Où vont les larmes quand elles sèchent


Où vont les larmes quand elles sèchent
de Baptiste Beaulieu
271 pages, éditions L’iconoclaste, à 20,90€


Résumé : Jean a trente-six ans. Il fume trop, mâche des chewing-gums à la menthe et fait ses visites de médecin de famille à vélo. Il a supprimé son numéro de portable sur ses ordonnances. Son cabinet médical n’a plus de site Internet. Il a trop de patients : jusqu’au soir, ils débordent de la salle d’attente, dans le couloir, sur le patio. Tous les jours, Jean entend des histoires. Parfois il les lit directement sur le corps des malades. Il lui arrive de se mettre en colère. Mais il ne pleure jamais. Ses larmes sont coincées dans sa gorge. Il ne sait plus comment pleurer depuis cette nuit où il lui a manqué six minutes.


Extraits : « Faut vraiment rêver petit quand on est sur Terre : on minimise les risques d’être déçu. »

« Et si on se trompait tous ? Et si on confondait le fait d’être heureux avec le fait d’être momentanément distrait de notre chagrin quotidien ? »


Mon avis : Baptiste Beaulieu est un médecin qui incarne son propre rôle dans Où vont les larmes quand elles sèchent. D’abord interne dans un CHU, il assiste à une scène avec un enfant qui décède qui le hantera pendant des jours, des mois, voire des années. Suite à cet épisode traumatisant, il devient médecin généraliste. Sous forme de journal intime ou de journal de bord, il nous confie certaines anecdotes plus ou moins humoristiques sur des patients de son cabinet qu’il a réellement côtoyé et sur sa vie de médecin et d’homme. 

L’auteur pointe du doigt les difficultés du corps médical, qui doit faire face à des situations complexes : peu de moyens, déficit de personnel, désert médical. Ils sont pourtant au premier plan, face à des scènes choquantes, parfois dangereuses, ils doivent gérer la misère sociale, se montrer suffisamment pédagogue, à l’écoute, ouvert d’esprit… le tout, dans le respect du secret médical. On ressent aisément l’ambivalence de ton de Baptiste Beaulieu, tantôt agacé ou en colère, mais sans jamais l’exprimer face à un patient. Au contraire, il se montre doux, compatissant, très humain, il se met au niveau de chacun, sans jamais juger personne : une attitude digne de celle qu’on attend d’un bon médecin généraliste.

Le grand problème de l’auteur, c’est qu’il ne semble plus ressentir quoique ce soit face au malheur : impossible pour lui de pleurer. Une situation incongrue qui le hante quotidiennement. Finalement, on s’habitue peut-être à tout, même au plus tragique… En tout cas, cette thématique est centrale dans ce roman et revient fréquemment nous heurter, nous poussant à réfléchir sur la vie, la mort et le sens de l’existence. À l’image du problème existentiel de Baptiste, nul émotion ne transperce les pages : on reste assez stoïque face à tous ces problèmes qui pourtant, se déroulent bien sous nos yeux.

Mais au delà du médecin, il y a l’homme. Et l’homme déteste les injustices, l’homme ne tolère pas les violences faites aux femmes, l’homme fustige vivement les abus sur les enfants et prend partie pour les minorités écrasées par la société. Il est engagé et assume parfaitement ses convictions. J’ai apprécié les prises de positions. Néanmoins, j’ai trouvé l’ensemble assez nombriliste et parfois redondant. 


Un roman rempli d’humanité, qui raconte avec humour les difficultés rencontrées par un médecin généraliste. Un texte fort, engagé, qui nous fait réfléchir sur la vie et la mort et nous fait prendre conscience de la chance que l’on a. Très sympa sur le moment, mais vite oublié !

Ma note : 6/10

Pour lire plus d’avis :
    

ISBN : ‎ 978-2-37880-382-7

2 réflexions sur “Où vont les larmes quand elles sèchent

Laisser un commentaire