George Dandin

George Dandin de Molière
143 pages, éditions Larousse, collection Petits Classiques

 

Résumé : George Dandin a voulu s’élever dans la société en épousant une jeune fille noble : un beau mariage ? En fait, il n’en retire que mépris, trahisons et mensonges. Bien pire, chaque fois qu’il tente de prouver l’infidélité d’Angélique, le sort s’obstine à retourner les évidences contre lui et, d’accusateur, il devient accusé. Comédie amère sans doute, mais comédie, puisque tout peut se réparer par une grande fête à la cour du roi et finir par des chansons…

Extraits :  « Je voudrais savoir, Monsieur, vous qui êtes savant, pourquoi il ne fait point jour la nuit. »
« C’est une chose merveilleuse que cette tyrannie de messieurs les maris, et je les trouve bons de vouloir qu’on soit morte à tous les divertissemnts, et qu’on ne vive que pour eux »

Mon avis :  George Dandin, c’est une comédie assez peu connu du grand Molière. Représentée la première fois en 1668, cette pièce répond à une commande royale du palais de Versailles, pour participer au grand divertissement de cour. Le trait spécifique de cette pièce, c’est que Molière a collaboré avec le compositeur Lully : George Dandin est donc un spectacle pastoral, avec le texte de Molière ponctué de moments chantés et dansés.

Mais cette pièce de théâtre est avant tout une comédie farcesque. On y voit George Dandin, un homme de basse condition sociale mais avec beaucoup d’argent, qui s’est marié à Angélique, par le biais de ses parents, les Sotenville. Mais Angélique n’aime pas Dandin et le lui fait ressentir en le trompant sous son nez avec Clitandre. Dandin essaie tant bien que mal de faire voir la vérité aux Sotenville… sans y parvenir : tout tourne toujours à son désavantage.

Comme souvent dans les pièces de Molière, les rapports sociaux entre les personnages sont au coeur de l’intrigue. Ici, on y voit Dandin, qui est rabaissé et humilié par Angélique, peu écouté par les Sotenville, parce qu’il est de basse condition.

On y voit aussi une réflexion sur l’identité de la femme, avec Angélique, qui se veut femme autoritaire, autonome et indépendante, qui prend sa vie en main. Elle n’obéit pas à ses parents qui lui ont trouvé un mari, mais fait preuve d’infidélité et de badinage outranciers. C’est une femme à fort caractère, avec un esprit vif, qui a beaucoup de répartie, notamment lorsqu’elle se retrouve dans des situations délicates. Une réflexion sur l’identité de la femme qui se retrouve dans sa pièce L’école des femmes, où l’on se questionne également sur le mariage arrangé et ses conséquences. Dans George Dandin, Claudine, la servante d’Angélique, montre une figure féministe sans faille. Elle vient au secours de sa maîtresse et la défend corps et âme contre les hommes.

Mais la farce est le point central du livre. Comme toujours, Molière fait preuve d’un humour renversant. Le personnage le plus drôle est sans hésiter Lubin, le serviteur. Dans la mise en scène de Catherine Hiegel en 1999, les caractéristiques du personnages sont renforcées. Du coup, nous y voyons un paysan rustre, souvent dans le quiproquo, qui n’a pas de recul sur ses agissements, un peu bêbête et mal dégrossi. Il va dans le sens de la farce en dévoilant au mari (sans savoir que c’est la mari) qu’Angélique voit Clitandre en secret.

Dans cet univers farcesque, seul Dandin ajoute une pointe de tragique à la scène. C’est un personnage humilié et trahi, qui souffre d’une grande jalousie envers cet homme qui lui vole sa femme. C’est un être en souffrance, saisit d’un douloureux sentiment de rejet. Il est rabaissé par les Sotenville, qui manifestent un grand mépris envers ce personnage. Dans la mise en scène de Catherine Hiegel à la Comédie Française, la dimension tragique du personnage de George Dandin est accentué ; notamment quand il est sous la pluie, ou à la fin de la pièce, quand il se retrouve le visage face contre terre.

Sans être la meilleure des pièces de Molière que j’ai lu, il n’en reste pas moins que je l’ai beaucoup appréciée. On y retrouve des thèmes majeurs du théâtre de Molière : la farce et l’humour, les rapports sociaux, le mariage arrangé et l’identité des femmes. Ravie d’avoir pu lire cette courte pièce !

 

Ma note : 7/10
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Le Tartuffe

Le Tartuffe de Molière
271 pages, éditions Classiques Bordas, à 4,55€

 

Résumé : En laissant Tartuffe entrer dans sa maison, Orgon ne pouvait pas imaginer qu’il allait mettre en péril sa fortune, son honneur, son bonheur et l’unité de sa famille. Et pourtant, c’est bien à quoi travaille « l’imposteur », mais toujours à l’insu du maître de maison : si Tartuffe courtise la femme d’Orgon, c’est sous prétexte de l’entretenir de religion; s’il spolie ses enfants, c’est sous couvert de les remettre dans le droit chemin; s’il s’approprie les cordons de la bourse, c’est pour mieux organiser la dévotion familiale. Comment, dans ces conditions, Orgon aurait-il pu s’apercevoir de son aveuglement et donner au faux dévot la correction qu’il mérite? Avec Tartuffe, Molière livre une satire grinçante de toutes les hypocrisies, satire qui fait mouche et qui, 300 ans plus tard, reste toujours de mise : en témoignent les mises en scène modernes, qui se succèdent, collant à l’actualité, et le nom de Tartuffe qui est définitivement passé dans la langue comme synonyme d’hypocrite. –Karla Manuele

Extraits : « Ceux de qui la conduite offre le plus à rire sont toujours sur autrui les premiers à médire ; ils ne manquent jamais de saisir promptement l’apparente lueur du moindre attachement, d’en semer la nouvelle avec beaucoup de joie, et d’y donner le tour qu’ils veulent qu’on y croie. »
« Couvrez ce sein que je ne saurais voir : Par de pareils objets les âmes sont blessées, et cela fait venir de coupables pensées. »

Mon avis : J’ai eu le plaisir de pouvoir étudier cette superbe pièce de théâtre de Molière lors de mon second semestre de lettres. Je ne vais, certes, pas retranscrire ici l’intégralité de mes cours, mais plutôt faire une synthèse des éléments principaux qui se trouvent dans le livre et expliciter le contexte général, dans un avis purement subjectif.

Ce livre a été écrit en temps de fronde, qui correspond à une période de crise grave qui toucha le royaume Français au XVIIème siècle, lors du règne de Louis XIV. Lors de cette crise, le parti des dévots, petit parti politique farouchement opposé au roi, crée la pagaille. Molière, grand ami de Louis XIV, qui lui fait entièrement confiance, écrira donc Le Tartuffe pour dénoncer ce parti d’hypocrites. Dans la pièce, c’est le personnage éponyme Tartuffe qui est l’emblème des dévots. En effet, ce personnage joue sur les apparences, et se fait passer pour un être qu’il n’est pas, tout en attirant à lui les bienséances de son hôte, Orgon. Ce personnage du Tartuffe se verra le directeur de conscience d’Orgon, le manipulant à sa guise, pour en tirer tout son suc. La fronde constitue un ban du passé de tous les personnages ; en effet, nous pouvons constater qu’Orgon n’a pas participé à la fronde, mais qu’il garde précieusement une cassette compromettante que lui a confié son ami Argas.

Orgon ayant recueilli Tartuffe par piété, il le ramène chez lui pour l’héberger, sans prendre en compte l’avis des autres habitants des lieux. On peut voir aisément les conséquences qu’induit l’incrustation du dévot Tartuffe dans la demeure d’Orgon. Celui-ci se dévoue corps et âme à Tartuffe, il ne jure que par lui, et en vient à le faire passer affectivement devant sa femme, sa fille ou son fils. En effet, lors d’une scène particulièrement choquante, quand la servante Dorine rapporte l’état de fièvre intense de la femme d’Orgon, Elmire, celui-ci s’inquiète davantage pour Tartuffe que pour sa bien-aimé. Il ne prend plus en considération sa famille, allant même jusqu’à vouloir marier de force sa jeune fille Marianne à Tartuffe.

Mais cet aveuglement d’Orgon va lui retomber lourdement dessus. Sans vouloir vous révéler l’exactitude des événements finaux, je vous dirais simplement qu’Orgon se voit ruiné, dépossédé de ses biens, sans demeure fixe, s’ayant fait volé sa femme et son héritage par Tartuffe. De plus, celui-ci voulant se débarasser définitivement de lui pour devenir le seul maître de maison, il va aller jusqu’à révéler la cassette qu’Orgon cache farouchement, pour que celui-ci se fasse accuser comme traître lors des activités de la fronde. Un retournement de situation inattendue, qui prouve le manque de respect et la triste moralité de l’hôte invité, qui abuse ouvertement de l’hospitalité initiale offerte.

Sans l’éclairage historique et contextuelle que nous avons vu en cours, j’avoue que je n’aurais pas aimé autant cette oeuvre. La pièce est aisée à lire et à comprendre, mais les infimes détails peuvent cacher d’importants thèmes, peu perceptibles lors d’une première lecture.

Molière nous offre une nouvelle fois une pièce de théâtre accusative de grande qualité, écrite à la perfection, où se mêle rire et burlesque. Un sujet qui peut se transcrire au quotidien d’aujourd’hui, où le jeu des apparences se confond souvent avec la réalité.

Ma note : 9/10

Dom Juan

Dom Juan de Molière.
187 pages, éditions Le Livre de Poche, à 2,75 €
Résumé : L’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus » : voilà comment Dom Juan se justifie auprès de son valet Sganarelle, scandalisé de voir son maître tromper tout le monde autour de lui, des femmes les plus naïves qu’il séduit sans vergogne aux hommes les plus nobles qu’il mène par le bout du nez sans se démonter. De fait, Dom Juan n’a qu’une ambition : jouir de tous les plaisirs, sans jamais céder aux sirènes de la morale. Il lui faut toutes les voluptés et il les obtient facilement en manipulant ses victimes avec des mots trompeurs. Seule la mort pourrait l’arrêter : n’est-ce pas elle justement qui vient le chercher, lorsque la statue du commandeur s’anime sous ses yeux ?
Extraits :  « Mon raisonnement est qu’il y a quelque chose d’admirable dans l’homme, quoi que vous puissiez dire, que tous les savants ne sauraient expliquer. »
« Il n’y a plus de honte maintenant à cela : l’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus. »

Mon avis : Doté d’une surprenante modernité, ce classique de Molière est sûrement l’un de ses textes les plus réussis !

Dom Juan est un séducteur, qui n’hésite pas à passer ouvertement d’une fille à une autre. Il le revendique durant tout le récit : pourquoi rester avec une fille alors que tout un tas d’autres lui plaisent tout autant, voire plus ?
Ce comportement libertin va lui apporter les foudres de ses conquêtes, de ses valets et serviteurs, et de tous ceux qui croiseront son chemin.

Un livre très court, mais très intéressant, qui comporte de nombreux passages clés. En effet, ce récit est tellement bien écrit, additif et intelligent, que le peu de pages qu’il comporte me désole. La magie de la plume de l’auteur a opérée, mais elle s’est trop rapidement éteinte.

Mêlant comme à chaque fois, de l’humour dans ses écrits, Molière nous offre ici un texte comique (notamment avec les personnages comme Sganarelle), avec de nombreuses valeurs moralistes.

Dans Dom Juan, Molière réitère les rapports maître/valet, et nous montre ici une très forte complicité entre le protagoniste et son serviteur. Même s’ils ne partagent pas les mêmes opinions, ils se comportent comme de parfaits confidents, prêts à tout l’un pour l’autre. Un moment fort en émotions, qui ne devrait pas laisser indifférent.

Le dénouement, quant à lui, est tragique, tout en gardant une petite touche de comédie. Je ne vais pas vous révéler cette fin, pour vous laissez la totale surprise au moment de la découvrir, mais la seule chose que je voulais souligner, c’est la rapidité à laquelle elle est survenue. En une seule et même scène, qui fait grosso modo 3/4 pages, l’histoire est bouclée, les personnages périssent et tout se termine… très rapide tout ça…

Dom Juan se présente comme le récit théâtral de Molière que j’ai le plus apprécié tant il est complet, traitant de nombreux sujets divers. A lire absolument !

Ma note : 7,5/10

Amphitryon

Amphitryon de Molière.
187 pages, éditions Larousse

 

Résumé : Le dieu Jupiter est, une fois de plus, amoureux. Mais comment séduire la fidèle Alcmène ? En prenant les traits de son mari ! Son serviteur Mercure, quant à lui, se fera passer pour le valet Sosie. Mais voici qu’Amphitryon et Sosie reviennent de la guerre… Quiproquos, malentendus, rebondissements, Molière manie la fantaisie mythologique avec brio !

Extraits :  « La faiblesse humaine est d’avoir des curiosités d’apprendre ce qu’on ne voudrait pas savoir. »
« L’absence de ce qu’on aime, quelque peu qu’elle dure, a toujours trop duré. »

Mon avis : Une nouvelle pièce de Molière, dans le prolongement de l’Ecole des femmes. Même temps, même humour, même quiproquo… Molière est fidèle à son style d’écriture, et c’est tant mieux pour nous !

Dans Amphitryon, le thème des doubles est au coeur de la pièce : les rôles des personnages sont inversés, puisque Jupiter prend la place d’Amphitryon et que Mercure prend celle de Sosie. L’humour est également très présente, notamment grâce aux personnages, qui sont à eux seuls, des héros ! La tragédie s’efface donc au profit du comique, représenté par des situations plutôt cocasses et des quiproquos.

Même si cette pièce ne me restera pas longtemps en mémoire, j’ai pris plaisir à la lire, et découvrir, une fois de plus, l’univers de Molière.

 

Ma note : 5/10

L’École des femmes

L’Ecole des femmes de Molière.
223 pages, éditions Hatier, à 3 €

Résumé : Arnolphe, un vieux barbon, a élevé dans l’ignorance Agnès, sa pupille, en vue d’en faire une épouse dévouée. Mais l’amour du jeune Horace va favoriser la métamorphose de l’ingénue.

Extraits : « Il le faut avouer, l’amour est un grand maître : Ce qu’on ne fut jamais il nous enseigne à l’être. »
« La femme est en effet le potage de l’homme ; Et quand un homme voit d’autres hommes parfois qui veulent dans sa soupe aller tremper leurs doigts, il en montre aussitôt une colère extrême.« 

Mon avis : J’enchaîne avec les pièces de théâtre et les lectures obligatoires pour le lycée, mais comme ça, ce sera fait, j’aurais découvert des classiques que je n’aurais jamais eu l’idée, toute seule, d’aller ouvrir.

L’Ecole des femmes est bourré de quiproquos (la spécialité de Molière), avec des passages hilarants (surtout ceux du protagoniste et de ses deux valets qui sont un peu benêts sur les bords), d’autres plus choquants, voire perturbateurs. C’est une pièce de théâtre idéale pour les réflexions sur la gente féminine.

Molière nous met dans le bain du livre dès le début. Il use de dialogues magnifiquement écrits, avec des rimes à chaque vers, toutes plus fantastiques les unes que les autres. C’est très agréable de lire du Molière, surtout à voix haute, ça sonne comme une douce chanson… j’ai adoré !

Certes, le style d’écriture est assez complexe à lire, mais c’est ce qui fait tout le charme du livre.

 

Ma note : 5/10