Blackout à New York


Blackout à New York de Dhonielle Clayton, Tiffany D. Jackson, Nic Stone, Angie Thomas, Ashley Woodfolk et Nicola Yoon
318 pages, éditions Nathan


Résumé : Quand la lumière s’éteint, les cœurs s’allument…
Un été caniculaire à New York – et voilà qu’une gigantesque panne d’électricité plonge toute la ville dans le noir. Mais tandis que la confusion règne, c’est un autre genre d’étincelles qui vient illuminer l’obscurité…
Des inconnus que le hasard réunit. Des amis de longue date. Des ex forcés de cohabiter. Dans le noir, plus la peine de tricher, chacun peut révéler sa vérité, ses sentiments. L’amour s’expose, l’amitié se transforme.
Tammi, JJ, Nella, Lana, Kayla, Seymour… De Manhattan à Brooklyn, les pas de ces adolescents noirs se croisent, s’éloignent et se rejoignent dans la ville bloquée, brillant comme autant de flammes.


Extraits : « Mais d’un coup, je décide qu’on ne peut pas être courageux si on n’a pas un peu peur. »

« Si je suis pas capable de m’aimer et de m’accepter tel que je suis, comment je pourrais m’attendre à obtenir ça des autres ? »


Mon avis : Six auteures américaines se sont regroupées pour écrire des nouvelles autour d’une base commune : une panne d’électricité survient en plein été à New York. C’est la débandade. Dans tout ce chaos, plusieurs jeunes noirs vont se rencontrer, se rapprocher et passer une des plus belles soirées de leur vie. À travers le noir crépusculaire apporté par la panne, de belles lumières vont s’allumer dans les coeurs de nos protagonistes. Un fil rouge qui va donner lieu à six interprétations différentes de l’histoire. Parmi ces six auteures, certaines ne vous sont certainement pas inconnues. Je pense notamment à Angie Thomas et Dhonielle Clayton, qui sont particulièrement connues pour leurs romans jeunesses qui mettent en scène de jeunes protagonistes noirs et prônent le vivre-ensemble, l’intégration et la diversité.

Blackout à New York met en scène exclusivement des personnages noirs. D’ailleurs, la note de début le précise, ce livre est dédié « à tous les jeunes Noirs du monde : vos joies, vos histoires, votre amour et vos vies comptent. Vous êtes une lueur d’espoir dans l’obscurité. » Pour être tout à fait franche, je me suis sentie instantanément exclue en lisant ce préambule, puisque je pensais que ce livre pouvait être une propagande pro-noir et anti-blanc. Mais que nenni ! On y retrouve donc des personnages noirs, chose assez rare dans les romans, qui vont vivre une nuit exceptionnelle, remplie d’émotions et de beaucoup d’amour. Le but de ce récit n’est pas de pointer du doigt le racisme, la violence et toutes les formes de ségrégations qui peuvent exister envers les personnes noires, mais bien de montrer qu’elles sont exactement comme les autres et qu’elles aussi vivent des histoires d’amour similaires aux personnes blanches. De surcroît, les auteures ne se contentent pas de mettre en scène des couples hétérosexuels, mais elles écrivent aussi autour de couples homosexuels et même bisexuels : j’espère que la diversité des attirances sexuelles, couplée à des personnes de couleurs, va ouvrir la conscience et l’esprit de certains lecteurs.

Sur le moment, j’ai été conquise par les différentes histoires qui naissent sous nos yeux. On ne peut qu’être touchés par les sourires et les gestes tendres, la pudeur de nos jeunes protagonistes, les premiers émois, les doutes qui les assaillent… mais les nouvelles étant ce qu’elles sont, c’est-à-dire très courtes, cela ne nous laisse absolument pas le temps de nous attacher aux personnages. Aussi, on voit certains couples se former, sans pour autant savoir qui ils sont, ce qu’ils ont traversé et ce qu’ils vont devenir. C’est bien dommage, car certains auraient mérités d’être développés.


Un roman choral à 12 mains, qui met en scène des personnages exclusivement noirs, qui vont vivre de jolies histoires d’amour. Des nouvelles lumineuses, qui prônent la tolérance et le vivre-ensemble. Elles auraient méritées d’être développées individuellement.

Ma note : 6,5/10

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ISBN : 313-309-223695-2
Traduction : Nathalie Bru et Lucie Calmanovic-Plescoff

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Coule la Seine


Coule la Seine de Fred Vargas
123 pages, éditions J’ai Lu


Résumé : « Ton collègue blond est assez emmerdant mais je l’aime bien, et puis il est généreux. Il se pose des questions sans fond, il s’inquiète et ça fait le bruit des vagues. Toi en revanche, tu fais le bruit du vent. Ça se voit à ta manière de marcher, tu suis ton souffle. Ton ami blond voit une flaque. Il s’arrête, examine la chose et il la contourne, il prépare bien son affaire.
Toi, tu ne vois même pas cette flaque mais tu passes à côté sans le savoir, au flair. Tu piges ? T’es comme un magicien… »
Il a raison ce clochard, le commissaire Adamsberg est un véritable magicien. Trois nouvelles pour le prouver, trois enquêtes du commissaire, à Paris, là où coule la Seine.


Extraits : « Aussi, si les gens ne faisaient pas toute une histoire de Noël, il y aurait moins de tragédies. Ils sont déçus, les gens, forcément. Et ça fait des drames. »

« Impossible d’aller se réfugier dans le métro, il aurait fallu abandonner le chariot en surface. C’est comme ça, quand on a un animal, cela demande des sacrifices. »


Mon avis : Deuxième essai avec un Fred Vargas. Le premier polar que j’avais découvert de l’auteure, Un peu plus loin sur la droite, m’avait plût, sans pour autant être exceptionnel et inoubliable. Je ressens exactement la même chose en refermant Coule la Seine, avec en plus, un sentiment de trop peu et d’inabouti.

Le livre se découpe en trois nouvelles, dont les principaux protagonistes restent identiques. Il s’agit de l’inspecteur Adamsberg, un commissaire chevronné et son second, le lieutenant de police Danglard. A deux, ils vont tenter d’élucider trois enquêtes bien étranges. La première se trouve face au commissariat : un homme a élu domicile sur un banc et il se contente de venir s’asseoir quotidiennement avec son lampadaire et son porte-manteau en regardant les portes du commissariat. Une attitude intrigante, qui doit forcément cacher quelques sombres secrets.

La deuxième nouvelle se passe le jour de Noël. Adamsberg et Danglard sont de permanence et attendent avec impatience le crime de ce jour de fête. Car Adamsberg en est persuadé : « si les gens ne faisaient pas toute une histoire de Noël, il y aurait moins de tragédies. Ils sont déçus, les gens, forcément. Et ça fait des drames. »

Enfin, la dernière nouvelle met en scène un sans-abri, vendeur d’éponges, témoin d’une grave agression. Le commissaire Adamsberg devra user de stratagèmes pour faire desserrer les mâchoires à cet homme, qui n’a plus rien à attendre de la vie.

De prime abord, les trois nouvelles sont plutôt noires, avec des personnages désespérés, rebuts de la société, qui n’ont plus rien à perdre, sinon leur vie. D’abord totalement transparent, ils se retrouvent parachutés sur le devant de la scène et deviennent des personnages essentiels pour élucider ces affaires. On les considère, on les écoute, ils ne sont plus que simples spectateurs, mais bien acteurs de leur destinée.

J’ai apprécié l’ambiance générale des nouvelles, leur originalité, mais aussi le caractère et la bonhomie des deux enquêteurs. Malgré la gravité de certains crimes, ils restent maîtres de leurs émotions, rationnels, patients et font preuve de beaucoup d’humour, notamment via leurs interactions avec les témoins des affaires. J’ai également apprécié les illustrations en noir et blanc qui égrènent l’ouvrage. Certes, elles sont d’un autre temps, mais elles viennent donner un peu plus de vie et de réalisme aux nouvelles.

Les seules ombres au tableau – et pas des moindres –, c’est l’écriture passée et vieillissante des nouvelles et le caractère trop peu développé de ces dernières. On prend du plaisir à les découvrir, mais une fois terminées, elles s’effacent instantanément de notre mémoire. Ce qui conduit parfois à des frustrations de ne pas avoir découvert assez de tels personnages, ou de ne pas avoir compris les raisons de tels actes.


Trois nouvelles policières sympathiques à découvrir, mais trop peu développées et donc vite oubliées. Certainement pas le meilleur livre de Fred Vargas, mais ça reste agréable à lire.

Ma note : 6/10

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ISBN : 2-290-33797-8

Concerto à la mémoire d’un ange


Concerto à la mémoire d’un ange de Eric-Emmanuel Schmitt
216 pages, éditions Le Livre de Poche, à 6,60€


Résumé : Quel rapport entre une femme qui empoisonne ses maris successifs et un président de la République amoureux ? Quel lien entre un simple marin honnête et un escroc international vendant des bondieuseries usinées en Chine ? Par quel miracle, une image de sainte Rita, patronne des causes désespérées, devient-elle le guide mystérieux de leurs existences ? Tous ces héros ont eu la possibilité de se racheter, de préférer la lumière à l’ombre. À chacun, un jour, la rédemption a été offerte. Certains l’ont reçue, d’autres l’ont refusée, quelques uns ne se sont aperçus de rien.
Quatre histoires liées entre elles. Quatre histoires qui traversent l’ordinaire et l’extraordinaire de toute vie. Quatre histoires qui creusent cette question : sommes-nous libres ou subissons nous un destin ? Pouvons-nous changer ?
Suivi du journal tenu par Eric-Emmanuel Schmitt durant l’écriture. Ce livre a obtenu le Goncourt de la Nouvelle 2010.


Extraits : « Dans l’opinion de Greg, l’amour était un devoir ou un dû. Puisqu’il se sacrifiait pour ses filles, elles lui devaient de l’affection. Et lui, sa fidélité de père, il l’exprimait par son labeur acharné. Il n’aurait pas soupçonné que l’amour pût consister en des sourires, des caresses, de la tendresse, des rires, de la présence, des jeux, du temps offert et partagé. Il avait toutes les raisons, à ses yeux, de s’estimer un bon père. »

« Le sacrifice est la mesure de tout amour.


Mon avis : Eric-Emmanuel Schmitt est un auteur que j’admire particulièrement. Il a le pouvoir de se réinventer en permanence, jonglant allègrement entre contes poétiques, romans chorales ou philosophiques, puis recueils de nouvelles, afin de nous offrir des histoires inspirantes, qui nous transportent et nous font réfléchir.

Concerto à la mémoire d’un ange, c’est quatre histoires distinctes, qui contiennent néanmoins maintes similitudes. La première nous présente Marie, soupçonnée d’avoir empoisonnée ses maris puis finalement acquittée, elle se repent à l’église du village. Jusqu’au jour où elle s’éprend du nouveau jeune prêtre, à qui elle rend visite quotidiennement afin de se confesser sur ses crimes odieux. Deux opposés qui se lient : l’odieuse criminelle fricote avec le pieux curé.

La seconde nouvelle nous présente un matelot, Greg, mari et père de quatre filles, qui vit éloigné de sa famille en raison de sa situation professionnelle. Lorsqu’en pleine mer, il reçoit un télégramme lui annonçant la mort d’une de ses filles, Greg se met à imaginer laquelle est décédée. C’est lorsque survient les moments les plus noirs que l’on prend conscience de certaines choses.

La troisième nouvelle, qui a donné son nom à l’ouvrage, met en scène Axel et Chris, deux virtuoses du piano et du violon. Mais leurs caractères sont divergents : l’un est généreux, sympathique et souriant, tandis que l’autre est mesquin, jaloux et compétitif. Lorsqu’un grave accident se produit, Axel frôle la mort à cause de Chris et se retrouve handicapé à vie. Un épisode douloureux, qui changera à jamais nos deux protagonistes.

Enfin, la quatrième et dernière nouvelle se passe à l’Élysée. La femme du président se rend compte qu’elle exècre son mari, infidèle, déloyal, ne reculant devant rien pour assouvir ses désirs de pouvoir. Le couple se déchire, jusqu’à ce que la dame tombe gravement malade. Le dénouement est alors inattendu.

La construction des nouvelles est quasiment identiques : un événement inattendu se déroule en début d’histoire, puis un second retournement de situation survient lors du dénouement final. On retrouve également plusieurs thématiques qui se recoupent dans chacune : le bien et le mal, la folie et la raison, le drôle et le triste se côtoient et parfois s’entremêlent puis s’échangent. L’amour fraternel, passionnel ou familial est lui aussi questionné, mis en péril, sous-entendu, mais il triomphe toujours. La religion est aussi fortement présente, avec la référence constante à Sainte Rita, reconnue comme la sainte de l’impossible et des cas désespérés, ce que semblent être l’ensemble de nos personnages. À travers Sainte Rita, se pose enfin la question du changement et de la rédemption : pouvons-nous changer notre façon d’être, de réfléchir et d’agir, se racheter pour les crimes odieux, les actes irréfléchis et les vulgaires paroles émises ? Chacun des personnages va se retrouver face à ce choix cornélien, chacun à sa manière,  ils vont amorcer un changement dans leur quotidien, pour le meilleur ou pour le pire.

Peu adepte des nouvelles, je dois l’avouer, j’ai pourtant grandement appréciée celle-ci. Il faut dire qu’il y a plusieurs fils conducteurs, que l’on retrouve d’une nouvelle à l’autre. Après avoir compris comment l’auteur structurait ses histoires, on se prend même à imaginer quel dénouement il nous réserve pour les prochaines… mais impossible d’égaler la créativité d’Eric-Emmanuel Schmitt, qui nous offre des retournements de situation grandioses, totalement inattendus et surprenants.

Enfin, Eric-Emmanuel Schmitt nous propose dans une dernière partie d’ouvrage un petit « journal d’écriture », dans lequel il a consigné toutes ses réflexions durant l’élaboration de Concerto à la mémoire d’un ange. On en apprend plus sur ce qui l’a inspiré, ce qu’il a voulu exprimer, la raison pour laquelle il a choisi la nouvelle pour ces histoires. Des pages intéressantes, qui nous font entrer dans l’intimité de l’auteur et mieux comprendre la structure de son livre.


Quatre nouvelles étonnantes, bien construites, avec des thématiques concordantes, qui amènent à la réflexion. Eric-Emmanuel Schmitt est un auteur surprenant, que je ne peux que vous conseiller.

Ma note : 7,5/10

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ISBN : 978-2-253-16030-4

Christmas pudding


Christmas pudding de Agatha Christie
249 pages, éditions Le Livre de Poche, à 5,20€


Résumé : Christmas Pudding, Le Souffre-douleur, Le Policeman vous dit l’heure : trois nouvelles parmi d’autres, trois facettes de l’ingéniosité et du talent d’Agatha Christie. Où dissimuler, un soir de Noël, un rubis – gros comme un bouchon de carafe – dérobé à un prince oriental ? Quelle foi ajouter à l’intuition de cette lady qui prétend savoir, contre toute vraisemblance, qui est l’assassin de son mari ? Comment mettre un crime dans un jardin, alors qu’on vous a enfermé à double tour dans votre chambre ? Hercule Poirot et Miss Marple ont réponse à tout…


Extraits : « – Je ne réussis pas toujours.
Ce n’était que fausse modestie. Il était clair, au ton de voix de Poirot, que pour lui, entreprendre une mission était presque synonyme de ma réussir. »

« Ah ! les femmes, marmonna Poirot en se réadossant à son fauteuil. Elles se plaisent à penser que l’intuition est une arme spéciale dont le bon Dieu les a dotées et qui leur fait découvrir à tout coup la vérité, mais hélas, neuf fois sur dix, elle les fait tomber à côté. »


Mon avis : Je termine Christmas pudding le jour de Noël. C’est un recueil de six nouvelles qui, je le pensais, traitaient exclusivement de la période festive qui entoure Noël. Malheureusement, à part la première, dont le titre est éloquent « Christmas pudding », les autres, « Le Mystère du bahut espagnol », « Le Souffre-douleur » ou encore « Le mort avait les dents blanches », n’ont aucun lien avec Noël. Passée cette première déception, j’ai quand même pris énormément de plaisir à retrouver Hercule Poirot et Miss Marple dans six nouvelles policières intrigantes, parfois amusantes, mais toujours finement menées. 

Dans Christmas pudding, nous sommes en plein coeur d’un réveillon de Noël, en pleine campagne anglaise, où Hercule Poirot devra percer une énigme à plusieurs millions d’euros. Une histoire bien menée, mais un dénouement prévisible. Dans la deuxième nouvelle, Le Mystère du bahut espagnol, l’une des plus longues du recueil et certainement l’une de mes préférées également, un homme est retrouvé mort dans un bahut (sorte de grande caisse de voyage). Hercule Poirot va faire preuve d’ingéniosité pour éclaircir cette énigme bien sombre. Troisième nouvelle : Le souffre-douleur, dans lequel une femme fait appelle à Hercule Poirot pour tirer au clair la mort de son mari. Une nouvelle assez quelconque au final, qui ne m’a pas laissée d’images particulières. Dans La mort avait les dents blanches, un homme, habitué d’un restaurant, meurt subitement en changeant ses habitudes culinaires. Une nouvelle qui avait du potentiel, mais que j’ai trouvé trop vite expédiée par rapport aux autres : nous n’avons pas le temps de savourer l’histoire qu’elle se termine déjà. L’avant-dernière nouvelle, la dernière dans laquelle apparaît Hercule Poirot, intitulée Le Rêve, met en scène un homme, qui rêve chaque jour qu’il se suicide en plein coeur de la nuit… jusqu’à ce que la scène ait véritablement lieu. Concise et originale, mais trop courte à mon goût ! Enfin, la dernière nouvelle du recueil est menée par Miss Marple : dans Le policeman vous dit l’heure, elle est confrontée à un meurtre devant deux témoins impuissants. L’histoire paraît simple, mais la chute est surprenante ! 

Comme à son habitude, Agatha Christie nous réserve des dénouements époustouflants, à milles lieux de tout ce que l’on aurait pu s’imaginer. Les nouvelles sont agréables à lire, mais très courtes… voire trop courtes en ce qui me concerne ! J’ai eu comme l’impression que l’auteure voulait vite expédier ses histoires, en nous livrant quelques lignes du récit initial et en embrayant presque immédiatement sur la chute tant attendue. Car, véritablement, c’est bien là tout l’attrait de ses polars : un dénouement qui déjoue tous les codes, qui surprend, qui nous fait douter de tout. Hormis la chute, les nouvelles manquent de saveur et de consistance. Elles sont rapidement lues et tout aussi vite oubliées ! 


Suivez Hercule Poirot et Miss Marple dans de nouvelles enquêtes psychologiques surprenantes. Un recueil de nouvelles agréables, qui se lit rapidement, mais qui s’oublie tout aussi vite.  

Ma note : 5,5/10

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ISBN : 978-2-253-04305-8
Traduction : J. M. Alamagny

La Métamorphose et autres récits


La Métamorphose et autres récits de Franz Kafka

217 pages, éditions Folio classique


Résumé : Lorsque Gregor Samsa s’éveille, un matin, après des rêves agités, il est bel et bien métamorphosé. Doté d’une épaisse carapace d’où s’échappent de pitoyables petites pattes ! Lugubre cocasserie ? Hélas, ultime défense contre ceux, qui, certes, ne sont pas des monstres mais de vulgaires parasites… Les siens. Père, mère, sœur, dont l’ambition est de l’éliminer après avoir contribué à l’étouffer…


Extraits : « Lorsque Gregor Samsa s’éveilla un matin au sortir de rêves agités, il se retrouva dans son lit changé en un énorme cancrelat. »

« La réflexion et le sang-froid valent mieux que les résolutions désespérées.« 


Mon avis : Après des années à le regarder prendre la poussière dans ma Pile À Lire, je me suis ENFIN décidée à sortir ce monument de Franz Kafka. J’ai la chance d’avoir La Métamorphose dans son édition Folio classique, avec en prime, de très courts textes, sorte de nouvelles, qui viennent étoffer l’oeuvre de Kafka pour mon plus grand plaisir.

Malheureusement, j’ai trouvé que les récits qui introduisent le livre étaient trop abstraits, flous, manquant cruellement de sens. Ce n’est qu’en finissant ma lecture, à la toute fin de cette édition Folio classique, que j’ai découvert que le livre était doté d’un dossier complet, qui explique les grandes lignes des textes présents dans le livre, ainsi que leur histoire avant publication : des explications très appréciables sur des textes souvent abstraits et ouverts à l’interprétation. Je ne les ai découvert qu’à la fin de ma lecture, ce qui m’a forcé à relire certains courts récits pour me rappeler leurs sens.

En revanche, contrairement aux courtes nouvelles bien trop abstraites pour moi, j‘ai pris beaucoup de plaisir à découvrir La Métamorphose. C’était une expérience de lecture étrange, totalement à part, mais tellement enivrante ! Pour celles et ceux qui n’auraient jamais entendu parler de cette histoire, en voici un court résumé : un beau matin, le jeune Gregor Samsa se réveille dans le corps d’un cafard. Ses parents, ainsi que sa jeune soeur, sont horrifiés de cette transformation soudaine.

Nous assistons à une métamorphose physique, certes – quoique nous n’ayons pas connu le véritable aspect physique de Gregor avant qu’il ne devienne cafard -, mais nous assistons surtout à une métamorphose psychique. En effet, sous nos yeux, le héros se détache progressivement de ses facultés intellectuelles humaines pour se fondre dans son nouvel état d’insecte. Il pense et agit comme un cafard, en oubliant totalement sa condition d’humain.

L’histoire se passe en huis clos, dans la maison familiale qui abrite les parents et la soeur de Gregor. Ce dernier se retrouve confiné dans sa chambre, obligé de se cacher de sa famille, qui le voit comme un vulgaire et répugnant insecte. Les membres de la famille réagissent différemment face à la nouvelle condition du héros : la jeune soeur vient en aide du mieux qu’elle le peut à son frère, lui apportant eau et nourriture, ainsi que tout ce dont il aurait besoin pour s’épanouir dans sa nouvelle vie d’insecte. Le père renie son fils, tandis que la mort, d’abord toujours pétrie d’amour pour son fils, le verra finalement comme un cafard envahissant et dégoûtant. À cause de ses différents points de vue sur l’état actuel de la situation, les conflits familiaux sont légions. Franz Kafka pointe du doigt ici la complexité des relations sociales, avec notamment l’exclusion et le rejet de certaines personnes, pointées du doigt car incompatibles au reste du monde. C’est une métaphore grandiose et pleine de sens que nous l’offre l’auteur.


J’ai vraiment adoré l’absurdité et l’originalité des Métamorphoses, qui distrait tout en donnant des pistes de réflexions philosophiques sur les relations sociales, l’isolement, la différence, la famille… Avec Franz Kafka, le fantastique devient une réalité acceptable. Dommage que les courtes nouvelles qui précèdent le chef-d’oeuvre soient aussi peu compréhensibles !

Ma note : 8/10

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ISBN : 2-07-038105-6
Traducteur : Claude David