Trompe-la-mort

Trompe-la-mort de Jean-Michel Guenassia
407 pages, éditions Le Livre de Poche, à 7,90€

Résumé : Tour à tour roman picaresque, roman d’aventures et roman d’amour, Trompe-la-mort convoque avec maestria tout ce qui fait notre monde au XXIe siècle : show business, guérilla, quête de soi et corruption. « Trompe-la-Mort », c’est le surnom de Tom Sharp, engagé dans les Royal Marines à l’âge de dix-huit ans. Sa vie est celle d’un miraculé et d’un idéaliste. Des intouchables de New Delhi aux joueurs de cricket de Londres, du conflit nord-irlandais à la guerre d’Irak, ce métis mi-indien mi-anglais, qui a risqué mille fois sa vie, reste un candide parmi les affreux. Mais ce n’est qu’en repartant dans son Inde natale à la recherche du fils d’un milliardaire londonien qu’il pourra renouer avec les traces d’un passé qui ne le laissait pas en paix. C’est avec sa tendresse particulière pour les héros malgré eux que Jean-Michel Guenassia retrace ici le parcours de Tom Sharp. On retrouve ici cet art consommé de la narration, ce plaisir du romanesque, qui ont fait sa renommée.

Extraits : « Je suis mort le jeudi 4 février 2004 à 7 h 35 du matin. Je ne sais pas si j’ai été tué alors que l’hélicoptère était en vol ou lorsqu’il s’est écrasé au sol. Personne n’a été capable de me le préciser. En vérité, je m’en fous. Le résultat est le même. J’ignore également si les souvenirs qui m’assaillent sont la preuve qu’il existe quelque chose après la mort et que je suis désormais un esprit qui volette dans l’immensité, ou si je vois défiler les événements les plus importants de ma vie avant de disparaître pour toujours… »

« Le ciel est sans limites pour ceux qui n’ont pas peur d’eux-mêmes. »

Mon avis : Qui est Trompe-la-Mort ? C’est un homme nommé Thomas Larch, né en Inde, d’un père ingénieur anglais et d’une mère indienne. À huit ans, il suit ses parents qui viennent vivre en Angleterre. Un changement brutal pour Thomas et sa mère, tous les deux natifs d’Inde. Ils doivent apprendre à appréhender une nouvelle culture, de nouvelles personnes et toute une société bien différente de celle qu’ils connaissaient dans leur pays natal. À dix-huit ans, Thomas quitte le nid familial pour s’engager dans les Royal Marines, un corps d’élites, qui va l’emmener aux quatre coins du monde, dans des missions périlleuses, qui manquent de lui coûter plus d’une fois sa vie. Rescapé de nombreuses fois, vient le temps de la reconversion, du retour au civil et de l’amour. Un peu perdu d’abord, Thomas va rapidement reprendre une activité professionnelle d’enquêteur privé pour le compte d’un gros bonnet. Une nouvelle mission qui semble d’apparence moins difficile que ses anciennes missions de soldat, mais qui va s’avérer semée d’embûches.

Thomas est un héros pas comme les autres. C’est un héros de roman, mais c’est aussi un héros dans la vie quotidienne, puisqu’il met sa vie au service de son pays, quitte à y laisser des plumes. Il va survivre à bien des périples, tous plus extraordinaires les uns que les autres : explosion, balle, bagarre… Thomas est un chat noir qui a la chance d’avoir une bonne étoile. Sa vie a d’ailleurs attiré l’attention des médias du monde entier, puis d’un réalisateur, qui lui a consacré un film, projeté de par le monde. Trompe-la-mort est devenu un héros reconnu et vénéré.

J’aime beaucoup la plume de Jean-Michel Guenassia, qui arrive à nous embarquer dans des univers à chaque fois très différents mais au combien passionnants. Ici, il nous bahute en Inde, pays exotique, surpeuplé, bien éloigné de la culture occidentale. Le dépaysement est total, les contrées visitées ne sont pas très touristiques, mais le voyage n’en reste pas moins appréciable. J’ai particulièrement apprécié la mixité du couple formé par les parents de Thomas, qui peut étonner : un britannique avec une indienne. Cette dernière a d’ailleurs choisi son mari au détriment de sa famille, qui l’a totalement déshéritée et rayée de leur vie. On en apprend beaucoup sur les pratiques sociales des indiens, qui continuent à marier leurs enfants en fonction des opportunités qu’ils peuvent en tirer.