Un mur entre nous


Un mur entre nous de Caroline Corcoran
430 pages, éditions Hauteville suspense, à 8,20€


Résumé : « Ils ignorent de quoi je suis capable, tous autant qu’ils sont. Ils ignorent jusqu’à mon véritable nom. Ils ignorent qui est la personne qu’ils ont devant eux. Ils ignorent ce que je cache tout au fond de moi et ce que j’ai fait, il y a presque trois ans, quand ils ne me connaissaient pas encore. » Lexie et Tom vivent à Londres dans un charmant appartement dans lequel ils espèrent accueillir un enfant. Mais récemment, il semblerait que quelqu’un s’introduise en leur absence dans leur petit nid d’amour. Un livre déplacé, une armoire ouverte, le double des clés qui disparaît… Tom est convaincu que sa compagne se fait des idées. Ces derniers temps, elle est à cran. Mais Lexie n’a pas le moindre doute : quelqu’un surveille ses moindres faits et gestes. Quelqu’un lui veut du mal. Est-il encore temps d’éviter le pire ?


Extraits : « – Je suis célibataire.
Oh, ça oui, je suis on ne peut plus célibataire… Célibataire et malheureuse de l’être. Je ne m’aime pas. Je n’apprécie pas ma propre compagnie. Seule, je me sens décalée, inadaptée, incapable de prendre la bonne décision. Il me faudrait un alter ego pour atténuer mon être à cinquante pour cent. J’ai besoin qu’on me dilue, comme un sirop. »

« En tout cas, même si je n’ai pas à me plaindre, j’ai tendance à regarder ce qu’ont les autres et à le vouloir aussi. Ça, c’est tout moi. Mais peut-être qu’au fond tout le monde fonctionne ainsi. »


Mon avis : Dans un immeuble tranquille du centre de Londres, vivent Lexie et son compagnon Tom, des trentenaires à la vie posée, qui tentent désespérément d’avoir un enfant. Lexie est à cran, le moral plombé, elle en veut à la terre entière et particulièrement à Harriet, sa voisine, à qui tout semble sourire. Harriet habite de l’autre côté du mur ; un mur si fin que chaque son est amplifiée. C’est une jeune trentenaire célibataire, à la vie rythmée, trépidante… mais illusoire. Car Harriet, bien qu’heureuse en surface, est en fait en proie à une dépression post-rupture qui la ronge depuis de nombreuses années. Tout comme sa voisine, elle idéalise la vie rêvée de Lexie à travers le mur de son appartement. Chacune souhaite vivre la vie de l’autre, sans savoir qu’elles vivent chacune, à leur façon, un enfer personnel.

C’est un thriller psychologique glaçant que nous livre Caroline Corcoran. On se retrouve face à deux protagonistes que tout oppose, qui vont donner leur point de vue à tour de rôle via une alternance de chapitres. Le scénario est original, il nous fait tressaillir, tant il est empreint de réalisme : cela peut aisément nous arriver à nous aussi.

On découvre au fil des pages la psychologie des deux femmes. L’une, Harriet, est celle qui frappe le plus. Jeune femme machiavélique, ouvertement dérangée, souffrant de multiples troubles et traumatismes, qu’elle ne souhaite pas voir guérir. Elle est rusée, prête à tout pour arriver à ses fins, jalouse maladive, obsessionnelle paranoïaque, dépressive, inquiétante. Nous découvrons son histoire au gré du récit et comprenons avec évidence les raisons qui l’ont amenées à devenir la femme qu’elle est aujourd’hui : sa relation passée avec un pervers narcissique et toxique.

Quant à Lexie, c’est un personnage plus effacé, doux, calme, qui se montre quand même convaincante et sûre d’elle. À travers elle, Caroline Corcoran aborde une thématique sensible : le désir maternel ardent. Âgée de plus de 30 ans, elle essaie désespérément de concevoir un enfant avec son compagnon, sans jamais y parvenir. Cette idée la suit, la hante devrais-je dire, durant toutes les secondes de son existence. Une difficulté qui rejaillit invariablement sur son couple, avec des sautes d’humeur constantes, des disputes fréquentes, une routine sexuelle dénuée de désirs. C’est à partir de cette brèche de leur existence que Harriet va tenter de se faufiler pour leur détruire la vie. Le personnage de Lexie se place à l’opposé de la personnalité d’Harriet, puisqu’elle est plus pragmatique, rationnelle et lucide. Néanmoins, malgré leurs caractères disjoints, elles ont quand même de nombreux points communs : un manque de confiance en elles flagrant, une solitude étouffante, des pensées obsessionnelles, une paranoïa évidente. En définitive, le mur de leurs appartements sépare deux femmes différentes, mais semblables. 

Néanmoins, que ce soit aussi bien que l’autre, aucune des deux ne m’a particulièrement parue attachantes. Il restait un grand fossé entre elles et moi, qui n’a pas réussi à être traversé durant ces 430 pages. En sus, bien que ce soit un polar psychologique, dont une histoire focalisée essentiellement sur les personnalités des protagonistes, sur leurs différentes façons de réagir et d’interagir entre eux, il me manquait la dose de suspense minimum que l’on attribue à chaque polar. Aussi, c’est la raison pour laquelle j’ai ressenti une certaine lassitude arrivé à la moitié de l’histoire, qui ne m’a pas quitté jusqu’au rebondissement final ; inattendu et glaçant d’effroi.


Un roman psychologique original et addictif, dont il manque la dose de suspense essentielle à tout bon polar. 

Ma note : 6,5/10

Pour lire plus d’avis

 

ISBN : 978-2-38122-187-8
Traduction : Barbara Versini

2 réflexions sur “Un mur entre nous

Laisser un commentaire