La fabrique du crétin digital


La fabrique du crétin digital de Michel Desmurget

558 pages, éditions Points, à 8,90€


Résumé : La consommation du numérique sous toutes ses formes – smartphones, tablettes, télévision, etc. – par les nouvelles générations est astronomique. Dès 2 ans, les enfants des pays occidentaux cumulent chaque jour presque 3 heures d’écran. Entre 8 et 12 ans, ils passent à près de 4 h 45. Entre 13 et 18 ans, ils frôlent les 6 h 45. En cumuls annuels, ces usages représentent autour de 1 000 heures pour un élève de maternelle (soit davantage que le volume horaire d’une année scolaire), 1 700 heures pour un écolier de cours moyen (2 années scolaires) et 2 400 heures pour un lycéen du secondaire (2,5 années scolaires).
Contrairement à certaines idées reçues, cette profusion d’écrans est loin d’améliorer les aptitudes de nos enfants. Bien au contraire, elle a de lourdes conséquences : sur la santé (obésité, développement cardio-vasculaire, espérance de vie réduite…), sur le comportement (agressivité, dépression, conduites à risques…) et sur les capacités intellectuelles (langage, concentration, mémorisation…). Autant d’atteintes qui affectent fortement la réussite scolaire des jeunes.
 » Ce que nous faisons subir à nos enfants est inexcusable. Jamais sans doute, dans l’histoire de l’humanité, une telle expérience de décérébration n’avait été conduite à aussi grande échelle « , estime Michel Desmurget.
Ce livre, première synthèse des études scientifiques internationales sur les effets réels des écrans, est celui d’un homme en colère. La conclusion est sans appel : attention écrans, poisons lents !


Extraits : « La consommation récréative du numérique – sous toutes ses formes (smartphones, tablettes, télévision, etc.) – par les nouvelles générations est absolument astronomique. Dès 2 ans, les enfants des pays occidentaux cumulent chaque jour presque 3 heures d’écran en moyenne. Entre 8 et 12 ans, ils passent à près de 4h45. Entre 13 et 18 ans, ils effleurent les 6h45. Exprimé en cumul annuel, cela représente autour de 1 000 heures pour un élève de maternelle (soit davantage que le volume horaire d’une année scolaire), 1 700 heures pour un écolier de cours moyen (2 années scolaires) et 2 400 heures pour un lycéen du secondaire (2,5 années scolaires). Exprimé en fraction du temps quotidien de veille, cela donne respectivement un quart, un tiers et 40%. »

« Penser dans le vide, ce n’est pas penser, c’est divaguer. »


Mon avis : Nous passons de plus en plus de temps derrière nos écrans. Télévision, téléphone portable, tablette… ils sont partout, monopolisent notre temps, notre concentration, perturbent notre sommeil, interfèrent sur nos pratiques langagières, sans que nous arrivions à les en empêcher. La fabrique du crétin digital est un essai condensé, hyper documenté, sur tous les aspects du numérique et de son influence sur les nouvelles générations en particulier. À travers des exemples concrets, des graphiques, statistiques et expériences scientifiques, comportementales, physiques et psychiques, Michel Desmurget, docteur en neurosciences cognitives, directeur de recherche de l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médical), nous dresse  un état des lieux global de la situation actuelle.

Sous forme de pamphlet contestataire, il alerte sur les dangers du numérique pour nos jeunes générations. En effet, à travers des tableaux statistiques et comparatifs, on se rend compte avec effarement de la consommation excessive des écrans pour les loisirs chez les enfants en priorité, mais aussi très clairement chez les adultes. Mais c’est chez les jeunes que cela est le plus dangereux, puisque les écrans contribuent à freiner leur épanouissement intellectuel, émotionnel et sanitaire.

Attention, cet ouvrage n’est pas moralisateur, il tend avant tout à informer et alarmer les parents, futurs parents et/ou adolescents, pour permettre une prise de conscience, et pourquoi pas, un changement de comportement vis-à-vis des écrans. Pour appuyer ses bonnes intentions, l’auteur va même jusqu’à regrouper plusieurs solutions aux nombreux problèmes cités : pas d’écrans avant 6 ans, un temps limité au-delà, un accès surveillé, des créneaux-horaires aménagés (pas le matin ni le soir)… autant d’éléments qui peuvent permettre d’améliorer les situations de chacun.

C’est un ouvrage instructif, que ce soit pour moduler nos consommations des écrans, pour les adapter à nos proches, à nos enfants, ou seulement pour enrichir notre culture générale sur les pratiques marketing modernes, sur leur influence néfaste et les dangers qu’ils peuvent produire sur l’être humain. C’est une thématique large, pas facile à aborder, qui demande de la réflexion et une bonne part de disponibilité. La plupart d’entre nous sommes conscients de la part nocive des écrans sur notre quotidien, mais cet ouvrage apporte maintes preuves troublantes sur les conséquences que peuvent avoir l’usage abusive des écrans. Bien que conscients, le plus dur reste de se désintoxiquer soi-même, ou du moins de réduire en partie notre temps passé devant les écrans récréatifs, avant de pouvoir faire une quelconque morale à nos jeunes.

Bien évidemment, cet essai ne se lit pas forcément comme un roman, libre à vous de choisir les chapitres qui vous intéressent en particulier, d’en sauter certains, de revenir sur d’autres. Il peut se lire de façon désordonné, sans toutefois que l’on se perde dans les paroles de l’auteur et c’est bien là tout l’intérêt du format.

Néanmoins, j’ai eu du mal à accrocher au ton de Michel Desmurget. Attention, je ne reproche absolument rien à son style narratif, que j’ai trouvé extrêmement bien travaillé, ciselé avec précision, mais à son ton de voix. Je l’ai trouvé accusateur, sarcastique, froid, pessimiste et très alarmant. Il ne consacre qu’un seul chapitre – un des plus courts, au demeurant -, aux solutions possibles pour contrer ces nombreux problèmes. À mon sens, il est bon d’être alarmiste et de pointer du doigt ce qui ne fonctionne pas, mais il est tout aussi important d’apporter des solutions à mettre en pratique immédiatement pour contrer ces dangers. J’ai parfois été agacée par l’auteur, je l’avoue, par son verbiage vitupérant, qui attaque frontalement et peut démoraliser les esprits les plus faibles. Ajoutons à cela les quelques passages rébarbatifs qui s’étirent tristement en longueurs… heureusement que le saut de pages était permis et que le fond du sujet était quand même intéressant !


Un essai instructif mais alarmant sur la nocivité des écrans. Bien documenté, doté de réflexions approfondies et facilement intelligibles, ce livre, provocateur, accusateur, est à mettre entre toutes les mains !

Ma note : 6,5/10

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ISBN : 978-2-7578-8683-0

9 réflexions sur “La fabrique du crétin digital

  1. Miss Obou dit :

    Le Père Noël a offert ce livre à mon frère l’année dernière et j’avais envie de le lui piquer! Bien consciente des dangers des écrans, ce livre m’intéresse quand même! Par contre, je trouve complètement fou qu’un enfant de 2 ans puisse passer 3h par jour devant un écran! Les parents sont irresponsables! Sans aller au « pas d’écran avant 6 ans », on peut avoir un juste milieu! P’tit Loup, du haut de ses 4 ans a environ 1h30 d’écran par semaine. Il me semble que c’est déjà pas mal!

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    • analire dit :

      Effectivement, il faut savoir doser. 1h30 d’écran par semaine à 4 ans, je trouve ça très bien ! Il ne faut pas non plus les priver, sinon ils risquent d’être pointés du doigt car différents de leurs petits camarades. En tout cas, je te conseille de le lire, il est super intéressant (et un peu effrayant tout de même).

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