L’empathie


L’empathie de Antoine Renand

488 pages, éditions Pocket


Résumé : Vous ne dormirez plus jamais la fenêtre ouverte.

« Il resta plus d’une heure debout, immobile, face au lit du couple. Il toisait la jeune femme qui dormait nue, sa hanche découverte. Puis il examina l’homme à ses côtés. Sa grande idée lui vint ici, comme une évidence ; comme les pièces d’un puzzle qu’il avait sous les yeux depuis des années et qu’il parvenait enfin à assembler. On en parlerait. Une apothéose. »
Cet homme, c’est Alpha. Un bloc de haine incandescent qui peu à peu découvre le sens de sa vie : violer et torturer, selon un mode opératoire inédit.
Face à lui, Anthony Rauch et Marion Mesny, capitaines au sein du 2e district de police judiciaire, la « brigade du viol ».
Dans un Paris transformé en terrain de chasse, ces trois guerriers détruits par leur passé se guettent et se poursuivent. Aucun ne sortira vraiment vainqueur, car pour gagner il faudrait rouvrir ses plaies et livrer ses secrets. Un premier roman qui vous laissera hagard et sans voix par sa puissance et son humanité.


Extraits : « Elle dit qu’une femme qui veut conquérir le monde doit user des traits de caractère historiquement inhérents aux hommes, tout en gardant une apparence attirante »

« Les chiffres faisaient peur : en France, 75 000 viols avaient lieu chaque année, soit 206 par jour ; 1 femme sur 6 serait victime d’un viol au cours de sa vie, ou d’une tentative de viol ; 80% des victimes étaient bien entendu des femmes.
La moitié de ces victimes l’était de façon répétées avec, dans 8 cas sur 10, un agresseur qu’elles connaissaient bien : un ami, ami de la famille, membre de la famille… Et tous les milieux étaient touchés, prolos comme bourgeois, anonymes comme grands de ce monde…
Enfin et surtout, 90% des femmes violées ne portaient pas plainte. »


Mon avis : Ce thriller d’Antoine Renand vient tout juste de remporter le Prix Nouvelles des Voix du Polar, organisé chaque année par les éditions Pocket. Un prix largement mérité, au vu de la qualité stylistique et narrative de ce récit.

Avant même d’ouvrir la première page de ce livre, nous étions prévenus par une phrase d’accroche sur la couverture : « Vous ne dormirez plus jamais la fenêtre ouverte ». Et pour cause : un homme se sert de ses capacités exceptionnelles en escalade pour grimper aux parois des immeubles, s’introduire par les fenêtres de ses victimes et leur faire subir des violences sans nom. Il se fait appeler Alpha, qui désigne le mâle dominant dans un groupe. Il torture et violente, prenant un malin plaisir à dominer ses victimes, à les voir souffrir, l’implorer. C’est La Poire qui est chargé de l’enquête. Ce flic expérimenté de la brigade des viols fait équipe avec Marion. Tous deux sont des professionnels aguerris, qui ne sont pas là par hasard : leur passé fait partie intégrante de leur vocation. Ensemble, ils sont chargés de traquer ce monstre, qui s’en prend à des victimes innocentes.

J’ai bien aimé le duo formé par La Poire et Marion. Ils entretiennent un rapport cordial, professionnel, ils ont beaucoup de respect et d’admiration l’un pour l’autre et leurs expertises – les arts martiaux principalement pour Marion, la psychologique pour La Poire – se complètent à merveille. Plus que de simples collègues, ils se voient à l’extérieur de la brigade en tout bien tout honneur. Leur relation est pudique, feutrée, tout en retenu, comme si chacun des deux éprouvait des sentiments forts pour l’autre, sans toutefois avoir l’élan nécessaire pour les avouer et risquer de briser cette belle amitié.

Sans qu’ils ne le sachent, Marion et La Poire sont bien plus proches qu’ils ne le pensent, de part des événements passés qui les rapprochent. En effet, Marion et La Poire ont tous les deux subis des attouchements sexuels quand ils étaient enfants, des actes de viols sans consentement qui a transformé leur vision de la vie, qui les a traumatisé et qui continuent de les ronger, des années après. C’est une des raisons qui les a poussé à s’intéresser à la brigade des viols et à venir en aide aux femmes (et hommes, plus rarement), qui ont subis de tels sévices.

Il est bon de rappeler qu’en France, c’est près de 100 000 femmes qui se font violer chaque année. Parmi elles, seules 10% portent plainte et aboutissent en cour d’assises. Les autres violeurs ne sont pas inquiétés de leur méfait et peuvent, à leur gré, recommencer. En tout, 16% des femmes connaissent, au cours de leur vie, un viol ou une tentative de viol. Des statistiques effroyables, qu’il est bon de rappeler, pour faire changer les mentalités et faire évoluer les choses.

L’empathie contient un puissant message de tolérance et de respect, mais c’est avant tout un excellent thriller, qui remplit totalement ses fonctions : suspense omniprésent, tension croissante, scènes de violences effroyables, personnages dérangeants, malsains, antipathiques. Tout le panel du parfait polar est réuni pour nous faire frissonner au possible.


Un thriller psychologique déroutant, qui aborde avec finesse une thématique forte : les abus sexuels. J’ai aimé la tension croissante et le travail méticuleux sur l’aspect psychologique des personnages. 

Ma note : 7,5/10

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ISBN : 978-2-266-29738-7

6 réflexions sur “L’empathie

  1. Miss Obou dit :

    J’ai lu le résumé et je me suis dit que ça pourrait être un bouquin pour moi. J’ai lu ton avis et j’en suis encore plus convaincue! Mais j’ai été surprise par la note. Pourquoi avoir mis un 7,5 et non pas un 9 ou 9,5? Quels sont les points négatifs de ce livre selon toi?

    Aimé par 1 personne

    • analire dit :

      Il est sympathique, la thématique est forte, mais il aurait mérité plus d’originalité tout de même, une écriture peut-être plus forte, plus marquante. Je t’avoue que je l’ai terminé le mois dernier et pourtant, je n’en garde qu’un vague souvenir…

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