À la recherche d’Alice Love


À la recherche d’Alice Love de Liane Moriarty
566 pages, éditions Le Livre de Poche, à 8,70€


Résumé : Alice Love tombe en faisant du sport. Lorsqu’elle se réveille, elle pense qu’elle a 29 ans, qu’elle est enceinte de son premier enfant et qu’on est en 1998. En réalité, on est en 2008, Alice a trois enfants, Madison, 10 ans, Tom, 8 ans et Olivia, 5 ans, et s’apprête à divorcer. Comment a-t-elle pu devenir cette femme autoritaire et maigrichonne (faire du sport ? elle DÉTESTE ça !) ? Pourquoi Elisabeth, sa soeur adorée, est-elle en froid avec elle ? Comment Nick, son amour de toujours, et elle en sont-ils venus à se détester ? Alice devra s’efforcer de reconstituer le puzzle de cette décennie oubliée et découvrira si son amnésie est une malédiction ou une bénédiction…


Extraits : « Un jour Elisabeth lui avait dit – sur un ton grave et catégorique – qu’il fallait trouver le bonheur par soi-même et ne pas attendre d’un homme, même le bon, qu’il vous comble. »

« L’amour naissance, c’est excitant et grisant. Léger et pétillant. Tout le monde peut aimer de cette façon. Mais l’amour, après trois enfants, une séparation, un quasi-divorce, les blessures qu’on s’inflige, les pardons qu’on s’accorde, les moments où l’on se lasse, ceux où l’on arrive à se surprendre, après avoir vécu le pire comme le meilleur, eh bien, cet amour-là est indicible. Il mérite un autre mot. »


Mon avis : C’est le premier roman de Liane Moriarty que j’ai la chance de lire, mais ce ne sera certainement pas le dernier (j’ai acquis simultanément Un peu, beaucoup, à la folie, qui attend sagement dans ma Pile À Lire). 

Alice Love se réveille à la salle de sport, en plein cours de step, allongée par terre. Elle vient de subir une chute et se retrouve totalement désorientée : où est-elle, que fait-elle, qui est-elle ? Sa mémoire lui joue des tours, ses souvenirs se sont évaporés, elle se croit en 1998 alors qu’elle est en 2008. C’est dix années de sa vie qu’elle vient d’effacer. Et pendant 10 ans, Alice Love en a vécu des choses : un mariage, trois enfants, un divorce, une nouvelle hygiène de vie, des relations conflictuelles avec sa soeur, de nouvelles amitiés, le remariage de sa mère… autant de choses qu’elle a totalement oubliées. Peu à peu, Alice Love va se retrouver face à la femme qu’elle est devenue, bien loin de la Alice de 1998. Elle va exécrer sa nouvelle personnalité, ses nouveaux choix, ses décisions. Finalement, ce coup sur la tête, ne serait-il pas un coup du destin pour lui permettre de remettre les pendules à l’heure ?

J’ai beaucoup aimé la narration de cette histoire, qui se veut assez dynamique. Nous découvrons, en même temps que notre héroïne, l’ensemble de sa vie, passée et présente. Ces scènes sont entrecoupées par des fragments de journal intime d’Elisabeth, la soeur d’Alice, qui couche ses pensées sur papier pour le docteur Hodges, son thérapeute, qui le lui a conseillé. Car Elisabeth souffre de ne pas réussir à concevoir des enfants naturellement. Depuis une dizaine d’années, avec son mari Ben, ils enchaînent les FIV et les échecs. Encore une thématique actuelle, souvent tue dans le passé mais de plus en plus exhibée ces dernières années. C’est justement ce problème de procréation qui tend à éloigner Alice de sa soeur Elisabeth. Outre ce journal intime, il y a également des fragments du blog de Frannie, la grand-mère de coeur des filles, qui sont insérés dans le récit. Frannie se confie sur sa nouvelle vie en EHPAD, sur la vie de ses petites-filles, les difficultés qu’elles rencontrent,… et les internautes réagissent à chaud, chacun y allant de son point de vue. De quoi dynamiser davantage le récit !

C’est un roman qui interroge sur la vie quotidienne qui peut devenir morose, sur l’amour qui peut s’étioler, sur la routine, l’usure, les rêves que l’on avait et les désillusions qui s’en échappent. On se rend compte que tout peut changer du tout au tout en seulement dix années d’existence. Liane Moriarty colle au plus près de la réalité, avec des scènes qui peuvent trouver échos parmi les lecteurs. Chacun peut s’y retrouver et s’identifier à tel ou tel phénomène de sa propre vie. 


Un très bon roman, dynamique et addictif sur la routine de la vie, l’usure de l’amour, les difficultés d’éducation, les mauvaises décisions,… Un agréable moment de lecture, léger et sans prise de tête. 

Ma note : 7,5/10

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ISBN : ‎ 978-2-253-10167-3
Traduction : Béatrice Taupeau

Bubble gum


Bubble gum de Lolita Pille
281 pages, éditions Le Livre de Poche, à 6€


Résumé : De nos jours, Cendrillon s’ennuie à servir des pastis dans un bistro de province. Le bal dont elle rêve, c’est celui des photos de mode, du cinéma et de la presse people. Ce rêve, Manon va s’efforcer de le réaliser. Elle est jolie, et il ne lui faut qu’un peu d’audace et une robe empruntée pour se glisser dans les soirées parisiennes de la jet set, où elle rencontre Derek, un milliardaire désabusé qui grille sa vie entre la drogue, l’alcool et les orgies. C’est cet homme qui va lui tendre un piège terrible, l’amener au bord de la déchéance et de la folie… La très jeune romancière de Hell, grand succès de librairie déjà traduit en cinq langues, décrit avec une lucidité impitoyable un monde où chacun est prêt à se damner pour un quart d’heure de gloire. Elle impose un tempérament d’écrivain avec lequel, indiscutablement, il va falloir compter.


Extraits : « – Tu sais, lui répond-elle en anglais, et avec l’air de quelqu’un qui s’y connaît, les cheveux d’une femme sont un peu la mémoire de tout ce qu’elle a vécu. »

« Je quittais le plateau dès que Karénine avait le dos tourné, pour aller me saouler la gueule avec ma coiffeuse au bar de son hôtel, elle baragouinait quelques mots de français, mais de toute façon, après quelques verres, cela n’avait aucune importance, car la langue de la vodka est universelle. »


Mon avis : Lolita Pille est incontestablement une auteure provocatrice. Déjà dans Hell (que j’ai lu à l’époque il y a plus de 10 ans, mais que j’étais beaucoup trop jeune pour comprendre et apprécier l’histoire comme il se doit), elle dépeignait une jeunesse rongée par la drogue, l’alcool et le sexe. Un livre qui a été longuement critiqué à l’époque. Bubble gum sort deux ans après Hell, il reprend les codes de son premier roman et rencontre à son tour un accueil mitigé de la part du public. 

Comme bon nombre de jeunes à la fin du XXème et début du XXIème siècle, Manon vit à la campagne mais rêve d’une vie plus dynamique, pleine d’aventures, de rebondissements et d’une carrière d’actrice ou de mannequin, au sommet de la gloire. Elle quitte sa petite bourgade pour Paris, où elle échoue comme serveuse, peinant difficilement à joindre les doux bouts à la fin du mois. Mais la chance lui sourit enfin le jour où elle rencontre Derek, un beau gosse milliardaire, dans une soirée mondaine. Malgré que tout les oppose, l’alchimie est immédiate, Manon et Derek deviennent indissociables. Ce dernier ouvre toutes les voies à Manon : elle est propulsée au-devant de la scène, elle enchaîne les contrats, les interviews, les gens la reconnaissent dans la rue,… elle vit un conte de fée, bien au-delà de ses espérances. Mais tout s’arrête du jour au lendemain, lorsqu’elle se retrouve seule dans une suite luxueuse, bien incapable de desceller le rêve de la réalité.

Malgré les nombreuses critiques négatives que j’ai pu lire sur ce livre, malgré son aspect un peu brouillon et ces tourbillons d’informations jetées à notre face sans réel lien direct, malgré tout… j’ose dire, à ma grande surprise, que j’ai apprécié ce livre. C’est le genre d’histoire qui sort de l’ordinaire, qu’on ne lit que très rarement. J’ai aimé la plume caractéristique de Lolita Pille, qui ne ressemble à aucune autre : provocatrice, agressive, directe, crue. J’ai apprécié ces longues phrases qu’on lit presque en apnée, avec empressement, comme si c’était urgent de finir cette lecture. J’ai apprécié le rythme, cadencé, la plongée dans ce milieu de la jet-set parisienne que l’on ne côtoie pas et que l’on a rarement l’occasion de découvrir : théâtre, prostitution, cinéma, mannequinat, galas, soirées huppées…, la découverte est totale, parfois saisissante, parfois choquante, toujours incisive et percutante pour donner à réfléchir. Car derrière ces cascades de phrases en série et ces dialogues mordants, se cache une satire du monde moderne, avec les rêves de gloire, de célébrité, la recherche constante du bonheur, du pouvoir et de l’argent. 

J’ai aimé ces personnages stéréotypés, égoïstes, superficiels, qui cadrent totalement avec le décor. Enfin, je tire ma révérence à l’auteure pour ces retournements de situation successifs qui viennent clôturer ce petit livre d’une magnifique façon. À l’image de toute l’histoire, c’est original, ça sort de l’ordinaire et on ne l’oubliera pas de sitôt !


Une lecture provocante, incisive, hautement originale, que j’ai pris plaisir à déguster. pas de juste milieu avec le style de lolita pille : soit ça passe et on adore, soit ça casse et on déteste. déroutant, surprenant, mais la satire du monde moderne n’est jamais très loin.

Ma note : 7,5/10

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ISBN : ‎ 978-2-253-11708-7

Papillon de nuit


Papillon de nuit de R. J. Ellory
505 pages, éditions Le Livre de Poche, à 8,70€


Résumé : Assassinat de Kennedy, guerre du Vietnam, luttes pour les droits civiques, Ku Klux Klan : c’est dans cette Amérique en crise des sixties que Daniel Ford a grandi. Et c’est là, en Caroline du Sud, qu’il a été accusé d’avoir tué Nathan Verney, son meilleur ami. 1982. Daniel est dans le couloir de la mort. Peu de temps avant son exécution, un prêtre vient recueillir ses dernières confessions. Bien vite, il apparaît que les choses sont loin d’être aussi simples qu’elles en ont l’air.


Extraits : « Tu gardes tranquillement tes émotions en toi, pour qu’elles ne puissent être réveillées, et quand tu es seul tu peux y réfléchir, les apprécier comme si rien ne s’était passé… mais quand tu n’es pas seul, tu dois comprendre qu’il n’y a pas aucune place pour ces émotions. Tu dois être là où tu es, et être avec la personne qui est avec toi… et si tu n’y arrives pas, alors où que tu sois, et quelle que soit la personne qui est avec toi, tu seras toujours seul… »

« On dirait que tu as un bon ami, Nathan Verney, Un garçon blanc qui prend La Défense d’un Noir de nos jours est une personne courageuse. »


Mon avis : Première rencontre littéraire avec R. J. Ellory, un auteur de polars anglais qui a fait frémir plus d’un lecteur… dont je fais désormais partie ! Dans Papillon de nuit, nous suivons Daniel Ford, un jeune homme accusé d’avoir tué Nathan Verney, son meilleur ami noir. Il est conduit dans une prison spécifique en attendant d’être exécuté pour son crime. Nous le suivons, pas à pas, jusqu’au jour de son exécution. Un parcours jonché des souvenirs qu’il se remémore, qui l’a mené à cet enfer carcéral.

On se situe dans une Amérique des années 1960, 1970 et 1980, où la ségrégation bas son plein, avec l’assassinat de JFK, de Martin Luther King, l’avènement du KKK, la guerre du Vietnam, le Watergate… Une société noire, meurtrie, affaiblie, qui laissera des traces dans l’esprit de tous ses citoyens. J’ai beaucoup aimé découvrir ce pan de l’Histoire, fortement intégrée dans le récit conté. R. J. Ellory nous donne à réfléchir sur de nombreux sujets de société – le racisme, la guerre, la peine de mort -, qui ont particulièrement marqués le siècle dernier et continuent de fleurir dans certains pays du monde. 

C’est dans ce contexte que nous suivons David Ford et Nathan Verney, deux jeunes enfants, l’un blanc et l’autre noir, qui vivent innocemment leur vie dans le petit village de leur enfance. Leurs différences ne les importune pas, ils ne s’en soucient pas et les remarquent à peine ; mais ce sont les autres qui les mettent au pied du mur et les pointent du doigt pour leur différence de couleur de peau. Faisant fi des préjugés et des quant-dira-t-on, les deux jeunes hommes continuent à se côtoyer et à faire les quatre cent coups ensemble. J’ai adoré leur complicité : on ressent tout l’amour qu’ils se portent l’un à l’autre, plein de bienveillance, de soutien et de  réconfort. Ils fonctionnent en binôme et c’est un binôme qui fonctionne bien ! Mais alors, que s’est-il passé pour que David finisse en prison, accusé d’avoir tué son meilleur ami ?

Le suspense est maintenu à son paroxysme, depuis les premiers chapitres, jusqu’au dénouement final. Le temps semble s’étirer en longueurs, comme David dans le couloir de la mort, on ressent l’attente, l’angoisse, la peur de l’inconnu. On se demande sans cesse ce qui a bien pu changer dans leurs rapports et comment une telle chose à pu être possible. Une chose qui nous frappe et que l’on perçoit avec certitude : David regrette énormément la perte de Nathan, à qui il pense presque quotidiennement. Comme on dit, c’est bien la preuve que la mort n’efface pas l’amour.


Un roman noir, qui brosse une fresque historique, politique et sociologique d’une Amérique meurtrie du siècle dernier via l’histoire d’un homme condamné à mort pour avoir assassiné son meilleur ami noir. Dramatique, prenant et déchirant ! 

Ma note : 7/10

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ISBN : ‎ 978-22-531-8442-5
Traduction : Fabrice Pointeau

Dans la rue où vit celle que j’aime


Dans la rue où vit celle que j’aime de Mary Higgins Clark
382 pages, éditions Le Livre de Poche, à 6,95€


Résumé : En 1891, des jeunes filles disparaissent mystérieusement. Mais lorsqu’un siècle plus tard, on découvre leurs squelettes ainsi que les cadavres de mortes plus récentes, la petite ville de Spring Lake, vieille station balnéaire chic de la cote Atlantique, est tétanisée. Chacun semble avoir quelque close à cacher. Le docteur, l’agent immobilier, le restaurateur… tous paraissent suspects. Mais sont-ils pour autant coupables ? Dans cette atmosphère d’angoisse grandissante, Emily Graham, une jeune avocate new-yorkaise, s’installe dans la maison de famille où, jadis, vécut Madeline, son ancêtre assassinée. Un homme observe ses faits et gestes. S’agit-il d’un tueur ? De mystérieux liens semblent le rattacher à toutes ces victimes du passé. Emily sera-t-elle sa prochaine cible ?


Extraits : « Pour être heureux un an, gagnez au loto. Pour être heureux toute votre vie, aimez ce que vous faites. »

« Tout lieu sur vous ne pouvez quitter de votre plein gré est sinistre. »


Mon avis : Je ne vous présente plus Mary Higgins Clark et ses centaines de polars. Dans La rue où vit celle que j’aime, des squelettes de femmes mystérieusement disparues en 1891 sont découverts aux côtés de cadavres de femmes plus récents. Les habitants de Spring Lake, petite ville en apparence calme et sans histoire, sont sous le choc. Les théories vont bon train sur l’identité du tueur, d’aucun affirment qu’il s’agirait d’une réincarnation du tueur du passé, qui viendrait poursuivre son oeuvre au XXIème siècle. Emily Graham, avocate et arrière-arrière-petite-fille de Madeline, retrouvée enterrée près de deux décennies plus tard, veut percer ce mystère familial. L’arrestation de ce tueur en série ferait revenir le calme dans la ville et permettrait aux familles attristées de faire convenablement leur deuil.

Comme dans chacun des Mary Higgins Clark que je lis, l’histoire est bien ficelée et le suspense suffisamment présent pour nous tenir en haleine. J’ai beaucoup aimé suivre cette double intrigue entre passé et présent et chercher des liens entre les siècles et les personnages. Car dans ce livre, chacun se retrouve à tour de rôle suspect. Tant et si bien qu’à la toute fin, le lecteur est tellement embrouillé qu’il ne sait plus à quel saint se vouer. Qui est le coupable ? Quel est son motif ? Je regrette néanmoins l’effusion de personnages, pas assez individualisés, qui ne nous permet pas d’identifier précisément qui est qui. J’avoue m’être trompée plusieurs fois en inter-changeant des couples qui n’en étaient pas. On se retrouve alors assez désarçonné face à notre page.  


Un polar bien ficelé, au suspense présent jusqu’au dénouement, qui se veut plaisant, mais pas inoubliable.

Ma note : 6/10

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ISBN : ‎ 2-253-17266-9
Traduction : Anne Damour

L’ombre de ton sourire


L’ombre de ton sourire de Mary Higgins Clark
403 pages, éditions Le Livre de Poche, à 7,50€


Résumé : Olivia Morrow sait sa fin proche. L’heure est peut-être venue de révéler le terrible secret de famille qu’elle est la seule à connaître. Qui pourrait en effet soupçonner sa cousine Catherine, nonne en voie de béatification, d’avoir eu, à dix-sept ans, un enfant, et de I’avoir abandonné ? La petite-fille de Catherine, Monica, se trouve être l’héritière de la fortune colossale de son grand-père. Pour qu’elle puisse en bénéficier, Olivia doit lui révéler l’identité de celui-ci et le mystère de ses origines. Donc rompre la promesse faite à sa cousine et trahir sa mémoire. Mais surtout mettre peut-être enjeu la vie de la jeune femme car bien sûr certains n’ont aucun intérêt à ce que la vérité éclate au grand jour… Un formidable suspense où la grande Mary Higgins Clark entrelace science, foi et quête d’identité dans une course haletante contre la mort.


Extraits : « Ouvrir un livre, avait-elle appris, est le meilleur moyen de décourager un chauffeur bavard. »

« Alexander Gannon aimait Catherine au point de n’avoir jamais regardé une autre femme. Je comprends ce sentiment. C’est à ce point que je t’aime. »


Mon avis : Mary Higgins Clark, une auteure américaine de polars dont le succès n’est plus à faire ! J’ai déjà eu l’honneur de pouvoir lire plusieurs de ses romans, qui ont tous été de forts agréables moments de lecture. L’ombre de ton sourire reste dans la lignée des précédents : c’est un polar que l’on prend plaisir à lire et à décrypter.

Olivia Morrow est une vieille dame qui détient un secret de famille qu’elle est à la seule à connaître. Sa révélation pourrait être dramatique pour certains. Sentant son heure arrivée, elle décide de le dévoiler et se met en contact avec le médecin Monica, sa petite-nièce cachée, dont le père est fruit de l’amour d’un fils de bonne famille avec la soeur d’Olivia, Catherine, devenue nonne. Monica ne sait rien de la famille de son père, adopté dès son plus jeune âge. Malgré des recherches infructueuses menées par ce dernier, il n’aura jamais pu percer ce mystère avant sa mort. Les révélations qu’Olivia va faire à Monica risque de chambouler l’ensemble de sa vie… mais les descendants directs de l’autre branche familiale ne voit pas ça d’un bon oeil.

Histoire d’argent, magouilles, jalousies, querelles familiales… autant de thématiques qui peuvent se retrouver dans toutes les familles les plus lambdas. Lorsqu’il est question d’héritage et d’argent, certains membres d’une même famille peuvent se montrer cruels et intraitables et dévoiler un visage que nul ne soupçonnait. Dans L’ombre de ton sourire, l’argent mis en jeu se compte en millions d’euros : on ne joue pas dans la même cours que les « personnes lambdas ». Les moyens mis en place pour garder cet argent à la main des descendants directs sont également différents du commun des mortels : tueur à gage, détournement de fonds, assassinat… Il n’y a pas à dire, on est bien dans un polar ! Un polar rythmé, sans doute pas le meilleur de l’auteure, mais la machination est diabolique et intéressante à suivre.

Mary Higgins Clark entrecoupe cette intrigue principale par une intrigue secondaire qui mélange science médicale et foi chrétienne. Monica est médecin, elle croit à la science, mais certains phénomènes inexplicables, comme la rémission totale d’un petit garçon qu’elle avait diagnostiqué comme condamné, dépasse l’entendement. Monica comparaît devant un parquet qui tranche pour la béatification de soeur Catherine (sa descendante sans le savoir), partie prenante dans la guérison de ce même petit garçon. C’est un sujet qui intéressait particulièrement l’auteure, qui a assisté au même type de béatification d’une religieuse et qui s’en est trouvée bouleversée. J’apprécie sincèrement de voir des sujets religieux comme cela être mis subrepticement en avant à travers des histoires policières. J’espère qu’ils pourront apporter un infime quelque chose aux lecteurs qui les lis.


Les histoires d’héritage sont rarement des parties de plaisir : querelles, jalousies, assassinats… l’argent fait souvent des dégâts ! Un polar sympathique, rythmé, qui se laisse facilement lire. 

Ma note : 6/10

Pour lire plus d’avis :
    

ISBN : ‎ 978-2-253-15726-7
Traduction : Anne Damour