Anne de Green Gables


Anne de Green Gables de Lucy Maud Montgomery

382 pages, éditions Monsieur Toussaint Louverture, à 16,50€


Résumé : Nouvelle traduction d’Anne, la maison aux pignons verts.
Cheveux désespérément roux, visage constellé de taches de rousseur, Anne Shirley est une petite fille curieuse, pleine d’énergie, souvent perdue dans ses pensées, parfois d’une gravité solennelle, sans aucun doute intemporelle. Difficile de résister à ce petit bout d’humanité de onze ans parfaitement imparfaite, héroïne d’une série de romans qui a su conquérir des millions de lecteurs à travers le monde, Anne de Green Gables, écrit par Lucy Maud Montgomery, et dont le premier tome parut en 1908. Orpheline à l’esprit vif, à l’imagination sans bornes et qui adore employer de « grands mots », Anne se retrouve par erreur chez Marilla et Matthew Cuthbert qui attendaient un garçon pour les aider à la ferme. Féministe involontaire, romantique impénitente, elle est impulsive, dramatique, maligne, drôle, et telle une authentique naïve, elle va bousculer le calme et la monotonie de la vie à Green Gables, en semant partout joies et rêveries, en dénichant la beauté dans les moindres recoins, en ne s’exprimant qu’en points d’exclamation, même dans « les affres du désespoir ». Parce que l’existence d’Anne a aussi une face sombre, hantée par la mort de ses parents et les abandons, qui lui donne son énergie folle, parfois hallucinée, et qui rend son idéalisme et son indignation si poignants et si convaincants. Si le regard d’Anne transcende le monde sur lequel il se pose, Anne de Green Gables, c’est la transformation magique, presque mystique, que seul l’amour peut opérer sur les hommes et les femmes. C’est l’histoire d’une petite fille qui parvient à se faire aimer de tous (Josie Pye exceptée), et de nous les premiers.


Extraits : « Le problème avec l’imagination, c’est que le moment vient toujours où il faut s’arrêter, et alors ça fait mal. »

« C’est formidable, non, de penser à tout ce qu’il reste à découvrir ? Ça me rend si heureuse d’être en vie – le monde est tellement intéressant ! Et il ne le serait pas autant si on savait déjà tout sur tout, non ? Il n’y aurait plus de place pour l’imagination, pas vrai ? »


Mon avis : Quel plaisir que ce livre ! Les éditions Monsieur Toussaint Louverture ont magnifiquement réédité la célèbre saga Anne écrite par Lucy Maud Montgomery au début du XXème siècle. Grâce à eux, cette histoire, déjà mondialement connue, devient un magnifique livre-objet de collection, relié et cartonné, joliment illustré et modernisé, pour toucher un public plus large.

 

Avant d’entamer cette lecture, je n’avais jamais entendu parler de Lucy Maud Montgomery, ni d’Anne Shirley. Pourtant, l’histoire de cette petite fille s’est vendue à plus de 60 millions d’exemplaires à travers le monde, a été traduit dans une trentaine de langues différentes et adapté une dizaine de fois. Un succès impressionnant, surtout lorsque l’on sait que le manuscrit a été dans un premier temps rejeté par les éditeurs, avant d’être publié puis imprimé à 19 000 exemplaires.

L’auteure s’inspire d’un fait réel découvert dans un journal : un couple anglais souhaitait adopter un petit garçon, mais se sont vus attribuer une fille. C’est ce qui s’est passé pour Marilla et Matthew Cuthbert, frère et soeur, qui héritent d’une petite fille bavarde et guillerette : Anne Shirley. D’abord déstabilisés par cette erreur, confus face à la demoiselle, ils tombent rapidement sous son charme et décident de la garder avec eux, dans leur grande maison de Green Gables. Anne Shirley est aux anges. La jeune fille n’avait alors connu que tristesse et désolation dans des familles d’accueil souvent tyranniques et dépourvus de pitié à son encontre. Mais depuis son arrivée sur l’Île-du-Prince-Edouard, elle se sent renaître. Elle vit un rêve éveillé : son imagination s’affole devant la majesté des paysages.

Île-du-Prince-Edouard

Elle vit le quotidien de milliers d’autres petites filles : des travaux ménagers pour aider Marilla à la maison, des temps de loisirs avec son « âme soeur » Diana, puis des heures de travail à l’école, pour s’instruire et surpasser Gilbert Blythe, son adversaire et pire ennemi. Mais Anne Shirley se distingue des autres petites filles par son goût immodéré pour la nature, par sa pensée construite, ses paroles distinguées, son imagination débridée, son optimisme communicatif. Il émane d’elle une certaine aura, qui la rend plus charismatique que les autres fillettes. C’est une fille attachante, très ouverte d’esprit, pétillante, souvent dans la lune, mais qui a le don d’avoir le coeur sur la main. Son histoire m’a passablement attendrie. Au fil des pages, Anne Shirley grandie, évolue, passant de l’intrépide petite fille rousse aux trop nombreuses tâches de rousseurs à une jeune et belle adolescente téméraire et sûre d’elle. Son évolution rappelle sans conteste le passage de l’insouciance de l’enfance à la pleine conscience du monde. 

Anne de Green Gables peut également s’apparenter à un roman féministe, qui met en avant une nouvelle condition de la femme, dans un XXème siècle où la femme idéale restait à la maison pour s’occuper du foyer. A contrario, Anne n’a que faire des conventions. Elle étudie, excelle dans ce qu’elle entreprend, elle se donne les moyens d’y arriver, pour suivre son rêve : devenir institutrice.

Ferme de Green Gables

À maintes reprise, Anne Shirley m’a fait penser à Sophie dans Les malheurs de Sophie, ce classique du XIXème écrit par la Comtesse de Ségur. Les deux petites filles, pourtant très différentes, ont en commun leur goût pour les bêtises, inopportunes chez l’une, intentionnelles chez l’autre.

L’histoire est simple, sans grande surprise, mais tellement douce et belle. Je me suis laissé enivrer par la poésie du récit, par la majesté des décors, par le babillage d’Anne. Sa façon de se réjouir des petits riens du quotidien m’a beaucoup ému. Finalement, on se recentre aussi sur sa propre existence, en prenant conscience de l’importance des petites choses simples du quotidien qui nous entourent : la nature qui s’éveille, les oiseaux qui chantent, l’odeur des fleurs… Dans ce roman, la nature tient une véritable place de personnage. Sa présence transpire par toutes les pages, l’auteure nous incitant à l’apprécier pour ce qu’elle est, davantage que pour ce qu’elle nous apporte. C’est reposant, agréable, ressourçant.


Anne de Green Gables est un hymne à la joie, à la nature, à l’imagination. L’héroïne est attachante, pétillante, elle est pourvue de valeurs humaines et morales très fortes, qui donnent à réfléchir. C’est une magnifique parenthèse solaire et intemporelle, que je vous recommande chaudement !

Ma note : 9,5/10

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ISBN : 978-2-381-96008-1
Traduction : Hélène Charrier

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