Le fils du pêcheur


Le fils du pêcheur de Sacha Sperling
345 pages, éditions Robert Laffont, à 20€


Résumé : Au cours des dix dernières années, j’ai été amoureux deux fois. Elle s’appelait Mona, il s’appelait Léo. J’ai vécu avec elle à Paris, avec lui en Normandie. J’ai été en couple pendant sept ans avec elle, avec lui pendant sept mois. Je les ai aimés pareil. Je veux dire, aussi fort.
En sept ans, j’ai pris dix kilos. J’ai voulu arrêter la drogue. J’ai essayé de faire un enfant. J’ai vu un homme mourir. Je me suis éloigné de mon père. J’ai vu les contours de mon visage disparaître. J’ai vu la femme que j’aimais se détruire. J’ai détruit le mec que j’aimais.
J’écris ces phrases dans le vide. Je ne sais plus à qui je m’adresse. Peut-être aux deux êtres que j’aimais le plus et que j’ai brisés.
On m’a tout donné et j’ai tout gâché. Il me reste le souvenir de ces deux passions.
Il me reste l’histoire que je vais vous raconter.


Extraits« Qui a deux maisons perd la raison. Qui a deux femmes perd son âme. »

« L’amour, ça ne se compte pas comme ça, Sacha. J’aime les abricots, par exemple. Et toi aussi, je t’aime. Tu crois que c’est pareil ? »


Mon avis : Première rencontre littéraire avec Sacha Sperling, un jeune auteur français à la carrière prometteuse. J’ai reçu ce livre gratuitement dans le cadre de l’opération Masse critique de Babelio, qui propose chaque mois une sélection de titres à découvrir et à chroniquer. Il faut dire que celui-ci a particulièrement attisé ma curiosité par son synopsis frappant et original, qui rappelle peut-être un peu les premières phrases hachées du grand Albert Camus dans L’Étranger. « Au cours des dix dernières années, j’ai été amoureux deux fois. Elle s’appelait Mona, il s’appelait Léo. J’ai vécu avec elle à Paris, avec lui en Normandie. J’ai été en couple pendant sept ans avec elle, avec lui pendant sept mois. Je les ai aimés pareil. Je veux dire, aussi fort » : c’est beau, c’est fort, ça donne envie d’en apprendre plus.

Dans Le fils du pêcheur, l’auteur nous ouvre son coeur sans pudeur et particulièrement sa vie amoureuse et intime. En couple depuis de nombreuses années avec Mona, les deux jeunes gens essaient de bâtir une famille et de concevoir un enfant… en vain. Les faux espoirs s’enchaînent, couplés au décès tragique du père de Mona, qui fait voler leur couple en éclat… ou peut-être pas totalement. Mona et Sacha restent en contact, se guettent à distance, s’attendent mutuellement, espèrent peut-être reconstruire quelque chose un jour ou l’autre. Mais la vie, elle, n’attend pas. Retiré en plein milieu de la campagne, Sacha fait la rencontre de Léo, le fils du pêcheur, le garçon du voisin. Coup de coeur immédiat entre ces deux hommes que tout oppose, qui vont se découvrir progressivement et vivre une histoire d’amour cachée, en dehors des sentiers battus.

Je ne saurais dire si j’ai apprécié ou non cette histoire. Ce serait d’abord juger la vie de l’auteur, ce que je ne souhaite pas. En revanche, je peux dire qu’elle m’a perturbée, tout autant que l’écriture de Sacha Sperling, très belle, aérienne, avec laquelle on se laisse facilement embarquer, mais que j’ai finalement trouvée détachée, assez froide, protocolaire. Il nous parle de sentiment, d’amour, de fusion, de passion, en nous laissant quand même à distance, nous empêchant de ressentir toutes ces émotions. Une ambivalence qui m’a causée quelques désagréments : je suis restée hermétique à l’histoire, ne réussissant pas à m’attacher aux personnages, à ressentir leurs émotions, ni à me plonger totalement dans le récit. Enfin, sans pour autant m’être totalement ennuyée, j’ai trouvé que certains passages s’étiraient en longueur, devenant presque pénible à la lecture. Finalement, il ne se passait pas grand chose durant les presque 350 pages de ce roman…


Un récit personnel et pudique, sans prétention. Une autofiction intéressante, particulièrement bien écrite et originale, qui manque quand même de profondeur et recèle des passages assez longs. 

Ma note : 5/10

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ISBN : 978-2-221-25691-6

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