Les suprêmes


Les suprêmes d’Edward Kelsey Moore

315 pages, éditions Actes Sud, à 22,80€


Résumé : Elles se sont rencontrées à la fin des années 1960 et ne se sont plus quittées depuis : tout le monde les appelle “les Suprêmes”, en référence au célèbre groupe de chanteuses des seventies. Complices dans le bonheur comme dans l’adversité, ces trois irrésistibles quinquas afro-américaines aussi puissantes que fragiles ont, depuis leur adolescence, fait de l’un des restaurants de leur petite ville de l’Indiana longtemps marquée par la ségrégation leur quartier général où, tous les dimanches, entre commérages et confidences, rire et larmes, elles se gavent de nourritures diététiquement incorrectes tout en élaborant leurs stratégies de survie.
Née dans un sycomore, l’intrépide Odette, qui mène son monde à la baguette, converse secrètement avec les fantômes et soigne son cancer à la marijuana sur les conseils avisés de sa défunte mère, tandis que la sage Clarice endure les frasques de son très volage époux pour gagner sa part de ciel. Toutes deux ont pris sous leur aile Barbara Jean, éternelle bombe sexuelle que l’existence n’a cessé de meurtrir. D’épreuves en épreuves, l’indissoluble trio a subsisté contre vents et marées dans une Amérique successivement modelée par les ravages de la ségrégation raciale, l’insouciance des années hippies, la difficile mise en route de “l’ascenseur social”, l’embourgeoisement, sous la houlette des promoteurs immobiliers, des quartiers naguère réservés aux Noirs et les nouveaux catéchismes de la modernité mondialisée.
Invitation à une lecture aussi décalée que féconde de la problématique raciale aux États-Unis, ce formidable et attachant roman de l’amitié et de la résilience emmené par d’époustouflants personnages et porté par l’écriture imagée et subversive d’Edward Kelsey Moore, s’affirme avant tout comme une exemplaire défense et illustration de l’humanisme conçu comme la plus réjouissante des insurrections.


Extraits : « Lorsque meurt un homme riche, les vautours ne se font pas attendre.. »

« C’est quand même fabuleux, songea Clarice, comme ce vieux démon qu’est l’amour interdit jaillit toujours comme un beau diable de sa boîte pour faire des siennes au moment où l’on s’y attend le moins.« 


Mon avis : J’ai du mal à comprendre un tel engouement pour ce récit, que j’ai lu en intégralité, mais fini avec difficulté. Les Suprêmes, raconte le destin de trois femmes afro-américaines, aux caractères bien trempées. Il y a Odette, née dans un sycomore, elle est mariée à James, un gendarme de l’Indiana. Il y a aussi Clarice, première femme noire à avoir été mise au monde dans un hôpital blanc. Clarice est mariée à Richmond, un homme volatile, qui la trompe au vu et au su de tous. Puis il y a Barbara Jean, la plus belle femme de la ville, mariée à Lester, un vieil homme riche, accumulant les problèmes de santé. Toutes trois ont des vies bien différentes, des caractères et opinions qui divergent, mais un lien unique les unis.

Leur surnom, Les Suprêmes, est liée au groupe de musique féminin, The Supremes, composée de trois femmes afro-américaines, jadis voisines, qui chantaient dans des pavillons ouvriers de Detroit. 

 
The Supremes

Les Suprêmes est un récit plaisant à découvrir, qui permet de passer un bon moment de lecture aux côtés de femmes hautes en couleurs, au tempérament bien trempées. Ces trois femmes entretiennent une amitié solide, qui résiste au temps depuis des dizaines d’années. Malgré les aléas de la vie, aucune n’a jamais flanché, et elles restent soudées comme aux premiers temps.  Leur QG : le restaurant buffet-à-volonté Chez Earl,  un lieu chaleureux et gai où elles se réunissent chaque semaine avec leurs maris, sorte de rendez-vous rituel qu’elles ne louperaient pour rien au monde. Les Suprêmes se connaissent sur le bout des doigts, sachant anticiper par avance les réactions des unes et des autres. Elles renvoient une belle image de fraternité comme il en existe peu dans la vraie vie et les voir aussi complices m’a donné à maintes reprises le sourire.

Le destin de ces trois femmes n’est pourtant pas tout rose. Entre tromperies et infidélité pour l’une, regrets et culpabilité pour l’autre, petits secrets et gros problèmes pour la troisième, autant vous dire que leur existence est peuplée d’embûches. Mais l’amour qu’elles se portent conjointement et la force de leur amitié, permettra de les relever à chaque chute et de traverser ces épreuves avec courage et détermination.

Comme vous vous en doutez, la question raciale est forcément abordée dans ce récit. On y retrouve notamment la question des couples mixtes, avec Barbara Jean qui s’amourache de Chick, le petit serveur blanc. Ils vivent leur histoire d’amour cachée, de peur des représailles, notamment du frère de Chick, un homme obtus, violent et raciste, qui n’hésiterait pas à tuer pour garder son honneur sauf. Edward Kelsey Moore traite également de la ségrégation sociale qui sévissait alors dans les années 1950. Certaines villes étaient sectionnées, créant une sorte de barrière qui délimitait le droit d’habitation ou de passage des populations noires. C’était le cas notamment pour la route du Wall Road, presque privatisée par les blancs, ils ne toléraient pas que des noirs l’empruntent. Ainsi, ces derniers devaient faire un grand détour de plusieurs kilomètres pour éviter la violence et les représailles. Néanmoins, la question raciale est sous-jacente, elle forme une toile de fond pour contextualiser l’histoire et ne vient pas vraiment corroborer le récit initial.

Malheureusement, peut-être que les critiques élogieuses que j’en avais lu précédemment avaient élevées mes attentes un peu trop haut. La narration est assez monotone, le style est lent, un peu vide, l’action est manquante, les rebondissements quasiment inexistants. La force de ce roman réside dans les caractères exceptionnels des trois protagonistes et dans le lien d’amitié presque fraternel qui les lie.


Les Suprêmes, est un roman sous forme de tableau pastel, où l’on voit la vie s’écouler lentement, à travers le portrait de trois afro-américaines savoureuses et attachantes. Malgré une narration monotone et des passages un peu longs, j’ai apprécié le style incisif, décalé et pétillant de l’histoire.  

Ma note : 6/10

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5 réflexions sur “Les suprêmes

  1. Usva K. dit :

    Je l’ai trouvé en occasion il y a des mois et des mois et je ne l’ai pas encore commencé. Ton avis qui vient nuancer l’emballement général me donne envie de me faire le miens, du coup. ^^ Mais je comprends ta déception, quand on s’attend à quelque chose d’énorme, c’est super frustrant de ne pas basculer dans le coup de coeur.

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