Sans mon ombre


Sans mon ombre de Edmonde Permingeat
526 pages, éditions L’Archipel, collection Archipoche, à 8,95€


Résumé : Alice a tué Célia, sa jumelle. Son reflet, un alter ego inversé dont elle enviait la vie de rêve. Alors que, célibataire, elle doit gagner sa vie en enseignant la philosophie, sa jumelle, épouse et mère comblée, mène l’existence oisive des riches, dans le luxe et un magnifique cadre de vie au bord de la mer. Mais la mort de Célia va permettre à Alice de prendre sa place. Du moins le croit-elle. Car au « pays des merveilles », ce n’est pas le bonheur mais le désenchantement qui l’attend. La vie d’Alice de l’autre côté du miroir va tourner au cauchemar… jusqu’à lui faire réaliser, mais un peu tard, que le beau miroir était celui des alouettes…


Extraits : « Vivre… c’est n’avoir pas de pitié pour les mourants, les vieillards et les misérables. C’est assassiner sans relâche…« 

« Où ai-je lu déjà que le mariage, ce n’était pas la mer à boire, mais la belle-mère à avaler ? »


Mon avis : Alice et Célia sont jumelles. Les deux jeunes femmes se ressemblent tellement physiquement qu’elles en deviennent interchangeables. Pourtant, leur vie personnelle et leur caractère ne pourraient être plus à l’opposé : l’une est épouse et mère de famille, femme au foyer grâce à son mari aisé, catholique, bénévole, engagée dans plusieurs associations caritatives. L’autre est célibataire, sans enfant, à la carrière émérite, frivole, elle revendique haut et fort sa liberté d’être, de penser, d’agir. Mais la mort soudaine d’Alice, poussée accidentellement par sa jumelle, va permettre à Célia de prendre sa place. Fini les contraintes professionnelles et la vie solitaire et bonjour l’oisiveté, l’amour et les bonheurs du luxe et de la richesse. Mais la vie dont rêvait Célia va rapidement se transformer en cauchemar. Car derrière les apparences se cachent des vérités qui font mal à admettre.

J’ai détesté la quasi totalité des personnages. Célia d’abord, cette jeune femme jalouse, vénale, qui semble avoir que peu de morale et un coeur de pierre. Elle voit sa soeur mourir sous ses yeux, de ses propres mains, mais ne semble rien ressentir. Maxime, le mari de Alice/Célia, cet homme agressif, qui pense que tout lui est dû, qui fustige et rabaisse sa femme à longueur de journée. Loin d’être le mari idéal que Célia s’imaginait, Maxime trompe éhontément sa femme presque sous ses yeux, sans se cacher, il l’a violente souvent, physiquement et verbalement, allant même jusqu’au viol. Des actes et des paroles intolérables, que subissait Alice en silence, pour garder le semblant d’une vie de famille idéale. Maxime est le portrait parfait d’un macho doublé d’un pervers narcissique, loin du mari parfait qu’elle exhibait en société.

Enfin, la belle-mère d’Alice/Célia, mère de Maxime, presque aussi insupportable que son « Maxounet » qu’elle adule. Elle a toujours détesté Alice, à qui elle reproche de profiter de son fils, de son argent et de sa notoriété, de ne rien savoir faire de ses dix doigts, d’être totalement oisive et en plus, sans rien dans le cerveau. Autant dire qu’il n’y en a pas un pour rattraper l’autre ! Vraiment, tous les personnages sont imbuvables : je ne sais pas lequel j’ai le plus détesté tant ils frisent des records. 

Outre les personnages aveuglés par leur orgueil, l’intrigue se veut dynamique et prenante. Edmonde Permingeat aborde des thématiques parfois difficiles : les violences conjugales, l’adultère, le viol, la pédophilie, les abus psychologiques, les jalousies,… Aucune fioritures n’est ajoutée, tout est déballé sans ménager les lecteurs, déjà bien entamés par les scènes qui se déroulent sous leurs yeux. 


Un roman psychologique sombre et addictif, où l’on est projeté au coeur d’un drame familial, entre apparences et réalités. Les personnages sont haïssables, autant que leurs actes, mais c’est ce qui fait tout le piquant du récit.

Ma note : 6,5/10

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ISBN : ‎ 978-2-3773-5445-0

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