Tu vis en moi


Tu vis en moi de Alessandro Milan
235 pages, éditions Eyrolles, à 16€


Résumé : Tout commence à six heures du matin, quand deux journalistes endormis travaillant pour la même radio échangent sans le savoir leurs téléphones portables. Francesca est une force de la nature, toujours en mouvement, toujours joyeuse : on l’appelle Wondy, de Wonder Woman. Alessandro est joueur et un peu maladroit, il se laisse embarquer par la fougue de Francesca et l’amour qui les lie bientôt.

Avec elle, il apprend, jour après jour, à ressentir pleinement chaque émotion, à ne pas reculer devant les difficultés. Ensemble, ils ont à mener le plus terrible des combats : celui qui ne peut être gagné. Elle ne s’en relève pas. Mais c’est une mort qui ouvre sur la vie. Devenu messager de l’optimisme forcené de Francesca, Alessandro incarne aujourd’hui la foi et la résilience qui habitaient leur histoire.

Avec pudeur et sincérité, Tu vis en moi témoigne de l’épreuve qu’est le cancer, pour ceux qui en meurent, pour ceux qui restent. Formidable hymne à la résilience, il célèbre la force qu’on trouve en soi dans ces moments douloureux, celle qu’on se découvre après, pour continuer à vivre autrement.


Extraits :« Tu vois, comme souvent, rien n’est ni noir ni blanc, il n’y a que des nuances de gris.« 

« Comment annoncer à un étranger qu’un de ses proches va mourir ? Il n’existe pas de manière douce, car si nous savons tous que nous finirons un jour par partir, il n’est jamais agréable qu’on nous le rappelle. »


Mon avis : Alessandro Milan est l’auteur mais aussi le narrateur de cette tragique histoire. Il nous raconte avec lucidité et pudeur, son bonheur familial et amoureux, avant sa rencontre brutale avec le cancer de sa femme et la descente aux enfers qui s’ensuit pour cette famille éplorée. Époux et père aimant de deux jeunes enfants, Alessandro se retrouve confronté au cancer de sa femme, Francesca. Un cancer du sein d’abord, dont elle se rétablit progressivement, avec courage et abnégation. Mais les métastases ont opérés leurs chemins et le cancer s’est généralisé dans des parties beaucoup plus compliquées à opérer. Les médecins tentent de rallonger de quelques mois l’espérance de vie de Francesca, mais ils sont sans appel : elle ne pourra pas survivre.

L’auteur nous raconte avec détails et émotions son bonheur passé ; sa rencontre avec Francesca, leurs moments d’allégresse, leurs souvenirs de vacances, avec ou sans les enfants. Puis vient les épreuves, qui renforcent d’autant plus leur amour, qui les soude à jamais. Alessandro sera un mari très présent, conciliant, attentionné avec sa femme et ses enfants, se démenant sans relâche pour leur apporter tout le bonheur qu’ils méritent.

Les chapitres sont courts et oscillent continuellement entre passé lointain, passé proche et présent. J’avoue m’être progressivement perdu dans ce dédale de temporalité, qui changeaient un peu trop rapidement à mon goût, sans laisser de repères suffisants pour s’y retrouver convenablement. En somme, Tu vis en moi est conçu comme une sorte de journal intime, avec des pensées jetées pêle-mêle au gré des divagations et des souvenirs de l’auteur. On s’immisce dans leur vie, on perçoit leurs émotions avec brutalité, la douleur surtout, de voir souffrir un proche, puis de le perdre.

Enfin, on a beau connaître le dénouement depuis la première page du récit, il nous apparaît bien trop brutalement pour nous, lecteurs. Alessandro essaie pourtant de minimiser les faits, de les raconter de manière douce et atténuée ; mais on perçoit toute la douleur, la détresse et le vide tellement profonde causée par l’absence de l’autre. J’avoue sans honte que l’annonce faite aux enfants m’a tiré les larmes ; c’est le point d’orgue, le point final, le moment le plus intense et chargé en termes d’émotions. Inconsciemment, on essaie de se projeter, de se mettre à leurs places ; tantôt à celle d’Alessandro, maintenant chargé d’une responsabilité conséquente : celle d’élever seul ses enfants, de leur procurer tout le bonheur et le soutien dont ils ont besoin ; tantôt à celles des deux enfants, devant vivre, continuer à avancer, supporter un vide énorme, qui ne sera jamais comblé.

Après l’annonce du cancer, la perte elle-même, vient le terrible chemin vers la reconstruction. Alessandro gardera de Francesca le souvenir d’une femme optimiste, pleine d’énergie, qui ne flanchait jamais devant les obstacles ; c’est au travers cet ardeur qu’il va puiser la force de continuer à vivre, comme elle l’aurait souhaitée, à son image.


Un témoignage pudique et poignant sur l’épreuve que représente le cancer, la perte d’un proche, puis la reconstruction qui s’ensuit. Un récit bouleversant, sorte de journal intime, chargé en émotions. 

Ma note : 7/10

Pour lire plus d’avis

 

ISBN : 978-2-212-57324-4
Traduction : Muriel Morelli