Parce qu’ils sont là


Parce qu’ils sont là de Laurent Esnault
351 pages, éditions Sixième(s), à 19€


Résumé : Hadrien n’est pas un enfant comme les autres : il est en contact avec des personnes qu’il est le seul à voir. Pourquoi ?
Qu’attendent-elles de lui ?
Comment va-t-il trouver la paix ?
Son père va s’efforcer, mettant de côté son scepticisme et ses doutes, de l’accompagner dans ce monde si particulier de ce que nous appelons les « fantômes ». Au gré de rencontres décisives, ils vont essayer, ensemble, de comprendre et d’accepter ce nouveau monde, mystérieux et parfois effrayant.
Au-delà du sujet sensible du deuil, l’auteur nous parle avec finesse de la vie et d’amour inconditionnel. Un premier roman délicat qui nous touche en plein coeur et tient toutes ses promesses.


Extraits : « Les signes n’avaient pas tardé à se manifester. Je n’en avais pas pris conscience tout de suite. Avec le recul, cela paraît évident, maintenant. Il arrive aussi qu’on voie des signes partout. On ne prête pas attention à quelque chose, on le remarque un jour, et puis ça devient une obsession. »

« Je me disais que c’était un peu comme la « pensée positive ». Si vous vous dites tous les jours que vous allez réussir, si vous vous persuadez que des choses vont arriver, ces choses finiront par arriver. Plus ou moins consciemment, vous mettrez tout en oeuvre pour qu’elles arrivent. Si vous vous interrogez constamment sur l’existence d’une vie après la mort, vous finissez par voir des références à votre obsession partout. »


Mon avis : Hadrien n’a jamais connu sa mère. Et pour cause, Amélie est décédée lorsqu’elle l’a mis au monde. Un traumatisme que son frère et son père portent depuis longtemps et qui hantent également le jeune garçon, maintenant âgé de 7 ans. Il avoue courageusement à son papa voir fréquemment sa mère et communiquer avec elle. D’abord interpellé par cette nouvelle, il étouffe l’affaire, pensant que le jeune garçon est victime d’hallucinations ou de cauchemars. Mais force est de constater que Hadrien est détenteur d’informations qu’il ne lui avait jamais donné. Il se rend donc à l’évidence : Hadrien peut voir et communiquer des fantômes.

Les thématiques de la mort et du deuil sont omniprésentes. Elles apparaissent dès les premières lignes avec le décès d’Amélie, pour se poursuivre durant l’ensemble de la lecture, comme un fil rouge continu, plutôt noir que rouge. Néanmoins, Laurent Esnault ne fait pas dans le pathos et donne à réfléchir sur des sujets tantôt fantastiques, spirituels et religieux, comme la présence d’une vie après la mort ou tantôt plus rationnel et passionné, comme le « carpe diem » qui enjoint à profiter de chaque moment de notre quotidien.

On s’attache immédiatement à Hadrien, on a envie de le protéger, de lui dire que tout ira bien, que la vie continue, malgré les drames traversés et ceux qu’il traversera sans doute encore. Car du haut de ses sept ans, Hadrien a déjà vécu la perte de sa maman, qu’il voit fréquemment, mais ses visions se focalisent également sur l’ensemble des esprits qui l’entourent, qu’ils soient bienveillants ou non. Il lui arrive de visualiser des scènes épouvantables, angoissantes et réellement traumatisantes, qui impactent directement son quotidien et sa manière d’être. Hadrien est considéré comme turbulent à l’école, souvent grondé par ses maîtresses, avec un comportement qui mène parfois jusqu’à l’exclusion.

Sur ce point, le papa se montre très protecteur et particulièrement apaisant vis-à-vis de son fils. Depuis le début, il n’a pas eu une mission aisée, puisqu’il a fallu très vite pallier à l’absence d’une présence maternelle. Il s’est occupé seul du foyer familial, de l’éducation des enfants, tout en continuant d’exercer une activité professionnelle en parallèle. Un super papa, qui fait passer le bien-être et le bonheur de ses enfants avant les siens.   

J’ai beaucoup aimé la relation qui unie Hadrien et son père. Elle est pleine de bienveillance, d’écoute, de partage, d’amour, forcément, mais surtout de confiance et de stabilité. Hadrien est un petit bonhomme hypersensible, qui se sent parfois différent et donc rejeté par ses pairs. Néanmoins, il s’ouvre ouvertement à son père, en qui il trouve un soutien infaillible, malgré l’esprit cartésien et rationnel de ce dernier, qui rejette d’abord en bloc l’idée d’un tel phénomène fantastique. Mais c’est ensemble qu’ils vont finalement chercher de l’aide auprès de spécialistes (voyants, psychologues…) pour tenter de comprendre les visions du jeune garçon et de les maîtriser.  


Une histoire touchante sur la mort et le deuil, qui ne vire pas dans le tragique mais se construit comme un roman initiatique qui prête à la réflexion. Les scènes fantastiques arriveront à embarquer les esprits les plus cartésiens à travers une prose simple, douce et bienveillante.   

Ma note : 8/10

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ISBN : ‎ 978-2-49-240-004-9

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