survivants de la guerre et des camps d’extermination, dans l’espoir de leur rendre leur enfance et de les amener sur la Terre promise. Une extraordinaire épopée de résilience et de sacrifice, d’innocence et de courage.


Extraits : « Quand on est enfant, on n’imagine pas combien un surnom affectueux nous manquera, plus tard. »

« Je repensai à un proverbe que mon père répétait souvent : « L’homme fait des plans et Dieu rit. » Peut-être Dieu riait-il, à ce moment-là. »


Mon avis : 1939. Margit, douze ans, est la sœur aînée de Janos, huit ans. Ils vivent paisiblement avec leurs deux parents en Tchécoslovaquie, jusqu’à ce que les nazis envahissent les pays alentours et capturent l’ensemble des juifs pour les exterminer. Alors qu’ils sont cachés dans un secrétaire, Margit et Janos assistent, médusés, au viol de leur mère et à la mise à tabac de leur père. Ils se réfugient chez leurs voisins, qui les cachent un temps au grenier, avant de leur demander de quitter les lieux, jugeant la situation trop dangereuse pour eux en cas de découverte des deux enfants cachés. Margit et Janos se retrouvent donc livrés à eux-mêmes, ils cheminent à pied au hasard des chemins, avec la peur au ventre à défaut d’avoir de la nourriture à disposition. Sur leur route, ils affronteront de nombreux dangers, feront face à des situations périlleuses, à des gens malintentionnés, mais rencontreront également des personnes chaleureuses, généreuses, prêtes à les aider à échapper aux nazis.

A chaque fois que j’ouvre un nouveau roman qui parle de la seconde guerre mondiale et principalement du sort réservé aux juifs par les nazis, il est coutumier de se demander de quelle façon l’auteur va aborder le sujet. Car, il faut le dire, c’est une thématique maintes fois traitée, sur tous les angles, il devient alors compliqué de se renouveler et d’apporter un éclairage différent de tout ce qui a été fait précédemment. Ici, il s’agit de la fuite désespérée de jeunes enfants à travers le pays. Je ne pense pas avoir déjà lu cette partie de l’histoire vue sous cet angle.

On ressent intensément la peur des enfants, avec l’imaginaire qui prend le dessus sur la réalité pour fuir les horreurs qui se déroulent sous leurs yeux. Seulement âgés de douze et huit ans, ils tentent de survivre en faisant face au manque de vivres, en dormant dans des conditions déplorables, quand ils peuvent seulement dormir, en découvrant la cruauté et l’égoïsme dont peut faire preuve l’être humain. Autant de souffrances qui participent à leur passage éclair d’un monde insouciant et innocent de l’enfance à celui dur et cruel des adultes.

Dans leur épopée tragique, ils font la rencontre d’autres enfants qui, comme eux, fuient la guerre et les nazis. Ensemble, ils vont cheminer pour sauver leur peau. Le courage et la force de caractère de ces enfants m’a émerveillé. J’ai été admirative de leur maturité, de la solidarité qui se met en place autour des uns et des autres, aidant les plus faibles, écoutant les plus forts.

Ce récit est basé sur des faits réels, puisque plus de 800 enfants juifs devenus orphelins en raison de la Shoah et secourus dans des ghettos et des camps de concentration à l’issue de la Seconde Guerre mondiale ont été logés dans un ancien orphelinat fasciste appelé Sciesopoli, situé dans la ville de Selvino, en Italie. C’est là-bas que les enfants tenteront de se reconstruire au sortir de la guerre. Ce lieu est aujourd’hui un lieu de recueillement, de mémoire et d’espoir.


Une odyssée funèbre qui raconte avec horreurs la fuite éperdue d’enfants juifs pour échapper aux nazis. Un roman empreint de réalisme où le beau côtoie l’épouvante.

 

Ma note : 7,5/10

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ISBN : ‎ 978-2-36569-791-0
Traduction : Anaïs Bouteille-Bokobza