Mac sur un toit brûlant


Mac sur un toit brûlant de Melinda Metz 356 pages, éditions Archipoche, à 8,95€


Résumé : Chat kleptomane épris d’indépendance, MacGyver – le Cupidon félin – a le don de se fourrer dans des situations impossibles. Mais, lorsqu’il tombe sur une portée de cinq chatons orphelins, il fond. Pour ne pas les laisser livrés à eux-mêmes, Mac décide de s’occuper de ces petites boules de poil – le temps de trouver des humains qui les adopteront. Mais Mac, suspect n° 1 d’une série de larcins commis dans le voisinage, est assigné à résidence par ses maîtres Jamie et David – qui s’étaient rencontrés grâce à lui. Avec cinq chatons à caser – et deux matons à ses trousses –, notre matou a de quoi exercer sa sagacité légendaire. Sauf qu’une jolie minette croisée récemment lui fait perdre jusqu’à son sixième sens…


Extraits : « – Un matou chez les matons ! L’homme rigolait, éparpillant encore plus de miettes de gâteaux. Matou ? L’homme parlait-il de Mac ? Soudain, les humains parlaient tous en même temps. – Pas le principal suspect. Il est le seul suspect. – Quel chat-fouin ! – J’en suis bien chat-griné ! – Son propriétaire n’a pas à s’inquiéter. Ce chat n’est pas près de porter le cha-peau ! » « Les humains avaient besoin d’un peu de reconnaissance pour être heureux. Mais les chats ne devaient pas en faire une habitude. Les humains devaient comprendre que c’était le chat qui décidait quand il dispensait ses attentions. »

Mon avis : Dans le village tranquille de Storybook Court, MacGyver est un chat qui a la mauvaise réputation d’être un voleur. Il dérobe des objets appartenant à certaines personnes pour les offrir à ses maîtres. Mais il n’a pas que des défauts, puisque Mac est un félin cupidon, qui arrive à créer des couples assortis, en ressentant avec précision leurs émotions, leurs besoins et leurs envies.

Erik et Kait sont policiers à Stobybook Court, chargés de la surveillance de proximité des habitants du quartier, ils divulguent des conseils et des bonnes conduites à tenir pour garantir la sécurité de tous. Mais dans ce village pourtant paisible, se produit des vols à répétition d’objets de grande valeur financière. Immédiatement, les deux policiers accusent Mac d’être à l’origine de ces crimes, en raison de ses antécédents. Mais le doute persiste quand la fouille de la maison de Mac fait chou blanc. Qui est donc le coupable ? Le duo de choc va mener son enquête pour résoudre le mystère.

Mac sur un toit brûlant est la suite des aventures de Mac, qui peut se lire indépendamment des autres tomes. On y découvre un gros chat intelligent, attentionné, non dénué d’humour, qui fait passer en priorité les autres avant lui. Il prend notamment soin d’une flopée de chatons et mène une enquête de voisinage pour déterminer qui serait à même de les accueillir et les intégrer du mieux possible dans leur vie. Mac est rusé, furtif, il se déplace avec aisance de maison en maison, usant de subterfuges pour entrouvrir les portes, se glisser subrepticement à l’intérieur de chaque habitacle et subtiliser de la nourriture pour lui et ses protégés en usant de ses charmes de gros chat.

En parallèle, nous suivons l’avancée de l’enquête menée par Erik et Kait sur le vol de bijoux. En tant que policiers de proximité, les deux collègues sillonnent les rues du village et apprennent à connaître chaque habitant qui peuple le quartier. Ainsi, leurs doutes se fixent rapidement sur Charlie, un jeune homme assigné à domicile avec un bracelet électronique, en raison d’une quantité de drogues non négligeable retrouvée dans sa voiture. Malgré tout, Charlie n’a pas la tête d’un méchant : il rebondit allègrement sur les références cinématographiques de Kait, faisant de lui un candidat idéal de l’homme parfait pour la policière. Malgré que le courant semble passer entre lui et Kait, cette dernière n’oublie pas sa situation de repris de justice et freine des quatre fers Erik, qui la pousse dans les bras de Charlie. L’amitié qui lie Erik et Kait est forte, sincère, touchante. L’un comme l’autre sont prêts à tout pour contribuer au bonheur et à l’épanouissement de chacun. Ils se connaissent par coeur et bien que très différents, ils s’accordent parfaitement pour former un binôme de choc dans leur quotidien professionnel. 

Erik quant à lui n’est pas dénué d’histoires non plus. Plusieurs années plus tôt, le policier est tombé follement amoureux de Tulip, une apprentie comédienne venue réaliser son rêve dans le monde du cinéma. La jeune femme avait remporté une bourse qui la faisait bénéficier d’un logement gratuit pendant un an, Le Phare, à Storycourt Book, en échange d’auditions et de castings pour des rôles dans diverses apparitions cinématographiques, publicitaires ou théâtrales. Une année difficile, qui s’était conclue par de terribles désillusions sur sa carrière et son talent. La jeune femme était sortie de ce monde de paillettes totalement dépitée, allant jusqu’à mettre un terme définitif dans sa relation avec Erik, chose que le policier n’avait pas compris ni accepté. Depuis, il traîne un spleen morose depuis deux ans, enchaînant les conquêtes sans lendemain pour noyer son chagrin et oublier son amour disparu.

C’était sans compter sur la nouvelle arrivante au Phare, Serena, également destinataire de la bourse artistique. Loin d’être le portrait de Tulip, Erik la voit néanmoins comme son sosie, pleine de vitalité, de rêves et d’espoirs naïfs. Il essaie par tous les moyens de se tenir éloigné de la jeune femme, tout en étant irrémédiablement attiré par elle. Une histoire naissante, semée d’embûches, de questionnements, de doutes, comme toutes les histoires d’amour. C’est un chemin difficile par lequel il faut néanmoins passer pour être ensuite pleinement épanoui dans un bonheur total.  

Une flopée d’autres personnages viennent agrémenter le récit, les frères Marcus et Daniel, les collègues de Kait et Erik, le chien Doggy et ses propriétaires, les chatons recueillis par Mac, ou Ruby l’amie fidèle de Serena. Autant de personnes que l’on apprend à connaître au fil du récit et qui nous font nous sentir bien intégrés dans ce quartier si chaleureux. Malgré les vols de vieilleries de hautes valeurs, je pense qu’il fait bon vivre à Storybook Court. En tout cas, les policiers y veillent.


Une comédie romantique pleine d’humour et d’émotions, qui alterne entre enquête policière, histoires d’amour et d’amitié, rêves artistiques et drôleries félines. J’ai passé un excellent moment dans ce quartier de Storybook Court et espère y revenir très rapidement.

Ma note : 7,5/10

Pour lire plus d’avis  

ISBN : ‎ 979-10-392-0128-5 Traduction : Catherine Duras

Publicité

Chasse à mort


Chasse à mort de Dean Koontz
574 pages, éditions Archipoche, à 8,95€


Résumé : Deux créatures s’échappent d’un laboratoire scientifique dont le programme de recherches ultra-secrètes est centré sur les manipulations génétiques. L’un de ces cobayes, un retriever, chien intelligent et sensible, est recueilli par Travis Cornel, ex-membre de la Delta-Force. L’autre cobaye, le plus dangereux, aussi sauvage que sanguinaire, aussi intelligent qu’agressif, recherché par les services secrets, ne pense, lui, qu’à une chose : retrouver Einstein le retriever et le tuer. La traque commence : d’un côté, un tueur hors du commun, de l’autre, fuyant, un retriever, un homme et une femme.
Thriller haletant, roman d’action où la poursuite, la violence, le suspense, l’humour et l’horreur débouchent sur une happy end, Chasse à mort séduira tous les publics, ceux qui ont aimé Cujo, mais aussi ceux qui ont aimé E.T. et qui croient au triomphe de l’intelligence et de l’amitié


Extraits : « Il y a deux catégories de personnes, les chats et les souris. Les chats vont où ils veulent, font ce qu’ils veulent, prennent ce qu’ils veulent. Ils sont agressifs et autonomes de nature. Les souris, elles, n’ont pas pour deux sous d’agressivité. Elles sont vulnérables, douces et timorées, elles gardent la tête baissée et acceptent ce que la vie leur donne. Toi, tu es une souris. Ce n’est pas si mal que ça. Les souris peuvent être parfaitement heureuses. Elles n’ont pas des vies aussi mouvementées que les chats, mais elles vivent beaucoup plus longtemps et ont beaucoup moins d’ennuis. »

« L’amour, c’est l’eau et le soleil qui font fleurir la plante. »


Mon avis : Dean Koontz est un auteur de fictions à suspense que j’ai pu découvrir à travers ses romans fantastiques : Dark Web ou La chambre des murmures. Pour cette nouvelle découverte, le titre « Chasse à mort » donne déjà le ton du récit : l’histoire sera noire et sanguinolente.

Deux bêtes se sont échappées du laboratoire d’expérimentations Banodyne. L’une est un retriever affectueux, doté d’une intelligence supérieure qui le place presque au même niveau qu’un humain. Il est capable de comprendre ce qu’on lui dit et d’y répondre. L’autre est surnommé L’Autre justement, c’est une créature monstrueuse, assoiffée de sang et surtout jalouse de la beauté et de l’intelligence du chien. L’Autre part à la recherche du retriever, dans l’espoir de le tuer. Mais le chien est accueilli par Travis Cornell, un ex-membre de la Delta Force, terrassé par son quotidien monotone et déprimant. Par l’intermédiaire du chien, il va faire la rencontre de Nora, une jolie jeune femme solitaire, avec qui il va se lier rapidement. Ensemble, ils vont découvrir progressivement les capacités intellectuelles du chien, renommé Einstein. Mais le chien est en danger, puisque le gouvernement, financeur secret des recherches, sont prêts à tout pour remettre la main sur les deux créatures.

Comme dans ses précédents titres, les chapitres sont courts, ce qui donne un certain rythme au récit, avec une tension palpable et constamment croissante. Cette tension est accentuée par l’alternance des narrations, partagées entre Travis, le tueur à gage et Lemuel Johnson, parti à la recherche des deux bêtes. La course poursuite est lancée, chacun ayant en vue la même cible – le chien – mais pour des raisons différentes : la vengeance, le pouvoir et l’argent.

J’ai beaucoup aimé le trio Travis – Nora – Einstein, tout en simplicité et en émotions. Ils sont émouvants dans leur façon de vivre, de se comporter, de s’attendrir, de s’attacher et de se protéger les uns les autres. Ils forment une véritable famille, solide, sincère, chaleureuse et aimante. Ils se sont sauvés les uns des autres et c’est ce qui fait véritablement leur lien. Einstein a été recueilli par Travis alors qu’il s’enfuyait du laboratoire et tentait d’échapper aux griffes de l’Autre ; Travis a été sauvé par Einstein alors qu’il broyait du noir et souhaitait mettre fin à ses jours ; Nora a été révélée au monde par Travis et Einstein, alors qu’elle vivait recluse, en marge de la société, de surcroît victime de harcèlement et de viol par un énergumène tout à fait ignoble.

L’histoire est prenante, elle mélange polar, science-fiction et fantastique, mais elle n’est pas que fictive, puisqu’on peut y voir des réflexions plus poussées sur la science en général et  les expériences réalisées sur les animaux et leurs conséquences. Si on pousse encore plus loin la réflexion, on peut se questionner sur la conscience des animaux, leur capacité d’absorption et d’intelligence.


Un polar fantastique sombre à la tension constante, qui raconte l’aventure originale et surprenante d’un chien doté de capacités intellectuelles égales à celles de l’homme. Improbable, mais bien amené.

Ma note : 7,5/10

Pour lire plus d’avis

 

ISBN : 978-2-37735-965-3
Traduction : Évelyne Châtelain

Un petit grain de sable


Un petit grain de sable de Petra Hülsmann
392 pages, éditions Archipoche, à 8,95€


Résumé : La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Sans être maniaque, Isa, 27 ans, a une vie bien réglée. Voilà onze ans qu’elle travaille chez la même fleuriste, déjeune chaque midi dans le même restaurant vietnamien et regarde chaque soir un épisode de son feuilleton préféré.
Mais un petit grain de sable vient enrayer la belle mécanique… M. Lee a fermé boutique et le resto bobo branchouille qui a ouvert à la place ne sert pas de soupes de nouilles !
Le premier réflexe d’Isa est de prendre en grippe son nouveau voisin. Quel type prétentieux, ce Jens, et arrogant ! Mais n’est-il pas aussi terriblement séduisant ? Et célibataire…

Avec ce deuxième roman, Petra Hulsman signe une comédie romantique piquante. Une explosion de saveurs.


Extraits« Mais moi, les habitudes me rassuraient, je trouvais le monde trop imprévisible et chaotique pour réussir à me passer de repères. »

« Policier ? 1er étage au fond à droite.
Romance ? 2e étage, 1ère porte à gauche.
Fantastique ? 3ème étage. La porte en trompe-l’oeil, sur la droite.
Super-héros ? 2ème étage. Au fond. Attention, il y a du monde.

« Une famille pas terrible, c’est toujours mieux que pas de famille du tout. »


Mon avis : Isa est une jeune femme qui déborde d’énergie, avec une vie réglée au cordeau. Fleuriste à Paris, elle travaille depuis près de douze ans dans la boutique de Brigitte, déjeune tous les midi au restaurant d’en face, chez Monsieur Lee, où elle commande chaque jour sa fameuse soupe aux nouilles. Jusqu’au jour où le quotidien de la jeune femme est bouleversé : un petit grain de sable se coince dans l’engrenage bien huilé de sa vie et tout bascule. D’abord, il y a Monsieur Lee qui ferme boutique, remplacé par un restaurant bobo tenu par un homme prétentieux et arrogant, qui ne daigne même pas lui préparer des nouilles. Pour couronner le tout, Brigitte lui annonce que la boutique est au bord de la faillite. La vie d’Isa n’a jamais été aussi catastrophique.

Isa est ce que beaucoup pourraient qualifier d’atta-chiante : une femme attachante, sympathique, souriante, bonne commerciale, empathique et très sociable, qui a quand même beaucoup de défauts, dont on se passerait bien : râleuse, compliquée, un peu trop rigide, autoritaire, avec des comportements parfois déroutants. Mais justement, grâce à son caractère haut en couleurs, on ne s’ennuie pas à ses côtés ! En outre, comme bon nombre de jeunes femmes de son âge, Isa cherche son prince charmant, son âme soeur, l’homme qui la comblera totalement. Mais, malgré tout ce que vous pourriez penser, ce ne sera certainement pas Jens, le nouveau restaurateur. Sa jeune soeur, qui s’est liée d’amitié avec Isa, essaie tant bien que mal de les rapprocher l’un de l’autre, mais le pari est osé, le résultat peu probant. Bien que l’alchimie entre les deux semble évidente, pour Isa, Jens a tous les pires défauts du monde… en revanche, il y a un autre homme qui lui plaît bien plus, mais qui lui correspond beaucoup moins : le consultant en redressement financier de sa boutique de fleuriste.

Un petit grain de sable, c’est plus qu’une romance, c’est un récit feel good, qui parle d’amour certes, mais qui montre aussi de belles histoires d’amitié, de solidarité, d’entraide, de bienveillance. C’est de ces livres qui donnent le sourire, avec lesquels on se sent instantanément bien, comme chez soi. Ce n’est pas de la grande littérature, c’est certain, mais le public est au rendez-vous pour vivre quelques heures de bonheur et de légèreté aux côtés de personnages humains, pétillants, que l’on voit évoluer au fil des pages.


Une lecture feel good, sans prétention, mais rafraîchissante, idéale pour l’été : j’ai passé un bon moment de lecture aux côtés d’Isa et son entourage.

Ma note : 8/10

Pour lire plus d’avis

 

ISBN : 978-2-37735-468-9
Traduction : Penny Lewis

Au nom de ma mère


Au nom de ma mère de Hanni Münzer
473 pages, éditions l’Archipel, collection Archipoche, à 8,95€


Résumé : Étudiante à Seattle, Felicity reçoit un appel : Martha, sa mère, a disparu… Felicity la retrouve à Rome, où Martha s’est enfuie avec des archives familiales.
Martha a en effet découvert une longue lettre écrite par sa propre mère, Deborah, fille d’une diva qui connut son heure de gloire aux débuts du IIIe Reich. Une lettre qui va plonger Felicity dans une quête douloureuse.
Alternant passé et présent, ce roman mêle amour et trahison, colère et culpabilité, péché et expiation, autour d’un secret de famille courant sur quatre générations.


Extraits« On dit que le poids de la vérité est trop lourd à porter même pour Dieu.
La vérité possède ses propres lois physiques. Au moment où on l’attend le moins, elle remonte à la surface comme une bulle pour nous accuser. »

« Nous autres êtres humains formons les maillons d’une longue chaîne qui nous relie les uns aux autres, car chacun de nous porte en soi un fragment de l’existence et des pensées de ceux qui l’ont précédé. Si l’amour est le coeur, le souvenir est l’âme et tous deux sont immortels. »


Mon avis : L’histoire se déroule dans une Allemagne plongée en plein coeur de la seconde Guerre Mondiale. Nous y faisons la connaissance d’Elisabeth, une cantatrice réputée à travers le monde pour son art, de son mari Gustav, un médecin juif reconnue et apprécié et de leurs deux enfants : Deborah et Wolfgang. Lorsqu’il devient évident que l’ensemble de la population juive est menacée par les idées hégémoniques d’Hitler, Gustav et Elisabeth décident de fuir l’Allemagne pour se réfugier en Angleterre. Mais leur fuite ne se déroule pas comme prévue : Gustav disparaît mystérieusement en chemin vers Londres, laissant seuls sa femme et ses deux enfants. Elisabeth doit faire des choix pour protéger coûte que coûte ses enfants de l’ennemi nazi.

L’histoire alterne entre ce récit au passé et quelques bribes de présent, principalement insérés au début et à la fin du livre, comme introduction et conclusion du récit. Dans ces épisodes présents, nous y découvrons Félicity et sa mère Matha, qui partent à Rome, sur les traces de la grande-mère de l’une et mère de l’autre : Deborah, la fille d’Elizabeth. L’histoire qu’elles vont découvrir va les emporter tout droit dans l’horreur de la seconde Guerre Mondiale.

C’est un roman intéressant, mélange savant d’épisodes historiques et d’une histoire familiale émouvante. On ressent l’atmosphère effroyable de la guerre, la tension palpable, le danger omniprésent, la montée du nazisme, les crimes qui se préparent, l’avenir qui s’assombrit. Attention tout de même pour les personnes qui souhaiteraient lire Au nom de ma mère pour le contexte historique : la guerre est insérée en toile de fond du livre et ne permet pas d’approfondir ses connaissances sur cette période. Toutefois, le tout donne un récit bien construit, uni, dynamique, prenant, qui se laisse lire avec fluidité.

Néanmoins, bien que j’ai grandement apprécié lire ce livre, je n’en ai plus qu’un vague souvenir quelques jours seulement après la fin de ma lecture. Ce qui signifie qu’il ne m’a pas forcément marqué, qu’il n’est pas sorti du lot, que le récit n’était pas assez original peut-être, qu’il manquait de consistance et de matière certainement. Il est vrai que cette période de l’histoire a déjà été énormément apporté dans la littérature. Hanni Münzer a tenté d’innover, en liant une juive et un nazi, en parlant de manipulation, de chantage, de secrets, d’espionnage en y ajoutant une dose de mystères et pleins de suspense… mais rien n’y a fait : ce genre de récit a déjà été abordé trop de fois et souvent bien mieux que ne l’a fait l’auteure d’Au nom de ma mère. Enfin, il m’a certainement manqué de la subtilité dans le récit, de l’émotion, des personnages plus caractériels et dessinés. Je suis resté en surface de l’histoire, appréciant découvrir cette romance dramatique, mais sans forcément m’y attacher. 


Au nom de ma mère lie habilement roman historique et saga familiale dans une histoire prenante sur la seconde Guerre Mondiale. J’ai bien aimé le récit, mais j’insiste sur le fait que cet angle a déjà été abordé maintes fois en littérature et qu’il manquait cruellement de consistance : il n’est donc ni novateur ni pérenne dans l’esprit des lecteurs.

Ma note : 6/10

Pour lire plus d’avis

 

ISBN : 978-2-37735-407-8
Traduction : Anne-Judith Descombey

La garçonne


La garçonne de Victor Margueritte
342 pages, éditions Archipoche, à 7,95€


Résumé : Dans le cercle mondain où gravitent ses parents, Monique Lerbier passe pour originale, sinon même poseuse. En fait, c’est une idéaliste qu’enchantent ses fiançailles avec l’industriel Lucien Vigneret, futur associé de son père. Une déception que rend plus cruelle sa passion pour la franchise et l’honnêteté l’atteint à deux semaines de son mariage. Le choc est rude et la réaction vive. Monique rompt avec un milieu hypocrite qui l’écœure, se fait un nom dans la décoration et organise sa vie à sa fantaisie, goûtant avec indifférence à tous les plaisirs. Elle se veut libre, comme un garçon ? En est-elle plus heureuse ? D’une expérience à l’autre, la question , se pose plus aiguë. Elle se résout quand Monique trouve enfin un partenaire à sa mesure. L’odyssée de La Garçonne, histoire d’une émancipation dans le Paris des années 20, à une époque où le féminisme était encore une nouveauté, provoqua des colères. Ses audaces ont perdu de leur virulence, mais la satire des mœurs et sa morale ont conservé leur actualité.


Extraits : « L’idée qu’une partie de l’humanité saigne, tandis que l’autre s’amuse et s’enrichit, la bouleverse. Les grands mots agités sur tout cela comme des drapeaux : « Ordre, Droit, Justice ! » achèvent de fortifier en elle sa naissante révolte contre le mensonge social. »

« Il faut n’avoir jamais aimé pour croire qu’à la première tromperie un sentiment véritable peut disparaître, comme une allumette s’éteint. »


Mon avis : Paru en 1922, ce roman d’après-guerre prend place dans les années folles, contexte d’intense activité sociale, artistique et culturelle, où les populations s’amusent et rêvent d’un monde nouveau, sans plus jamais de conflit. Une parution célèbre pour les nombreux scandales qu’elle a engendrée dès sa sortie : accusé de pornographie, largement critiqué, pointé du doigt par les féministes, censuré abondamment, notamment par le Vatican… pour finalement être traduit dans de nombreuses langues à travers le monde et adapté pas moins de quatre fois au cinéma !

Notre héroïne, Monique Lherbier, appartient, grâce à ses parents, à un cercle de personnalités mondaines, bien loin de ses aspirations personnelles. Hypocrisie, intérêts financiers, malhonnêteté, mariage forcé…. Monique en a marre et décide de rompre avec ces valeurs qu’elle ne partage pas. Elle s’isole, se différencie des autres, trace son propre chemin, sans s’occuper du regard extérieur et des convenances habituelles. Elle revendique son indépendance et sa liberté en tant que femme.

Victor Margueritte met à l’honneur la montée en puissance du féminisme d’après-guerre. Dans une France encore fragilisée et obtus, notre héroïne fait figure de précurseur bienveillante. Elle se fait une coupe de cheveux « à la garçonne », elle ne souhaite pas suivre le chemin déjà tracé des femmes de son âge : s’entraver dans un mariage et concevoir des enfants. Ce qu’elle veut, c’est jouir intensément de sa vie, profiter de tous les plaisirs à portée de main. Elle renvoie l’image d’une femme à la sexualité débridée, qui ne rougie pas de sortir fréquemment dans les bordels et d’en revenir avec des hommes, des femmes, parfois les deux ; une bisexualité qu’elle affiche librement. Elle s’enivre de la vie jusqu’à l’excès : bien qu’elle ne prenne que peu d’alcool, elle se vautre dans les drogues de toutes sortes. Elle a d’ailleurs aménagé un logement spécialement réservé à ses soirées de débauche libertines et à ses pratiques expérimentales nouvelles. Rassurez-vous, rien de graveleux néanmoins, les scènes tendent à être scandaleuses mais aucune description n’est assez explicite pour en devenir abjecte.

La question du mariage est longuement débattu, parfois trop. Des paragraphes entiers sont savamment consacré à cette thématique, dans d’interminables échanges entre des personnages aux points de vue convergents. Des passages qui m’ont passablement ennuyés, je dois l’avouer. D’abord, Victor Margueritte emploie le terme « garçonne » dans le sens où « il faut laisser mener aux jeunes filles aussi, avant le mariage, leur vie de garçon. Elles n’en seront pas moins de bonnes épouses, leur gourme jetée. » Après une expérience de mariage forcé avorti, Monique souhaite réaliser son rôle de femme avant de devenir épouse et mère. Elle apporte d’ailleurs une vision du mariage nouveau : la femme comme dominatrice, à égalité dans son couple avec l’homme.

Face aux hommes, Monique ne se laisse pas assagir. Elle leur tient tête et revendique haut et fort qu’une femme n’a pas que des devoirs, qu’elle a également des droits, qui la placent à égalité de l’homme. L’exemple professionnel de Monique est inspirant : c’est une femme qui a réussi à bâtir son propre empire, qui est devenue indépendante financièrement, sans dépendre de quiconque. Décoratrice d’intérieur, elle a installé un commerce rue La Boétie à Paris, qui a le mérite d’avoir prospéré admirablement. Une femme moderne, avant-gardiste, méritante.

Mais Monique, comme toutes personnes, a également ses faiblesses. Victor Margueritte nous dresse un portrait psychologique tourmenté de notre héroïne, contrebalancé entre les convenances, ses aspirations véritables, ses désirs profonds et la réalité des choses. De déceptions en regain d’espoir, de joies intenses en tristesse, nous cheminons à ses côtés, spectateurs de ses histoires amoureuses débridées, de ses choix de vie pas souvent acceptés, mais longuement jugés. Derrière la femme fatale et sensuelle, se cache une protagoniste particulièrement touchante, insaisissable, surprenante.

Somme toute, ce sont deux mondes qui s’affrontent : un monde de luxe, de vanité, de vices, une société étroite d’esprit, maniérée en parallèle d’un monde de débauche, d’ivresse, d’amoralité, de nécessité absolu de vivre. Un tableau assez juste de deux sociétés disjointes, obligées de cohabiter.


Un roman initiatique d’après-guerre, où l’héroïne Monique se complait dans l’allégresse des années folles. Une histoire féministe engagée et avant-gardiste, qui en dit long sur la société de l’époque.

Ma note : 7/10

Pour lire plus d’avis

 

ISBN : 978-2-37735-922-6