Chez le véto


Chez le véto de Béatrice Guelpa
173 pages, éditions Favre, à 15€


Résumé : 50 chroniques édifiantes et émouvantes. Coups de foudre au refuge, coup de sang contre les expérimentations animales, coup de gueule pour raconter la maltraitance ou la négligence de la part de certains maîtres, coup de coeur pour évoquer les belles histoires d’animaux résilients ou les miracles opérés dans le quotidien des familles par des animaux doux et bienveillants : toutes les histoires de ce recueil nous parlent de notre rapport aux bêtes, notre envie d’affection, leur besoin d’attention, nos attentes, sources parfois d’incompréhension, nos projections et révélations réciproques.

Chez le véto évoque aussi, bien sûr, des histoires de bobos, d’angoisse en attendant le diagnostic, ou de chagrin, lorsqu’un compagnon de route s’en va. Mais aussi des récits drôles, tendres, de petits soucis à résoudre, de naissance, de guérison et de gratitude. Ce livre rassemble les rencontres d’une journaliste talentueuse qui, grâce à l’aide complice des animaux, a su faire se baisser les barrières dans un cabinet vétérinaire romand. Mais derrière les bêtes se cachent surtout les hommes, avec leurs histoires et leurs émotions.


Extraits«  »Ça te dirait d’aller voir ce qui se passe dans la salle d’attente d’un cabinet vétérinaire et d’en faire des chroniques ? » Voilà la proposition que m’a faite Ariane Dayer, rédactrice en cheffe de l’hebdomadaire suisse Le Matin Dimanche.

Les animaux, moi, je n’y connaissais pas grand-chose. Je n’ai ni chien, ni chat, ni poisson rouge. Mais j’aime attendre, alors j’ai dit oui, et pendant deux ans je suis allée régulièrement m’asseoir à côté de propriétaires d’animaux de toutes sortes. Ils m’ont raconté leur vie et celle de leurs perroquet, chien, chat, lézard ou encore tortue. Ils ont évoqué l’expérimentation animale, la maltraitance, mais aussi la résilience et les capacités surprenantes de leurs bêtes. Ils m’ont parlé d’amour. Certains ont pleuré. Pour moi, cette salle d’attente est devenue le miroir de notre société. Un lieu unique, dans lequel les classes sociales, les âges, les origines s’effacent. Et l’intimité des êtres se dévoile. »

« Il y a des moments où le passé s’invite, souvenirs décousus, tristes et gais. Une vie qui défile soudain en accéléré. »


Mon avis : Béatrice Guelpa, journaliste à Genève, a couvert plusieurs théâtres d’opérations étrangères, a également travaillé pour la télévision et le cinéma. On retrouve dans ses chroniques un goût prononcé pour la rencontre, avec une certaine fibre sensible, pleine d’empathie et de volonté de comprendre l’autre.

Durant plusieurs semaines, la journaliste s’est assise dans la salle d’attente d’un vétérinaire, pour regarder les clients passer, échanger avec eux, rencontrer leurs animaux de compagnie. Une expérience humaine originale, qu’elle nous raconte dans plusieurs courtes chroniques distinctes. C’est un petit livre sans prétention, qui se lit rapidement et parlera essentiellement aux amoureux de nos amis les bêtes. Ce sont de très courtes chroniques qui n’excèdent pas deux pages, un peu rébarbatives à la longue, qui se feuillette plus pour apprécier l’expérience sociale que pour le contenu à proprement parler, que j’ai trouvé assez plat. Peut-être qu’avec l’ajout de quelques croquis ou dessins en noir et blanc les chroniques auraient-elles étaient plus dynamiques, intimistes, attachantes.

Elle va voir défiler un panel d’animaux assez phénoménal, avec des chats et chiens classiques, mais aussi des tortues, des serpents, des pigeons et bien d’autres encore… Au contact direct de leurs maîtres et maîtresses, l’auteure va puiser dans les histoires personnelles de chacun et les anecdotes plus ou moins farfelues pour étoffer son livre. Ainsi, on y découvre des histoires sentimentales, touchantes, des relations fusionelles, parfois étonnantes, dissonantes, mais aussi des récits plus tristes, des décès, des séparations forcées… peu importe l’animal, peu importe le propriétaire et leurs vécus, on ressent beaucoup d’amour qui transpire de chacune des chroniques partagées.


Une journaliste dresse des chroniques pleines de vie sur le quotidien d’un cabinet vétérinaire. Une expérience sociale et humaine intéressante, qui nous fait passer un bon moment.

Ma note : 5,5/10

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ISBN : 978-2-8289-1885-9

À la frontière de notre amour


À la frontière de notre amour de Kyra Dupont Troubetzkoy

179 pages, éditions Favre, à 18€


Résumé : Gaïa, une jeune humanitaire, brave tous les interdits liés à sa profession pour succomber au charme d’un soldat en mission spéciale qui refuse pourtant de lui révéler sa véritable identité. Rencontré par hasard à un checkpoint en pleine guerre de Tchétchénie, elle ne sait rien de ce mystérieux « Peter » qui disparaît au terme de sa mission alors qu’elle en tombe éperdument amoureuse. Qui est-il vraiment ? Un millitaire, un agent, un espion ? Se sert-il d’elle ? Leur histoire est-elle possible ?

Le lecteur suit Gaïa – et Peter par procuration – au gré de leurs différentes missions dans le Caucase, en Afghanistan puis à New York, doute et espère avec elle, parachuté au cœur de conflits qui ont façonné la carte du monde actuel et dont elle révèle, de l’intérieur, des aspects peu connus.

Basé sur des témoignages exclusifs d’ex humanitaires, ce roman d’amour raconte la guerre de l’intérieur. Le personnage principal, Gaïa, révèle des scènes insolites de la vie sur le terrain, de missions dans des zones de conflits qui ont captivé le grand public. Adrénaline et suspense insufflent de l’énergie à ce récit qui permet un accès unique à des lieux rarement fréquentés – prisons, bases militaires, barrages et zones de guerre.


Extraits : « Les hostilités sont comme des maladies contagieuses, un virus difficile à endiguer. »

« Elles ne se doutent pas non plus que réunir ceux que les combats ont séparés, des proches qui se retrouvent après des mois sans nouvelles, c’est la consécration ultime, la récompense, l’apogée du bonheur. »


Mon avis : Gaïa est une jeune humanitaire, qui exerce ses fonctions dans des zones de conflits extrêmement dangereuses. C’est au cours d’une de ses missions qu’elle croisera le chemin de Peter, un homme séduisant, mais extrêmement mystérieux sur sa vie, en raison de son métier : commando dans les Forces Spéciales. Une jolie idylle va naître entre les deux jeunes gens, brève, mais intense, qui sera ponctuée de départs précipités, de longs mois d’attente, d’absences, d’inquiétudes et de secrets profondément enfouis.

Nous suivons la naissance de cette histoire d’amour atypique, singulière, audacieuse, diront certains. Entre Gaïa et Peter, c’est le coup de foudre instantané. Mais leur histoire est semée d’embûches : Peter ne peut rien dévoiler de ses missions à Gaïa, qui reste parfois sans nouvelle de lui durant des mois entiers. Dans sa situation, comment réagir ? L’inquiétude quotidienne, le désespoir, l’attente insoutenable, l’espoir de le revoir… avec toujours cette peur qu’il meurt au combat. J’admire véritablement cette jeune femme, d’abord pour le courage dont elle use quotidiennement sur le terrain, pour venir en aide aux populations locales, leur apporter nourriture, vivres, soutien psychologique… mais également pour sa force mentale. Elle s’engage dans une histoire d’amour qu’elle sait compliquée, mais elle n’hésite pas une seconde à dédier sa vie à cet homme, qu’elle connaît pourtant si peu.

J’ai aimé la dissonance de point de vue qui survient entre Gaïa et Peter. L’une se bat pour la paix et la liberté d’un peuple qui lui est étranger, elle secoure des populations grandement affaiblies, victimes d’horreurs sans nom ; tandis que l’autre se bat pour la liberté et la protection de son propre peuple, n’hésitant pas à répandre le mal et la mort sur son passage. Cette divergence majeure n’est que très peu abordée durant le récit ; pourtant, elle attise grandement la curiosité et aurait méritée un développement plus accru. Comment construire une histoire durable et stable sur des bases idéologiques mouvantes ? 

Certes, À la frontière de l’amour nous raconte avec émotions l’idylle naissante de Gaïa et Peter, ainsi que son évolution. Mais c’est avant tout un roman sur la guerre qui fait rage dans le monde, les désastres qui se perpétuent à quelques milliers de kilomètres de chez nous, sans toutefois que nous en soyons au courant. Des personnages sont déracinées, arrachées de leur terre, séparées de leur famille, sans plus aucun espoir en l’avenir. Le rôle des humanitaires comme Gaïa est essentiel, pour leur apporter autant de soutien que possible dans cette terrible épreuve. Bien évidemment, les conséquences psychologiques pour les bénévoles sont atroces : ils côtoient la misère, des horreurs indescriptibles, des morts, le danger quotidien.

Grâce à Gaïa, nous pénétrons dans des zones reculées, des barrages militaires, des prisons de guerre… des no man’s land terrifiants, qui attisent la curiosité du public. À des milliers de kilomètres de chez nous, la guerre fait rage, en Ingouchie, petit pays de 500 000 habitants, ou en Afghanistan, pays de 36 millions d’habitants, dévasté depuis 2001 par des attaques armées. Chaque jour, de nombreux soldats se battent pour libérer ces pays du joug de l’occupant, des humanitaires au grand coeur viennent en aide aux populations dévastées par ces guerres. Il est important de rappeler que ces conflits perdurent, que de nombreuses personnes sont encore engagées là-bas, pour venir en aide aux populations locales, souvent au péril de leur propre vie.

 

Malgré la gravité des éléments présentés, il m’a quand même manqué de l’affect, une émotion plus dense, plus prenante, pour apprécier encore plus le récit proposé. Pour être honnête, j’étais parfois seulement spectatrice de ce qui se jouait sous mes yeux, alors que j’aurais voulu pénétrer pleinement dans le récit, être touchée par les personnages, leur singulière histoire, l’horrible contexte guerrier narré. Seul le dénouement m’a apporté les émotions que je recherchais : serrement de coeur, larmes aux bords des yeux, gorge nouée.


Un récit émouvant sur l’histoire d’amour unique d’une humanitaire et d’un soldat des Forces Spéciales. Entre amour passionné et horreurs indescriptibles, Kyra Dupont Troubtzkoy nous plonge dans un univers singulier, en plein coeur des plus grands conflits mondiaux.  

Ma note : 7,5/10

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ISBN : 978-2-8289-1856-9

Qui a tué Heidi ?


Qui a tué Heidi ? de Marc Voltenauer

545 pages, éditions Pocket


Résumé : Voyage au plus noir de l’âme humaine…

Qu’a-t-il bien pu arriver à l’inspecteur Auer ?
Un tueur à gages abat un politicien à l’opéra de Berlin, en plein milieu d’une représentation. Sa prochaine destination : Genève. Et puis, Gryon.
Gryon où Andreas Auer, qui vient d’être suspendu par le commandant de la police, décide d’aider un ami paysan à la ferme pour sortir de sa déprime. Gryon, ce petit village si paisible. Paisible ? Pas si sûr…
Dans la chambre de sa mère, un homme rumine ses fantasmes les plus fous. Il est prêt à passer à l’acte.
Un chassé-croisé infernal se profile, et va tout balayer sur son passage. Andreas et les siens en sortiront-ils indemnes ?

Après le succès du Dragon du Muveran, le nouveau polar glaçant de Marc Voltenauer vous entraîne au cœur des Alpes vaudoises.


Mon avis : Gyron, un petit village paisible en apparence, qui va être mis sur le devant de la scène pour une enquête des plus mystérieuses. Un concours d’agriculture, une histoire de vengeance, le décès d’un agriculteur. Andreas Auer, nouvellement suspendu de son poste de policier, décide de venir en aide à son ami agriculteur, soupçonné d’être le meurtrier du paysan assassiné.

En parallèle, un politicien russe est sauvagement assassiné alors qu’il assistait à un opéra à Berlin.

Nous suivons donc plusieurs enquêtes en parallèle, qui vont se mêler de près ou de loin les unes aux autres. Je ne suis pas une très grande fan des nombreuses enquêtes qui se chevauchent et s’entremêlent. Pour tout vous avouer, je préfère me concentrer sur une seule et même affaire plutôt que de m’éparpiller dans plusieurs enquêtes différentes, qui, forcément, auront un moment à un autre un point commun. Je trouve que mettre en scène plusieurs affaires apporte, certes, peut-être plus de rythme au récit, mais beaucoup moins d’intensité et de profondeur. On oublie facilement l’histoire, puisqu’il y en avait, en définitive, plusieurs, mais aucune n’est véritablement sortie du lot.

J’ai quand même passé un agréable moment de lecture, puisque Marc Voltenauer maîtrise sa plume : du rythme, de l’action, du suspens, beaucoup de mystère. Tous les ingrédients d’un bon polar étaient réunis.


Un polar agréable à découvrir, pleins de suspense et d’actions. Il n’est pas extraordinaire, mais vous fera quand même passer un bon moment de lecture.

Ma note : 6,5/10

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