La ferme du bout du monde


La ferme du bout du monde de Sarah Vaughan

444 pages, éditions Préludes, à 16,90€


Résumé : Cornouailles, une ferme isolée au sommet d’une falaise.
Battus par les vents de la lande et les embruns, ses murs abritent depuis trois générations une famille et ses secrets.
1939. Will et Alice trouvent refuge auprès de Maggie, la fille du fermier. Ils vivent une enfance protégée des ravages de la guerre. Jusqu’à cet été 1943 qui bouleverse leur destin.
Eté 2014. La jeune Lucy, trompée par son mari, rejoint la ferme de sa grand-mère Maggie. Mais rien ne l’a préparée à ce qu’elle y découvrira.
Deux été séparés par un drame inavouable. Peut-on tout réparer soixante-dix ans plus tard ?


Extraits :  « Alors voilà ce que le chagrin vous faisait. Il vous autorisait à dire des choses que l’on garde habituellement pour soi.« 

« Cette maison est comme un aimant, elle ramène à elle ceux qui s’éloignent trop.« 


Mon avis : Quel livre… quelle histoire…! Pour être honnête, en débutant ma lecture, je ne m’attendais pas à autant aimer ce livre. Et puis, les pages passant et défilant à une allure folle, je me suis laissé doucement prendre au jeu des souvenirs, embarqué dans cette atmosphère familiale et conviviale.

Années 1939, en temps de guerre. Les parents de Will et d’Alice décident d’envoyer leurs enfants en Cornouailles, loin de la guerre. Ils trouvent refuge à Skylark, dans la ferme tenue par les parents de Maggie. Mais une idyllique naissante entre Will et Maggie va faire basculer la tranquillité des lieux.

2014. Maggie, maintenant une vieille dame, vit toujours à Skylard, avec sa fille Judith et son petit-fils Tom. Ils sont rapidement rejoint par Lucy, autre petit-fille de Maggie et soeur de Tom, qui fuit sa vie Londonienne pour venir se ressourcer à Skylark. Elle va découvrir que la ferme familiale est au bord de la faillite, et va tout faire pour tenter de changer la donner et redonner le sourire aux siens.

Notre histoire se forme donc avec deux temporalités combinées : d’abord en temps de guerre, alors que notre protagoniste Maggie n’est encore qu’une enfant ; puis dans le présent, lorsqu’elle est devenue une vieille dame. L’alternance des époques offre deux approches différentes de l’histoire, qui arrivent quand même à se compléter à ravir. Grâce à ces deux parties distinctes, notre esprit reforme pièce après pièce le puzzle formé par la vie de Maggie.

Tous les personnages regorgent de sympathie et de bienveillance. Ce sont tous des personnages très courageux, qui se battent pour les valeurs qu’ils incarnent et que leurs prédécesseurs incarnaient, ainsi que pour la sauvegarde de leur patrimoine commun. On s’attache très facilement à leurs personnalités ; Maggie et ses secrets, Lucy et ses doutes, Tom et sa pugnacité… chacun à sa façon arrivent à nous toucher.

Mais il n’y a pas que les personnages qui nous touchent. On est également obligé d’être charmé par le cadre paradisiaque dans lequel l’auteure fait évoluer ses personnages. Le nord de la Cornouailles, une ferme isolée, vers le bord des falaises, avec vue plongeante sur l’Atlantique. Le paysage décrit semble tellement somptueux, calme et reposant que ça m’a donné des envies de voyages.

Au coeur de cette magnifique carte postale, se dresse donc la ferme familiale Skylark, exploitation agricole qui passe de génération en génération. Grâce aux alternances temporelles qui structurent le récit, Sarah Vaughan nous montre sans détour la prospérité du domaine dans les années 1940, qui s’oppose à sa déchéance financière des années actuelles. Une comparaison qui met en lumière les problèmes auxquels doivent faire face les agriculteurs : déficits financiers, fatigues physiques et morales, manque de main d’oeuvre… qui rappelle à chacun la pénibilité et la dureté du travail à la ferme.

En fait, je pense que le fait que cette histoire m’ait autant plût tient sans doute de la délicatesse d’écriture de l’auteure. Car il y a une certaine poésie dans sa façon d’écrire, une certaine retenue aussi. Mais paradoxalement, cette pudeur dans l’écriture fait ressortir des émotions fortes, qui atteignent le lecteur en plein cœur. On est touchés par les problèmes (personnels ou professionnels) rencontrés par les protagonistes, on s’émeut de l’émouvante histoire passée et présente de Maggie, on compatis à sa tristesse, on essaie de comprendre, d’éclaircir certains points obscurs de sa vie. Tout engage le lecteur à se propulser dans l’histoire et à ressentir des émotions. Néanmoins, tout le récit a été d’une telle intensité narrative, que forcément, la révélation finale m’a semblé un brin trop simple ; elle aurait méritée d’être un tout petit peu plus développée. Mais ce jugement tient sans doute de mon chagrin d’être déjà arrivé au dénouement de l’histoire, alors que j’aurais souhaité prolonger davantage ce merveilleux moment…


La ferme du bout du monde est à lire idéalement pendant les vacances, pour passer un moment reposant, tout en s’évadant dans des contrées lointaines. Entre histoires d’amour, secrets inavoués, héritage familiale… cette saga familiale vous fera vivre mille émotions. C’est une merveilleuse lecture que je vous recommande chaudement. 

Ma note : 9/10

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