L’amour sans le faire


L’amour sans le faire de Serge Joncour
315 pages, éditions J’ai Lu


Résumé : On ne refait pas sa vie, c’est juste l’ancienne sur laquelle on insiste », pense Franck en arrivant aux Bertranges, chez ses parents qu’il n’a pas vus depuis dix ans. Louise est là, pour passer quelques jours de vacances avec son fils dont elle a confié la garde aux parents de Franck. Le temps a passé, la ferme familiale a vieilli, mais ces retrouvailles inattendues vont bouleverser le cours des choses. Franck et Louise sont deux êtres abîmés par la vie, ils se parlent peu mais semblent se comprendre. Dans le silence de cet été chaud et ensoleillé, autour de cet enfant de cinq ans, « insister » finit par ressembler, tout simplement, à la vie réinventée.


Extraits : « Que les autres soient décevants, c’était fatalement concevable, mais s’y surprendre soi c’était mortifiant. »

« À Paris on est apprécié à la mesure de l’intérêt qu’on représente, d’où l’urgence de s’en donner. »


Mon avis : L’année passée, j’avais pu découvrir mon premier Serge Joncour, Chien-Loup, un polar aux thématiques variées, très intéressant, mais doté de longueurs narratives quelque peu ennuyantes. Avec L’amour sans le faire, je redécouvre l’auteur dans un style nouveau : un roman sentiment, qui traite du deuil, de l’amour et présente tout un panel d’émotions pudiques, sensuelles, mais profondément humaines.

Louise est veuve depuis dix ans. La plaie du deuil est encore ouverte, elle y repense constamment, sans pouvoir s’en affranchir pour reconstruire sa vie. D’une union charnelle de passage, Louise donne naissance à un enfant, qu’elle confie aux mains de ses anciens beaux-parents, les parents de son mari défunt, qui vivent dans un coin reculé en pleine campagne. C’est également là que se rend Franck, leur deuxième fils, qu’ils n’ont pas revu depuis les fameuses obsèques. Atteint récemment par une maladie, Franck se décide à renouer avec ses parents, après une brouille qui les a séparés, lui à Paris, eux à la campagne. Dans cet havre de paix et de tranquillité, Franck et Louise vont se croiser et s’aider mutuellement à retrouver goût à la vie… grâce à l’entremise d’un petit garçon pétillant et plein de joie de vivre. 

Louise et Franck, pris séparément, sont minés par la perte du même homme : le mari de l’une et le frère de l’autre. Un homme qui semblait exceptionnel selon leurs dires, qu’ils n’arrivent pas à remplacer et à oublier. Ils transportent chacun depuis plus de dix ans leur deuil, qui mine leurs journées, leurs interactions avec les autres et globalement, leur vie entière. Seuls les parents ont réussi à aller de l’avant sans se morfondre sans cesse sur une vie qu’on ne pourra pas faire revenir. Mais ensemble, au contact l’un de l’autre, Louise et Franck semblent oublier leur chagrin et retrouver des couleurs. Ils s’ouvrent progressivement au monde, retrouvent les plaisirs simples du quotidien, se mettent à rire, à ressentir des émotions qui leur sont propres et une certaine attirance l’un pour l’autre. Le tout de façon pudique, avec douceur et sensibilité. Mais le souvenir de l’être cher demeure dans leurs pensées, leur interdisant tout rapprochement qui pourrait nuire à son répit éternel.

J’ai beaucoup aimé la façon qu’à Serge Joncour de parler des sentiments, avec délicatesse et pudeur, ainsi que sa façon d’aborder les difficultés de communication et d’interaction que peuvent ressentir certains hommes, à l’instar de Franck avec ses parents, qui vivent dans deux univers diamétralement opposés ou de Louise avec le monde extérieur, où elle pense ne plus mériter sa place. Le récit est bien écrit et semble glisser tout seul, sans atomes crochus ou rebondissements surprenants. J’aurais apprécié plus de rythme, une écriture moins lisse et un semblant d’intrigue, puisqu’il ne se passe quasiment rien de concret dans L’amour sans le faire, tout n’est que moments de vie et sentiments.


Serge Joncour nous propose un roman plein d’espoir, où deux êtres fragilisés par la vie se rencontrent au bon moment et retrouvent progressivement goût à celle-ci. Une tonalité pudique, qui émeut et donne à réfléchir sur la brièveté de la vie et les interactions entre humains. 

Ma note : 6,5/10

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