Blackwater, tome 1 : La crue


Blackwater, tome 1 : La crue de Michael Mcdowell
259 pages, éditions Monsieur Toussaint Louverture, à 8,40€


Résumé : Pâques 1919, alors que les flots menaçant Perdido submergent cette petite ville du nord de l’Alabama, un clan de riches propriétaires terriens, les Caskey, doivent faire face aux avaries de leurs scieries, à la perte de leur bois et aux incalculables dégâts provoqués par l’implacable crue de la rivière Blackwater.
Menés par Mary-Love, la puissante matriarche aux mille tours, et par Oscar, son fils dévoué, les Caskey s’apprêtent à se relever… mais c’est sans compter l’arrivée, aussi soudaine que mystérieuse, d’une séduisante étrangère, Elinor Dammert, jeune femme au passé trouble, dont le seul dessein semble être de vouloir conquérir sa place parmi les Caskey.


Extrait : « Voilà la plus grande méprise au sujet des hommes : parce qu’ils s’occupent de l’argent, parce qu’ils peuvent embaucher quelqu’un et le licencier ensuite, parce qu’eux seuls remplissent des assemblées et sont élus au Congrès, tout le monde croit qu’ils ont du pouvoir. Or, les embauches et les licenciements, les achats de terres et les contrats de coupes, le processus complexe pour faire adopter un amendement constitutionnel – tout ça n’est qu’un écran de fumée. Ce n’est qu’un voile pour masquer la véritable impuissance des hommes dans l’existence. Ils contrôlent les lois, mais à bien y réfléchir, ils sont incapables de se contrôler eux-mêmes. Ils ont échoué à faire une analyse pertinente de leur propre esprit, et ce faisant, ils sont à la merci de leurs passions versatiles ; les hommes, bien plus que les femmes, sont mus par de mesquines jalousies et le désir de mesquines revanches. Parce qu’ils se complaisent dans leur pouvoir immense mais superficiel, les hommes n’ont jamais tenté de se connaître, contrairement aux femmes qui, du fait de l’adversité et de l’asservissement apparent, ont été forcées de comprendre le fonctionnement de leur cerveau et de leurs émotions. »


Mon avis : En octobre 2020, j’ai eu l’immense honneur de découvrir Anne de Green Gables écrit par Lucy Maud Montgomery grâce à une sublime réédition de Monsieur Toussaint Louverture. Ils m’avaient bluffé par l’esthétique et la qualité de l’ouvrage alors publié. Ce mois-ci, grâce à Babelio, j’ai pu lire une de leurs dernières parutions : le premier tome de leur saga Blackwater, La crue, écrite par Michael McDowell. Là encore, le travail graphique est soigné, la couverture brille, elle est constituée de petits détails somptueux, qui fait vraiment la différence avec les autres éditeurs : en un clin d’oeil, on a envie de le lire !

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Initialement publié en 1983, la saga Blackwater, composée de 6 tomes, n’a jadis pas connue le succès. Ce n’est qu’avec cette réédition qu’elle est véritablement mise en lumière. L’histoire se passe en 1919, en Alabama, alors qu’une tempête imprévisible a fait sortir la rivière Blackwater de son nid, ce qui a eu pour conséquence une terrible inondation de l’ensemble de la ville. Cette tragédie a obligé les habitants à fuir pour se mettre en sécurité. Une poignée de volontaires seulement effectuent des patrouilles en barque pour chercher d’éventuels survivants. C’est au-détour d’une d’entres elles que Oscar, un riche héritier de la ville, accompagné de son employé Bray, découvrent Ellinor, une jeune femme inconnue, qui se dit enseignante, prostrée dans une chambre d’hôtel. Il lui vient en aide et l’amène en lieu sûr. Cette femme, bien mystérieuse, au passé sombre et à la personnalité trouble, s’attire toutes les bonnes grâces des habitants de la ville de Perdido, en particulier celles d’Oscar, de James et de sa fille, qui l’hébergent chaleureusement. Exception faite de Bray, qui semble craindre Ellinor et de Mary-Love, la mère d’Oscar, qui voit d’un très mauvais oeil l’arrivée inopinée de cette inconnue, qui vient chambouler leur vie.

C’est une lecture vraiment très agréable que nous offre Michael McDowell, bien éloignée des modèles classiques du genre. En effet, cette saga familiale est parcimonieusement agrémentée d’éléments fantastiques et de sous-entendus d’horreur, qui donnent un style novateur au récit. Sans pour autant placer le fantastique sur le devant de la scène, il est amené de façon à ce qu’on l’image ; ainsi, la belle inconnue, sous ses airs mystérieux, semble ne pas être très humaine. C’est un personnage autour duquel gravite de nombreuses questions, qui restent sans réponse dans ce premier tome. Quelle est son histoire ? D’où vient-elle ? Que veut-elle ? Qui est-elle, tout simplement ? Ses paroles sonnent faux, comme si elle cachait un terrible secret, qui remettrait en question l’ensemble de sa nouvelle vie. Une atmosphère assez spéciale plane sur l’histoire, on ne se sent pas forcément à l’aise avec Ellinor, on a peur pour Oscar, qui s’est entiché d’elle et pour sa famille, car des éléments étranges nous laissent douter de sa sincérité. Une ambiance totalement novatrice, bien travaillée et bien amenée : c’est un travail de chef !

J’ai vraiment tout aimé dans ce livre : les personnages d’abord, mystérieux, intrigants, avec leurs traits de caractères propres, qui en font des êtres fascinants et attachants. L’ambiance ensuite, particulière, assez terrifiante, on navigue constamment entre peur et joie, entre horreur, romance et fantastique. L’histoire enfin, captivante, même s’il ne se passe quasiment rien durant l’ensemble du récit, la tension est palpable, elle nous tient en haleine : on sait que certaines choses ne sont pas normales et que des catastrophes vont arriver, sans pour autant deviner lesquelles. On referme la dernière page du livre avec l’envie de poursuivre cette histoire et d’en apprendre davantage !


Une histoire originale, fascinante, aux personnages mystérieux et à l’ambiance atypique. J’ai déjà hâte de lire la suite !

Ma note : 9/10

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ISBN : 978-2-38-196045-6
Traduction : Yoko Lacour avec la participation de Hélène Charrier

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