Les soeurs du mal


Les soeurs du mal de Alice Clark-Platts
357 pages, éditions Hauteville, à 8,20€


Résumé : « Leur maison avait été recouverte d’insultes, leur boîte aux lettres recouverte d’excréments. On avait envoyé un cocktail Molotov contre leur porte d’entrée. Les lettres de menaces s’étaient multipliées. Une fois le procès terminé, la police leur avait conseillé de déménager et de changer d’identité. Si elles venaient à être démasquées, on leur ferait du mal. » 1997, dans une petite ville d’Angleterre. Une fillette est sauvagement assassinée après avoir été torturée par Lila et Rose Bowman, respectivement âgées de dix et six ans. L’affaire défraye la chronique et les deux sœurs font la une de la presse à scandale. Si Lila est jugée coupable de meurtre, Rose, trop jeune pour répondre de ses actes, est remise en liberté sous une autre identité. Près de vingt ans plus tard, alors que Lila est toujours derrière les barreaux, sa sœur passe des vacances dans le Devon avec son compagnon. Quand une fillette disparaît de l’hôtel où elle réside, elle redoute que sa véritable identité soit révélée, car elle risque fort de devenir le suspect numéro un…


Extraits« Est-ce cela, le mariage ? se demande-t-elle. Un équilibre permanent entre désir et impatience ? »

« Personne ne vient jamais à votre secours dans la vie, on est seul jusqu’au bout. Du premier au dernier jour. »


Mon avis : Rose et Lila ont respectivement six et dix ans. Alors qu’elles jouaient au parc pour enfants, elles vont torturer puis assassiner sauvagement une petite fille. Lila est jugée coupable ; Rose étant trop jeune pour répondre de ses actes. Près de vingt ans plus tard, Lila est toujours derrière les barreaux à purger sa peine, depuis longtemps abandonnée par toute sa famille, hormis son oncle, également son avocat, qui tente depuis des années de la disculper. Tandis que Rose, devenue Hazel, a construit sa vie. Elle vit maintenant avec un homme, papa d’une jeune fille, devenue la belle-fille de Rose. Mais le passé va la rattraper, lorsqu’une jeune fille disparaît mystérieusement de l’hôtel où elle était en vacances avec sa nouvelle famille. Bien qu’elle ait changée d’identité depuis des années maintenant, un écrivain du nom de Max va faire le rapprochement avec l’affaire des deux soeurs, dite les « Flowers Girls ». Les journalistes et les enquêteurs vont également faire le lien et la prendre comme suspect numéro un dans la disparition.

Alice Clark-Platts aborde une thématique que je n’avais encore jamais lu : le  crime réalisé par des enfants. C’est un sujet assez sensible, puisque les opinions diverges grandement : faut-il juger un jeune enfant comme un adulte ? Quelle peine lui affliger ? En sachant qu’ils ne sont encore que des enfants, qu’ils n’ont pas forcément développés toute leur réflexion, faut-il leur laisser une deuxième chance ? Un enfant est-il conscient de ces actes ? Autant d’interrogations qui, encore aujourd’hui, alimentent le débat. Me concernant, j’ai été très étonnée de voir une toute jeune fille aller en maison de correction pour mineure aussi longtemps, puis enchaîner sur une prison pour adultes. Même si le crime est odieux, je pense sincèrement que la peine aurait dû être moindre, puisque la jeune fille n’était qu’une enfant au moment des faits, d’autant plus qu’elle n’a jamais reconnu le crime et qu’aucun témoin n’était présent sur les lieux du meurtre. Des imprécisions qui rendent l’affaire invraisemblable et le système judiciaire décrit peu réaliste.

Dans le cadre de ce thriller, l’auteure s’est basée sur une histoire vraie, en se donnant la liberté de remanier certaines scènes avec des épisodes fictionnels. Bien que j’ai grandement apprécié découvrir ce récit, riche en rebondissements, avec une tension adéquate, bien dosée, j’ai trouvé que certains passages manquaient de réalisme, comme souligné plus haut. Je n’ai jamais entendu parler d’une peine de prison aussi longue allouée à une enfant (mais peut-être puis-je me tromper). Aussi, j’ai trouvé que l’avocate de la partie adverse, s’acharnait trop cruellement contre Lila ; elle souhaite vaille que vaille que cette dernière continue le plus longtemps possible à purger sa peine de prison. Après tant d’années, même s’il est toujours impossible de pardonner, on pourrait penser que la coupable et sa famille ont suffisamment payé pour le crime commis. Aux propos de l’avocate s’ajoute la liesse de l’opinion publique et des médias, chacun y allant de son avis et de son commentaire. Le retentissement médiatique est énorme, la pression ressentie par Rose et Lila l’est tout autant. Injures, violences, dégradations matérielles…, la foule en folie est assoiffée de sang et souhaite faire justice elle-même. Une image un peu forci de la mentalité de notre société actuelle.

Quant au dénouement, bien que sympathique à lire, ce n’était clairement pas le point fort du livre, puisqu’il était un peu trop prévisible. Mais sans doute les lecteurs les moins avertis seront étonnés de cette fin.


Un polar à suspense, rythmé et intéressant, dans lequel deux héroïnes mineures sont accusées du meurtre d’une petite fille. Alice Clark-Platts alimente le débat en nous faisons réfléchir sur la responsabilité des enfants face au crime.

Ma note : 6,5/10

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ISBN : 978-2-38122-135-9
Traduction : Emmanuelle Ghez

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