L’enfant du volcan


L’enfant du volcan de Ghyslène et Léo Marin 350 pages, éditions Albin Michel, à 20,90€


Résumé : Saint-Avre, village de la Creuse vidé par l’exode rural. Le château, devenu un orphelinat, vient d’accueillir des enfants d’ailleurs, dont Mila, une petite Réunionnaise, arrachée à son île et à sa famille. La fillette trouve auprès d’Ernestine et d’Hector, les épiciers du village, un peu de réconfort. Or, l’attachement profond qui se crée entre ce couple sans enfant mais débordant d’amour et cette gamine livrée à la solitude et au racisme semble contrarier les autorités administratives… Avec son fils Léo, Ghyslène Marin, puisant aux sources de son propre passé, signe un roman où la fiction se mêle à l’histoire. Au-delà de la grande sensibilité avec laquelle il décrit le lien qui se crée entre des êtres blessés, L’Enfant du volcan donne chair à cet invraisemblable drame vécu par des milliers d’enfants déplacés entre 1962 et 1984 vers des communes dépeuplées de la métropole, dans une totale indifférence.


Extraits : « La vie des morts n’appartient pas aux morts, elle appartient aux vivants. » « Quand on a une famille, on construit des châteaux de sable. Quand on n’a pas de famille, on croit vivre dans un désert. »

Mon avis : L’enfant du volcan est un livre dans lequel la fiction côtoie la réalité. Pendant près de 20 ans, de 1963 à 1981, des milliers d’enfants sont arrachés à leur terre natale de La Réunion et à leur famille pour repeupler des zones désertiques dans les campagnes françaises. Un scandale d’état qui a éclaté bien plus tard, puisqu’il aura fallu près de 20 ans encore avant que les premières contestations naissent de la part des familles bafouées.

Ici, à Saint-Avre, petit village de 800 habitants dans la Creuse, le château municipal, devenu orphelinat, accueille des centaines d’enfants réunionnais, déracinés et séparés de force de leur famille. C’est dans ce village que vivent Ernestine et son mari Hector, un couple vieillissant, sans histoire, mais parfois moqués, du fait de l’étrangeté d’Hector, que les autres habitants ne considèrent pas comme normal. Ernestine tient l’épicerie du village et a le bonheur de voir quotidiennement la petite Mila passer dans sa boutique. Une bouffée de fraîcheur, de gaieté et de bonne humeur, qui vient mettre de la joie dans la vie de cette petite mamie, qui n’a jamais pu avoir d’enfant. Les jours passant, le couple s’attache davantage à cette petite fille, qu’ils invitent fréquemment à passer le week-end loin de l’orphelin, dans leur maison douillette. Un havre de paix pour elle, qui n’a jamais connu l’amour familial.

Mila détient un sacré caractère. Elle a un tempérament de feu, elle est dynamique, enjouée, honnête, parfois directive, mais très attachante. C’est une personnalité qu’elle s’est forgée seule à l’orphelinat, alors qu’elle se retrouve entourée d’enfants dans le même cas qu’elle, sans attaches familiales, obligés de se conforter aux règles strictes imposées par les sœurs, directrices de l’établissement. J’ai été émue par cette jeune fille, si fragile mais pourtant si forte. Son histoire est à l’image des milliers d’autres, qui n’ont pas pu avoir une enfance décente, en raison de la migration forcée imposée à leurs familles. Chaque famille pensait donner des conditions de vie plus clémentes à leurs progénitures, d’autres signaient les documents sans même les lire, parfois en raison de la peur, parfois par manque d’éducation. Bien que le scandale ait éclaté et que les tords tentent d’être réparés, il est essentiel de mettre en lumière cet épisode dramatique, pour montrer tout le tragique de cette histoire : le racisme subi par les enfants déplacés, la méchanceté, la discrimination à leur égard, leur perte totale d’identité et de repères. Autant de faits marquants qui les empêcheront certainement de se construire convenablement.

Malgré tout l’intérêt que j’éprouve pour cette histoire, j’ai trouvé qu’il y avait un fossé entre le fond – le contexte global, les faits historiques alliés à la fiction – et la forme – comment tout ça est décrit. Bien malgré moi, j’ai parfois ressenti de la lassitude et un peu d’ennui en lisant ce livre, non pas à cause de l’histoire, mais plutôt de la façon dont elle était écrite. J’aurais sans doute aimé plus de dynamisme, une écriture moins pesante, plus aérée et aérienne. 


Une histoire émouvante sur les milliers d’enfants réunionnais déportés en France pour repeupler les campagnes. Un habile mélange de fiction et de réalité, pour mettre en lumière cet épisode dramatique de l’histoire de notre pays et les conséquences directes et indirectes engendrées pour les enfants et leurs familles.

Ma note : 6,5/10

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ISBN : ‎ 978-2-226476746

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