À l’ouest rien de nouveau


À l’ouest rien de nouveau de Erich Maria Remarque
219 pages, éditions Le Livre de Poche


Résumé : Quand nous partons, nous ne sommes que de vulgaires soldats, maussades ou de bonne humeur et, quand nous arrivons dans la zone où commence le front, nous sommes devenus des hommes-bêtes… »
Témoignage d’un simple soldat allemand de la guerre de 1914-1918, A l’ouest rien de nouveau, roman pacifiste, réaliste et bouleversant, connut, dès sa parution en 1928, un succès mondial retentissant et reste l’un des ouvrages les plus forts dans la dénonciation de la monstruosité de la guerre.


Extraits : « Ainsi voilà ce qu’ils pensent, voilà ce qu’ils pensent, les cent mille Kantoreks ! « Jeunesse de fer. » Jeunesse ? Aucun de nous n’a plus de vingt ans. Mais quant à être jeune ! Quant à la jeunesse ! Tout cela est fini depuis longtemps. Nous sommes de vieilles gens. »

« Il est, d’ailleurs, comique que le malheur du monde vienne si souvent de gens de petite taille : ils sont beaucoup plus énergiques et insupportables que les personnes de haute stature. Je me suis toujours efforcé de ne pas faire partie de détachements commandés par des chefs de petite taille : ce sont, le plus souvent, de maudites rosses. »


Mon avis : Sans doute connaissez-vous déjà ce titre, ou du moins, en avez-vous déjà entendu parler, que ce soit du roman d’Enrique Maria Remarque ou des nombreuses adaptations cinématographiques de 1930, 1979 ou plus récemment, celle de 2015. À l’ouest rien de nouveau narre le quotidien éreintant des soldats allemands au front lors de la première Guerre mondiale. Une expérience immersive exceptionnelle, qui nous fait prendre pleinement conscience des dures réalités de la guerre.

La violence est omniprésente. La tension est palpable à chacune des pages, l’effroi, la peur. Ses soldats ne vivent pas au jour le jour, pire, ils tentent de survivre de minute en minute. L’auteur décrit avec minutie les attaques successives, les courses effrénées sur le champ de bataille, le bruit assourdissant des salves des armes, les détonations des obus. Ajoutons à cela l’hécatombe impressionnante des corps, les régiments décimés, l’odeur de sang omniprésente, les blessés par milliers. Le personnel soignant fait son possible pour venir en aide aux plus meurtris, mais rares sont ceux qui arrivent à s’en sortir indemnes. Les plus chanceux (bien que cela ne s’apparente aucunement à une chance telle quelle), retourneront combattre au front, jusqu’à la prochaine blessure… ou jusqu’à la mort.

J’ai été particulièrement touchée par la désolation du narrateur face à l’arrivée de très jeunes recrues. Déjà que lui-même, à peine âgé de dix-neuf ans, a été mobilisé au front sans grande préparation militaire ou psychologique ; il voit arriver avec horreur des centaines de renforts, des jeunes à peine sortie de l’adolescence, qui ne savent pas manipuler d’armes, qui se retrouvent projetés, seuls, dans une bataille qui les dépasse. Sans entraînement ni préparation suffisante, les pertes sont nombreuses, incalculables.  Comme l’explique si justement l’auteur, ces jeunes n’ont encore rien vécus de leur vie et se retrouvent au coeur d’un conflit mondial, dont ils ne savent même pas les tenants et aboutissants. L’absurdité de cette guerre meurtrière est plus que jamais pointée du doigt.

Dans les tranchées, le confort est sommaire. Les rations sont maigres, quand elles ne sont pas absentes. Les rats pullulent et mangent continuellement les provisions que les soldats gardent en prévision des jours prochains. Un ennemi de plus, aussi petit soit-il, qui vient ajouter une difficulté supplémentaire à leur quotidien déjà très sombre.

Les permissions sont également des moments forts de la vie des soldats. Un temps qu’ils prennent pour eux, pour leur famille aussi, soulagée et heureuse de les voir rentrer vivants. Mais c’est un temps éphémère, qui cause souvent bien plus de mal qu’il n’apporte de bien : les retrouvailles sont furtives, le départ inexorable guette, les prochaines rencontres sont incertaines. Mais pour le soldat qui retrouve sa famille, c’est avant tout un sentiment de lâcheté qui s’empare de lui ; il se sent honteux de laisser ses camarades d’armes combattre au front, alors que lui profite d’instants heureux, en sécurité à l’arrière. De retour dans les tranchées, notre narrateur, emprunt d’une culpabilité grandissante, essaiera de compenser son absence par une présence toujours plus accrue dans la bataille.

On ressent avec puissance cet aspect communautaire et solidaire qui lie les soldats entre eux. Dans cette guerre meurtrière, il est essentiel de se soutenir les uns les autres. Dans ces moments sombres, l’humour devient important : les blagues s’enchaînent, apportant un semblant d’insouciance et de légèreté. Mais très vite, la réalité reprend ses droits, la folie des hommes se développe, la mélancolie, puis la désespérance.

Enfin, vient l’inexorable sentiment de traumatisme. Après avoir vu tant d’horreurs, le cerveau humain peut-il continuer à vivre comme si de rien n’était ? Comment reprendre une vie normale, quand tant d’autres ont péris ?


Un roman historique émouvant sur le quotidien terrifiant des soldats du front. Il met en lumière toute l’horreur et l’absurdité de la première Guerre Mondiale, les combats, les peurs, les espoirs et désespoirs, la fraternité, devenue essentielle durant ce sanglant conflit. Un livre dur, qui rend un hommage bouleversant aux jeunes générations sacrifiées.

Ma note : 8,5/10

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ISBN : 2-253-00670-X
Traduction : Alzir Hella et Olivier Bournac

8 réflexions sur “À l’ouest rien de nouveau

  1. La cueillette d'une roussette dit :

    J’ai lu ce livre aussi, il fait partie de mes toutes premières chroniques de blog. En lisant la tienne j’ai retrouvé ces sentiments ressentis lors de ma lecture. Les livres sur la guerre ont le don de me marquer très profondément et mes souvenirs sont assez frais. L’horreur y est dépeinte, l’injustice et la souffrance sous toutes ces formes. Il n’était pas facile à lire par la dureté du sujet mais à mes yeux il mérite d’être lu au moins une fois.
    Encore une fois, merci pour ta chronique aux mots juste pour décrire ta lecture ❤️

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  2. Parlons fiction dit :

    J’ai souvent entendu parler de ce livre et il y a quelques temps, je l’ai trouvé en occasion. Il m’attend depuis sur une de mes étagères. Je sais que le sujet est difficile et ta chronique le souligne également. J’attends donc le bon moment pour l’ouvrir et me plonger dedans. Je sens que ce sera une lecture difficile et aussi émouvante. En tout cas, tu en parles très bien.

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