Dom Juan

Dom Juan de Molière.
187 pages, éditions Le Livre de Poche, à 2,75 €
Résumé : L’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus » : voilà comment Dom Juan se justifie auprès de son valet Sganarelle, scandalisé de voir son maître tromper tout le monde autour de lui, des femmes les plus naïves qu’il séduit sans vergogne aux hommes les plus nobles qu’il mène par le bout du nez sans se démonter. De fait, Dom Juan n’a qu’une ambition : jouir de tous les plaisirs, sans jamais céder aux sirènes de la morale. Il lui faut toutes les voluptés et il les obtient facilement en manipulant ses victimes avec des mots trompeurs. Seule la mort pourrait l’arrêter : n’est-ce pas elle justement qui vient le chercher, lorsque la statue du commandeur s’anime sous ses yeux ?
Extraits :  « Mon raisonnement est qu’il y a quelque chose d’admirable dans l’homme, quoi que vous puissiez dire, que tous les savants ne sauraient expliquer. »
« Il n’y a plus de honte maintenant à cela : l’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus. »

Mon avis : Doté d’une surprenante modernité, ce classique de Molière est sûrement l’un de ses textes les plus réussis !

Dom Juan est un séducteur, qui n’hésite pas à passer ouvertement d’une fille à une autre. Il le revendique durant tout le récit : pourquoi rester avec une fille alors que tout un tas d’autres lui plaisent tout autant, voire plus ?
Ce comportement libertin va lui apporter les foudres de ses conquêtes, de ses valets et serviteurs, et de tous ceux qui croiseront son chemin.

Un livre très court, mais très intéressant, qui comporte de nombreux passages clés. En effet, ce récit est tellement bien écrit, additif et intelligent, que le peu de pages qu’il comporte me désole. La magie de la plume de l’auteur a opérée, mais elle s’est trop rapidement éteinte.

Mêlant comme à chaque fois, de l’humour dans ses écrits, Molière nous offre ici un texte comique (notamment avec les personnages comme Sganarelle), avec de nombreuses valeurs moralistes.

Dans Dom Juan, Molière réitère les rapports maître/valet, et nous montre ici une très forte complicité entre le protagoniste et son serviteur. Même s’ils ne partagent pas les mêmes opinions, ils se comportent comme de parfaits confidents, prêts à tout l’un pour l’autre. Un moment fort en émotions, qui ne devrait pas laisser indifférent.

Le dénouement, quant à lui, est tragique, tout en gardant une petite touche de comédie. Je ne vais pas vous révéler cette fin, pour vous laissez la totale surprise au moment de la découvrir, mais la seule chose que je voulais souligner, c’est la rapidité à laquelle elle est survenue. En une seule et même scène, qui fait grosso modo 3/4 pages, l’histoire est bouclée, les personnages périssent et tout se termine… très rapide tout ça…

Dom Juan se présente comme le récit théâtral de Molière que j’ai le plus apprécié tant il est complet, traitant de nombreux sujets divers. A lire absolument !

Ma note : 7,5/10
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Amphitryon

Amphitryon de Molière.
187 pages, éditions Larousse

 

Résumé : Le dieu Jupiter est, une fois de plus, amoureux. Mais comment séduire la fidèle Alcmène ? En prenant les traits de son mari ! Son serviteur Mercure, quant à lui, se fera passer pour le valet Sosie. Mais voici qu’Amphitryon et Sosie reviennent de la guerre… Quiproquos, malentendus, rebondissements, Molière manie la fantaisie mythologique avec brio !

Extraits :  « La faiblesse humaine est d’avoir des curiosités d’apprendre ce qu’on ne voudrait pas savoir. »
« L’absence de ce qu’on aime, quelque peu qu’elle dure, a toujours trop duré. »

Mon avis : Une nouvelle pièce de Molière, dans le prolongement de l’Ecole des femmes. Même temps, même humour, même quiproquo… Molière est fidèle à son style d’écriture, et c’est tant mieux pour nous !

Dans Amphitryon, le thème des doubles est au coeur de la pièce : les rôles des personnages sont inversés, puisque Jupiter prend la place d’Amphitryon et que Mercure prend celle de Sosie. L’humour est également très présente, notamment grâce aux personnages, qui sont à eux seuls, des héros ! La tragédie s’efface donc au profit du comique, représenté par des situations plutôt cocasses et des quiproquos.

Même si cette pièce ne me restera pas longtemps en mémoire, j’ai pris plaisir à la lire, et découvrir, une fois de plus, l’univers de Molière.

 

Ma note : 5/10

L’École des femmes

L’Ecole des femmes de Molière.
223 pages, éditions Hatier, à 3 €

Résumé : Arnolphe, un vieux barbon, a élevé dans l’ignorance Agnès, sa pupille, en vue d’en faire une épouse dévouée. Mais l’amour du jeune Horace va favoriser la métamorphose de l’ingénue.

Extraits : « Il le faut avouer, l’amour est un grand maître : Ce qu’on ne fut jamais il nous enseigne à l’être. »
« La femme est en effet le potage de l’homme ; Et quand un homme voit d’autres hommes parfois qui veulent dans sa soupe aller tremper leurs doigts, il en montre aussitôt une colère extrême.« 

Mon avis : J’enchaîne avec les pièces de théâtre et les lectures obligatoires pour le lycée, mais comme ça, ce sera fait, j’aurais découvert des classiques que je n’aurais jamais eu l’idée, toute seule, d’aller ouvrir.

L’Ecole des femmes est bourré de quiproquos (la spécialité de Molière), avec des passages hilarants (surtout ceux du protagoniste et de ses deux valets qui sont un peu benêts sur les bords), d’autres plus choquants, voire perturbateurs. C’est une pièce de théâtre idéale pour les réflexions sur la gente féminine.

Molière nous met dans le bain du livre dès le début. Il use de dialogues magnifiquement écrits, avec des rimes à chaque vers, toutes plus fantastiques les unes que les autres. C’est très agréable de lire du Molière, surtout à voix haute, ça sonne comme une douce chanson… j’ai adoré !

Certes, le style d’écriture est assez complexe à lire, mais c’est ce qui fait tout le charme du livre.

 

Ma note : 5/10

Le Jeu de l’amour et du hasard

Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux.
192 pages, éditions Hatier, à 3,05 €

 

Résumé : Sylvia, une jeune fille noble, s’inquiète d’épouser Dorante sans le connaître. Elle use d’un stratagème pour l’observer secrètement mais le jeune homme a la même idée.
Marivaux fait naître le comique de situations complexes où règnent quiproquos, malentendus et double langage.

Extraits : « Je n’ai fait qu’une faute, c’est de n’être pas parti dès que je t’ai vue. »
« On n’a pas un coeur qui va et qui vient comme une girouette : il faut être fille pour ça.« 

Mon avis : Je ne suis pas particulièrement fan de pièces de théâtre, mais ce livre de Marivaux fait parti des livres à lire obligatoirement pour le bac de français en fin d’année… juste d’y penser, ça commence à me faire peur. Bref, passons.

Le jeu de l’amour et du hasard est une pièce de théâtre mêlant des situations complexes, plutôt extraordinaires, et souvent drôles.

Les personnages sont certes amusants, mais ils touchent également le lecteur. Sous leurs aires plutôt complexes, se cache un véritable caractère propre à eux-mêmes.

La pièce est très courte, ce qui permet d’apprécier encore plus le style d’écriture de Marivaux, malgré les quelques mots et passages qui exigent une attention plus profonde, tant la finesse des mots est ardue.

 

Ma note : 5/10

Rhinocéros

Rhinocéros d’Eugène Ionesco.
246 pages, éditions Folio

 

Résumé : « Tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat. » Tout langage stéréotypé devient aberrant. C’est ce que Ionesco démontre dans Rhinocéros, pièce qui a tout d’abord vu le jour sous la forme d’une nouvelle. Partisan d’un théâtre total, il porte l’absurde à son paroxysme en l’incarnant matériellement.
Allégorie des idéologies de masse, le rhinocéros, cruel et dévastateur, ne se déplace qu’en groupe et gagne du terrain à une vitesse vertigineuse. Seul et sans trop savoir pourquoi, Bérenger résiste à la mutation. Il résiste pour notre plus grande délectation, car sa lutte désespérée donne lieu à des caricatures savoureuses, à des variations de tons et de genres audacieuses et anticonformistes. La sclérose intellectuelle, l’incommunicabilité et la perversion du langage engendrent des situations tellement tragiques qu’elles en deviennent comiques, tellement grotesques qu’elles ne peuvent être que dramatiques.

Extraits :  « Ne jugez pas les autres, si vous ne voulez pas être jugé. Et puis si on se faisait des soucis pour tout ce qui se passe, on ne pourrait plus vivre. »
« La vie est une lutte, c’est lâche de ne pas combattre ! »

Mon avis : Quelle modernité, et quel style…, j’en suis bluffée !

Cette pièce de théâtre classique, qui s’inscrit dans le courant littéraire de l’absurde, est fluide et extrêmement facile à lire. Rhinocéros se divise en trois actes, ayant chacun des décors différents, et comporte pas mal de personnages, qui sont très faciles à mémoriser.

Tout débute lorsque, sur la place du village, un barrissement et deux rhinocéros déboulent et passent simultanément devant le regards des villageois, ébahis. D’où viennent-ils ? où vont-ils ? qui sont-ils ? Des questions qui font polémiques, et qui vont déclencher un énorme débat. Eugène Ionesco va prendre pour cible Hitler et sa façon de gouverner, pour en faire l’allégorie des rhinocéros.

Les personnages sont très variés, et horriblement attachants. Sur les questions énoncées précédemment, chacun avaient sa propre façon de penser et son avis. Ils ne se laissaient pas influencer, avaient un bon sens critique, mais étaient très butés.

Rhinocéros est également une pièce comique, où l’humour est au centre de toutes les discussions. Les dialogues semblent tellement paradoxales, distants, et étranges que ça en devient comique. De plus, les situations dans lesquelles les personnages se retrouvent ne peuvent qu’amplifier cette comédie.

Mais Eugène Ionesco sait faire la part des choses, et c’est avec une grande maîtrise qu’il arrive à combiner la comédie et le registre didactique.

Les rhinocéros n’ont pas été choisis par hasard. L’auteur a choisi des animaux fort, féroces et se déplaçant en troupe… une parfois allégorie des troupes nazis. Cette épidémie de rhinocérite qui augmente est en fait la dictature Hitlérienne grandissante. Un fort message est camouflé derrière ce style comique.

Loufoque, décalé mais néanmoins bien pensé et intelligemment écrit, j’ai pris un grand plaisir à lire Rhinocéros.

 

Ma note : 7,5/10