Signé poète X de Elizabeth Acevedo
381 pages, éditions Nathan
Résumé : Harlem.
Xiomara a 15 ans et un corps qui prend plus de place que sa voix : bonnet D et hanches chaloupées. Contre la rumeur, les insultes ou les gestes déplacés, elle laisse parler ses poings. Étouffée par les préceptes de sa mère (pas de petit ami, pas de sorties, pas de vagues), elle se révolte en silence. Personne n’est là pour entendre sa colère et ses désirs. La seule chose qui l’apaise, c’est écrire, écrire et encore écrire. Tout ce qu’elle aimerait dire. Transformer en poèmes-lames toutes ses pensées coupantes.
Jusqu’au jour où un club de slam se crée dans son lycée. L’occasion pour Xiomara, enfin, de trouver sa voix.
que chaque rentrée
est un nouveau départ,mais cette année
je sais que j’ai
déjà beaucoup changé. »
m’apaise
c’est mon carnet,
écrire écrire écrire,
tout ce que j’aurais voulu dire,
transformer en larmes de poèmes
toutes mes pensées coupantes,
les imaginer trancher net
mon corps pour
que j’en
sorte. »
Mon avis : Quelle surprise que ce roman ! En le débutant, je ne pensais pas l’aimer autant, et pourtant, je me suis laissé guider dans l’univers si particulier d’Elizabeth Acevedo.
Xiomara est une jeune adolescente noire qui vit à Harlem, un quartier bien connu pour accueillir une population afro-américaine nombreuse. Elle y vit avec ses parents et son frère jumeau, ou plutôt tente d’y survivre. Car Xiomara souffre de son physique avantageux, des réflexions provocantes quotidiennes des garçons, des préceptes religieux envahissants de sa mère, de sa main-mise sur sa vie, la contraignant à ne pas sortir le soir, à ne pas voir de garçon, à l’accompagner à l’église… Xiomara va se rebeller de la plus belle des manières qui soit : en silence, à travers de magnifiques poèmes, haïkus et slams, qui racontent son quotidien et toutes les difficultés dont elle doit faire face.
Ce qui frappe dès que l’on ouvre ce livre, c’est l’originalité de la mise en forme. Loin des romans traditionnels, Signé poète X est écrit comme un poème, sorte de vers jetés ça et là sur la page. Il faut un petit temps d’adaptation avant de s’y faire, mais rassurez-vous, on se laisse facilement embarquer par la plume de l’auteure et ses magnifiques écrits.
Xiomara se fait la voix de milliers de femmes, qui sont quotidiennement embrigadées, jalousées, critiquées, obligées de se cacher ou d’obéir à des voix et lois incohérents. Elle raconte le harcèlement, le sexisme, la misogynie, la servitude… des thématiques fortes qui tranchent avec la douceur des mots utilisés. J’ai été à plusieurs reprises touchée par cette protagoniste, qui se montre docile au quotidien, mais qui couche sa détresse par écrit. Sa relation avec sa mère m’a particulièrement touché : dévouée corps et âme à la religion, cette dernière ne conçoit pas qu’il n’en soit pas de même pour sa fille, alors que Xiomara ne perçoit pas la vie de la même manière que sa mère. On y retrouve des scènes assez violentes, des paroles échangées fortes, qui frappent et ne laissent pas indifférent. Mais toujours, les poèmes de Xiomara les retranscrivent avec douceur.
J’ai beaucoup aimé la protagoniste, qui, même fragilisée par la vie, reste forte, la tête haute, et mène ses combats avec ses propres armes : les mots. Un personnage engagé, qui sait ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas, qui n’hésite pas à se mouiller et à suivre son propre chemin.
Un roman original rédigé entièrement en vers. Une histoire engagée et poignante, qui ne laisse pas indifférent. Je le recommande !
Ma note : 9,5/10
Pour lire plus d’avis
J’ai toujours peur de me lancer dans des romans de ce genre (poème, slam…). Ce sera peut-être le premier, car il m’intrigue pas mal !
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J’avais un peu peur également, mais je me suis laissé facilement embarqué dans l’histoire. Même si c’est perturbant au début, on s’y fait très vite, alors : FONCE !
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