L’amie prodigieuse, tome 3 : Celle qui fuit et celle qui reste


L’amie prodigieuse, tome 3 :
Celle qui fuit et celle qui reste
de Elena Ferrante
541 pages, éditions Folio


Résumé : Après L’amie prodigieuse et Le nouveau nom, Celle qui fuit et celle qui reste est la suite de la formidable saga dans laquelle Elena Ferrante raconte cinquante ans d’histoire italienne et d’amitié entre ses deux héroïnes, Elena et Lila. Pour Elena, comme pour l’Italie, une période de grands bouleversements s’ouvre. Nous sommes à la fin des années soixante, les événements de 1968 s’annoncent, les mouvements féministes et protestataires s’organisent, et Elena, diplômée de l’École normale de Pise et entourée d’universitaires, est au premier rang. Même si les choix de Lila sont radicalement différents, les deux jeunes femmes sont toujours aussi proches, une relation faite d’amour et de haine, telles deux sœurs qui se ressembleraient trop. Et, une nouvelle fois, les circonstances vont les rapprocher, puis les éloigner, au cours de cette tumultueuse traversée des années soixante-dix. Celle qui fuit et celle qui reste n’a rien à envier à ses deux prédécesseurs. À la dimension historique et intime s’ajoute même un volet politique, puisque les dix années que couvre le roman sont cruciales pour l’Italie, un pays en transformation, en marche vers la modernité.


Extraits : « – Un gentleman, c’est pas une beauté classique, m’man, un gentleman ça se remarque, ça a un genre spécial ! »

« « Il faut que tu laisses plus de temps à ta femme. – Elle a toute la journée à sa disposition. – Je parle sérieusement. Si tu ne le fais pas, tu te rends coupable non seulement d’un point de vue humain, mais aussi politique. – Coupable de quel délit ? – Le gâchis d’intelligence. Une société qui trouve naturel d’étouffer toute l’énergie intellectuelle des femmes sous le poids de la maison et des enfants est sa propre ennemie et ne s’en aperçoit pas. »


Mon avis : Celle qui fuit et celle qui reste est le troisième livre de cette saga événement dont tout le monde a sans doute déjà entendu parler dans le monde littéraire : L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante. Une saga familiale italienne, qui raconte la vie de deux amies d’un quartier pauvre de Naples dans les années 1950, que l’on voit grandir, évoluer et changer au fil des ans. Après Enfance, adolescence puis Le nouveau nom, nous voici dans les années 1968, en pleins mouvements féministes et protestataires. 

On y retrouve Lila et Elena, les deux jeunes femmes que l’on a connues petites, puis que l’on a vues grandir et mûrir. Elena a publié un livre qui rencontre un franc succès, elle écume les rencontres et les salons aux côtés d’Adele, sa belle-mère, mère de son fiancé et futur mari, Pietro, un homme cultivé, intelligent, promis à une brillante carrière universitaire. C’est lors d’une conférence que Elena se retrouve nez à nez avec Nino, son amoureux d’enfant, celui qu’elle n’a jamais oublié. Troublée par cette entrevue, Elena va reprendre contact avec lui, l’inviter dans son quotidien, qu’il va malencontreusement bouleverser.

De son côté, Lila vit une vie tranquille aux côtés de son fils Gennaro et de son nouveau compagnon, Enzo. Elle travaille dans une usine de salaisons, où les conditions sont déplorables et les hommes abusent de leur pouvoir. C’est dans ce contexte particulièrement tendu que Lila va s’intéresser aux mouvements de révoltes qui bouillonnent alors en Italie. Elena, toujours en contact avec sa meilleure amie, bien que moins fréquemment qu’avant, va l’aider à amplifier sa révolte et à faire entendre sa voix. 

C’est toujours un plaisir de retrouver Elena et Lila, deux femmes attachantes, bien qu’extrêmement différentes. Elena est engluée dans une vie sans grand intérêt qui ne lui convient pas, elle est fade, effacée, elle ne maîtrise plus sa vie et se laisse bercer par son quotidien. Lila quant à elle reste fidèle à la petite fille qu’elle était : fragile et forte à la fois, obstinée, elle peut se montrer fourbe pour arriver à ses fins. Comme dans les deux premiers tomes, leur relation peut être qualifiée de toxique, tant on peine franchement à définir leurs liens. Tantôt elles semblent se haïr, se jalouser et se maudire, puis l’instant d’après elles s’entraident, se montrent généreuses et sympathiques l’une envers l’autre. Une relation complexe, parfaitement bien décrite par l’auteure. 

Dans ce troisième volume quelque peu historico-social, Elena Ferrante nous plonge dans les affres révolutionnaires qui ont secoués l’Italie et plus globalement l’Europe entière, avec les contestations de mai 1968 en faveur de l’installation de relations égalitaires dans le monde du travail, des études, de la famille et plus immédiatement, contre le pouvoir en place à ce moment-là. On prend part à ces réflexions en se questionnant sur la condition et la place des femmes dans la société et dans le couple, alors qu’émerge progressivement un féminisme pour lutter contre le patriarcat. 


J’ai toujours autant de plaisir à retrouver Lila et Elena. Néanmoins, mon intérêt pour le récit tend à s’amenuiser progressivement. Je suis quand même curieuse de découvrir le quatrième et dernier tome de cette saga forte, touchante, où amitié, amour, violence et affaires politiques et sociales s’entrecroisent à merveille. 

Ma note : 7/10

Pour lire plus d’avis :
    

ISBN : ‎ 978-2-07-269309-0
Traduction : Elsa Damien

4 réflexions sur “L’amie prodigieuse, tome 3 : Celle qui fuit et celle qui reste

Laisser un commentaire