Au nom d’Alexandre

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Au nom d’Alexandre de Olivier Auroy
223 pages, éditions Intervalles, à 19€

 

Résumé : Alexandre exerce un drôle de métier : il invente des noms. Toute sa vie, il a baptisé des parfums, des pâtisseries, des voitures ou des missiles. Apprenant que sa fin est proche, un éditeur intrigué par son étrange vocation envoie à son chevet Fanny, une séduisante journaliste, pour qu’elle recueille ses mémoires. Mais la jeune femme repère quelques zones d’ombre dans ce parcours hors du commun.

Extraits :  « Qu’y a-t-il de plus excitant pour les supporters d’une équipe de football ? Obtenir un tir de réparation pendant la minute en or d’une phase finale ? Ou provoquer un penalty dans le money-time des play-offs ? A votre avis. »
« On avait, selon l’humeur, de l’indulgence pour le petit con, du mépris pour le gros con, de la tendresse pour le grand con, de la pitié pour le vieux con, de l’animosité pour le sale con et des envies de meurtre pour le connard.« 

Mon avis :  Quelle belle histoire qu’est celle d’Alexandre… Ce petit homme, presque insouciant mais si aguerri m’a vraiment touché au coeur. Je ne m’attendais absolument pas à ce qu’une telle histoire puisse autant m’émouvoir.

Alexandre est sur son lit de mort, rongé par la maladie, il attend la fin de sa vie. Pour prolonger son existence, en dépit des maux qui l’accablent, une journaliste est à son chevet pour recueillir ses souvenirs et écrire sa mémoire. Nous découvrons donc la vie d’Alexandre, cet homme de l’ombre, qui a pourtant brillé inconsciemment sur le devant de la scène. En effet, de par son métier atypique – inventer des noms pour des choses -, il a sut gravir des échelons, en trouvant le nom de la meilleure pâtisserie de Paris, ou même le nom que porterait le nouveau pape.

C’est vraiment un livre très émouvant. On plonge dans la conscience d’un mourant pour décortiquer toute sa vie et en faire ressortir les choses qui l’ont le plus marquées. Une vie tumultueuse et mystérieuse, qui paraît quand même assez vide aux lecteurs. En effet, les meilleurs souvenirs d’Alexandre sont ses deux grands-pères, qui lui ont transmis leurs amours des mots, Valentina, son amourette de jeunesse, ses deux amis, Simon et Nicolas, qui l’ont aidé à se lancer dans son métier singulier. En résumé, presque tout ses souvenirs tournent autour des mots, et rien que des mots. Le synopsis de la quatrième de couverture du livre le dit bien « Alexandre aurait-il oublié de nommer l’essentiel ? ». En effet, à trop de noyer dans les mots, aurait-il fini par oublier de vivre sa vie ?

Ce livre est vraiment poétique, écrit avec douceur, tout en légèreté. Il est même prouvé ici qu’après la mort d’un être, celui-ci continue à exister, à travers ce qu’il a fait et/ou crée dans sa vie. Le dénouement tend à le prouver, avec un élan d’espoir et d’avenir, qui fait face à la mortalité de l’homme. Une fin néanmoins assez tragique, qui m’a beaucoup émue.

Vous l’aurez compris, mon année 2016 commence fort au niveau livresque, avec un livre qui détonne de mon champ littéraire habituel. Il est comme un ovni, difficile à définir, mais extraordinairement attrayant. Tous les amoureux des mots vont pouvoir apprécier ce roman qui parle des mots, minutieusement écrit par Olivier Auroy. Un pur régal, merci pour ce moment (bien trop court à mon goût).

 

Ma note : 8/10

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