Le cas Victor Sommer


Le cas Victor Sommer de Vincent Delareux
201 pages, éditions l’Archipel, à 18€


Résumé : À 33 ans, Victor Sommer mène une vie discrète et monotone qui lui pèse. Secrètement, il aspire à devenir « quelqu’un » aux yeux du monde. Cette ambition est toutefois entravée par sa mère, une vieille infirme autoritaire et possessive qui l’empêche de proprement exister.
Mais voilà qu’un jour, cette dernière disparaît sans laisser de traces. Livré à lui-même, son fils va devoir faire face à ce monde qu’il n’a jamais appris à connaître. Une fois l’angoisse de la disparition passée, Victor va s’accommoder de cette indépendance nouvelle et la mettre à profit pour enfin réaliser son fantasme : à l’avenir, il existera davantage que quiconque. À ses risques et périls. Car sa mère, sans doute, n’est pas aussi loin qu’il le pense…


Extraits : « J’avais la sensation d’être ivre. Je ne comprenais plus. Mille questions m’assaillaient. Pourquoi avais-je atterri sur cette planète ? Pourquoi occupais-je ce corps et pas un autre ? Et pourquoi, en définitive, y avait-il Tout plutôt que Rien ? »

« Voilà une vérité que je dois énoncer à regret : l’Homme ne mérite pas sa majuscule pompeuse, car il n’est rien d’autre qu’une bête. »


Mon avis : Le cas Victor Sommer porte bien son nom, puisque Victor Sommer est assurément un cas bien particulier. Trentenaire encore hébergé chez sa mère, Victor n’a jamais travaillé de sa vie. Il a tenté de suivre plusieurs formations diplômantes, avant d’être quelque peu obligé par sa mère à rentrer à la maison pour s’occuper d’elle. Car la pression exercée par sa mère sur lui est telle que Victor se retrouve obligé d’obéir sans délai aux caprices maternels, de justifier ses déplacements et l’ensemble de ses faits et gestes. Jusqu’au jour où Victor tombe sur une annonce professionnelle qui l’intéresse et décide de tenter sa chance, afin d’être totalement libre et indépendant financièrement. Comble du déshonneur, il se met à fréquenter une fille… ce qui contrarie fortement sa mère, qui n’apprécie pas ce comportement irrespectueux. Ces dernières mésaventures professionnelles et sentimentales vont sonner le glas de la rupture mère/fils, puisque la mère de Victor, bien que vieillissante et fragilisée par la maladie, disparaît subitement du domicile, sans plus donner signe de vie. D’abord inquiet, perdu puis attristé par cette situation, Victor vient tout doucement à s’en accommoder et à apprécier cette nouvelle liberté à laquelle il n’a jamais goûté.

Il va sans dire que le personnage de Victor sort de l’ordinaire. Il est très compliqué, voire quasiment impossible, de le cerner. Je l’ai trouvé très angoissant, puisqu’il y a une dose de mystère excessive qui entoure son histoire et sa personnalité. C’est aussi un personnage imprévisible, dont les faits et gestes ne sont pas mesurés, qui peut être prêt à tout et son contraire. Il initie un flirte avec une jeune et folie demoiselle qu’il apprécie, mais la repousse pour une sombre excuse… insensé.

Le lien qui unie Victor et sa mère est tout aussi angoissant, puisqu’on ressent un amour excessif d’un côté, avec des gestes affectueux bien trop présents, une possession désarmante et une sorte d’embargo des sentiments qui empêche Victor de se lier avec qui que ce soit. De l’autre, Victor semble froid, distant, presque résigné à rester auprès de sa mère et à lui obéir, sans toutefois ressentir d’amour maternel. Il parle d’ailleurs de sa mère de manière détachée, comme si c’était quelque chose qu’il devait endurer, duquel il ne pouvait se dépêtrer, mais qu’il doit néanmoins subir.

La façon dont Vincent Delareux construit son histoire est passionnante : il nous entraîne dans les méandres psychologiques de Victor, une sombre traversée étonnante, dans laquelle on se perd facilement. La réunion hebdomadaire de Victor avec son psychiatre nous laisse croire que notre protagoniste puisse avoir des troubles d’ordres mentaux et un état d’esprit pas tout à fait clair ; d’où la dimension pesante du récit.

J’ai beaucoup aimé l’histoire, mais je regrette néanmoins l’imprévisibilité du récit. En effet, qu’on soit un habitué du genre ou un novice, on commence à avoir des doutes au milieu du livre, puis on devine carrément le dénouement une cinquantaine de pages avant qu’il n’arrive. Cela n’enlève rien à la qualité du livre, mais apporte tout de même une petite frustration et moins de surprise.


Un roman psychologique sombre et glaçant, avec un protagoniste déroutant, qui serait un parfait cas d’étude. j’ai bien aimé cette lecture.  

Ma note : 7/10

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ISBN : 978-2-8098-4417-7

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