Les Indécis


Les Indécis de Alex Daunel
275 pages, éditions L’Archipel, à 18€


Résumé : Après un accident qui lui a coûté la vie, Max doit choisir un genre littéraire pour inspirer un auteur sur Terre et pouvoir ainsi gagner l’au-delà. Il découvre que nous avons tous des livres qui nous ont fait grandir et rêver.
« Je ne vous ai pas demandé qui vous étiez. Mais quoi. Quel genre littéraire ? »
Voilà comment Max, 33 ans, est accueilli dans un bâtiment froid et austère avant de comprendre qu’il vient de mourir dans un accident de voiture. Il n’est ni au Paradis, ni au Purgatoire, mais à l’Inspiratoire où les morts doivent choisir un genre littéraire afin d’inspirer un auteur sur terre. Ils sont ainsi réincarnés en personnages de roman. Sous le choc de sa mort brutale, Max a plus de questions que de réponses. Il est, ce que l’on appelle, un « Indécis ».
Pour le guider, il peut compter sur Mme Schmidt, sa défunte professeure de français. Mais Max doit faire vite : il n’a que vingt-quatre heures pour prendre la plus importante décision… de sa seconde vie !


Extraits« – Je suis morte comme tous les gens ici, reprit-elle. Un cancer, en effet. Même plusieurs.
Max ne put réprimer un rire étouffé.
– Ici, les âmes sont en transir… Elles doivent trouver un personnage de roman dans lequel elles se réincarneront, leur permettant de vivre pour toujours.
Cette fois, Max éclata de rire. »

« Policier ? 1er étage au fond à droite.
Romance ? 2e étage, 1ère porte à gauche.
Fantastique ? 3ème étage. La porte en trompe-l’oeil, sur la droite.
Super-héros ? 2ème étage. Au fond. Attention, il y a du monde.

« Les indications provenaient d’un jeune homme qui portait fièrement son uniforme bleu pervenche. Au milieu du hall, agitant ses bras, képi vissé sur ses cheveux roux, il ressemblait à un policier en train de faire la circulation.
Il s’adressait à une foule dense mais disciplinée, chacun attendant de savoir où il devait se rendre. »


Mon avis : Les Indécis, c’est un roman plein d’audace, écrit par Alex Daunel, une française à la créativité sans limite. L’histoire se déroule dans un espace-temps parallèle au nôtre, un monde froid, lugubre, longtemps fantasmé, imaginé, rêvé : le pays des gens décédés. C’est là-bas que nous faisons la connaissance de Max, un jeune trentenaire mort tragiquement dans un accident de la route, qui vient de faire son passage dans l’au-delà. Il est accueilli par son ancienne professeure de français, Madame Schmidt, qui va le guider et lui apprendre tout ce qu’il doit comprendre de cet au-delà un peu particulier. Car oui, les personnes décédées peuvent encore exister. Elles doivent systématiquement choisir un genre littéraire qui leur correspondent et vont ensuite inspirer un auteur, qui en fera le héros de son futur roman. Une manière de rendre pérenne l’existence de chacun.

Mais d’abord, Madame Schmidt va guider Max dans son processus de deuil. Du déni jusqu’à l’acceptation de sa mort, le chemin sera dur, laborieux, mais obligatoire pour continuer à vivre en paix avec soi-même. Pour cela, la professeure également défunte va demander à Max de se souvenir de moments heureux de sa vie, de lieux qui l’ont marqués, de personnes rencontrées durant son existence, pour dresser une sorte de bilan positif de son existence passée.

À plusieurs reprises, je me suis prise à penser au roman de Mitch Alborn, Les cinq personnes que j’ai rencontrées là-haut, lu il y a quelques années maintenant. Comme dans Les Indécis, l’histoire se déroule au Paradis et invite le protagoniste, autant que le lecteur, dans une douce introspection de soi. Les deux histoires nous poussent à réfléchir sur le sens de sa vie et sur les choix quotidiens que nous faisons. C’est une lecture spirituelle, un peu philosophique, qui n’est pas aussi légère que ce qu’elle paraît aux premiers abords. Elle demande un minimum de réflexion personnel, pour comprendre et faire sienne cette fiction un peu abstraite, mais pleine de sens.

Au-delà de la thématique principale, j’ai beaucoup aimé les nombreuses références littéraires disséminées tout au long du récit. Littérature classique, contemporaine, Sherlock Holmes, Cinquante nuances de Grey… beaucoup d’auteurs illustrent sont cités, comme d’autres moins connus. J’ai particulièrement aimé la façon dont l’auteure aborde la littérature : elle ne dénigre aucun genre littéraire, chacun trouve sa propre place et son lecteur, dans ce vaste monde de livres. A chaque moment de sa vie correspond un livre ou un genre littéraire. Et gare à ceux qui tenteraient de rabaisser la littérature jeunesse, les polars, ou que sais-je encore… En somme, Alex Daunel nous offre une belle ode aux livres, aux auteurs et à tous les amoureux de la lecture, dans une histoire qui pourrait être triste de prime abord, mais qui s’avère finalement lumineuse.


Les indécis, c’est un roman inclassable : créatif, plein d’originalité, qui revisite la thématique du deuil tout en rendant un bel hommage à la littérature en général. J’ai beaucoup apprécié.

Ma note : 8/10

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ISBN : 978-2-8098-4224-1

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