Certaines n’avaient jamais vu la mer


Certaines n’avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka

143 pages, éditions 10-18


Résumé : Ces Japonaises ont tout abandonné au début du XXe siècle pour épouser aux États-Unis, sur la foi d’un portrait, un inconnu. Celui dont elles ont tant rêvé, qui va tant les décevoir. Chœur vibrant, leurs voix s’élèvent pour raconter l’exil : la nuit de noces, les journées aux champs, la langue revêche, l’humiliation, les joies aussi. Puis le silence de la guerre. Et l’oubli.


Extraits : « Une jeune femme doit se fondre dans le décor : elle doit être là sans qu’on la remarque. »

« Un baiser, une promesse : « Je reviendrai demain. » Et nous avions beau savoir que nous ne le reverrions pas, nous savions que si c’était à refaire nous irions tout de suite, car être avec lui c’était comme être vivante pour la première fois, mais en mieux.« 


Mon avis : Certaines n’avaient jamais vu la mer désarçonne autant qu’il fascine. C’est un roman puissant et dévastateur, qui met en lumière une partie de l’histoire méconnue du Japon. Au début du XXème siècle, bon nombre de femmes japonaises sont envoyées par bateau en Amérique, où elles pensent trouver une vie meilleure, rejoindre un mari convenable, bien installé socialement,  assez élégant, qui saura les rendre heureuse. Malheureusement, la désillusion est de taille : obligée de travailler au champ, rendue esclave des hommes, maltraitées, rabaissées, bonnes seulement à enfanter, ces femmes japonaises déchantent rapidement et découvrent ce que beaucoup baptisent le « rêve américain ».

L’auteure dépeint avec noirceur leurs vies gâchées : elles vivent dans des conditions déplorables, ne sont pas considérées, que ce soit par leur mari que par l’ensemble de la population américaine, rendue esclave, elles n’ont plus aucun objectif, si ce n’est celui de rester en vie.

J’ai beaucoup aimé l’éclairage historique de sur ce pan de l’histoire Américaine et Japonaise qui m’était totalement inconnu, mais malheureusement, je n’ai pas accroché à la narration. Je suis passée totalement à côté de ce roman, que beaucoup qualifient de « chef-d’oeuvre ». En effet, l’écriture a de quoi intimider : elle est hachurée et donc très déstabilisante. Julie Otsuka use et abuse de l’énumération « Certaines des nôtres […]. D’autres […]. Un vieux […]. Un autre […]. Une petite fille […]« , tant et si bien que j’avais parfois l’impression d’être face à une liste de courses désordonnée, sans queue ni tête et que j’avais de très fortes envies de sauter quelques pages pour éviter ces instants de tortures et d’ennui inutiles.

Le style narratif m’a mise à distance, m’empêchant d’apprécier pleinement l’histoire contée. Il est certain que je n’étais pas prête à lire un récit aussi original. Écrit à la première personne du pluriel, il créait une certaine distance entre le lecteur et le texte, qui m’a chagriné. J’aurais souhaité une écriture plus personnelle, des protagonistes plus ciblés, auxquels on aurait pu s’attacher et compatir pleinement à leurs tristes sorts.

De même, l’aspect historique est intéressant, mais il manque clairement de profondeur. J’aurais apprécié découvrir une histoire plus développée, avec, pourquoi pas, des données chiffrées, qui viendraient appuyer les faits historiques, des témoignages plus impactants, plus réels, une dose d’actions plus dynamisante.


Je ressors déçue de cette lecture : malgré l’éclairage historique qui m’a beaucoup plût, je n’ai pas aimé la narration, qui m’a tenue à distance de l’histoire.

Ma note : 3/10

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ISBN : 978-2-264-06053-2
Traducteur : Carine Chichereau

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