La vie qu’on m’a choisie


La vie qu’on m’a choisie de Ellen Marie Wiseman
527 pages, éditions Faubourg Marigny, à 21€


Résumé : Un soir d’été de 1931, Lilly Blackwood remarque les lumières d’un cirque depuis la fenêtre de sa mansarde. La petite fille a interdiction d’explorer les alentours de Blackwood Manor… Elle n’est même jamais sortie de sa petite chambre. C’est pour sa sécurité, lui répète sa mère, car Lilly fait peur. Mais cette nuit-là, elle est emmenée en dehors de la propriété, pour la première fois. Et elle est vendue au cirque.
Deux décennies plus tard, Julia Blackwood hérite du manoir de ses parents et de leur élevage de chevaux. Elle espère que revenir sur le lieu de son enfance pourra effacer de douloureux souvenirs. Mais elle va découvrir une mansarde jamais ouverte, et les photos d’un cirque mettant en avant une étonnante jeune femme… Au début, le cirque des Frères Barlow n’est qu’une nouvelle prison pour Lilly. Mais au sein de ce monde violent et hétéroclite, Lilly va découvrir la force, l’amitié, et un lien incroyable avec les animaux.
Rapidement, grâce aux éléphants Pepper et JoJo, et à leur dresseur, Cole, Lilly n’est plus seulement une petite attraction, mais le clou du spectacle… jusqu’à la tragédie.


Extraits« Non, il n’est pas fou. Simplement, certaines personnes pensent que si quelqu’un est différent à l’extérieur, alors il l’est aussi à l’intérieur.« 

« Beaucoup de gens méprisent les forains. On ne nous fait pas confiance. Mais un cirque, c’est un endroit où une personne peut gagner sa vie même en ayant perdu les possessions que la société traditionnelle lui dicte d’avoir. »


Mon avis : Attention, coup de coeur en vue ! L’histoire se passe en 1931. La petite Lilly est différente des autres enfants ; pour la protéger, ses parents l’ont donc enfermée dans sa chambre, seule pièce qu’elle a connue de toute sa vie. Aussi, lorsqu’elle voit de sa fenêtre un cirque s’installer dans le lointain, la petite fille est aux anges et rêve de voir et toucher les animaux. Lorsque sa mère pénètre dans sa chambre en lui disant de mettre sa plus belle robe, Lilly pense qu’elle va pouvoir enfin découvrir le monde extérieur et voir le cirque de plus près. Sauf qu’au lieu d’assister à une représentation, la mère de Lilly la vend aux forains. La petite fille, désorientée, paniquée, apeurée, s’effondre de tristesse et d’effroi. Est-elle si différente des autres ? Quelle particularité physique effrayait tant ses parents pour qu’ils décident de se débarrasser d’elle ? Bien malgré elle, Lilly va devoir s’intégrer à cette grande famille de forains.

En parallèle de cette histoire, nous plongeons quelques années plus tard, en 1956, aux côtés de Julia Blackwood. Suite au décès de sa mère, Julia hérite de la propriété familiale, un grand manoir isolé, où sont élevés des chevaux d’exception. En retournant sur les lieux de son enfance, elle va découvrir d’un oeil neuf certaines pièces de la maison et sera surprise de constater que les murs du manoir renferment bien des secrets précieusement enfouis. L’alternance des points de vue entre le passé et le moment dit « présent », rend le récit dynamique et d’autant plus intriguant. On se demande quel lien peuvent bien avoir ces deux protagonistes, tout en ayant tout de même une petite idée derrière la tête.

D’emblée, j’ai été happée par l’univers fantastique du cirque, par l’itinérance et le vagabondage des artistes, toujours en mouvement, se couchant dans une ville pour se réveiller dans l’autre. J’ai été époustouflée par les numéros spectaculaires, étonnants, les talents des uns et l’audace des autres. Il n’y a pas à dire, le cirque, dans le référentiel commun, est rattaché à l’enfance dans ce qu’il a de magique, d’extraordinaire, d’époustouflant. Chacun redevient enfant en voyant des éléphants reproduire des performances insensées, des clowns hilarants, des tours de magies inexplicables. Malheureusement, Lilly se retrouve dans le musée des curiosités, où des personnes handicapées, différentes, souvent étiquetées comme des monstres, sont exposées au vu de tous les curieux. Chacun y va de son commentaire, critiquant ouvertement les particularités physiques de chacun des êtres du spectacle. C’est une attraction assez spécifique, qui peut être choquante d’un point de vue éthique, mais qui pourtant, a bel et bien existé jadis.

Plus que jamais au coeur de l’actualité, on peut également se questionner sur la présence des animaux sauvages dans les cirques, leur représentation et leur traitement par les forains. Dans un passé pas si lointain, nous pouvions encore admirer les lions sauvages, élevés en captivité, se produire sur la piste du cirque, avant de retourner tourner en rond dans sa petite cage étriquée. Aujourd’hui, près d’une trentaine de pays interdisent totalement la présence d’animaux sauvages dans les cirques, tandis que la France entend bien interdire progressivement leur apparition dans ces spectacles itinérants.

Pour en revenir à La vie qu’on m’a choisie, j’ai été totalement séduite par l’univers présenté, mais aussi par le personnage de Lilly, une petite fille singulière, mais très courageuse, qui a su combattre les préjugés et les nombreuses difficultés qui se dressaient sur son passage, pour aller de l’avant et continuer à vivre sa vie comme elle l’entendait. Au cirque des Frères Barlow, elle fera la rencontre de très bonnes personnes, devenus de véritables amis, qui l’épauleront, la soutiendront et l’aideront à accepter sa différence tout en apprenant à vivre pleinement. Nous suivons avec avidité les aventures extraordinaires de Lilly, que j’ai trouvées bien plus intéressantes que celles de Julia. Tout n’est qu’une succession de rebondissements, de situations exceptionnelles, qui sortent de l’ordinaire et nous permettent de voyager dans des contrées lointaines, dans un univers singulier et atypique. 


Une lecture singulière, totalement dépaysante, qui nous transporte au coeur d’un cirque itinérant des années 1931. Un voyage tragique mais bouleversant, durant lequel est abordé une thématique lourde : l’acceptation de la différence qui passe par le combat des préjugés. J’espère de tout coeur voir un jour ce livre en haut d’une affiche de cinéma !

Ma note : 9,5/10

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ISBN : 978-2-4907-4620-2
Traduction : Typhaine Ducellier

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