J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi


J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi de Yoan Smadja

279 pages, éditions Belfond, à 17€


Résumé : Printemps 1994. Le pays des mille collines s’embrase. Il faut s’occuper des Tutsi avant qu’ils ne s’occupent de nous.
Rose, jeune Tutsi muette, écrit tous les jours à Daniel, son mari médecin, souvent absent. Elle lui raconte ses journées avec leur fils Joseph, lui adresse des lettres d’amour… Jusqu’au jour où écrire devient une nécessité pour se retrouver. Obligée de fuir leur maison, Rose continue de noircir les pages de son cahier dans l’espoir que Daniel puisse suivre sa trace.
Sacha est une journaliste française envoyée en Afrique du Sud pour couvrir les premières élections démocratiques post-apartheid. Par instinct, elle suit les nombreux convois de machettes qui se rendent au Rwanda. Plongée dans l’horreur et l’indicible, pour la première fois de sa vie de reporter de guerre, Sacha va poser son carnet et cesser d’écrire…

Dans ce premier roman bouleversant d’humanité, Yoan Smadja raconte le génocide des Tutsi du Rwanda à travers le regard de deux femmes éblouissantes, Rose et Sacha qui, sans le savoir, et par la seule force de leur plume, vont tisser le plus beau des liens, pour survivre à l’inhumain.


Extraits « Le temps qui passe n’a sur nos vies que peu de prise. Les plus profondes blessures nous sont infligées en un éclair. Celles auxquelles on ne s’attend pas. »
« L’indépendance est une sorte de jouvence, on n’en prend conscience que lorsqu’on la perd.« 

Mon avis : Un grand merci aux éditions Belfond ainsi qu’à Babelio, pour l’envoi de ce livre lors d’une Masse critique spéciale. Sans eux, je pense que je n’aurais jamais osé acheter un livre tel que celui-ci, tant le sujet est atypique comparé à mes lectures habituelles.

J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi est un roman historique sur la guerre du Rwanda, qui a débouché au génocide des Tutsis en 1994. Sacha est une jeune journaliste envoyée en Afrique du Sud avec son acolyte photographe, Benjamin. Sur une étrange intuition, la jeune femme décide de quitter l’Afrique du Sud, sans tenir compte des récriminations de son patron, et part au Rwanda. Là-bas, ils rencontreront Daniel, un médecin tutsi marié à Rose, une femme muette, qui écrit quotidiennement des lettres à son mari. L’ambiance est pesante, la guerre finie par éclater, Daniel part à la recherche de sa femme et de son fils, pour les protéger des hutus qui nourrissent une haine aux tutsis. Sacha et Benjamin vont suivre Daniel à travers le Rwanda et ce qu’ils vont y découvrir restera à tout jamais graver dans leur mémoire.

Dans mon passé de lectrice, j’avais déjà eu l’opportunité de lire Un dimanche à la piscine de Kigali de Gil Courtemanche, qui abordait cette guerre civile entre Tutsis et Hutus, et mettait en lumière les atrocités vécues par le peuple rwandais. Dans J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi, l’écriture est plus pudique, plus romancée, moins brutale. C’est un roman historique romancé, qui raconte à la fois le massacre de la guerre civile du Rwanda, mais également une histoire familiale bouleversante, celle de Daniel et de sa famille, victimes de cette guerre meurtrière.

On ressent avec intensité les émotions de chacun des personnages, en particulier la force de l’amour de Daniel pour sa famille, qui est prêt à tout, jusqu’à risquer sa vie, pour sauver celles des siens. Daniel, Sacha et Benjamin se lancent dans une course folle à travers le Rwanda, qui pour retrouver les siens, qui pour honorer son métier. Malgré les risques encourus, ils ne lâchent pas de vue leurs objectifs respectifs, et traversent, avec difficulté, les barrages érigés par les militaires hutus. La tension est à son maximum, le danger est partout, les horreurs se multiplient sur leur chemin : le Rwanda vit son plus terrible événement historique. Certaines scènes du livres sont brutes, sans fioritures, et montrent avec réalisme les horreurs provoqués par cette guerre civile. Le massacre des Tutsis, qui a duré près de 3 mois, a causé, selon l’ONU, la mort de près de 800 000 Rwandais, essentiellement des Tutsis. De ce fait, certaines scènes, écrites avec des mots bien pensés pour ajouter le plus de réalisme possible au récit, peuvent choquer certains lecteurs non avertis.


Un livre bouleversant, où la tragédie de l’Histoire côtoie la beauté romanesque. Un récit puissant, qui ne laissera personne indifférent.

Ma note : 8/10

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4 réflexions sur “J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi

  1. Nanette dit :

    Ce roman m’a l’air vraiment très intense ! Il faudrait que je lise au moins un livre sur le sujet du génocide rwandais un jour de toute façon ! Je pense qu’il est fondamental de ne jamais oublier ce que ce peuple a dû endurer pour ne pas se laisser reproduire les mêmes erreurs…

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